Les activistes de l'ultra-gauche ont, depuis quelques mois, réinvesti le terrain toulousain et multiplié les coups d'éclats comme autant de petits cailloux dans leur planning communication.
Dernière révolte en date, le combat contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes devenu, dans la boue et les lacrymogènes, la tête de pont nationale de l'insurrection alternative. Un tag vengeur tracé ce week-end sur la façade «Garonne» de l'Hôtel-Dieu, un bâtiment classé, est le dernier fait d'armes de ces libertaires qui s'en sont pris d'abord et à plusieurs reprises au siège départemental du Parti socialiste. Contre le pouvoir politique, donc, mais aussi contre les intérêts du groupe Vinci censé réaliser le fameux aéroport. Quitte à se tromper de cible.
Au mois de décembre 2010, un mystérieux commando avait attaqué les locaux de la société Vinci Consulting, à Ramonville en laissant quelques inscriptions sur Notre-Dame-des-Landes et surtout en incendiant les bureaux. Sauf que ce Vinci-là n'avait rien à voir avec le grand groupe en question…. un dommage collatéral
L'enquête n'a guère avancé même si les acteurs de cette mouvance engagée sont bien connus comme on dit des services de police. Derrière le tout nouveau collectif «Zone à défendre»» ou «Zone autonome de développement» (Zad) qui essaime à Toulouse, se retrouve, ici, une nébuleuse nourrie à la cause des sans-abri. Le collectif pour la réquisition, l'entraide et l'autogestion (CREA), lancé il y a tout juste un an, fédère les énergies autour de squats militants régulièrement expulsés par la préfecture. Leur mot d'ordre ? «Le pouvoir au peuple».
«C'est le noyau impulseur, note-t-on, au commissariat central, auquel s'agrègent d'autres groupuscules, geeks d'Anonymous et militants d'extrême-gauche. Ils ne sont pas très nombreux, 120 au maximum. Nous connaissons les meneurs, leurs visages, leurs noms parfois, pour les avoir interpellés. Soit un bon tiers, le reste c'est le ventre mou».
Le 115 envoie les sans-abris se loger dans les squats
SOCIETE. C’est une constante du “115”. Chaque jour, le numéro d’appel d’hébergement d’urgence est débordé. En moyenne une centaine de demandes resteraient sans réponse faute de places dans les centres toulousains.
De son côté, le Collectif pour la réquisition, l’entraide et l’autogestion (Crea) réquisitionne depuis deux ans des bâtiments vides pour y loger des sans-abris. Les expulsions ordonnées par la Préfecture ne découragent pas pour autant les squatteurs. A chaque fois que la police débarque, ils ont déjà repéré un autre endroit où s’installer.
Résultat: plus de deux cents personnes, étudiants, travailleurs pauvres, familles, sans-papiers seraient hébergés dans les quatorze "centre sociaux autogérés" du Crea. Le dernier en date est une maison «ouverte» dans le quartier de la Gare Matabiau.:
Le portail d’entrée est cadenassé. Depuis quatre jours, cette maison de deux étages située au 7, impasse Bestouloubres héberge une vingtaine de personnes, parmi lesquelles une famille d’origine bulgare. Un pin gigantesque trône au milieu du jardin. A l’intérieur du bâtiment, une dizaine de chambres, des salles de bains et deux cuisines en parfait état.
Cette maison, propriété de la Ville de Toulouse, servait encore il y a peu de structure d’hébergement pour une quinzaine de personnes atteintes de maladies chroniques diverses. Suite à leur départ pour un lieu mieux adapté, elle devait être transformée en centre d’hébergement d’urgence géré par une association.
Cette situation découverte «après coup» met le Crea en porte-à-faux. «Nous ne voulons pas nous mettre à dos des gens qui sont sur les mêmes problèmes que nous, affirme Thomas, l’un des occupants. Nous avons simplement décidé d’utiliser des moyens différents face au manque de logements sur Toulouse».
«Pour le reste nous nous organisons nous-mêmes», ajoute Sarah, 24 ans, chômeuse. Les règles de vie quotidienne sont fixées en assemblée générale. «Evidemment, il y a parfois des enguelades dans les AG. Ce n’est pas le pays des Bisounours. C’est long de trouver une organisation collective qui convienne à tout le monde. Mais c’est faisable».
La cuisine commune fonctionne avec la "récup". Sauf que le glanage alimentaire est une activité devenue de plus en plus difficile. En effet, après les supermarchés qui déversent de la javel dans leurs containers d’invendus, c’est au tour des services de nettoyage de la Mairie de Toulouse de faire la chasse aux glaneurs de fruits et légumes sur le marché Cristal le long du boulevard de Strasbourg. «Depuis deux mois, les cantonniers des services municipaux distribuent des sacs poubelles aux marchands pour qu’ils jettent tout en vrac dés la fin du marché», raconte Thomas. Cette information nous sera confirmée le lendemain par les vendeurs de primeurs du marché Cristal. «Les glaneurs ne viennent plus. Avant les gens avaient faim. Maintenant ils crèvent de faim», nous dit Philippe, l'un des commerçants.
Retour dans la maison de l’impasse Bestouloubres. Les occupants ont demandé un rendez-vous à la mairie et avec la Préfecture pour trouver une solution de relogement. Migleana 25 ans, maman bulgare et ses enfants Simona, 7 ans et Alex, 4 ans, tout deux scolarisés dans une école du quartier Saint-Cyprien ont déjà été expulsés d’un autre squat du Crea. «Nous allons essayer de faire avancer leur demande à la Préfecture. Mais si tu es Roumain ou si tu as une obligation de quitter le territoire français (OQTF), tu n’as aucune chance de trouver une place dans un centre d’hébergement», assure Thomas.
Selon le constat dressé par le Crea, la situation de l’hébergement d’urgence à Toulouse serait catastrophique. «Les travailleurs sociaux, le 115, les flics, le Secours Catholique nous envoient régulièrement des gens à la rue dans notre permanence d’urgence ouverte le jeudi de 16h à 18h dans une maison du 9 Faubourg Bonnefoy».
J-M.E
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