Un homme est décédé dans la nuit de samedi à dimanche sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn), a annoncé la préfecture, les opposants affirmant que la mort est survenue "dans le contexte d'affrontements" avec les gendarmes.
"Selon les premiers éléments que nous avons recueillis, la mort a eu lieu dans le contexte d'affrontements avec les gendarmes vers 02H00 du matin. Nous ne disons pas que les forces de l'ordre ont tué un opposant, mais un témoin nous a dit que le décès s'était passé au moment d'affrontements", a déclaré à l'AFP par téléphone Ben Lefetey, porte-parole du collectif Sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe la majeure partie des opposants au projet de barrage.
"Un témoin dit avoir vu quelqu'un s'effondrer lors d'affrontements et être enlevé par les forces de l'ordre", a ajouté M. Lefetey.
"On n'en sait pas plus sur la cause de ce décès. On ne sait pas si c'est relié directement aux affrontements. On mène l'enquête et nous allons coopérer avec les enquêteurs", a-t-il souligné.
Contactée, la préfecture n'a pas voulu faire de commentaire.
Quelques heures auparavant, elle avait annoncé dans un très bref communiqué que, "vers 02H00 du matin, le corps d'un homme (avait) été découvert par les gendarmes sur le site de Sivens". "Les sapeurs-pompiers sont intervenus rapidement, mais n’ont pu que constater le décès de la victime. Une enquête a été ouverte sous l'autorité du procureur d'Albi afin de déterminer les causes du décès et l’identité de la victime", ajoute le texte qui ne donne aucun autre élément.
Le procureur de la République à Albi, Claude Derens, a refusé de faire tout commentaire "avant les résultats de l'autopsie qui aura lieu demain (lundi) dans l'après-midi".
Interrogé par l'AFP, le lieutenant-colonel Sylvain Renier, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn, n'a pas non plus voulu faire de commentaire sur le décès.
Le responsable, qui gérait sur place les opérations de gendarmerie lors des échauffourées de samedi soir, a simplement indiqué que le calme était revenu "vers 21H00".
Il a précisé que sept membres des forces de l'ordre avaient été blessés samedi soir mais que les pompiers ne lui avaient pas signalé dans la soirée de blessé dans le camp adverse.
Des affrontements, plus sporadiques, sont survenus plus tard dans la nuit, selon M. Lefetey.
Des 'anarchistes'
Selon le lieutenant-colonel, "100 à 150 anarchistes encagoulés et tout de noir vêtus ont jeté des engins incendiaires" et autres projectiles aux forces de l'ordre.
Elles encadraient une mobilisation de "2.000" opposants qui, elle, est restée pacifique, selon lui. Ce rassemblement était le plus important depuis le début de la contestation.
Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de flash-balls, a-t-il ajouté.
Il a précisé que des négociations avaient été entamées, en vain, entre un représentant pacifique des opposants à la construction du barrage de Sivens et un des assaillants, qui avait alors dit qu'ils se réclamaient de "l'anarchisme".
M. Lefetey a dit ne pas être en mesure de confirmer les affirmations des gendarmes selon lesquelles les assaillants s'étaient présentés comme des anarchistes. Il a simplement évoqué "des radicaux qui voulaient s'attaquer aux équipements de chantier".
Selon une source proche de l’enquête, la jeune homme décédé avait 21 ans et "faisait partie de ceux qui étaient au milieu des échauffourées hier soir" (samedi).
Le projet de barrage-réservoir de 1,5 million de m3 d'eau stockée fait de plus en plus figure de "Notre-Dame-des-Landes du Sud-Ouest", en référence à cette commune de Loire-Atlantique, où une importante mobilisation a provoqué le gel en 2012 de la création d'un nouvel aéroport.
Depuis le début des travaux de déboisement le 1er septembre, les échauffourées et les rassemblements se sont multipliés aux alentours du chantier.
Le projet de retenue d'eau est soutenu par le conseil général du Tarn, qui le juge indispensable pour irriguer les terres agricoles alentour. Les opposants dénoncent un projet coûteux destiné, selon eux, à un petit nombre d'exploitants pratiquant une agriculture intensive.
Un rapport d'experts, commandé par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, doit être rendu public la semaine prochaine.
© 2014 AFP
Communiqué du collectif Tant Qu’il y aura des Bouilles
Publié le octobre 26, 2014
Rémi est mort cette nuit entre 2h et 3h à proximité des gendarmes et des CRS positionnés sur le chantier du barrage de Sivens à Lisle sur Tarn.
Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès, au plus vite.
Nous sommes sous le choc et présentons toutes nos condoléances à sa famille et amis-ies.
Ce soir, dimanche à 18h nous appelons à un rassemblement à Gaillac, place de la libération.
Un second rassemblement est d’ores et déjà prévu ce lundi à 14h à Albi, devant la préfecture.
Un Toulousain de 21 ans est décédé dans la nuit de samedi à dimanche sur le site de Sivens lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. De nouveaux incidents ont eu lieu hier soir à Gaillac.
«Il était arrivé samedi, mais n'était pas venu pour manifester, je ne sais pas pourquoi il est allé sur le front». Ces quelques mots émanent d'un copain de Rémi Fraysse, 21 ans, résidant à Toulouse, décédé vers deux heures dans la nuit de samedi à dimanche, lors des affrontements entre forces de l'ordre et opposants au barrage de Sivens.
Comment ce jeune homme est-il mort ? D'un malaise ? D'un tir adverse ? D'absorption de produits ? L'enquête diligentée par Claude Dérens, procureur de la République d'Albi, devrait apporter des éclaircissements, notamment à partir des résultats de l'autopsie qui sera pratiquée aujourd'hui.
«On a vu la scène»
Trois autres personnes qui dans la nuit de samedi à dimanche ont assisté aux affrontements près de la base de vie du chantier racontent avoir vu «quelqu'un tomber qui a été ramassé et traîné hors de la zone dangereuse par un policier». «On a bien vu la scène, ajoute un autre témoin, car derrière le policier qui traînait le corps il y avait des éclairages». Des témoignages qui ne vont pas dans le sens des propos que Claude Dérens a tenus hier lors d'une conférence de presse et au cours de laquelle il précisait : «Les gendarmes ont repéré un corps gisant au sol, ils ont fait une sortie pour rapatrier la personne et la soigner. Il est encore trop tôt pour savoir quel rôle avait la victime».
Le procureur ajoute : «Les forces de l'ordre étaient environ 70 et face à eux une centaine de manifestants très violents qui lançaient des objets incendiaires, pyrotechniques et des pierres. On dénombre sept blessés parmi les forces de l'ordre. Enfin, en raison de l'hostilité des manifestants, il n'a pas été possible d'effectuer des prélèvements sur le site, c'est très dommageable pour l'enquête». En conclusion le procureur a confirmé qu'il n'y avait hier soir «aucune garde à vue».
Éclats de grenade
Au-delà de ce drame, la nuit avait été agitée du côté de Sivens.
Deux Albigeois qui ont campé, mais peu dormi, sur le site du rassemblement et qui ont aussi assisté aux affrontements témoignent à leur tour : «C'était deux heures, les anarchistes ont balancé plein de feux d'artifice sur les CRS et gendarmes mobiles qui ont riposté. C'était très chaud et ça faisait beaucoup de bruit. On a vu des tirs tendus de lacrymogènes. Il y a eu des blessés parmi les anarchistes, ils étaient sortis de la zone par leurs copains et évacués pour être soignés. Plusieurs souffraient d'éclats de grenade aux jambes, d'autres saignaient de la tête.»
Hier, le site des affrontements de la nuit était un vaste «no man's land». Des fumerolles s'échappaient encore des troncs calcinés, et une trentaine de jeunes ZADistes s'employaient à démonter le grillage de la base de vie, descellant les piquets, cassant à la masse une plateforme en béton. La plupart d'entre eux étaient encagoulés. Les discussions étaient difficiles et la presse n'était pas la bienvenue. Juste à côté, relief de la nuit précédente, une baraque de chantier et un groupe électrogène calcinés.
témoignage de XXXXXXX: Avant que vous n'entendiez ou lisiez n'importe quoi, avant que des rumeurs circulent, avant que j'entende des choses qui me rendent dingue, voici ce qui s'est passé ce soir à Gaillac:
Un rassemblement en hommage à Rémi mort dans la nuit face aux GM était prévu à Gaillac. A 18h, il y avait de nombreuses personnes: zadistes, paysans, personnes agées, familles, enfants et moi...
Il y a eu UN incident à déplorer au tout début: une personne est monté sur le monument aux morts a enlevé les drapeaux et tagué. Tous les autres autour lui hurlait "non!" en disant que ça n'était pas le moment.
C EST TOUT!
Il y avait un débat au micro sur quelle action faire ou ne pas faire, mais il n'y avait encore rien eu du tout et soudain, 8 camions de GM ont débarqué avec un déploiement de GM face aux personnes présentes. D'un coup ils ont lancé des lacrymos SANS SOMMATION et au milieu des enfants! SANS LAISSER LE CHOIX A CEUX QUI L AURAIENT VOULU DE PARTIR! J'ai moi même reçu une lacrymo en essayant de faire partir un enfant. Nous nous sommes tous repliés, ne pouvant plus respirer, ni voir avec les gazs.
Quelques personnes ont alors monté une barricade entre nous tous et les dizaines de gendarmes et je vais vous dire, heureusement! J ai alors reçu à mes pieds une balle de flashball! Ils ont tiré sur nous dans une rue fermée.
Les gens sont partis en groupe au fur et à mesure....Nous rendions UN HOMMAGE, et nous avons été LYNCHÉS SANS SOMMATION !
N'écoutez pas les on dit ! J'Y ETAIS !
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