samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

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samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede JPD le Jeu 28 Nov 2013 19:17

BONNETS ROUGES : POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX
Appel


Suite à la manifestation de Quimper du 2 novembre qui se mobilisait sur le mot d’ordre « Vivre, décider et travailler en Bretagne », le Comité pour le maintien de l’emploi en Bretagne appelle à un rassemblement revendicatif et festif à Carhaix, samedi 30 novembre, sur le site de Kerampuil.

Des ouvrières et ouvriers des usines Marine Harvest, GAD, Tily Sabco, et des militants du collectif carhaisien appellent à former un pôle ouvrier sur la base du texte ci-dessous, pôle qui rejoindra le rassemblement des Bonnets Rouges pour défiler ensuite à travers Carhaix.

Après les amalgames douteux et les propos injurieux que certains médias ou leaders parisiens ont prononcés, suite à la manifestation de Quimper du 2 novembre, cette initiative veut pointer le caractère de classe de la mobilisation actuelle contre la crise de l’emploi qui frappe durement l’agro-alimentaire, entre autres secteurs d’activité en Bretagne.

OCL Nantes


Comme le 2 novembre à Quimper, et pour certains à Carhaix, nous appelons la population de la région à soutenir nos revendications légitimes et notre droit à vivre, à décider et de travailler au pays.

Malgré la déclaration de certains employeurs et du MEDEF finistérien, nous n’oublions pas que la situation actuelle a été produite par certains patrons de Bretagne, de France et d’ailleurs. Ces "grands" patrons, pendant des années, qui ont imposé dans les usines agroalimentaires des salaires de misère et des conditions de travail déplorables pendant qu’ils s’enrichissaient grâce à des subventions nationales et européennes.

Aujourd’hui les usines ferment, ce n’est pas aux salariés de payer !

Tout cela a été rendu possible grâce aux décisions des États et de l’Union Européenne, grâce à la complicité de gouvernements successifs, de droite comme de gauche, qui ont détruit les acquis sociaux, les services publics, les garanties collectives des salariés au nom du libéralisme économique.

Nous affirmons qu’il faut l’unité de tous les syndicats de salariés, petits artisans et commerçants, l’unité ouvrière la plus large contre les plans de licenciements dans le privé et contre les suppressions de postes dans le public.

Nous avons ras-le-bol de cette austérité et de l’injustice fiscale. La dernière en date : les hausses prévues de la TVA. Elles frapperont surtout les plus modestes et les plus démunis au même titre que l’écotaxe dont la mise en application impacterait le prix de vente des denrées transportées.

Les solutions existent pour combattre le libéralisme économique. Elles passent par l’interdiction des licenciements, la réquisition ouvrière des moyens de production et la nationalisation des entreprises bénéficiaires qui licencient. La Bretagne devra voir la création d’un outil institutionnel pourvu de pouvoirs législatifs et réglementaires, doté d’un budget et d’une fiscalité adaptée afin de faire face à ce défi économique et social.

Le comité pour le maintien de l’emploi en Bretagne. Vu par les ouvrières et ouvriers de Marine Harvest, Tily Sabco et Gad.

_ _ _ _ _ _

Evel m’hor boa graet d’an 2 a viz Du e Kemper , hag evit lod all e Karaez, e c’halvomp pobl ar vro da souten hon azgoulennoù reizh evit gellet bevañ, dibab ha labourat er vro.

Daoust d’ar pezh zo bet lâret gant darn eus implijerien ha MEDEF Penn-ar-Bed ne ankoueomp ket ec’h en em gavomp e lec’h m’emaomp abalamour da batroned zo eus Breizh, eus ar Frañs hag eus lec’h all. Ar batroned « vras » se o deus plantet en uzinoù gounezvouedel goproù izel spontus ha doareoù labourat start abominapl keit ma oant o lakaat leun o sakod a drugarez da yalc’hadoù ar stad ha re an Europa.

Hiziv an deiz e vez serret an uzinoù ha n’o deus ket ar vicherourien da baeiañ evit se !

Kement-mañ o deus gellet ober a drugarez da dibaboù ar stadoù hag Unvaniezh Europa ha gras d’ar gouarnamantoù ma vijent bet eus an tu-kleiz pe deus an tu-dehoù, o deus distrujet ar gounidoù sokial, ha gwarantoù stroll al labourerien e añv ar frankizouriezh ekonomikel.

Lavarout a reomp eo dleet lakaat da labourat asambles holl sindikadoù al labourerien gant an artizaned vihan ha ar gonversañted evit an unvaniezh ar brasañ ma c’hellomp evit lavarout nann d’an dilabour en embregerezhioù prevez ha nann d’ar postoù labour serret er servij publik.

Arruomp poazh gant ar ruster hag an tailhoù direizh. An hini diwezhañ : Kreskoù raktreset an taos war ar gwerzh ouzhpennet (TGO) da lâret eo an TVA. Anduret e vint gant ar vunutañ evel an ekotaos kar e vo kresket prizioù gwerzh ar boued hag ar madoù treuzdouget. Bez e c’hellomp stourm ouzh ar frankizouriezh ekonomikel. Ma vez difennet e vije skarzhet al labourerien, ma vez lakaet an doareoù produiñ etre daouarn ar vicherourien ha ma vez broadelet an embregerezhioù a ra gounidoù hag a skarzh tud daoust d’o gounidoù. Bez e ranko Breizh kaout ur statud gant galloudoù lezenniñ ha reolenniñ, gant ur budjet hag un telladurezh a zere evit dont a benn war an dachenn sokial hag ekonomikel a-vremañ.

Savet gant ar c’homite evit derc’hel al labour e Breizh . Bet gwelet gant micherourien ha micherourezed Marine Harvest, Tily Sabco ha Gad.
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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede bajotierra le Jeu 28 Nov 2013 19:32

Comme le 2 novembre à Quimper, et pour certains à Carhaix, nous appelons la population de la région à soutenir nos revendications légitimes et notre droit à vivre, à décider et de travailler au pays.


bonjour ocl nantes ,

a quel niveau d'organisation situez vous le "pays" ?

(rue , quartier , commune, canton , région ou nation ? ........)
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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede JPD le Ven 29 Nov 2013 18:58

L'enjeu n'est pas de reprendre une xième discussion sur cette question mais de tenter une présence de classe dans un mouvement dans lequel beaucoup d'éléments tentant de contrer cette présence patronale émergent (c'est dit dans l'appel et l'OCL Nantes ne parle pas de "Pays").


On trouve dans les mouvements anarchistes une position "antifa" un peu classique qui mesure la montée d'un fascisme supposé aux éclats de quelques nazillons, de guetteurs et d'agressions racistes et de tous genres. Ça ressemble un peu à l'histoire de l'idiot qui regarde le doigt quand c'est la lune qui est désignée. En effet sans négliger les signes ci-dessus, il me semble que ce qui se joue en Bretagne est d'une tout autre dimension. Et ça pourrait bien être un laboratoire expérimental de situations destinées à se reproduire ailleurs : un mouvement de révolte, de ras-le-bol, coiffé par une fraction du patronat ou la FNSEA dans un contexte ou des années de renoncement syndical et d'idéologie de la fin de la lutte des classes ont fait le lit de ce qui d'un "fascisme" moderne qui pourrait se construire. Et à ce niveau, toute tentative d'intervenir sur des positions de classe, de construire un pôle ouvrier (ou de classe comme on veut) est bienvenu et mérite de s'y associer de toutes nos-faibles - forces - surtout si c'est une tentative sur le terrain et non sur le papier de l'extérieurs. Je signale que la dernière phrase de l'appel :" La Bretagne devra voir la création d’un outil institutionnel pourvu de pouvoirs législatifs et réglementaires, doté d’un budget et d’une fiscalité adaptée afin de faire face à ce défi économique et social." a été supprimée car posant trop de questions. Tant mieux.
Récemment des orgas anars ont rédigé un appel contre le fascisme soulignant à juste titre la nécessité de lier cette engagement à la question sociale. C'est là me semble-t-il l'occasion de n'en pas rester à des positions théoriques ou idéologique et de ne pas se contenter d'amener des drapeaux mais de mettre au premier plan les coupures de classe. Cet appel prône aussi la constitution de fronts antifasciste entre orga (à tort à mon avis).Or le vrai front il est à construire comme front de classe dès samedi. Ça ne marchera peut-être pas mais ça vaut le coup d'essayer, d'autant que si il prend un peu forme cette fois ce ne sera pas par le simple amalgame de groupuscules fussent-ils purs et révolutionnaire.
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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede vroum le Ven 29 Nov 2013 20:05

Bon vu que la discussion a lieu dans 2 topics je remet mon post ici :

L’insoutenable légèreté des donneurs de leçons

in Le Monde libertaire # 1723 du 28 novembre au 4 décembre 2013

http://www.monde-libertaire.fr/syndicalisme/16755-linsoutenable-legerete-des-donneurs-de-lecons

LA LUTTE DES CLASSES n’est pas un long fleuve tranquille et a besoin de militants lucides et déterminés beaucoup plus que de donneurs de leçons ou, pire, de commissaires politiques.

À chaque moment de l’histoire où les luttes sociales se sont développées, voire embrasées, il y a eu des choix stratégiques à faire, des terrains à prendre ou à déserter, des discussions pratiques ou des péroraisons théoriques comminatoires. Et des choix faits découlent, pour les militants anarchistes et la lutte de classe en général, une emprise sur le réel ou, à l’inverse, un discours sur un réel inventé.

L’anarcho-syndicalisme, par essence, est en permanence confronté à cette question : il faut, bien évidemment, connaître les fondamentaux théoriques pour savoir « où l’on habite», mais il reste ensuite concrètement à les mettre en oeuvre dans la vraie vie.

Parfois, c’est assez simple, parfois, c’est plus compliqué et c’est notamment le cas quand la colère monte dans une partie importante de la population avec des mélanges pas toujours rationnels ou politiquement corrects, si l’on peut dire. D’autant que certains s’ingénient à rendre les choses confuses, ce qui est toujours le cas dans ces moments-là.

Cela serait trop simple sinon…

C’est exactement ce qui se passe en ce moment en Bretagne avec le mouvement dit des Bonnets rouges en référence à une « jacquerie » bretonne de 1675.

À la base, des plans de licenciements d’une brutalité extrême dans l’agroalimentaire, notamment dans le Finistère, mais aussi dans l’automobile (PSA Rennes), dans la sous-traitance, dans la téléphonie, dans la chimie… Des salariés qui s’organisent et résistent jour après jour avec une grande détermination (Doux, Gad, Marine-Harvest…) avec leurs syndicats (FO et CGT) contre les patrons, les politiques et, parfois, la CFDT, qui a fait sortir ses troupes sur le site de Gad à Josselin (Morbihan) pour cogner sur les grévistes FO.

Sur ce fond de colère sociale, de désespoir parfois, tous les menteurs, truqueurs et falsificateurs ont essayé de faire fructifier leurs idées nauséabondes ou corporatistes : patrons «bretons » organisés dans l’obscur mais puissant Institut de Locarn, politiciens régionalistes tel le maire de Carhaix, manipulateur né, voire identitaires fascisants pour qui la destruction de portiques n’est bien évidemment qu’un prétexte pour dénoncer la mainmise française qui « n’amène que des malheurs et des étrangers ».

À ce stade deux possibilités :

– Regarder en spectateur, en donneur de leçons. Expliquer aux salariés que ce ne sont que des cons manipulés et qu’en plus, si c’est pour produire de la merde dans le cadre d’une agriculture productiviste, ce n’est pas bien grave s’ils perdent leur emploi et que c’est même une bonne chose pour la planète… Coups de boule assurés (bien mérités) et surtout discours définitivement inaudibles et discrédités puisqu' associés à la perte d’emploi et à la misère.

– Être auprès des travailleurs, chômeurs, jeunes… pour ne pas laisser la place aux menteurs et manipulateurs, pour se battre avec eux et, à travers ces luttes, faire passer des idées et des pratiques.

Le 2 novembre, qu’on le veuille ou non, qu’on le déplore ou non, ce sont des centaines et des centaines de salariés de Gad (FO) de Doux (FO), de Marine-Harvest (CGT), de la pêche (CGT) qui ont décidé qu’ils iraient manifester à Quimper et pas ailleurs.

Les mêmes qui ont considéré (voir la lettre incendiaire de la section CGT de la navale à ses responsables régionaux) que les appareils (CGT, SUD, FSU) qui défilaient le même jour à Carhaix les trahissaient et soutenaient, de fait, le gouvernement. C’est dans ces conditions que les militants anarcho-syndicalistes de FO ont décidé, en toute conscience, de prendre leurs responsabilités en allant aider à constituer un cortège syndical très clair et très net sur le fond et sur la forme.

Certes, nous y avons côtoyé, au début du rassemblement, des gens peu fréquentables. Il a fallu physiquement défendre la sono qui diffusait des slogans sans ambiguïté aucune du type « Breton ou pas, un patron reste un patron » ou
« Français immigrés, mêmes patrons mêmes combats », mais, au final, c’est un cortège de plus de mille salariés de FO et de la CGT qui s’est constitué et a défilé en toute « souveraineté» dans les rues de Quimper avec des dizaines de contacts et de discussions sur la situation et les diversions et rideaux de fumées entretenus pour protéger le système. Qui l’aurait fait en notre absence ?

Nous admettons tout à fait que cette stratégie puisse être discutée ou critiquée, mais elle est nôtre et nous considérons que nous avons fait, en mettant les mains dans le cambouis, oeuvre utile. N’en déplaise à certains commissaires politiques du Parti ouvrier indépendant décrivant, dans certains papiers, les manifestants de Quimper comme, au mieux des abrutis n’ayant rien compris à la situation ou, au pire, des traîtres cryptofascistes (la meilleure preuve pour eux étant probablement que le NPA défilait aussi à Quimper).

Les manoeuvres de tous ordres ne sont pas encore terminées. Le gouvernement aux abois a un besoin crucial d’un pseudoconsensus.

C’est tout l’objet du Pacte d’avenir pour la Bretagne présenté le 6 novembre et qu’Ayrault est supposé signer d’ici à la fin du mois. Vaste fumisterie, indécent, voire dangereux sur bien des aspects, il a déjà reçu le soutien empressé d’une intersyndicale régionale (tous les syndicats, sauf FO) réclamant un « pacte social pour l’avenir de la Bretagne ».

Nul doute que les salariés touchés par les plans de licenciements vont apprécier…

Sans se la jouer, étant ouvert à toutes les discussions sur la situation et sur les meilleurs moyens de peser efficacement, les militants anarcho-syndicalistes continueront contre vents et marées à participer aux luttes sociales, à tout faire pour les fédérer et à tenter de faire partager au plus grand nombre des perspectives réellement émancipatrices.

Maurice
Groupe La Sociale de la Fédération anarchiste


Réunion publique organisée ce soir par le groupe La Sociale de la FA :

Jeudi 28 novembre
20 heures, Maison de quartier de Villejean, avenue Winston-Churchill, Rennes, M°Kennedy

Résister aujourd'hui à l'exploitation capitaliste : partage d'expériences et débat

« Vivre, c'est ne pas se résigner », Albert Camus

Résister aujourd'hui à l'exploitation capitaliste ? Combattre les licenciements et la misère programmée ? Quels acquis à défendre ? Lesquels à reconquérir ? En réponse à quelles attaques : sécu, retraites, qualifications, conventions collectives, « réforme » de l'école, vampirisme fiscal et financier ?

Perspectives locales et internationales. Beaucoup de questions, des pistes et quelques réponses.

Syndicalisme ? Alternatives ? Actions directes non-violentes ? Violence légitime ? Collectifs ? Éducation populaire ? Grève générale expropriatrice et gestionnaire, Quésaco ? Atouts et limites de tous ces moyens. Quelle articulation entre eux ?

Une résistance sociale, inscrite tout autant dans le local que dans la solidarité internationale, est à développer ou à (ré)inventer.

La lutte revendicative peut-elle, doit-elle déboucher sur une perspective révolutionnaire ? Les élections, piège à c... ? Et les bureaucrates ? A la broche ou au court-bouillon ? Et le rôle de l'Etat ?

Discutons, organisons-nous, construisons, partageons nos expériences. Venez débattre avec le groupe La Sociale de la Fédération Anarchiste

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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede bajotierra le Ven 29 Nov 2013 20:39

salut JPD

tu écris que

il me semble que ce qui se joue en Bretagne est d'une tout autre dimension. Et ça pourrait bien être un laboratoire expérimental de situations destinées à se reproduire ailleurs : un mouvement de révolte, de ras-le-bol, coiffé par une fraction du patronat ou la FNSEA dans un contexte ou des années de renoncement syndical et d'idéologie de la fin de la lutte des classes ont fait le lit de ce qui d'un "fascisme" moderne qui pourrait se construire. Et à ce niveau, toute tentative d'intervenir sur des positions de classe, de construire un pôle ouvrier (ou de classe comme on veut) est bienvenu et mérite de s'y associer de toutes nos-faibles - forces - surtout si c'est une tentative sur le terrain et non sur le papier de l'extérieurs.




Je suis bien d'accord pour dire que le renoncement a l'idéologie de la lutte de classes est une des causes qui a permis qu' une "fraction du patronat ou la FNSEA" puisse " coiffer" un mouvement de révolte "

Par contre il me semble que l'emploi de mots d'ordres ambigus comme celui de " vivre et travailler au pays " n'appartient pas a cette idéologie que tu veux défendre .
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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede JPD le Sam 30 Nov 2013 18:43

A mon sens un slogan, un mot d'ordre, ne dit pas grand chose en lui même hors de tout contexte social, historique et de situation. Mais c'est la même chose pour autogestion, gestion directe, action directe, fédéralisme, assemblée générale, et j 'en passe. C'est donc le contexte et ce qu'en font les gens dans ce contexte qui donne le sens.
Evidemment, ce mot d'ordre est ambigu et d'une certaine manière tant mieux.... ça veut dire que des possibles restent ouverts que des sens et des espace sont à saisir, les meilleurs comme les pires.
Vivre et travailler au pays ? Vivre on voit bien ce que ça veut dire. Travailler, quelle horreur diront les puristes situs ou ultra-gauche de ces pauvres esclaves qui n'ont rien compris à la marche du Kapital. Laissons tomber ça. Le Pays c'est ça qui peut donner des interprétations diverses mais plus que des interprétations, des engagements et du contenu divers. Ce n'est pas obligatoirement Etatique ou excluant. Je parie même que nombre d'immigrés, plutôt que de venir échouer à Lampedusa où à Toulouse préfèreraient vivre "au pays". Le pays c'est un peu ce que je peux maîtriser comme espace, un espace qui prend sens parce que je m'y sens moins dépossédé qu'ailleurs. Et évidemment se sentir d'un pays, dans ce sens non étatique, c'est une question de choix et non de filiation !!!!
Nous verrons bien ce que ce revival donne dans les mois et semaines à venir. A nous de faire que ce ne soit pas un nationalisme nauséabond. Mais je que je crains surtout c'est ce qu'il a donné par le passé, non pas un nationalisme fascistoïde, mais un "babacoolisme", un "écologisme mode de vie même teinté d'anarchisme".
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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede rubion le Mar 3 Déc 2013 00:06

Le slogans vivre et travailler au pays est pour moi un non sens, puisque la classe ouvrière est contraint de vendre sa force de travaille (ou essayer de la vendre) a qui veut l’acheter.

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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede JPD le Mar 3 Déc 2013 14:55

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tu as certainement raison ! C'est un non sens de se battre pour une augmentation de salaire puisque nous sommes contre le salariat. Un non sens de se battre contre le fait que le patron veut nous faire bosser en Roumanie pour trois fois moins puisque le travailleur n'a pas de patrie et encore moins de pays. Et que dire de se battre contre les conditions de travail alors que nous sommes contre le... travail. Non, mais des fois !
Mais je le répète, slogans et mots d'ordre ça s'interprète en fonction de qui les lance, les reprend, dans quelles conditions, où et à quelle heure....
Bon, mais quel mots d'ordre t'agréent ? Sinon on peut toujours, de Sirius, observer la décomposition du capitalisme, l'interprèter et l'expliquer surtout, en attendant sa lente agonie débouchant sur le communisme (ou sur la barbarie, ça dépend de quel pied on se lève). Ou aussi construire le parti...

et pour le fun deux affiches
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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede rubion le Mer 4 Déc 2013 07:39

Bien sur qu’il faut se battre vis-à-vis des salaires, contre les licenciements, contre les mesures d’austérité. Est ce que les attaques concernent que les ouvriers en Bretagne ? Tu seras je pense d’accord avec moi pour répondre non ! En tant que révolutionnaires, je pense que quand on intervient dans une lutte on le fait avec la perspective de détruire le capitalisme et pour la société communiste. Très concrètement pour aller vers ce but je pense que l’on doit faire prendre conscience à la classe ouvriére que les attaques ne concernent pas ou tel secteur, région ou pays mais l’ensemble de la classe ouvriére. Et donc a partir de là, il faut défendre que les luttes ne doivent pas resté isolé dans le corporatisme, le régionalisme ect…
Il ne faut pas oublié que ce slogan (vivre et travailler au pays) n’est pas nouveau , il a déjà été mis en avant par le PC et les syndicats lors des luttes dans la sidérugie dans les années 80 . L’objectif était d’enfermé les ouvriers dans leurs secteurs et dans la région. A l’époque la classe ouvriére avait répondu par une grande marche sur Paris pour rencontrer le prolétariat parisien, marche qui avait été saboté par les syndicats.
Pour resumer, je pense que le slogan ‘vivre et travailler au pays’ va à l’encontre du développement de la lutte et donc à l’encontre de la perpective révolutionnaire que doivent défendre les révolutionnaires.

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Re: samedi 30: POUR UN PÔLE OUVRIER À CARHAIX

Messagede JPD le Ven 6 Déc 2013 08:41

BONNETS ROUGES ET PÔLE OUVRIER À CARHAIX (OCL)


Samedi 30 novembre 2013, à l’appel du Collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », près de 30 000 personnes se sont rassemblées sur le site de Kerampuilh, pour écouter divers orateurs puis manifester à travers la petite ville avec gwenn ha du (drapeau breton : « blanc et noir ») et bonnets rouges.

Malgré les dénigrements politiciens sur le poujadisme supposé du mouvement, malgré le déminage gouvernemental des dossiers des entreprises de l’agro alimentaire, Tilly Sabco et Doux, malgré l’amélioration des conditions de licenciement chez Marine Harvest, malgré le projet de « pacte d’avenir pour la Bretagne » promis par Ayrault pour le 4 décembre et le report de l’écotaxe à janvier 2015 annoncé par Le Foll et malgré le désengagement de toutes les confédérations syndicales et du patronat ( !) qui n’appelaient pas, le mouvement n’a pas faibli !

Nous avions publié l’appel à constituer un pôle ouvrier à l’occasion de cette journée : Bonnets rouges Pour un Pôle ouvrier à Carhaix , dont le texte d’appel n’a été finalisé que le jeudi 28 et n’a eu qu’une diffusion tardive... C’est donc un peu au pied levé que les choses se sont organisées, à l’initiative du comité de défense de l’emploi en centre Bretagne.

Dans un premier temps, c’est à la gare devant 2 à 300 personnes que les prises de paroles ont commencé. Certains participant-e-s étaient là pour la première fois avec leur banderole faite maison dénonçant leurs conditions d’exploitation... Les sections syndicales de l’agro-alimentaire n’avaient pas appelé à cette initiative de pôle ouvrier, les conflits de GAD, Tilly et Harvest, étant négociés ; les personnes présent-e-s étaient syndiqués ou non, sans étiquette. Le SLB (syndicat des travailleurs de Bretagne) a exprimé une position de classe, internationaliste et solidaire avec notamment les sans papiers et travailleurs immigrés ; de même le NPA a évoqué la nécessité d’interdire les licenciements et de nationaliser les boîtes qui délocalisent leur production ; enfin Breizhistance (gauche indépendantiste) a évoqué entre autres la nécessité d’une démocratie de proximité, taxer les résidences secondaires vides toute l’année pour aider les mal-logés et un autre mode de production agricole.


Les groupes de salarié-e-s de GAD, Tilly Sabco, Marine Harvest ont décrit la situation respective de leurs boîtes. La salariée de Tilly Sabco a évoqué de façon élogieuse ( !) l’action du patron, Sauvaget, qui aurait permis de débloquer des subventions européennes pour maintenir les emplois à flot (et son entreprise par la même occasion !...ndc). A l’opposé, les salarié-e-s de GAD qui avaient reçu leurs lettres de licenciement la veille ont défilé à travers Carhaix en conchiant bruyamment leur employeur... Les positions sont donc quelque peu contrastées.

Finalement le cortège s’est rapidement étoffé, pour regrouper un millier de personnes en arrivant sur le site de rassemblement des Bonnets Rouges, chaque boîte en lutte était identifiée par une couleur de t-shirt (cf photo). Le comité pour la défense de l’emploi devrait voir la suite à donner à cette journée.





DES INTERVENTIONS CONTRADICTOIRES


Les prises de paroles sur la scène centrale des Bonnets Rouges étaient également contrastées. Se sont succédés sur la scène des gloires locales octogénaires, gaullistes bretonnants et réacs, mais aussi Gilles Servat avec sa chanson « les prolétaires » datée mais plus que jamais d’actualité...
Puis un agriculteur a exprimé la nécessité d’un autre mode de production, plus soucieux d’une production équilibrée et équitable, mais le porte-parole de la FDSEA 29, Merret, représentant des gros légumiers et cochonniers a rappelé lourdement qu’il faut libérer les énergies .../... et lever les contraintes et les freins sur les plans législatif, fiscal, social et environnemental. Voudrait-il transformer la Bretagne en république bananière ? Merret rappela aussi que dés février 2009 le patronat breton avait dénoncé l’écotaxe par une action au péage de la Gravelle. Bref, il a revendiqué la primeur patronale de la contestation de l’écotaxe et la centralité des patrons : Sans entrepreneurs, pas d’entreprises, et sans entreprises pas d’emplois...

Troadec au contraire a évoqué clairement une préoccupation de défense des conditions sociales et de solidarité future contre le centralisme jacobin, en en appelant à la base de la population, ouvriers, paysans, chômeurs, petits patrons, pour constituer la colonne vertébrale d’un mouvement, qui imposerait un outil institutionnel régional, et invitant Hollande à venir en discuter... Voilà qui s’appelle prendre date, notamment à quatre mois des municipales, pour un simple maire conseiller général qui « fait le job », en cotoyant aussi bien le patronat du cercle de Locarn qu’en défilant le 23 novembre dans la manifestation intersyndicale à Lorient le matin et à Morlaix l’après-midi... Si on peut reprocher à Troadec son côté girouette, à se partager entre le NPA Carhaix et la FDSEA 29 ( !) pour lancer ses initiatives, il donne l’impression au-delà de son fief électoral de Carhaix, de promouvoir un projet autonomiste breton, proche du programme de l’UDB (Union démocratique bretonne) mais sans avoir besoin de faire allégeance au PS pour exister politiquement comme élu. Doué du sens des affaires et des alliances politiques réalistes, son charisme n’est pas pour rien dans l’ambivalence que les médias prêtent aux Bonnets Rouges.

QUEL AVENIR POUR CE MOUVEMENT ?


Ce duo contrasté des deux figures de proue du mouvement est-il un jeu pour ratisser large en se répartissant les rôles, au nom de la défense des intérêts communs des territoires bretons, ou au contraire la chronique d’un divorce annoncé.. ? Un peu des deux, peut-être.

Mais la mobilisation leur impose aussi son rythme propre, à la remorque de l’économie ( blocus des transporteurs possible), tributaire des fermetures et licenciements qui se succèdent, dans l’industrie comme dans l’agro alimentaire. Une nouvelle crise pourrait bientôt éclater, avec de sérieuses conséquences suite à la remise en cause par l’UE de la PAC (prix du lait non garanti, fin des quotas, etc). La production laitière bretonne est déjà assez malmenée (depuis 2009, 15 % des exploitations ont disparu), et la tempête annoncée pourrait être d’une autre ampleur que l’écotaxe.

Les leaders des Bonnets rouges sont aussi obligés de composer avec l’humeur d’une population qui a voté massivement Hollande (59 % dans le Finistère) et qui ne décolère pas de la politique menée aujourd’hui : délocalisation d’usines faisant des bénéfices, risque de faillites pour cause de modification de la PAC (fin des restitutions à l’export), ou pour cause de dumping social avec l’UE (les abattoirs allemands sous-paient leurs salariés...), ces difficultés dans l’agro-alimentaire ne sont que l’application d’une politique capitaliste brutale, sous stricte domination de la finance. Et ce n’est pas l’épisode de la retraite-chapeau de Varin, ex PDG calamiteux de PSA, qui calmera les esprits.

Le rebond de la mobilisation dépend aussi des petits patrons, liés à la santé économique de leurs donneurs d’ordre de l’agro-alimentaire et des producteurs ; notamment les petits transporteurs dont les entreprises sont impactées par l’écotaxe, n’ont pas l’envergure pour la répercuter sur leurs tarifs, comme le font la grande distribution ou les grosses boîtes de transport. Bref ce n’est pas le salaire et le salariat qui font le prolétaire... Et il y a des travailleurs « indépendants » plus exploités que les salariés : revenus inférieurs, à la tâche, sans cotisations ni droits au chômage.

Les médias ont également joué un rôle d’accélérateur et d’amplificateur (relayé par tous les secteurs d’opinion « libéraux », fort nombreux dans la presse magazine et chez les « experts » des chaînes TV d’info) à propos de la « fronde fiscale », plus ou moins sincère, mais qui peut traduire aussi une réelle angoisse, un étouffement économique chez des « indépendants » face au ralentissement de l’économie.

MOUVEMENT ET TERRITOIRE


Sur l’avenir du mouvement, la dimension bretonne des Bonnets rouges est indéniable ; elle soude le groupe et s’est imposée à la population... Une identité collective n’est revendiquée et défendue que lorsqu’elle se sent menacée, remise en cause. Avec la péninsularité de la Bretagne en périphérie des axes européens, avec le plus fort taux hexagonal de propriétaires de leur logement et le tissu associatif le plus dense, la population bretonne qui est attachée à ses racines et à ses liens sociaux craint logiquement une future désertification économique, à la grecque ou à la portugaise, sur les marges de l’Europe, d’où son allergie partagée à la taxe poids lourds ; de plus l’endettement de l’Etat français justifie le rognage des protections sociales ; les conditions de travail dans l’agro-alimentaire breton sont déjà très ingrates et il n’y a pas d’alternative d’embauche ; et enfin le gouvernement Ayrault est aux ordres de l’orthodoxie budgétaire pour désengager l’Etat de secteurs d’activité même bien défendus, comme Arcelor-Mittal... Les luttes locales pour s’imposer face aux directives de Paris sont toujours dans la mémoire collective, des mobilisations des légumiers du Leon dans les années soixante à la résistance anti nucléaire à Plogoff en 1981, entre autres. Cette révolte fiscale est aussi basiquement l’expression d’un ras-le-bol de type « autonomiste » (l’impôt, c’est l’Etat, c’est Paris) qui, ajouté à la question des normes (là, c’est « Bruxelles »), crée une révolte à la fois « libérale », anti bureaucratique et anti centraliste.


Alors quoi de mieux que l’étendard breton pour porter en avant une communauté d’intérêts, ou supposés tels, pour maintenir des relations, un tissu social et un mode de vie liés à un territoire, particulièrement le Centre Bretagne où beaucoup de gens se « débrouillent » avec des petits boulots et des échanges pratiques permettant de vivre bien mieux qu’en ville, pour le même budget. De plus pour la population bretonne, cette identité se lit en « négatif » dans la prise de distance des différents appareils parisiens... qu’ils soient syndicaux, patronaux, politiques. Quoi de plus fort que le sentiment de rejet collectif pour souder un groupe ! Si le MEDEF, la FNSEA, la FNTR, les confédérations syndicales, les partis n’appelaient pas à Carhaix (un remake inversé du 2 novembre), localement les petits patrons, les militants syndicaux de base, ouvriers ou agriculteurs et transporteurs, eux étaient là....

QUEL PROJET CAPITALISTE EN BRETAGNE ?

Les patrons du think tank du Cercle de Locarn, les Glon, Doux et autres Henaff aimeraient conserver les populations bretonnes sous leur coupe, en renforçant encore leur main-mise par le biais d’institutions locales pour maximiser leurs profits et intensifier les conditions de merde qui prévalent dans l’agro-alimentaire breton (pénibilité, salaires légers, travail à la chaîne, flexibilité,...).

Mais il y a un autre projet capitaliste pour la Bretagne, et le Grand Ouest. La métropolisation Nantes Saint-Nazaire Rennes constitue une perspective plus juteuse, pour le « grand » capital, que le maintien à long terme et à grand frais (humains, environnementaux, financiers) d’une production agro alimentaire de qualité médiocre et surabondante, sujette à la surproduction de façon chronique et à une rivalité commerciale renouvellée avec des économies émergentes. Cette métropolisation, qui bénéficie de moyens considérables pour accélérer son implantation commencée depuis 20 ans, n’est pas une exception.
Ainsi plusieurs grandes métropoles régionales redessinent un nouvel aménagement du territoire hexagonal. La métropole nantaise ne se fera pas sans conséquence pour le territoire breton. Par exemple le projet d’aéroport international de Notre Dame des Landes ambitionne de concentrer la plupart des lignes aériennes du Grand Ouest, pour à terme drainer le trafic des autres aéroports environnants et atteindre un seuil de rentabilité. De même la métropole nantaise est censée concentrer des moyens culturels (grandes écoles, universités, centres de recherche et de création, musées, palais des congrès, salles de concert) pour rayonner par une offre artistique et d’enseignement, afin d’attirer des classes sociales plutôt aisées, susceptibles de consommer et fournir la main d’œuvre adaptée aux secteurs d’activité les plus innovants et rentables.

Cette métropolisation en cours (à laquelle les opposants au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes résistent pour préserver leur mode de vie et refuser un grand projet inutile imposé) n’annonce rien de bon pour le réseau de villes petites et moyennes que la Bretagne intérieure a su conservé, pour permettre un maillage suffisant de son territoire et maintenir une activité, des services et commerces utiles ou nécessaires et pas trop éloignés. La logique de la métropole nantaise est de concentrer les infrastructures et moyens financiers, culturels, économiques, humains pour atteindre une taille critique, pour créer à partir de ce pôle un environnement optimal susceptible d’initiatives économiques et avoir une chance de survivre dans la compétition internationale, avec la transformation du territoire breton en hinterland d’une future métropole régionale active et branchée...

Les conséquences pour les populations du centre Bretagne ne seront pas un gain d’autonomie pour maîtriser leur avenir et des solutions adaptées à leurs besoins. Aussi les motifs de lutte des habitant-e-s contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes - et par conséquence la métropolisation - ressemblent à la volonté des Bonnets rouges de vivre, décider et travailler en Bretagne, sans que les bureaucrates parisiens, ou nantais, n’aient leur mot à dire sur leurs affaires. La question posée est celle-ci : comment une communauté humaine vivant sur un territoire peut-elle résister aux projets et changements imposés par des pouvoirs ou des logiques extérieures, sans qu’elle ait eu son mot à dire.

C’est un peu le sens de ce mouvement des Bonnets rouges. Alors comment questionner ces deux luttes pour que leurs cheminements et leurs dimensions respectives puissent se renforcer mutuellement ? La critique du progrès et du productivisme, du rapport de l’humain à la nature, de la définition des moyens pour satisfaire les besoins réels, la pratique de débat collectif en assemblée générale horizontale sans bureau centralisateur, ces thèmes souvent abordés à Notre Dame des Landes questionneraient utilement les pratiques et revendications du mouvement de l’agro-alimentaire breton. Ce serait pour le coup une vraie révolution culturelle.

Inversement l’échelle du mouvement des Bonnets rouges en centre Bretagne, d’un territoire étendu concernant une population conséquente et diverse de classes populaires, oblige à penser politiquement l’intervention publique, au-delà d’une ZAD de 2000 hectares confidentielle et hermétique pour le plus grand nombre. Les préjugés négatifs respectifs sont nets, mais dans un premier temps, ouvrir un canal de discussions et d’échange d’informations serait précieux. Surtout que le COPAIN 44, « héritier » du mouvement paysan travailleur, qui réfléchit à la pratique d’une agriculture paysanne, est très investi dans la défense de la ZAD et peut constituer l’esquisse d’un pont paysan entre les mouvements. Bref, il est plus qu’urgent et nécessaire de se parler et réfléchir ensemble pour espérer pouvoir vaincre, face à l’Etat et au capital.

Nantes, le 2 décembre.

PS : dans le numéro 335 de décembre de Courant Alternatif, un article aborde les bases de la crise dans l’agro-alimentaire breton, notamment l’historique d’un secteur d’activité qui a détruit l’agriculture paysanne traditionnelle au plus grand bénéfice des banques, Crédit Agricole en tête, des multinationales du machinisme agricole, des semenciers et autres producteurs de phyto-sanitaire.

Ici plus qu’ailleurs, l’idée de Progrès a servi les plats au grand capital. Le mouvement des Bonnets Rouges est le produit de la crise de cette agro-industrie destructrice... et nourricière !
JPD
 
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