Les idiots du dimanche

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Les idiots du dimanche

Messagede vroum le Jeu 17 Oct 2013 18:55

Les idiots du dimanche

http://www.monde-libertaire.fr/syndical ... u-dimanche

Ces derniers temps, l’exploitation salariale a, de nouveau, témoigné de sa perversité. Les « victimes », ou plutôt devrions-nous parler d’« idiots », se font appeler les Bricoleurs du dimanche. Impossible que vous n’en ayez pas entendu parler, tant le battage médiatique autour de la fermeture des magasins le dimanche les a mis en avant. Il s’agit, ni plus ni moins, de salariés des enseignes de bricolage Castorama et Leroy Merlin ayant décidé de se battre pour… de meilleurs salaires ? Non ! De meilleures conditions de travail ? Non ! Non et non ! Ces salariés-là ont décidé de se battre contre les syndicats du Clic-P (Comité de liaison intersyndicale du commerce parisien, regroupant CGT, FO, SUD, CFDT, CGC, Seci), lesquels luttent depuis des années contre les ouvertures illégales de ces commerces le dimanche. Leur slogan ? Ils n’en sont pas peu fiers, et il ne vous aura sans doute pas échappé : « Yes, week-end ! »

Le patronat pouvait-il rêver mieux que de voir ces employés s’acharner contre les organisations syndicales ? Assurément pas. Et c’est d’ailleurs pourquoi il n’a pas hésité une seconde à mettre la main au porte-monnaie – d’ordinaire si précieux – pour remplir les caisses des Bricoleurs du dimanche. C’est le Huffington Post qui révèle l’information dans son édition Internet du 30 septembre 2013. Le collectif, créé en décembre 2012 pour faire avancer (reculer…) le gouvernement sur la question du travail dominical, s’est ainsi vu offrir, par les directions de Castorama et de Leroy Merlin, les services (onéreux) de l’agence de communication Ateliers Corporate, laquelle s’est empressée d’encadrer les salariés favorables au travail du dimanche. C’est sans doute elle qui a trouvé le minable slogan cité plus haut 1 et qui a fait fleurir pancartes, banderoles, tee-shirts et badges dans et à proximité des magasins. Mais ça ne s’arrête pas là… Les salariés « militants » ont aussi pu assister à des formations en communication ! Le Huffington Post publie d’ailleurs, sur son site Internet, un extrait édifiant d’un entretien avec un des salariés ayant assisté à la formation ; voilà ce qu’il en dit : « On a commencé par un cours sur la communication de crise, ils nous ont notamment dit ce qu’ils voulaient éviter, les actions violentes par exemple. Ils nous ont aussi parlé des Pigeons, citant notamment en exemple leur présence sur les réseaux sociaux. L’après-midi, on a été divisé en sous-groupes pour travailler sur différents thèmes, comme les moyens d’action à mettre en place, le nom du collectif, etc. En présentant notre travail aux consultants, certains ont eu l’impression que le débat était orienté et qu’ils nous menaient là où ils le voulaient. Ils ont d’ailleurs éliminé pas mal de nos idées et, au final, les moyens d’action que nous avons arrêtés ressemblaient beaucoup à ceux qu’ils nous avaient présentés le matin. » En outre, la formation était prise sur le temps de travail (donc rémunérée), les frais de déplacement intégralement remboursés par la direction et un buffet gourmand attendait les « élèves ». Alors, forcément, quand le porte-parole du collectif, un certain Gérald Fillon, nous assure qu’il n’y a pas la moindre manipulation et instrumentalisation et que l’indépendance est réelle, on rigole doucement – à défaut de pleurer devant tant de naïveté.

Pas si spontanés que ça, donc, les bougres ! Bien sûr, les grands médias nous ont inondés de discours antisyndicaux, qualifiant l’action du Clic-P d’« archaïsme » (Le Parisien), et la considérant comme un frein à la compétitivité économique de la France. Outre ces quelques arguments – qui, une fois de plus, prouvent que, quelles que soient les obédiences, les journaux relayent toujours le discours du pouvoir –, un autre a régulièrement été brandi, celui du misérabilisme : les salariés veulent bosser le dimanche pour s’assurer des fins de mois moins difficiles. On s’en doute, les travailleurs de base de Castorama et de Leroy Merlin ne gagnent pas des mille et des cents, sûrement un petit smic, sans compter ceux qui ne bossent pas à temps plein. Mais la question qui se pose, c’est de savoir pourquoi ces employés pauvres et précaires ne construisent pas de vraies revendications salariales – augmentation du salaire horaire, fin de la précarité (ou compensations financières), etc. – plutôt que de faire copain-copain avec le patron pour pouvoir bosser le dimanche. D’autant que, ne nous leurrons pas, la légalisation des ouvertures dominicales des magasins appelle, à moyen terme, la fin des primes et des salaires double pour ceux qui iront bosser ce jour-là. Quand ce sera le cas (et, croyez-moi, ça viendra, c’est la tendance), on se demande bien ce que feront alors les Bricoleurs du dimanche… On pourra toujours leur dire « on vous l’avait dit, bande de crétins », mais ça ne servira sans doute à rien… En tout cas, s’ils nous rejoignent dans la lutte – et si on leur pardonne cet écart –, on ne fera pas appel à eux quand il s’agira de trouver des slogans et de faire des pancartes.

Guillaume Goutte
Groupe Salvador-Segui de la Fédération anarchiste
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Re: Les idiots du dimanche

Messagede vroum le Mer 1 Jan 2014 11:55

Nouvelle défaite endimanchée pour les travailleurs

http://salvador-segui.blogspot.fr/2013/12/nouvelle-defaite-endimanchee-pour-les.html

Eh bien, voilà ! La droite le voulait, la gauche l’a fait : le dimanche est en passe de devenir un jour ouvré, comme les autres. Ces derniers mois, la question du travail dominical avait fait couler de l’encre dans la presse écrite et de la bave sur les plateaux télé. Annonçant l’aberrante geste des Bonnets rouges, des dizaines de salariés d’enseignes de bricolage se révoltaient, dans les bras de leurs patrons, pour bosser le dimanche. Plutôt que de réclamer des augmentations de salaire, ces travailleurs avaient préféré exiger de bosser un jour normalement chômé, arguant qu’ils gagneraient ainsi davantage. Le gouvernement était resté timide, ne sachant pas sur quel pied danser, mais laissait tout de même penser qu’il accorderait bien à ces salariés ce qu’ils demandaient. Pierre Moscovici, actuel ministre de l’Économie, avait ainsi manifesté son désir de « donner plus de liberté en la matière », et Michel Sapin, son collègue du Travail, avait, lui, estimé qu’il fallait « plus de souplesse sur le travail du dimanche ». Rien de bien méchant, mais dans le temple de l’hypocrisie et de la langue de bois qu’est la politique parlementaire, il fallait bien sûr comprendre : « il est temps qu’on en finisse avec cet archaïsme qu’est le dimanche chômé ».

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Un décret en guise de « bonne année ! »
De fait, il n’a pas fallu attendre bien longtemps. Lundi 30 décembre, en guise de cadeau précoce pour la nouvelle année, le gouvernement a publié un décret inscrivant les « établissements de commerce de détail du bricolage sur la liste des catégories d’établissements pouvant déroger de droit au repos dominical ». Et ce jusqu’en juillet 2015, le temps d’une… expérimentation. La belle affaire ! Certes – ne jouons pas non plus les manipulateurs –, le décret précise que le travail dominical ne pourra se faire que sur la base du volontariat, et qu’il impliquera « un doublement au minimum de la rémunération » et l’octroi d’un repos compensateur. De même, il dit insister sur le fait que « le repos dominical doit rester la règle générale ». Pour justifier ce décret, le gouvernement prétend avoir obtenu, de la part de la Fédération des magasins de bricolage (organisation patronale), « des engagements en termes d’emploi ». On a hâte de savoir lesquels et, plus encore, de les voir tenus… Sans doute vont-ils recourir à des contrats précaires d’une dizaine d’heures hebdomadaires qu’ils accorderont à des étudiants, en leur disant que ces quelques heures doivent se faire le dimanche (d’autant que les facs, elles, chôment ce jour-là). Pas de quoi faire tomber le nombre de chômeurs, en somme.

Vers la fin d’un acquis social
Bien sûr, défendre le dimanche comme jour chômé n’implique pas une adhésion au christianisme, ni un quelconque respect – même athée – de la culture judéo-chrétienne. Car la question du travail dominical relève désormais… de la lutte des classes. Outre que le dimanche chômé permet de sortir un peu de la bulle consumériste dans laquelle la société est plongée le reste de la semaine, il offre aussi des garanties à ceux qui travaillent ce jour-là, et notamment l’obligation pour le patron de verser un salaire (beaucoup) plus élevé. Alors, certes, le décret passé lundi 30 décembre conserve cet aspect primordial, mais il serait bien naïf de croire que la question du travail du dimanche en restera là. Car les patrons – d’enseignes de bricolage ou autres – aspirent bien sûr – c’est dans leurs intérêts (de classe) – à voir le dimanche devenir un jour ouvré, sans doublement de la rémunération et sans consentement obligatoire des salariés. Durant les derniers mois, suffisamment de patrons et d’élus (de droite comme de gauche) ont vanté les pays où le dimanche est un jour comme les autres pour nous en convaincre1. En outre, plusieurs secteurs professionnels en témoignent déjà, notamment la restauration où travailler le dimanche ne repose pas sur le volontariat et n’oblige pas le patron à verser un salaire plus élevé (tout ceci étant légalement entériné par la convention collective). Le décret du gouvernement, s’il ne change pas grand-chose dans l’immédiat (les magasins ouvraient tout de même, en proposant des avantages aux salariés volontaires), est donc un grand pas franchi vers, à terme, l’instauration d’un dimanche ouvré. Rendez-vous dans quelques années, si ce n’est quelques mois, pour confirmer cette nouvelle atteinte (socialiste) aux droits des travailleurs.

Guillaume Goutte
Groupe Salvador-Seguí de la Fédération anarchiste



1. En revanche, pas de bol pour tous ces libéraux fanatiques du modèle allemand : outre-Rhin, le dimanche est un jour chômé, point barre.
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Re: Les idiots du dimanche

Messagede jeannetperz le Mer 1 Jan 2014 15:10

et les bonnets rouges avec ton pote lamberto de la fafa Rennes; le Le restif sa n ique pas prolo ça faut nettoyer les écuries avant djouer vertueux.
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