Débats sur l'Union communiste libertaire

Débats politiques, confrontation avec d'autres idéologies politiques...

Débats sur l'Union communiste libertaire

Messagede Protesta le Jeu 16 Aoû 2018 15:16

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Messagede vroum le Ven 17 Aoû 2018 11:48

pour Valérian, militant toulousain de la CGA « l’enjeu c’est le nombre »


le projet politique passe au second plan apparemment

Si on considère les 3 axes stratégiques définis par AL :

Aujourd’hui Alternative libertaire développe une politique sur trois niveaux :

le développement du courant communiste libertaire ; (et pas du mouvement anarchiste dans son ensemble et sa diversité !)
la construction de fronts anticapitalistes permettant de réunir toutes celles et tous ceux qui souhaitent riposter sur cette base aux attaques patronales et gouvernementales ;
la construction d’un Front social des mouvements sociaux, pour donner une existence politique à la « gauche de la rue » contre la gauche gouvernementale.


j'ai un peu de mal à imaginer la CGA (ou ce qui en reste après la scission avec l'OA) dissoudre son identité politique dans cette nouvelle entité de "gauche de la rue" dominée numériquement par AL
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Messagede Protesta le Ven 17 Aoû 2018 14:26

j'ai un peu de mal à imaginer la CGA (ou ce qui en reste après la scission avec l'OA) dissoudre son identité politique dans cette nouvelle entité de "gauche de la rue" dominée numériquement par AL


ça fait quand même NPA, cette démarche.
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Messagede Lehning le Ven 17 Aoû 2018 21:39

Bonsoir !

En voilà une info !

S'allier, fusionner, etc. pour être plus fort-e-s dans les luttes, c'est ce que j'ai entendu dans les 2 vidéos de l'article (Interviews de David de la CGA et d'Adèle d'AL).
C'est peut-être çà l'avenir, le renouveau, et plus de visibilité pour les orgas anars...

Mais c'est vrai et je pense comme Vroum que ce "mariage", assez inattendu, avec déjà, en termes numériques, une domination d'AL ne fera qu'absorber la CGA et la faire disparaître.
(et je n'ai pas une vision spécifiquement communiste-libertaire de la CGA, qui, je le rappelle, est une ancienne scission de la FA)
Alors qu'AL est clairement et spécifiquement communiste-libertaire. Mais peut-être c'est une bonne opération pour elle que de "récupérer" les quelques 50 (?) militant-e-s de la CGA...

J'aimerais savoir ce que pense la FA de cette fusion ? :wink:

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Messagede Protesta le Ven 17 Aoû 2018 22:07

Mais ça représente quoi en nombre de militant la CGA depuis la scission?
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Messagede Lehning le Lun 20 Aoû 2018 18:37

Bonsoir !

Je sais pas exactement: quelques dizaines... et principalement sur Toulouse, Perpignan, Montpellier et peut-être encore à Lyon. Un petit groupe également à Clermont-Ferrand.
Avant la scission, c'était 1 cinquantaine...

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Messagede Protesta le Mer 26 Juin 2019 14:10

Congrès de fondation de l’Union communiste libertaire (UCL) : déclaration finale

Réuni·es en congrès commun, nous, militantes et militants d’AL et de la CGA, avons décidé de fonder une nouvelle organisation révolutionnaire : l’Union communiste libertaire.
À l’heure où la crise du capitalisme s’amplifie, on voudrait nous imposer un choix entre la bourgeoisie libérale au pouvoir et l’extrême droite en embuscade.
Nous le refusons et nous affirmons bien au contraire qu’il est nécessaire aujourd’hui de porter un autre projet de société basé sur la démocratie directe, l’autogestion et le fédéralisme.
Nous ne voulons ni d’un monde taillé sur mesure pour ceux qui possèdent les richesses, ni d’une société cadenassée, militarisée et de plus en plus sous surveillance numérique.
Ici comme ailleurs, nous sommes solidaires avec les migrant·es et réfugié·es et nous nous tenons aux côtés de celles et ceux qui veulent abattre les frontières et briser l’impérialisme, le néo-colonialisme et particulièrement la Françafrique.
En France, la colère des Gilets jaunes a rappelé au pouvoir, et avec éclat, que la lutte des classes était plus que jamais d’actualité.
Le pouvoir ne s’y est d’ailleurs pas trompé en usant contre ce mouvement d’une violence d’État particulièrement brutale.
Nous avons pris toute notre part aux mobilisations des Gilets jaunes comme nous prenons part, et activement, au combat de classe en construisant nos luttes, nos grèves, nos syndicats.
Inlassablement, sur nos lieux de travail, nous résistons au quotidien à l’exploitation capitaliste. Et la Grève générale reste notre ordre du jour.
Sur les lieux d’études nous combattons la sélection sociale de plus en plus accrue.

L’Union communiste libertaire sera aux côtés de celles et ceux qui se battent pour détruire le patriarcat. Dans nos rangs comme dans la société, nous combattrons les oppressions de sexe et de genre, le sexisme et les LGBTIphobies.
Face à la mécanique raciste, nous serons à l’offensive et nous sommes solidaires des luttes contre les violences policières.
Nous continuerons de marcher avec les manifestant-es qui descendent dans la rue pour dénoncer le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité dont les capitalistes sont responsables.
Ouverte à toutes celles et ceux qui veulent bâtir une autre société, l’Union communiste libertaire est l’outil que nous forgerons chaque jour, dans les villes et les quartiers où nous vivons, dans les campagnes, pour dessiner demain un avenir émancipé de l’exploitation et de toutes les dominations.
Un avenir qui porte un nom et dans lequel nous plaçons nos espoirs : le communisme libertaire
.

Le 10 juin 2019
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Messagede frigouret le Sam 29 Juin 2019 08:30

Ils ont réussi a se mettre d'accord sur la hauteur des miradors dans les goulags ?
8-)
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Messagede Lehning le Ven 5 Juil 2019 11:22

Bonjour !

Voici donc une énième organisation anar qui affaiblit AL et surtout la CGA.
Je vois pas ce qu'elle apportera de nouveau.

Si encore, toutes les orgas anars fusionnaient (au lieu de se tirer dans les pattes comme elles le font assez régulièrement) peut-être que çà renforcerait le mouvement anar...

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Messagede vroum le Jeu 11 Nov 2021 19:56

Visiblement il y a des déçus :

POINT DE VUE : UN CONGRÈS POUR RECULER ?

Un groupe de camarades a souhaité exprimer un point de vue minoritaire. Alternative libertaire leur donne la parole.

Le Ier congrès de l’UCL s’est conclu par une rupture politique avec les orientations défendues depuis 1975, d’abord à l’UTCL puis au sein d’AL jusqu’à sa dissolution au sein de l’UCL en 2019. Héritier de cette histoire, le Manifeste de l’UCL affirme que la lutte des classes est au cœur de notre combat révolutionnaire, sans s’enfermer dans un ouvriérisme étroit qui considérerait les autres luttes comme secondaires. Cette orientation n’a pas été mise en œuvre au sein de l’UCL, constatent les rédacteurs et rédactrices du présent texte.

En effet, une motion stratégique avait été présentée pour réaffirmer la centralité de la lutte de classes. Elle visait notamment à mettre en place un système de branches Jeunesse et Travail afin de renforcer l’intervention de l’UCL dans ces espaces. Cette motion avait été enrichie par un ensemble d’amendements permettant une meilleure prise en compte de la diversité des situations militantes. Elle n’a recueilli que 27% des mandats.

Face à elle, la majorité a défendu l’éclatement de l’organisation en une multitude de secteurs et de groupes locaux décidant chacun de leurs propres priorités. Ainsi, au sein de l’UCL, la lutte des classes n’est plus désormais qu’un sujet parmi d’autres, à rebours du rôle central que lui donne son Manifeste.

C’est pourtant à partir des lieux de création de richesses que la solidarité des exploité·es et des opprimé·es est la plus efficace, que la lutte contre tous les systèmes de domination reste la plus unitaire et que pourra naître la société qui collectivisera les moyens de production et redistribuera ces richesses !

A contrario, le repli sur un pré carré anarchiste, incarné par le rejet de tous les amendements voulant affirmer la volonté de l’UCL de travailler à l’unité populaire en se coordonnant avec d’autres, ne peut conduire qu’à une politique de l’entre-soi qui constitue une impasse.

Des militantes et des militants communistes libertaires de l’UCL
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Messagede Lehning le Ven 12 Nov 2021 20:45

Bonsoir !

Bah... Il en toujours été ainsi et çà continue.

Alors que le mouvement anarchiste, dans son ensemble, est actuellement quasi-invisible dans la société de m. dans laquelle nous vivons (alors qu'il n'y a que l'anarchisme qui pourrait réellement nous sortir du pétrin) les quelques orgas anars qui existent (et qui représentent tout au plus quelques petits milliers de militants-t-es ; il y a plus de militant-e-s anars en dehors de ces orgas et souvent déçu-e-s par elles) se tirent toujours dans les pattes et pire, s'entre-déchirent internement.
Ce phénomène n'est pas nouveau et il existe depuis les débuts du mouvement anarchiste. Il existe d'ailleurs dans toutes les familles politiques mais çà ne veut pas dire qu'on doit faire pareil.
(Mais dans ma naïveté première, à mes débuts de militantisme -il commence maintenant à y avoir quelques lustres- pour moi, c'était juste pas possible qu'il y ait autant de bisbilles entre anars. Certaines divergences certes, je veux bien et c'est normal mais un tel suicide, non !).

Il faudrait une orga par anar ! :lol: Je plaisante à peine^^

Le problème, c'est que pendant ce temps, ben, le System continue tranquillement de nous faire chier, il perdure et se maintient et, dirais-je, hormis pour les initié-es à l'anarchisme, aucune perspective véritablement révolutionnaire n'émerge.
Quelques bidules par ci par-là mais pas suffisant pour réellement changer ce monde de m.

Certes, il en ait ainsi disons depuis des siècles mais perso, j'aimerais bien que çà change. J'y ais toujours cru et j'y crois encore.

Mais je ne crois plus vraiment aux orgas qui ne font que du nombrilisme, n'apportent aucune idée nouvelle et se tiraillent entre elles -et surtout internement et bien souvent sur des futilités, des procès d'intentions, etc.-

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Re: c'est officiel

Messagede vroum le Ven 24 Déc 2021 20:34

Source : 15 decembre 2021

https://plateformecl.org/lettre-de-demi ... ollective/

Nous quittons l’UCL pour des motifs politiques

Militantes et militants communistes libertaires depuis des années, plus de quarante ans pour certain.es, nous avons assisté à une transformation profonde de notre organisation, ce qui aurait pu nous convenir. Mais l’Union Communiste Libertaire (UCL), créée il y a deux ans, met à mal les relations humaines qui s’y nouent, adopte un fonctionnement qui ne recherche ni le respect de ses textes fondateurs, ni celui de ses valeurs et ne favorise pas la solidarité militante.

Le communisme libertaire est un ensemble de pratiques qui définit ce que nous prônons politiquement et de valeurs porteuses d’un projet révolutionnaire.

Son combat est de lutter contre toute domination d’un être humain sur un autre, pour construire une société solidaire. Notre courant s’incarne dans la volonté d’ancrer nos combats coordonnés dans le réel, dans le refus du dogmatisme et du sectarisme et dans la recherche de nouvelles voies de transformation sociale.

1) Les orientations

Le plate-formisme, à l’origine fondé pour tirer les conséquences de l’échec total des mouvements anarchistes pendant la révolution russe, est indispensable en ces mauvais temps.

A l’abandon au 1er congrès de l’UCL de cette orientation, s’est ajouté un sectarisme « novateur » dans notre courant. Comme si la révolution pouvait ne dépendre que des seuls anarchistes ! L’organisation n’est donc plus un outil collectif, elle est devenue une fin en soi. Ces éléments marquent selon nous définitivement la rupture de l’UCL avec toute perspective révolutionnaire.

A l’UCL aujourd’hui, la lutte de classes est systématiquement opposée à « l’intersectionnalité », alors que pour nous toutes les luttes doivent être articulées ensemble.

Les postures radicales, ou plus exactement des discours prétendument radicaux, ne remplacent pas les engagements concrets en lien direct avec les classes populaires qu’ils soient associatifs, syndicaux, politiques, ancrés dans les quartiers, les villes et les campagnes. Cela se complète avec une incapacité d’écoute et d’empathie qui contrarie notre implication sociale ; au contraire, l’utilisation d’un langage élitiste ne peut que renforcer la domination sur celles et ceux qui ne le maîtrisent pas.

L’UCL nie, de fait, que tous les prolétaires ont matériellement intérêt à combattre ensemble le sexisme et le racisme, et que c’est sur cette base que nous pouvons construire des luttes sociales articulant les luttes contre toutes les formes de discrimination et pour leurs revendications communes.

Quant à la critique de toutes les religions, incarnée depuis toujours par le mouvement libertaire, elle est devenue tabou et donne même lieu à des accusations de racisme lorsqu’elle est proposée, alors que le Manifeste de l’UCL rappelle son engagement à défendre « un projet de société libéré de l’aliénation religieuse ». Même si la liberté de croire ou non doit être défendue, les libertaires se sont toujours dressé.es contre toutes les formes d’oppression religieuse, notamment chrétiennes, juives et musulmanes.

Concernant « l’islamophobie », dont nous nous ne sommes pas dupes, cela ne doit toutefois pas conduire à exclure toute réflexion critique quand l’islam politique est au pouvoir dans certains pays ou qu’il menace les droits et les libertés dans le monde ou ici.

2) Le fonctionnement

L’évolution de l’UCL met à mal le projet communiste-libertaire.

Cette organisation a accepté le principe d’une communication interne violente où le débat n’est plus nourri par des points de vue politiques mais s’exprime par anathèmes à partir d’une essentialisation des militant.es. Ainsi, ce n’est plus tant ce qui est argumenté que la personne qui parle, définie par la couleur de sa peau, son âge, son genre, etc. Or les personnes doivent être reconnues dans leurs propos et leurs actes, et non par la liste des dominations vécues. Quant aux vécus et aux ressentis, s’ils ont une place, ils ne justifient pas l’imposition d’une ligne politique.

Nous ne sommes pas responsables de qui nous sommes, uniquement de l’impérieuse nécessité d’interroger de quoi nous sommes porteurs ou porteuses et d’entrer par là même en transformation. Et selon nous, l’organisation a vocation à accompagner ses membres dans ce processus intime et politique.

A l’inverse, dans l’UCL s’expriment dorénavant surtout celles et ceux qui sont maîtres du temps et adeptes des faux procès, les autres n’ayant comme choix que de subir l’opprobre public, de s’autocensurer ou de se taire.

Des accusations sans fondement de racisme ou d’antisémitisme, de sexisme, de complicité de la culture du viol, de transphobie, de validisme, de putophobie, etc. sont proférées sans arguments, ni clefs de compréhension. Il est pourtant évident que si celles-ci étaient fondées, des procédures d’exclusion auraient été mises en œuvre.

Ces propos accusateurs, qui ont pu s’exprimer au dernier congrès, sont sans doute minoritaires ; ils camouflent en réalité des divergences politiques. Et la majorité laisse dire.

Au sein de l’organisation, les liens humains sont donc abîmés. Et le 1er congrès a illustré ce malaise relationnel entre les militant.es, devenus incapables ne serait-ce que de boire un coup ensemble après un moment de confrontation politique.

3) L’absence d’élaboration

Les positions politiques sont caricaturées et stigmatisées, la complexité du réel déniée. Et la pratique, certes longue et difficile, de l’élaboration collective et de la confrontation politique n’est plus une réalité. La richesse de la réflexion et la recherche de sens sont passées à la trappe !

A l’image des likes et insultes des réseaux sociaux, le congrès a brillé par sa pauvreté intellectuelle, dans le prolongement d’un fonctionnement où l’entre-soi est privilégié.

Les commissions ne produisent au final que peu de réflexions.

Seul l’antipatriarcat « post-moderniste » semble avoir le vent en poupe et constitue de fait un bureau politique qui ne dit pas son nom, minorant ainsi la parole des militantes qui portent une approche et une méthodologie autres. Le genre est en effet devenu le prisme de tout échange. Les camarades hommes hétérosexuels sont, notamment, soumis à une critique permanente du simple fait de ce qu’ils sont, quel que soit leur engagement concret dans la lutte pour l’égalité des droits, y compris dans leur vie quotidienne.

La réflexion de l’UCL est donc devenue médiocre et réductrice, éloignée de la complexité des classes populaires, son action bien peu mise en œuvre, le travail avec d’autres organisations le plus souvent fustigé, et le débat interne empêché et perverti.

4) Crise à l’UCL

Si notre projet est encore largement utopique parce que la société capitaliste y fait obstacle, notre réflexion et nos pratiques doivent maintenir l’exigence d’une solidarité respectueuse de toutes et tous. Et si le combat libertaire est indispensable dans cette société où l’oppression de classe est centrale, c’est essentiellement au nom de son identité qu’il subit la répression.

De très nombreux et nombreuses camarades ont déjà quitté l’organisation, choqué.es de sa violence interne et de sa dérive politique – sans que cela ne soit toutefois interrogé par ses mandaté.es qui répondent par le déni aux demandes d’explication. Loin de s’être concrétisée, la recherche du « changement d’échelle » ayant conduit à la fusion AL-CGA est déjà un gâchis conséquent.

Car l’UCL ne conçoit plus la remise en questions, alors que celle-ci illustre la spécificité libertaire de notre engagement. C’est à ce titre que notre démission collective de l’organisation rencontrera certainement le mépris de celles et ceux qui en sont les fossoyeurs.

Nous continuerons donc à militer dans d’autres cadres, avec celles et ceux qui restent nos camarades.

Car il est un temps où la cohérence politique conduit à la rupture. Ce temps est devenu le nôtre.

Signataires

Albert (ex UCL 93 centre), Basile (ex UCL 93 centre), Cécile (ex UCL GPS), Cédric (ex UCL Allier), Clo (ex UCL 93 centre), Daniel (ex UCL Aveyron), Edouard (ex UCL Nîmes), Émilie (ex UCL Nîmes), Erwan (ex UCL Lorient), Evelyne (ex UCL Amiens), Gémy (ex UCL 93 Centre), Grégoire (ex UCL Orléans), Guillaume B (ex UCL Orléans), Jacques Dubart (ex UCL Nantes), Jean-André (ex UCL Aveyron), Jean-Michel (ex UCL Amiens), Jérôme (ex UCL Montreuil), Laeti (ex UCL Nantes), Laurent (ex UCL 93 centre), Matthias (ex UCL Orléans), Max (ex UCL St Denis), Nico (ex UCL Thionville), Noël (ex UCL Melun), Nunu (ex UCL Aveyron), Olivier (ex UCL 93 centre), Paul (ex UCL liaison Toulouse), Quentin (ex UCL Orléans), Rémi (ex UCL Lorient), Rémi (ex UCL Orléans), Rodolphe (ex UCL liaison Toulouse), Sébastien (ex UCL Nantes), Valentin (ex UCL Nîmes), Xavière (ex UCL 93 centre)
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Re: Union communiste libertaire et potins

Messagede vroum le Dim 26 Déc 2021 17:38

Août 2018 :
pour Valérian, militant toulousain de la CGA « l’enjeu c’est le nombre ».


Décembre 2021 :
Loin de s’être concrétisée, la recherche du « changement d’échelle » ayant conduit à la fusion AL-CGA est déjà un gâchis conséquent.

:arf:
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Re: Union communiste libertaire et potins

Messagede vroum le Sam 1 Jan 2022 17:17

Un article du Monde libertaire d'il y a deux ans et demi qui annonçait déjà que 1 + 1 ça fait pas toujours 3, ni 2 ni...

UNITÉ OU RAVALEMENT DE FAÇADE
Lien permanent : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4084
Article extrait du Monde libertaire n°1806 de mai 2019

Une fois de plus une douce rengaine est en vogue au sein du mouvement libertaire. Cette fois elle est entonnée par les camarades d’Alternative libertaire (AL) et de la Coordination des groupes anarchistes (CGA) .

Il s’agit de créer une nouvelle dynamique basée sur le rapprochement puis la fusion probable de ces deux organisations. Projet alléchant qui tendrait à démontrer que 1+1=3. Ça c’est la théorie. Pour ce qui est de la pratique, près d’un demi siècle de militantisme dans le Mouvement libertaire m’a permis de constater que bien souvent 1+1= moins que 1. C’est qu’il y a une grande différence entre unité d’action de militants des différentes organisations libertaires sur le terrain des luttes, et stratégies envisagées par des responsables mandatés de ces mêmes organisations, même si chez nous il n’y a pas à proprement parler « d’états-majors ». J’ai pu ainsi souvent voir que certaines refondations/restructurations accouchaient assez vite de démissions voire de nouvelles scissions. Je ne vais pas en dresser ici une liste qui risquerait d’être assez longue, tant l’histoire du Mouvement libertaire français a été « agitée » (avant la Seconde Guerre mondiale, puis après, lors de sa recomposition).

La Fédération anarchiste (FA) dans sa forme actuelle est née en 1954 à la suite d’une crise sur laquelle je ne reviendrai pas ici (une autre fois peut-être si vous êtes sages). C’est donc actuellement la plus ancienne organisation libertaire dans ce pays. Plus ancienne ne veut pas dire composée essentiellement de vieux (ou anciens pour parler le politiquement correct), mais il m’est agréable de constater que depuis que j’y ai adhéré au début des années 70, nombre de camarades que j’y ai rencontrés y sont demeurés et ne se sont pas recyclés en conseillers de chefs de partis ou secrétaires d’État d’un quelconque gouvernement. Ça change un peu de tous ces « révolutionnaires » issus de Mai 68 qui nous traitaient de petit-bourgeois et qui sont passés avec armes et bagages, par exemple au PS quand celui-ci avait le vent en poupe.

Premier contact avec le « Mouvement »
Bien que membre de la FA, mon premier contact avec le Mouvement libertaire a eu lieu en 1971 avec l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) à l’occasion de différentes manifestations ; outre qu’ils semblaient être une organisation de jeunes enthousiastes, leur nom me convenait bien : Organisation (je suis et ai toujours été pour l’organisation), Révolutionnaire (c’est ainsi que je me définis), Anarchiste (il vaut mieux préciser quel genre de révolutionnaire on est). Mais si le nom me plaisait, la stratégie un peu moins : dans les cortèges de manifestants déjà systématiquement au cul des trotskistes ; de plus j’avais du mal avec certains de leurs concepts comme « la dictature anti-étatique du prolétariat ». Près d’un demi-siècle après je n’ai toujours pas compris de quoi il retournait. J’ai pu constater aussi que pour certains le mot « anarchiste » leur écorchait un peu le gosier ; ils lui préféraient (déjà) celui de « communiste libertaire » (celui même « d’ anarcho-syndicaliste » ne semblait leur convenir que s’il s’agissait d’évoquer 36 en Espagne.C’est quand même eux que j’ai suivi quelques temps (sans adhérer) et au cours d’un de leurs débats animés par Ramón Finster et Daniel Guérin, j’ai eu l’occasion d’entendre dire beaucoup de mal des « vieux » (déjà) de la FA ; ça m’a donné envie d’aller voir de quoi il retournait dans cette FA que je ne connaissais pas encore. J’y suis allé et … j’y suis resté.
Malgré tout, de plus ou moins loin, j’ai toujours gardé un œil sur l’ORA où j’ai eu des ami.e.s pour qui (comme pour moi) Synthèse et Plateforme nous semblaient des concepts plus que dépassés par rapport à notre militantisme commun au sein des syndicats (notamment à la CFDT « autogestionnaire » des années 70 où d’ailleurs on retrouvait de nombreux autres camarades libertaires de l’ASRAS (Alliance syndicaliste révolutionnaire et anarcho-syndicaliste).

Mutations/évolutions
Au fil de toutes ces années la FA avait ajouté à sa librairie, un hebdomadaire et une radio, ce qui pour une organisation de prétendus « vieux » était déjà pas mal. Dans le même temps on a pu voir l’ORA devenir l’OCL 1, puis l’OCL 2, puis l’UTCL et enfin AL (nous y voilà). À chacune de ces scissions/mutations/recompositions, AL et ses ancêtres ont annoncé qu’il s’agissait d’un rassemblement réellement révolutionnaire qui allait booster la galaxie libertaire et qu’on allait voir ce qu’on allait voir. On a vu… qu’il n’y avait pas tant à voir que ça. Chaque fois (et je crains que ce soit encore le cas ce coup-ci) on a plutôt assisté à une opération « ratissage/écrémage » :
1) On ratisse large en se présentant comme rassembleur.
2) On écrème en éjectant ou faisant partir tous ceux qui ne sont pas vraiment dans la ligne officielle.
Concernant les camarades de la CGA (il m’est arrivé d’en fréquenter certains), je ne doute pas de leur sincérité et de leur conviction révolutionnaire. Eux aussi sont issus de la FA et donc supposés être à l’origine, synthésistes plutôt que plateformistes (comme quoi ces deux conceptions sont vraiment d’un autre temps). Concernant donc ces camarades de la CGA, peut-être auraient-ils été plus avisés de ne pas scissionner entre eux pour voir se créer une énième organisation anarchiste (précisément nommée Organisation anarchiste), avant de penser à fusionner avec AL. Enfin, chacun ses problèmes et à chacun de les résoudre.

Et maintenant ?
Je ne vais pas passer en revue toutes les organisations anti-étatiques de notre mouvance, que ce soit les différentes CNT (pour ce qui est du syndicalisme révolutionnaire) ou les nombreux groupes autonomes (pour ce qui est de l’insurrection qui n’en finit pas d’arriver). Je constate simplement que l’unité pour un mouvement libertaire, comme l’évoquait il y a une vingtaine d’années une brochure publiée par les Éditions du Monde libertaire, n’est pas tout à fait à l’ordre du jour. Par contre ce qui l’est ou devrait l’être ici et maintenant, c’est une unité des libertaires dans les luttes sociales et sociétales, où nous sommes amenés à nous côtoyer et nous rejoindre. Le combat anti capitaliste et anti étatique nécessite toutes nos forces dans la rue et les entreprises, c’est bien là que nous devrions tous nous rassembler au-delà de nos divergences. Il va donc de soi que nous ne considérons pas les camarades d’AL et de la CGA comme des adversaires, encore moins des ennemis, mais des militants libertaires avec qui, si nous avons des divergences organisationnelles, nous n’en avons pas quant au type de société égalitaire que nous souhaitons.
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Re: Débats sur l'Union communiste libertaire

Messagede vroum le Lun 3 Jan 2022 23:35

À propos des 34 démissionnaires de l’UCL

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Par René Berthier

Le 15 décembre 2021 la “Plateforme communiste libertaire en construction” publia un texte intitulé “Nous quittons l’UCL pour des motifs politiques” [1] . On savait depuis un bon moment que la situation n’était pas au beau fixe au sein d’Alternative libertaire, puis au sein de l’UCL après la fusion avec des groupes de la CGA. Il importe peu que cette fusion ait pu aggraver les problèmes au sein de la nouvelle organisation, les nouveaux arrivants ayant pu amener avec eux leurs propres questionnements. Les “partants” se présentent comme des militants de longue date, parfois depuis plus de quarante ans pour certains, ce qui suggère implicitement qu’il existerait une coupure (générationnelle?) avec les militants les plus jeunes.

Il y a 34 signataires à ce texte, chiffre qui ne comptabilise sans doute pas ceux qui sont déjà partis et ceux qui vont partir. Leur constat est que les “relations humaines” sont malmenées dans l’Union Communiste libertaire, créée il y a deux ans, et que les “textes fondateurs” ne sont plus respectés. L’organisation, devenue une “fin en soi” aurait opéré une “rupture avec toute perspective révolutionnaire”. En bref, “l’évolution de l’UCL met à mal le projet communiste-libertaire”: l’accusation est extrêmement grave.

Quel est le contenu de cette accusation?
Le débat n’est plus nourri par des points de vue politiques mais se manifeste par des “anathèmes à partir d’une essentialisation des militant.es” [2] . Ce n’est plus le contenu de ce qui est exprimé qui est retenu, mais la personne qui s’exprime, en fonction de “la couleur de sa peau, son âge, son genre, etc.” On peut en conclure que le discours de certaines personnes définies par le degré de leur “oppression”, réelle ou ressentie, a plus de valeur, mérite plus d’attention que celui d’une personne qui est supposée n’être victime d’aucune “oppression” — et le pas est vite franchi pour ranger cette personne dans le camp des oppresseurs, non par par l’action qu’elle pourrait exercer mais pour son simple être.

Ainsi peut-on lire:

“Seul l’antipatriarcat ‘post-moderniste’ semble avoir le vent en poupe et constitue de fait un bureau politique qui ne dit pas son nom, minorant ainsi la parole des militantes qui portent une approche et une méthodologie autres. Le genre est en effet devenu le prisme de tout échange. Les camarades hommes hétérosexuels sont, notamment, soumis à une critique permanente du simple fait de ce qu’ils sont, quel que soit leur engagement concret dans la lutte pour l’égalité des droits, y compris dans leur vie quotidienne.”

Précisément, pour les démissionnaires de l’UCL, “les personnes doivent être reconnues dans leurs propos et leurs actes, et non par la liste des dominations vécues. Quant aux vécus et aux ressentis, s’ils ont une place, ils ne justifient pas l’imposition d’une ligne politique.”

J’avoue être plutôt effaré de lire tout cela. Etant un vieux briscard, sans doute à peu près de la même génération que bien des démissionnaires de l’UCL puisque je suis dans le mouvement libertaire depuis 50 ans, j’ai connu l’UTCL et toute son évolution jusqu’à Alternative libertaire et je ne me serais jamais imaginé que cette organisation qui prônait la rigueur, la discipline etc., selon les préceptes du “Plateformisme” s’effondre comme un soufflet au fromage. Je suis extrêmement étonné que ceux qui étaient jadis les partisans les plus fermes du plateformisme en soient arrivés à être poussés hors de leur organisation par des gens qui représentaient autrefois ceux-là mêmes qu’ils méprisaient: on les appelait alors les “anarchistes style de vie” (lifestyle anarchists comme disent les plateformistes américains), auxquels la Fédération anarchiste était abusivement assimilée, devenus aujourd’hui des partisans de la forme la plus caricaturale du “wokisme” (comme disent encore les Américains).

Précisément, les camarades démissionnaires écrivent dans leur document que “Le plate-formisme, à l’origine fondé pour tirer les conséquences de l’échec total des mouvements anarchistes pendant la révolution russe, est indispensable en ces mauvais temps”,

Ce n’est un secret pour personne je ne suis jamais tombé dans l’hystérie anti-plateformiste qui frappe malheureusement certains anarchistes, qui n’ont sans doute pas pris la peine de lire sérieusement le document fondateur de ce courant. En lisant les statuts de la CGT-SR, ceux des anarchistes qui ont des états d’âme dès qu’on parle de discipline ou d’appliquer les décisions prises seraient bien plus horrifiés. Ou les statuts de n’importe quel syndicat, d’ailleurs. La plateforme d’Archinov est un document qui date de presque cent ans et c’est une relique historique qui me paraît un peu obsolète aujourd’hui. Même chose pour la “Synthèse anarchiste”, d’ailleurs, que la FA ne pratique plus depuis longtemps.

D’ailleurs, les partisans de la Plateforme d’Archinov qui dominaient dans Alternative libertaire ne semblent eux-mêmes pas avoir su “tirer les conséquences de l’échec” de leur propre organisation et n’ont pas su trouver dans la Plateforme les moyens d’éviter cet échec — ce qui ne parle pas précisément en faveur de ladite Plateforme. Sauf à penser que la fusion d’AL avec la CGA fut un moyen de marginaliser les “vétérans-lutte des classes” de l’ex-UTCL en créant de l’espace pour les partisans des théories wokistes à la mode.

Si l’idéologie woke a légitimement pour vocation de s’intéresser aux gens sensibles aux injustices sociales et aux iniquités raciales, rappelons que ces questions sont au fondement même de l’anarchisme. Malheureusement cette idéologie woke, qui a enveloppé l’UCL de son aile envahissante, se fonde, elle, sur le rejet du principe de lutte des classes, qui est lui aussi un des principes de base de l’anarchisme. Ce dont les démissionnaires de l’UCL sont bien sûr parfaitement au courant puisqu’ils écrivent que dans l’UCL d’aujourd’hui, “la lutte de classes est systématiquement opposée à ‘l’intersectionnalité’, alors que pour nous toutes les luttes doivent être articulées ensemble”, ce qui me semble aller de soi.

L’explication de la fracture qui a provoqué les démissions n’est peut-être pas politique mais sociologique: pour que la lutte des classes apparaisse comme évidente à une personne, encore faut-il que celle-ci soit dans une position de la vivre dans son quotidien. La personne qui ne vit pas une relation d’exploitation et qui veut apparaître comme “radicale” se voit confinée dans “des discours prétendument radicaux”, comme le dit le document des démissionnaires de l’UCL, parce qu’elles n’ont pas d’“engagements concrets en lien direct avec les classes populaires”. Ce qui est peut-être une façon allusive de dire que ceux des membres de l’UCL qui ont provoqué les démissions sont des petits-bourgeois: n’est-ce pas ce qui est exprimé lorsqu’on lit que “dans l’UCL s’expriment dorénavant surtout celles et ceux qui sont maîtres du temps”. Comment cette organisation en est-elle arrivée à instaurer un terrorisme intellectuel tel que ceux qui ne sont pas “maîtres du temps” (en résumé ceux qui bossent par opposition à ceux qui ont du loisir) n’ont pas d’autre choix que “de subir l’opprobre public, de s’autocensurer ou de se taire”, ou de se voir accuser sans fondement “de racisme ou d’antisémitisme, de sexisme, de complicité de la culture du viol, de transphobie, de validisme, de putophobie”? (Les chauves passeraient-ils au travers de ces catégorisations?)

L’insistance lancinante sur d’innombrables micro-luttes partielles présentées comme essentielles conduit à oblitérer le fait que les prolétaires, au sens où l’entendait la CGT-SR dans les années 30 [3] , ont des intérêts communs et que la lutte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression ne peut avoir d’efficacité que si elle est globale. Cette insistance lancinante sur d’innombrables micro-luttes partielles conduit aussi les victimes d’une “oppression” déterminée à récuser aux tenants d’une autre “oppression” le droit de se dire opprimés. Notons que dans ce débat, on parle beaucoup plus d’opprimés que d’exploités.


Enfin, la question de la religion. Les démissionnaires de l’UCL nous disent que “la critique de toutes les religions, incarnée depuis toujours par le mouvement libertaire, [...] est devenue tabou et donne même lieu à des accusations de racisme lorsqu’elle est proposée, alors que le Manifeste de l’UCL rappelle son engagement à défendre ‘un projet de société libéré de l’aliénation religieuse’.” Il y a eu un peu le même problème à la FA, sans que cela ne prenne une importance disproportionnée. Un de ces camarades que les démissionnaires de l’UCL présentent comme “maître du temps”, autrement dit ayant du loisir, a tenté il y a quelques années d’introduire dans la FA la relativisation de l’importance de la religion, le refus de critiquer l’islam, etc., mais ça a fait long feu [4] .

Mais là, on a affaire à un problème général, je dirais même international: depuis des années, on constate une sorte de laxisme dans le mouvement libertaire sur la question de la religion, alors que le problème est extrêmement clair: être anarchiste, c’est être athée. La croyance en Dieu, c’est-à-dire en un être placé au-dessus de nous et qui nous est supérieur, est une aliénation. Être anarchiste, c’est être opposé à l’aliénation économique du capital, à l’aliénation politique de l’État et l’aliénation religieuse de Dieu. Or nombre d’anarchistes d’aujourd’hui tendent à relâcher la pression sur l’aliénation religieuse, jusqu’à considérer qu’il n’est pas contraire aux principes de l’anarchisme d’accepter l’adhésion de croyants dans l’organisation. Ces camarades ne semblent pas capables de faire la distinction entre l’organisation spécifique, fondée sur des principes, dont l’athéisme, et l’organisation de masse rassemblant les exploites et opprimés sans distinction de croyance. Ils ont l’air de penser que parce qu’on est athées, on ne peut militer côte à côte avec des croyants. C’est évidemment idiot.

Ce relâchement est particulièrement visible s’agissant de l’islam: sous prétexte que ce serait la “religion des opprimés”, on n’aurait pas le droit de la critiquer. Il ne vient pas à l’esprit de ces camarades que si c’est la religion des opprimés, c’est une religion qui les opprime d’autant plus. Aussi ces anarchistes-là s’efforcent-ils de défendre les femmes qui portent le voile plutôt que de défendre ces innombrables femmes qui ne veulent pas le porter. Comment concevoir le cas de figure où dans une organisation anarchiste il y ait des femmes qui portent le voile mais également des femmes qui se battent pour ne pas le porter? L’organisation anarchiste ne serait-elle pas plus fondée à faire adhérer des femmes de culture musulmane qui se battent contre le port du voile?

Il y avait une forme de démagogie dans l’attitude de l’UCL lorsqu’elle s’est constituée comme partie prenante dans l’organisation de la manifestation du 10 novembre 2019 contre l’islamophobie. Précisons que ce n’est pas d’avoir appelé à manifester contre le racisme anti-arabe qui était contestable, mais aux côtés de qui l’UCL a appelé : des organisations fondamentalistes islamiques notoires. Ce fut, il faut dire, une faute politique très grave, un piège dans lequel la FA n’est pas tombé. La liste des organisations ou personnalités islamistes signataires de cet appel avait été publiée sur une liste interne de la FA, avec un curriculum de chaque signataire, et le résultat était consternant: l’UCL s’était clairement compromise avec des ennemis de classe.

Un texte avait circulé en interne dans la FA, dans lequel on pouvait lire:

“L’Union communiste libertaire et le Nouveau parti anticapitaliste n’ont pas simplement mis leur signature, parmi d’autres, en bas d’un appel: ces organisations sont À L’INITIATIVE d’un appel aux côtés d’organisations dont les objectifs sont à l’exact opposé de nos objectifs d’émancipation humaine. Le choix fait par l’UCL de signer cet appel avec le NPA montre d’une part que les habitudes de suivisme de l’ex-Alternative libertaire n’ont pas été abandonnées, d’autre part que l’UCL persiste dans le désir de se fondre dans le magma de la ’gauche radicale’ dans l’espoir de s’y faire une place, quitte à renier toute perspective libertaire.”

Il est cocasse de constater que l’organisation désignée par tous les plateformistes de la planète comme étant “lifestyle”, “folklorique” et théoriquement inconsistante ait pu faire preuve d’une clairvoyance politique aussi aiguë. J’aimerais savoir quelle avait été la position des 34 démissionnaires d’aujourd’hui sur cette affaire [5] .

Les démissionnaires de l’UCL disent, concernant l’islamophobie, qu’ils “ne sont pas dupes” par rapport à l’islamophobie. Il serait intéressant de savoir précisément ce qu’ils entendent par là. La plupart des militants de la FA sont très réticents par rapport à ce terme, qui est une forme détournée pour désigner le racisme anti-arabe, mais qui présente pour les islamistes l’avantage considérable de confessionaliser ce racisme, un piège dans lequel nos bons camarades de la “gauche radicale”, du NPA et de l’UCL qui ne le suivait jamais de bien loin, sont tombés à pieds joints.

Dans les périodes de crise, de régression de la pensée critique et d’expansion de la réaction, les militants révolutionnaires peuvent en arriver à douter de leurs convictions athées et matérialistes et, par souci de conformisme, ils finissent par se demander s’il n’y a pas un peu de vrai dans le discours de la réaction triomphante dont ils finissent par être imprégnés. J’ai fortement l’impression qu’on est dans cette ce cas de figure aujourd’hui.

L’imprégnation du religieux est tellement forte que certains camarades en arrivent à relativiser l’importance de l’athéisme dans le fondement doctrinal de l’anarchisme par crainte de se trouver marginalisés alors même que dans ces périodes de recul il faut affirmer clairement nos principes. Mais en réalité le religieux ne semble fort aujourd’hui que parce qu’il est extrêmement bruyant, et les militants de la gauche dite radicale se laissent impressionner par ce bruit alors que les enquêtes montrent que seul un tiers des Français croient aujourd’hui en Dieu.

Il me semble que la lutte contre le racisme anti-arabe sous la forme confessionalisée de lutte contre l’islamophobie est une manière pour une certaine gauche, y compris anarchiste, de se trouver un prolétariat de substitution auquel accrocher sa mauvaise conscience de petits bourgeois.

Je ne suis plus à la FA depuis plus d’un an. Je ne l’ai pas quittée en claquant la porte, je ne l’ai pas quittée parce que j’avais des divergences insurmontables avec elle, je l’ai quittée simplement pour prendre ma retraite de militant en conservant d’excellentes relations avec mes anciens camarades. La FA a des défauts, cela va de soi, mais j’imagine mal qu’elle puisse être confisquée par une bande d’hurluberlus développant des théories fumeuses, en partie parce que je trouve que la plupart des camarades ont le sens de réalités et raisonnent sainement, mais aussi parce que ses structures ne le permettraient pas. Nos camarades de l’UCL devraient y réfléchir, dont les convictions plateformistes n’ont pas été capables d’empêcher les dérives de leur organisation.

Je pense que personne à la FA, et surtout pas moi, ne se réjouit de ce qui se passe. Deux ans après une fusion à laquelle la FA s’est tenue prudemment à l’écart mais qui aurait pu être potentiellement prometteuse, des militants parmi les plus expérimentés de cette nouvelle organisation démissionnent. J’espère que ceux qui sont restés à l’UCL tenteront de comprendre les causes de cet échec et ne se limiteront pas à dire: “Bon débarras”.

* * * * * * * *


Il ne fait pas de doute que le mouvement libertaire ne fera pas la révolution tout seul: si un grand bouleversement social a lieu, il devra compter avec la présence d’autres organisations, voire d’autres projets politiques, faire des compromis et contracter des alliances. La question reste de savoir quel type d’entente il sera possible de trouver avec une organisation présentant les caractéristiques de ce que l’UCL sera devenue lorsque tous les militants qui font la même analyse que celle des 34 démissionnaires seront partis.

Depuis toujours, les anarchistes pensent que l’action militante quotidienne devrait être la préfiguration du modèle de société émancipée qu’ils entendent bâtir. Il est possible que la lutte des classes dans les formes qu’elle adopte aujourd’hui suscite des formes de lutte et d’organisation qui ne correspondent plus aux schémas auxquels nous étions habitués (ce processus a d’ailleurs largement commencé, selon moi) et que les combats de l’avenir se feront en dehors des organisations libertaires “traditionnelles”, sans les militants qui s’accrochent à des schémas dépassés ou ceux qui s’engagent dans des combats disséminés.

Une société libertaire est une société fonctionnant de manière libertaire, non une société peuplée exclusivement de libertaires “purs jus”. Il est évident que nous vivons aujourd’hui une période de régression de la pensée critique, de défaites sur le front des luttes sociales. On pense à ce que disait Bakounine dans sa dernière lettre à Elisée Reclus, peu avant as mort. Il parle des “ terribles défaites dont nous avons été les plus ou moins coupables victimes”; il constate que lorsque “la pensée, l’espérance et la passion révolutionnaires […] ne se trouvent absolument pas dans les masses”, on ne peut rien faire. Pourtant, comme après l’écrasement de la Commune qui a instauré une chape de plomb sur la classe ouvrière, le feu couve encore sous la braise, les luttes continuent, les grèves se multiplient, l’organisation ouvrière résiste.

Plutôt que de se focaliser sur les patriotismes d’organisation et de rêver à une grande organisation anarchiste spécifique qui ne ferait au fond que reproduire les dérives de la société globale, les militants et militantes qui aujourd’hui comprennent la nécessité de continuer la lutte devraient plus modestement se regrouper là où se trouvent les exploités et les opprimés. Peut-être est-il temps de revenir aux fondements de ce qui constitua l’anarchisme de la Première internationale et de l’Alliance bakouninienne: un anarchisme profondément impliqué dans les luttes ouvrières, dans la lutte des classes.

Notes
1 https://plateformecl.org/lettre-de-demi ... ollective/
2 Avertissement . — Je ne pratique pas l’écriture inclusive. J’écris le français tel que je l’ai appris
lorsque j’ai passé mon Certificat d’étude primaires, en 1958. On nous apprenait qu’il existe en
français trois genres: masculin, féminin, neutre. Le genre neutre avait la forme du masculin. Personne
à cette époque ne nous raconta cette ânerie, reprise par des ignares, selon laquelle le masculin était
“supérieur” au féminin.
3 “ …l’ouvrier de l’industrie ou de la terre, l’artisan de la ville ou des champs – qu’il travaille ou non
avec sa famille –, l’employé, le fonctionnaire, le contremaître, le technicien, le professeur, le savant,
l’écrivain, l’artiste, qui vivent exclusivement du produit de leur travail appartiennent à la même
classe: le prolétariat”. Cette définition, qu’il faudrait sans doute réactualiser, couvre au moins 80%
de la population. (Pierre Besnard, Les syndicats ouvriers et la révolution sociale.)
4 Voir: “Athéisme!”, http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/atheisme.pdf
5 Liste des signataires de cet appel: http://monde-nouveau.net/ecrire/?exec=a ... rticle=877

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Re: Débats sur l'Union communiste libertaire

Messagede Protesta le Mar 4 Jan 2022 01:39

Avertissement . — Je ne pratique pas l’écriture inclusive. J’écris le français tel que je l’ai appris


Moi aussi :mrgreen: :mrgreen:
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Re: Débats sur l'Union communiste libertaire

Messagede Protesta le Mar 4 Jan 2022 02:03

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Re: Débats sur l'Union communiste libertaire

Messagede Lehning le Mar 4 Jan 2022 21:35

Protesta a écrit:
Avertissement . — Je ne pratique pas l’écriture inclusive. J’écris le français tel que je l’ai appris


Moi aussi :mrgreen: :mrgreen:


Bonsoir !

Pas moi ! :wink: Je féminise un peu mes phrases (toutes et tous ; ils/elles ; exploité-e-s, etc.)
C'est grave docteur ? :wink: (Je fais çà depuis au moins 1 quinzaine d'années et c'est devenu machinal).
Je suis pas bien sûr que c'est totalement de l'écriture inclusive: j'essaye juste d'être juste. (notamment contre une certaine domination masculine)

Je ne force personne à faire pareil.

Sinon, texte intéressant de René Berthier même si je ne suis pas autant "optimiste" que lui sur le fait que la FA ne serait pas touchée par ces phénomènes de wokisme, d'intersectionnalité, etc. et qu'elle serait protégée par ses "structures" ou que ses militant-e-s seraient plus sensé-e-s qu'ailleurs^^

Salutations Anarchistes !
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Re: Débats sur l'Union communiste libertaire

Messagede vroum le Lun 17 Jan 2022 13:02

Un ancien militant de la CGA (pendant 5 ans), d'AL (4 ans) et de la CNT-F (2 ans), devenu "conservateur" :shock: qui commente le texte des démissionnaires :
https://www.youtube.com/watch?v=e-2z7cQLgwM

L'auteur s'appelle Christophe, ça m'étonnerait pas que ce soit un ancien du forum (du côté de Tours)...
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Re: Débats sur l'Union communiste libertaire

Messagede vroum le Dim 27 Mar 2022 10:50

Plusieurs mois après la scission de l'UCL, la PCL (Plateforme Communiste Libertaire) commence à sortir des textes : https://plateformecl.org/elements-de-re ... en-france/


Et c'est assez gratiné tant les scissionnaires semblent bloqués dans une autre dimension spatio-temporelle : une galaxie plateformiste tournant autour du soleil Fontenis.


On est en 2022 tout de même et tenter de ressortir de la poussière le débat Plateforme / Synthèse qui en toute période n'a jamais démontré sa pertinence et un intérêt organisationnel ou politique peut laisser dubitatif.


Quelques éléments intéressants ou amusants cependant :

- l'UCL est devenue le chantre du synthésisme ( ! )

- lors du processus de fusion-dépassement donnant naissance à l'UCL, la grande AL s'est fait mener par le bout du nez pour se faire bouffer tout cru par la petite CGA


On a le droit à la classique louche de révisionnisme plateformiste : pendant la guerre d'Algérie, la FCL a été héroïque et la FA lâche ce qui permet de passer sous silence

- le sectarisme et l'autoritarisme de l'OPB / FCL (dont torture et menace d'élimination physique des militants)

- la fascination pour le PCF et l'attrait profond pour le léninisme de l'OPB / FCL

- le fourvoiement électoral de la FCL et sa participation aux législatives de 1956

- un soutien sans réserve aux luttes nationalistes algériennes qui accoucheront d'une nouvelle classe dirigeante politico-militaire encore au pouvoir 60 ans après

- une stratégie incapable de dépasser le romantisme juvénile et menant droit au suicide politique


De l'autre côté on nie le combat anticolonial et contre la guerre de la FA (cf article d'André Devriendt ici : http://ml.ficedl.info/spip.php?article1254 ), on affirme que la FA s'en est tiré sans dommage alors qu'il y a exactement 60 ans l'OAS a entièrement détruit par explosif le siège de la FA rue Ternaux suite à la publication dans le ML d'articles favorables à l'indépendance de l'Algérie : https://www.monde-libertaire.fr/?page=a ... hive=17465


En conclusion de l'article, l'auteur s'inquiète de la composition sociologique majoritaire de l'organisation et des moyens structurels nécessaires pour garantir aux membres prolétaires d'y peser en son sein : cela doit faire référence au débat qui a eu lieu dans l'UTCL d'accorder un vote double aux travailleurs par rapport aux non-travailleurs !


Enfin et c'est cocasse l'auteur s'interroge à savoir si « l’avenir du plateformisme n’est-il pas davantage dans une identité de gauche autogestionnaire plutôt qu’anarchiste, susceptible de générer un quiproquo, afin d’éviter les entrées régulières et trop importantes de courants synthésistes ?»
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