Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Toutes les infos sur les luttes en cours

Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede Protesta le Mer 4 Jan 2012 22:56

ENTREPRISE NATAIS LE FEUILLETON NE FAIT QUE COMMENCER

Le 1er février 2011, pour la première fois de l’histoire de Nataïs, un noyau d’ouvriers auto-organisés se met en grève. Le 4, la grève est finie. C’est une victoire. Deux conditions l’expliquent. La première c’est la préparation, c’est-à-dire les débats, les échanges, menés longuement et discrètement entre ouvriers, loin des « grandes oreilles » patronales ou syndicales. La première condition en effet, c’est de faire émerger la conscience ouvrière nécessaire à l’action. C’est ce que le premier tract résumait d’une phrase : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». La deuxième condition, c’est la marginalisation permanente des syndicats institutionnels. C’est le refus de leur laisser la moindre parcelle de pouvoir. C’est l’assemblée des grévistes qui décide, et elle seulement. C’est ça, le véritable syndicalisme ! « Ce qui s’est passé à Nataïs peut se passer partout » écrivions-nous alors dans « Anarchosyndicalisme ! ».. Et, comme cela peut se passer partout, l’urgence, pour le patronat et ses complices, c’est d’abattre tout ça. Au déploiement de forces répressives lors de la grève succède maintenant une vague de licenciements… mais les petits grains de sable n’ont pas l’intention de se laisser balayer comme ça. C’est donc un long feuilleton qui entre dans un deuxième épisode.

Résumé de l’épisode précédent
Au milieu des bois, des champs, et des vignes, dans le paysage paisible et vallonné du Gers, l’entreprise Nataïs est le leader européen du pop-corn. Ça n’a l’air de rien cette chose là, mais ça pèse quelques 25 millions d’euros (chiffre d’affaire). Et ça dégage de juteux bénéfices et de gros salaires… enfin, pas pour tout le monde : les travailleurs de la production (ceux de la chaîne, du conditionnement, du transport) sont au régime « spécial ceinture » ! Et faut voir leurs conditions de travail ! Une ouvrière raconte : « Il me fallait soulever des sacs de 25 Kg à hauteur de tête pour les vider dans une machine. Chaque jour, je portais comme ça, à bout de bras, 1,2 tonnes d’ingrédients ». Ereintant. Sans compter les trois huit (= le travail de nuit), « l’oubli » des poses, l’annualisation et ses horaires variables épuisants (un « acquis » de la CGT !), l’équipement aussi indispensable (contre les produits irritants) qu’insupportable (en particulier l’été, quand les plaines gersoises approchent des 40°)… sans compter aussi la précarité organisée : pas moins de 350 précaires se sont succédés en quelques mois sur la trentaine de postes de la production ! Bref, selon le patron « une entreprise modèle et humaniste » - ça coûte rien de le dire. Mais, c’est contre cette conception toute spéciale de l’« humanisme » qu’a été menée la grève de février dernier. Une des revendications essentielles était le « 13ème mois ».

Les négociations ont été rudes sur ce fameux 13ème mois. Pourtant (nous l’avons appris par la suite) il était de plein droit. Si nous ne le savions pas, d’autres le savaient. Et voici pourquoi : la Convention collective nationale qui s’applique à Nataïs est celle des « biscotteries, biscuiteries, céréales prêtes à consommer ou à préparer…» qui prévoit bel et bien un 13ème mois systématique pour les ouvriers (pas pour les cadres). Oui mais voila, le patron refuse d’appliquer cette Convention et s’obstine à se considérer « hors champs ». Pourtant, il y a une décision de justice. Plus exactement deux. La première, c’est celle de la Cour d’appel d’Agen, saisie par un salarié qui avait perdu devant les prud’hommes locaux (comme c’est curieux…). La dite Cour d’appel, après avoir « Infirmé le jugement [des prud’hommes] en toutes ses dispositions » (ce qui est une grosse claque), a constaté que la convention « biscotterie » englobe bel et bien « … la fabrication de céréales soufflées, grillées ou autrement transformées », spécialité de Nataïs, et donc qu’elle s’applique à cette entreprise. Pas content, le patron est allé en Cassation, la plus haute juridiction française. Pas de chance, la Cour de Cassation a confirmé cette évidence : « … la cour d’appel [d’Agen]… a exactement déduit que la convention collective lui était applicable ». On ne peut pas être plus clair. Ces deux décisions de justice ne sont pas toutes fraîches. La première remonte au 16 juillet 2008, la confirmation en Cassation au 20 janvier 2010. Autrement dit, quand, au cours de la grève de février 2011 le patron refusait de lâcher le 13ème mois, il savait qu’il bafouait une décision de justice. « Nataïs, entreprise citoyenne », qu’on vous dit… Quand à la CGT rappelons que, sur le plan national, elle dispose de tout une armada juridique (avocats, juristes spécialisés, permanents, revues, centre de documentation) qui épluche particulièrement les décisions de la Cour de Cassation qui font jurisprudence. Alors, comment la CGT a-t-elle fait pour ne rien savoir ? Curieux, vous trouvez pas ?

Et l’Inspection du travail, présente pendant toute la grève, c’est pas son « travail » justement, de savoir ces choses-là ? Il faut, à l’inverse, que ce soit une ouvrière « de base » qui déniche les textes ! C’est normal, ça ? Et il faut que ce soit la CNT-AIT qui dise que « oui », bien évidemment, c’est cette Convention et pas une autre qui s’applique ? Et c’est normal que, deux ans après (c’est-à-dire aujourd’hui encore), l’arrêt de la Cour de Cassation, censé s’imposer dans « toute la République », ne soit que du vent dans le Gers ? Il n’y a donc aucune autorité dans tout ce département pour faire appliquer une décision de la plus haute juridiction ? Mais que fait la police, ma pauvre dame ? Sans compter que, si cette Convention a des incidences directes sur les salaires, elle en a d’indirectes sur les cotisations sociales. C’est curieux que les organismes qui devraient encaisser ces cotisations ne se manifestent pas… ils ont trop d’argent ou quoi ?

Une machine à licencier en rafale

Depuis la grève, nous avons compté pas moins de huit licenciements et une sanction disciplinaire, soit presque un acte de répression par mois. Comme par hasard, les ex-grévistes sont particulièrement visés. A ce rythme, il est évidemment difficile pour le meilleur des DRH de renouveler son style. Une fois fini le bon vieux stock des « mauvaises relations », « situation conflictuelle avec l’employeur », « contestation de l’autorité du supérieur hiérarchique », « comportement irrespectueux » et autre « désengagement », il doit se creuser la cervelle pour trouver du nouveau. Mais c’est parfois une perle qu’il trouve. Exemple : « avoir livré des informations à la médecine du travail ». Ah, bon, il y a des informations qu’il faut cacher à la médecine du travail ? Ceci dit, on se perd en conjectures pour savoir quel précieux secrets un salarié du pop-corn a pu « livrer » à sa médecine du travail, on se perd encore plus pour savoir comment le patron a pu prendre connaissance d’un tel crime puisque tout ce qui est dit à la médecine du travail est –en principe- couvert par le secret médical le plus absolu. Avec de tels « motifs », la contestation du caractère « réel et sérieux » des licenciements en série s’annonce plutôt distrayante. Monsieur Nataïs pourra toujours forcer le trait en soulignant que telle hiérarque avait été traitée de « grosse » et d’« incompétente » par un salarié. Juridiquement parlant, c’est du pipi de chat (ainsi en a décidé le tribunal dans le cas de la grosse incompétente) et ça ne fera qu’ajouter du croustillant au spectacle.

Début d’une lutte prolongée

Dans cette ambiance de franche « citoyenneté », nous avons appris qu’un forum s’était ouvert début décembre avec un seul objectif : permettre à tous les salariés de Nataïs de libérer la parole. Manifestement, au vu des messages qui s’y accumulent de jour en jour, c’était une nécessité. Il se dit de plus que les visiteurs se comptent par milliers. Même Monsieur Nataïs la consulté. D’où une lettre, diffusée à tout le monde, menaçant de poursuites judiciaires les travailleurs qui ont exprimé, avec leurs mots simples et directs, ce qu’ils pensaient. Pas de quoi fouetter un chat pour autant. Allez donc sur « collectifnatais.space-forums.com » vous faire une idée par vous-même. Ces « plaintes en diffamation » ou ces menaces de plaintes, sont des pratiques patronales aussi habituelles qu’abusives. Dans notre expérience, que nous donnons ici aux salariés qui pourraient se sentir intimidés, soit elles ont fait « pschitt », soit elles se sont retournées contre l’employeur (genre arroseur – arrosé). C’est pourquoi on a hâte de voir Monsieur Nataïs demander à la Cour d’Appel d’Agen, dont il refuse avec obstination depuis 4 ans d’appliquer à tous les salariés les conséquences de l’arrêt, de condamner ces salariés qui n’ont ouvert un blog que justement parce qu’il refuse d’appliquer la décision de la dite Cour !. Ça va être un grand moment de bonheur.

Un autre bon moment, ça été le célèbre « Repas of Noël », organisé par le CE (CGT et CGC) avec, parmi les invités, toute la direction (la mano en la mano). Entre la poire et le fromage (ou plutôt entre l’entrée et le plat de résistance), de joyeux Pères et Mères Noël sont venus apporter un cadeau original : un tract explicatif de la situation. Preuve que ce cadeau a été particulièrement apprécié : certains « chefs » ont voulu en avoir plusieurs rien que pour eux et les ont arraché des mains de divers convives. Dans la folle ambiance de ce réveillon anticipé, certains réveillonneurs, un peu grincheux, se sont permis de demander à la CGT si elle avait prévu au moins un « panier » pour les licenciés...
Après le surprise de Noël, surprise également à la « grande » manif d’Auch du mardi 13 décembre. Quelques militants de « base » de la CGT, qui s’étaient montrés solidaires lors de la grève, ont découvert, tout de cul, qu’il y avait une vague de licenciements chez Nataïs (« on » avait oublié de les en informer) mais aussi une Convention collective (« on » leur avait rien dit non plus). D’où leur question : « Mais que fait le délégué syndical, que fait l'UD32 ? ». On se le demande en effet (même si nous avons notre petite idée).
Dans les jours suivants, sur les marchés « de gras » du Gers, c’était le tour aux équipes de la CNT-AIT de distribuer force tracts… et de rencontrer force ex-précaires de Nataïs (à croire que tous les crève-la-misère du département y sont passés un jour)… qui appréciaient que quelque chose se fasse enfin ! Du coup la CGT qui avait profité des NAO (négociations annuelles) pour revendiquer un 13ème mois pour les cadres (accordé par la direction sans autre forme de procès semble-t-il) se voyait contrainte de sortir de sa longue léthargie. Une affichette annonçait au bas peuple la bonne nouvelle : des « démarches sont en cours avec l'inspection du travail pour l'application de la convention » … convention dont la CGT niait jusqu’à la veille qu’elle concernât Nataïs. Ça en a fait hurler de rire un paquet.

Ne ratez pas nos prochains épisodes
Le programme de certains épisodes est déjà connu. Ainsi, des passages aux prud’hommes (avec l’angoissante question qui taraude l’élite départementale : « Le Gers est-il soumis à la jurisprudence de la Cour de Cassation ou est-il une république bananière indépendante ?») sont prévus pour le 15 février et le 7 mars (séances publiques et gratuites). Mais il n’est pas exclu que d’ici notre prochain numéro il y ait quelque coup de théâtre. Normal, le coup de théâtre, c’est le ressort de tout bon feuilleton.

Version pdf du tract diffusé massivement par la CNT- AIT dans le Gers
http://sia32.lautre.net/
"Salut Carmela, je suis chez FIAT! Je vais bien... Si,Si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye!"
Protesta
 
Messages: 2262
Inscription: Sam 24 Sep 2011 00:04

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Mer 18 Jan 2012 09:03

suite de la lutte et liens avec le forum qui libere la parole des salariés de natais
http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewt ... =25&t=6706
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Jeu 3 Mai 2012 08:10

Comme prévu , dans la premiére entreprise du Gers la lutte continue , âpre et rugueuse.....

Tract distribué le premier mai a Auch par des militants de la CNT-AIT

Stop aux licenciements chez Nataïs !

Dans les journaux, dans les publicités… Nataïs est une entreprise humaniste. Une entreprise qui défend des valeurs… Parlons-en ! Nataïs, ce sont des conditions de travail harassantes, mais Nataïs, c’est surtout la précarité : plus de 350 précaires s’y sont succédés en 2010, presqu’autant en 2011, sur la trentaine de postes de la production !

Manifestement, pour Nataïs, le bonheur est dans le précaire !
L’an dernier, face à toute cette exploitation une grève a fait reculer la direction. Cette année, la direction licencie les uns après les autres les anciens grévistes… et d’autres salariés sous des prétextes fallacieux ! Sans compter ceux qui « craquent » et jettent l’éponge.

Nataïs, qui surfe sur la misère des gens, se croit tout permis :

Bien que la Cour d’Appel d’Agen (confirmé par la Cour de Cassation, la plus haute juridiction française) ait décidé que la convention collective qui s’applique aux salariés de Nataïs doit être celle de la biscuiterie, Nataïs s’obstine à en appliquer une beaucoup moins favorable aux salariés.

Mais ces derniers ne renoncent pas. Face à la peur de perdre l’emploi et pour libérer la parole des travailleurs, ils ont ouvert un forum et des actions, y compris juridiques, sont en cours.

Procès contre la liberté d’expression des salariés de NATAÏS
Jeudi 24 Mai à 14h au TGI de AUCH
VENEZ NOMBREUX !


CNT-AIT Midi-Pyrénées


. Ensuite, anarchosyndicalistes et sympathisants de la région se sont retrouvés pour discuter autour d’un pique-nique « tiré du sac » en compagnie des musiciens de Broumetch http://www.reverbnation.com/Broumetch (qui interprètent Bellacio sur l’enregistrement)

. http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewt ... =25&t=6706

leur presse n'a pu éviter les drapeaux anarchosyndicalistes a Auch ...

Image
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede AnarSonore le Ven 18 Mai 2012 07:18

Le géant du pop corn & la liberté d’expression
Nataïs : procès de deux ouvrières

« Les entreprises doivent promouvoir et respecter les droits de l’homme » Entreprise Nataïs, « Communication sur le progrès 2010 », reprenant le «  Pacte mondial des nations unies » auquel adhère Nataïs depuis 2008




« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1789, article 11


Au premier jour, il y eut une grève… c’était en février 2011. La seule, l’unique grève dans la longue histoire de cette entreprise. Nous l’avons analysée en son temps [1] . Nous avons rapporté comment une minorité de salariés (à peine une moitié des ouvriers de la production, eux-mêmes minoritaires par rapport aux cadres et autres salariés) pouvaient mettre à genoux en moins de quatre jours un patron intransigeant, l’obliger à accepter des revendications. Nous avons expliqué « le pourquoi » de ce « comment » : la marginalisation des syndicats, l’assemblée générale souveraine des grévistes, le renouvellement quotidien de la « délégation »… et le courage des grévistes face à la pression patronale, policière et aux moyens disproportionnés déployés par l’Etat.

Et puis, les licenciements ont commencé. Les ouvriers ont résisté [2]. Ils ont ouvert un forum, pour pouvoir s’exprimer un peu plus librement que dans l’entreprise. Un forum où ils ont pu échanger, comme on le fait sur tous les chats. Avec le genre de propos qu’on tient dans ce genre de lieu… Mais, même ça, pour si peu que ce soit, c’est trop pour Nataïs. Trois salariés sont maintenant poursuivis pour insultes raciales, diffamation et autres. Nous avions titré la dernière fois : « Nataïs, le feuilleton ne fait que commencer ». Voici donc le nouvel épisode. Et ce n’est pas le dernier.

A ce stade, nous voudrions souligner combien certains, qui se gargarisent de « droits de l’homme », de «  citoyen  » et autres «  communications de progrès  », réagissent face à des commentaires qu’on nous permettra de trouver extrêmement modérés et de la plus grande banalité. Voici donc les faits. Que chacun en juge.

Le 24 mai 2012, deux ouvrières grévistes [3] comparaîtront devant le Tribunal de Grande Instance d’Auch, poursuivies par l’entreprise Nataïs en tant que telle et, personnellement, par trois de ses dirigeants (à savoir : le sieur Michael Ehmann, le sieur Jérôme Réthoré et dame Elise Réthoré) sur la base de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Ces deux ouvrières, aux dires des plaignants, ont été «  identifiées  » à partir du numéro IP de leur ordinateur.

NATAIS VERSUS SPIDERMAN

Le consortium Nataïs, Ehmann, Réthoré & Réthoré attaque d’abord «  Spiderman  » pseudonyme derrière lequel ils accusent une des deux ex-grévistes de se cacher.

Quels sont les propos de Spiderman incriminés ? Ils sont au nombre de trois [4]   :
« … Les boss ont créé un climat où tout le monde se méfie de tout. Et ceci en toute connaissance, cela leur permet de garder le pouvoir sur nous, ils ont mis à la tête des équipes les plus avides de pouvoir, pas forcément les plus intelligents ; (tout comme dans les camps en 40), de temps à autre, ils viennent prendre l’un de nous pour l’exemple »

« … Ce que tu as connu il y a 5 ans est peu par rapport à ce que nous subissons maintenant. Je dis bien sûr …. Nous vivons une époque de terreur, dirigé par des gens qui se croient arrivés en haut de l’affiche. La guillotine a été remise en service mais n’oublions pas que les Robespierre et autres Danton y sont aussi passés !!! »

«  Spiderman a écrit : tu as mis le temps. De quoi ? pour me mordre il faudrait m’attraper ! Non sérieux, les Thénardier, ils existent alors ?, le Père Noël aussi ? Vivement que je récupère mes sous, avec mes intérêts…c’est mieux que les morpions !!!!  »


Et c’est tout. 

Après ce que l’on a pu entendre comme « propos » pendant la campagne électorale... ce n’est vraiment pas grand chose. Tellement peu que, pour rendre crédible leur procédure, les plaignants en ont rajouté. Ainsi, le premier propos est poursuivi sous prétexte qu’il y serait écrit d’après la « citation » officielle des plaignants « ... camps de concentration de la seconde guerre mondiale  » et que, Mick Ehmann étant allemand, il y aurait là un propos raciste ! Oui mais voilà, les termes «  de concentration de la seconde guerre mondiale » ne sont jamais apparus dans le forum et ont été inventés par les plaignants pour les besoins de leur cause ! Et quand bien même ! On nous permettra de penser que, même s’il avait été question de «  la seconde guerre mondiale », la plainte aurait été plus que tirée par les cheveux… sauf à admettre que toute évocation de la Résistance ou de la Seconde guerre mondiale devant tout individu allemand est, ipso facto, constitutive d’un délit d’injure raciale. Ça va un peu loin dans le « raisonnement », non ?

Concernant le deuxième paragraphe, il est patent qu’un salarié qui voit ses collègues se faire virer (pas moins de 10 licenciements à ce jour !!!) ou partir comme ils le peuvent (au moins 5 ou 6 autres) les uns après les autres, a de quoi se sentir légitimement terrorisé. Quant on sait le drame économique et moral que représente le fait d’être jeté à la rue, on le serait à moins !

Enfin, le dernier propos incriminé l’est parce que le couple Réthoré s’est reconnu dans le couple Thénardier. En ce qui nous concerne, nous ne voyons pas sur quelle base ils le font. Nous leur laissons la pleine et entière responsabilité de cette brillante identification. De plus, que les Réthoré se reconnaissent ou pas en Thénardier, peu importe ici : ce qui est clair, c’est que Spiderman ne croit pas plus aux Thénardier qu’au Père Noël... l’accusation tombe dans l’inanité  : comment ose-t-on poursuivre quelqu’un pour avoir potentiellement (puisqu’on ne sait pas sur quelle base les plaignants s’auto-identifient) comparé qui que ce soit à des personnages dont le poursuivi dit qu’ils n’existent pas ?

NATAIS ATTAQUE ANDROIDEANDROIDE

La deuxième ouvrière, celle-ci accusée de se cacher derrière le pseudonyme « Androïdeandroïde 23 » est poursuivie pour les deux propos suivants :
« … Ils ne nous ont jamais pris au sérieux. Nous sommes de la m…. ni plus ni moins désolé que tu puisses croire le contraire  ».

« Alors toi aussi tu grattes le pactole pas mal, les morpions, les blattes, les punaises, je les lègue aux Thénardier, à Gepetto à Charles et à toute la clique ».


Le plaignant Ehmann se serait identifié à « Charles ». On ne comprend pas plus que pour les Thénardier ni comment ni pourquoi. Nous avons pourtant beaucoup cherché pour tenter de comprendre… en vain. Heureuse nouvelle, personne ne s’est identifié à Gepetto…

Pour le premier propos, on notera que ce qui est reproché au patron c’est de n’avoir jamais pris au sérieux les salariés. De fait, quand les salariés ont réclamé l’application de la Convention collective, il leur a été répondu – par écrit – qu’il n’y en avait pas – cela malgré l’arrêt de la Cour d’appel d’Agen, confirmé en Cassation [5]. Preuve qu’il ne les prend pas au sérieux. La deuxième phrase «  Nous sommes de la m... » ne lui est nullement imputée. L’opposition grammaticale «  Ils  » (c’est-à-dire le patron), « Nous  » (c’est-à-dire nous, les salariés qui écrivons dans le forum) est grammaticalement de la plus grande limpidité. A moins que l’on puisse être poursuivi pour avoir dit du mal de soi-même…

Quant au fait de « gratter » au jeu de « morpion » en espérant toucher «  le pactole  », si tous les salariés qui tentent leur chance avec «  La Française des Jeux  » doivent être poursuivis pour diffamation (mais en quoi est-ce diffamatoire, that is the question ?), ça va faire du monde. Ajoutons que le fait de vouloir léguer le peu que l’on a (ici, dans une énumération à la Prévert faisant jeu de mots avec « morpion », les blattes et les cafards) n’est pas constitutif de quelque infraction que ce soit. Si «  Charles  » ou «  Gepetto  » veulent refuser le legs, ils ont toute liberté de le faire.

Au total, les propos poursuivis sont ceux qui se trouvent dans beaucoup de chats, forums ou qui sont tenus habituellement sur les lieux de travail. Ils n’ont aucune gravité et ne sauraient constituer quelque injure ou diffamation que ce soit et n’excèdent pas, loin s’en faut les limites légales de la liberté d’expression.

alors, pourquoi ces poursuites  ?

Nous posons publiquement la question

Mais une des choses que nous constatons, c’est que, pour deux ex-smicardes actuellement au chômage, assumer les frais d’un procès devant les prud’hommes (les deux poursuivies y passeront prochainement) et y ajouter les frais devant un tribunal pénal, c’est beaucoup. C’est même énorme (puisque cela peut représenter au total deux ou trois mois d’indemnités chômage, sinon plus), alors que, pour le budget d’une entreprise comme Nataïs, c’est trois fois rien. Il y a là une inégalité économique majeure. Faut-il rappeler qu’un des premiers « Droits de l’Homme », dont l’entreprise Nataïs se dit si soucieuse, c’est l’égalité  ?

Sans l’appui de tous ceux qui - et il sont nombreux dans tout le Gers où Nataïs est bien connu - apportent leur soutien, les deux poursuivies n’auraient peut-être pas eu la force de faire face et certainement pas les moyens financiers.

La liberté d’expression, la liberté de la presse (puisque c’est sur cette base juridique que ces salariées sont poursuivies), c’est pour tout le monde, pas seulement pour les puissants !

Soutenons les ouvrières de Nataïs ! Venez nombreux à leur procès.

Les amis des inculpées

Notes
[1] Voir « La grève, c’est comme le pop corn  : si ça chauffe trop, ça éclate  », Anarchosyn-dicalisme ! n°122, avril 2011.

[2] Voir «  Nataïs, le feuilleton ne fait que commencer », Anarchosyndicalisme ! n°127, janvier 2012.

[3] Un troisième salarié est poursuivi, il n’a pas souhaité rendre public son cas, ce que nous respectons pleinement.

[4] Nous reproduisons textuellement les passages incriminés, sans rien retrancher ni ajouter, après avoir éventuellement corrigé l’orthographe.

[5] Sur ce point, totalement ubuesque, voir notre article déjà cité (n°127). En gros, la Cour d’appel d’Agen, dans son Arrêt 232 du 16 juillet 2008 dispose « (…) la SARL Nataïs exerce l’activité de transformation, collecte, stockage et commercialisation de pop-corn (…) Le pop-corn est obtenu à partir de grains de maïs soufflés, sucrés ou salés. Il s’agit donc de céréales (…) L’activité ainsi exercée par la société entre donc dans le champ d’application ainsi défini par la convention collective (...) des biscotteries, biscuiteries, céréales prêtes à consommer ou à préparer, chocolateries, confiseries, aliments de l’enfance et de la diététique, préparations pour entremets et desserts ménagers du 1er juillet 1993, étendue par l’arrêté du 14 février 2005. ». Fort mécontente de ce jugement, l’entreprise Nataïs se pourvoit en Cassation et se fait … casser par l’arrêt 194 F-D, du 20 janvier 2010 qui rappelle : «  L’application d’une convention collective doit s’apprécier par rapport à l’activité réelle de l’entreprise (…) la Cour d’appel [d’Agen] (…) a exactement déduit que la convention collective lui était applicable. ». Qu’à cela ne tienne, à ce jour, l’entreprise Nataïs n’applique toujours pas la Convention collective, prétend qu’elle n’en relève pas, d’où la grève (pour obtenir un droit en principe acquis !), d’où les licenciements, d’où les procès…
AnarSonore
 
Messages: 164
Inscription: Lun 29 Sep 2008 18:40

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede AnarSonore le Ven 18 Mai 2012 08:45

Le géant du pop corn & l’humain
Nataïs  : licenciements & conditions de travail

« L’humain, première richesse de l’entreprise » Michaël Ehman, PDG de Nataïs dans de nombreux articles et documents de communication (Voir par ex. «  La Dépêche du Midi », 1er sept. 2011)


« L’humain première richesse de l’entreprise » ? Voyons voir  !

Grève à l’hiver, licenciement au printemps

Comme indiqué dans l’article qui précède, une poignée d’ouvrières et d’ouvriers de la production (11 femmes et 5 hommes) sur la trentaine qui y travaillent ont fait grève en février 2011 pour exiger le paiement d’un 13e mois, prévu dans la « Convention collective des céréales prêtes à consommer  » [1] .

Un premier salarié a son contrat rompu dès février. Deux autres grévistes sont licenciés en mars, puis une quatrième en juillet… Au total depuis la grève, 10 salariés ont été licenciés et au moins 6 autres ont quitté l’entreprise selon d’autres procédures. Parmi les licenciés, 5 étaient des grévistes. Pratiquement un tiers des grévistes a donc été licencié !

Au moins sept procès auront lieu devant les prud’hommes d’Auch. Vous trouverez les dates dans le tableau. N’hésitez pas à venir voir ! Il faut que tout ceci se sache.

15 intérimaires pour un ouvrier stable

Nataïs emploi un peu moins de 25 cadres et environ trois fois plus de «  non-cadres  » plus ou moins stables (CDI et CDD de plus de trois mois). En 2011, il est passé chez Nataïs pas moins de 477 intérimaires. En 2010, il y en avait eu 381. Et 333 en 2009. Ces intérimaires sont pratiquement tous affectés à la production.

Pour un ouvrier de production stable, Nataïs a donc employé en 2011 un peu plus de 15 intérimaires, généralement pour un très petit nombre d’heures chacun. 

N’empêche qu’en 2011, les 477 intérimaires ont représenté l’équivalent de plus de 24 équivalents temps plein (ETP), soit 44 % des effectifs de la production (qui se montent à environ 54 ETP  : 30 CDD et CDI + 24 ETP intérimaires). Et on passe sur les CDD inférieurs à trois mois...

Ah, ce souci de l’humain...

2,5 tonnes par jour

Question : Josette, peux-tu nous parler de tes conditions de travail quand tu étais chez Nataïs ?

Réponse : « Au différents postes de travail, les conditions sont très dures. En ce qui me concerne, tous les jours, je devais soulever et porter à bout de bras quelque chose comme deux tonnes et demi par jour en cumulé. D’où des troubles musculo-squelettiques importants. Je ne vous parle pas de la poussière ni du bruit des machines... »

Question : Et pour les horaires ?

Réponse : « Jusqu’en octobre ou novembre 2010, on faisait tous les trois huit. Depuis, il y a une équipe fixe de nuit sur le volontariat et deux autres équipes. Une fait 6 heures du matin - 14 heures, l’autre 14 - 22 heures. Une semaine on est de matin, l’autre d’après-midi et de soirée, on tourne sans arrêt d’une semaine sur l’autre. Physiquement, les trois huit, c’était éprouvant, mais l’équipe du matin, ça reste exténuant : il faut se lever vers 4 h 30 pour être à l’heure. A force de tourner, j’en ai perdu le sommeil.  » [2].

Mais des millions de chiffre d’affaire

Voici les chiffres connus pour Nataïs : 2010 : 25 millions de chiffre d’affaire. -2011  : 27 millions. prévisionnel 2012 : 33 millions [3]

Alors, Monsieur Ehmann, la première richesse de l’entreprise, c’est l’humain ou… le chiffre d’affaire ?

Les amis des licenciés

DES LICENCIEMENTS COMME S’IL EN PLEUVAIT

Février 2011 : Rupture de contrat de Ch. Procédure de contestation en cours devant les Prud’hommes d’Auch. Jugement prévu le 20 juin 2012
Mars 2011 : licenciement de Br. Procédure de contestation en cours devant les Prud’hommes d’Auch. Jugement prévu le 7 novembre 2012.
Mars 2011  : licenciement d’Ab. Procédure de contestation en cours devant les Prud’hommes d’Auch. Jugement prévu le 20 juin 2012.
Juillet 2011 : licenciement de Ni.
Août 2011 : licenciement de Ra. après mise à pied en juillet de la même année. Jugement prévu le 7 novembre 2012.
Octobre 2011 : licenciement de Ju. Procédure de contestation en cours devant les Prud’hommes d’Auch. Pas de date à ce jour pour le jugement.
Décembre 2011 : licenciement de So. Procédure de contestation en cours devant les Prud’hommes d’Auch. Jugement prévu vers octobre 2012.
Décembre 2011 : licenciement de La.
Mars 2012 : licenciement de Ma. Procédure de contestation en cours devant les Prud’hommes d’Auch. Pas de date à ce jour pour le jugement.
Mars 2012  : licenciement d’Al. Procédure de contestation en cours devant les Prud’hommes d’Auch. Pas de date à ce jour pour le jugement.


Notes
[1] Voir note n°5 de l’article précédant.

[2] Nous devrions revenir ultérieurement sur les conditions de travail chez Nataïs. Un dossier est en cours de constitution. Nous consultons en ce moment des experts sur des points techniques importants et graves pour ne délivrer publiquement que des informations parfaitement validées

[3] D’après «  Daily-Bourse.fr  » du 15 mars 2012 ;
AnarSonore
 
Messages: 164
Inscription: Lun 29 Sep 2008 18:40

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Ven 18 Mai 2012 11:46

Merci anarsonore !


Au tribunal le 24 mai

Si Nataïs cherche à embaucher dix-sept personnes d'ici la fin de l'année, le licenciement de trois personnes après la grève pour le 13e mois, il y a un an, n'en finit pas de faire des vagues. Le 24 mai, ces trois anciens salariés comparaîtront devant le tribunal pour diffamation. En cause: un blog sur lequel ils ont exprimé leur vérité sur le climat social chez Nataïs, estimant avoir payé leur implication dans la grève. Aucun rapport répond en substance la direction qui évoque des problèmes de comportement, tandis que d'anciens grévistes ont au contraire progressé dans l'entreprise depuis le mouvement social


http://www.ladepeche.fr/article/2012/05 ... opres.html
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Sam 19 Mai 2012 09:47

Témoignage d'un autre salariée sur le forum

"liberons la parole des salariés de Natais !"

alice » 05 Avril 2012, 13:14

bonjour, je me permet d'ecrire ici un petit message pour la direction et les RH qui, j'en suis sure ne manque pas de guetter les moindres lignes de ce forum.
( pas de pseudo, j'assume)
j'ai apris aujourd'hui par une amie qui travaillait a nataïs (interimaire) qu'on la remercie pour le motif suivant : elle est amie avec moi ! (écrit noir sur blanc avec un petit panneau rouge "attention")
ceci est trés vexant... je refuse que l'on se serve de mon nom pour remercier une intérimaire, vous auriez pu trouver une autre excuse comme vous l'avez fait pour vous sé parer de tout cette vague d'"anciens" interimaires qui, vous l'avez dis vous-meme, fournissait un bon travail mais qui devaient, a mon avis, etre là depuis trop longtemps et commençais a comprendre les rouages de votre entreprise.
je tiens a vous préciser que je n'ai aucune leçons a recevoir d'une boite qui ne respecte pas sa convention collective, qui méprise ces salariés et les licencie abusivement et dont plus de 10% de ces employés portent leur litiges devant le conseil des Prud'homme .
sur ce, je vous salue bien bas
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede AnarSonore le Lun 21 Mai 2012 21:08

Le géant du pop corn & le syndicalisme
Nataïs  : interdiction de distribuer des tracts

Si la liberté d’expression est un des piliers des droits de l’homme, la liberté syndicale en est un autre. On va voir ici même la conception qu’a Nataïs de la chose…

Pour le contexte, disons que l’accord que nous allons commenter, passé entre Nataïs et les syndicats, se produit alors que la campagne pour les élections des représentants du personnel bat son plein dans l’entreprise. En tant qu’anarchosyndicalistes nous savons que ce système de représentation professionnelle entraîne pour les travailleurs un haut degré de toxicité. Nous en tirons les conclusions qui s’imposent et, en conséquence, nous ne nous présentons à aucune élection. Le cirque électoral, dans l’entreprise où ailleurs, nous laisse froids. Mais l’accord d’entreprise que nous allons commenter ici va plus loin, puisqu’il vise à anéantir une liberté syndicale basique, celle de distribuer nos tracts dans l’entreprise.

Il s’agit là pourtant d’un droit. Il est acté par l’article L 2142-4 du Code du travail, lequel stipule textuellement que « Les publications et tracts de nature syndicale peuvent être librement diffusés aux travailleurs de l’entreprise dans l’enceinte de celle-ci aux heures d’entrée et de sortie du travail.  » Vous avez lu comme nous « DANS ». Mais, à Nataïs, c’est « HORS ». En effet, nous apprend le journal local, “ Le directeur général Jérôme Rethoré confirme (…) : « Avec toutes les organisations syndicales dont la CGT, un accord a été conclu. Il stipule clairement que la propagande syndicale avant les prochaines élections ne peut se faire que hors entreprise. »” [1]

Et oui, pour incroyable que cela puisse paraître, les organisations syndicales ont signé un accord interne par lequel elles acceptent d’abandonner un de leurs droits fondamentaux ! Cet «  accord », plus que tous les baratins de communication, donne une idée très précise de l’ambiance qui règne chez Nataïs.

Pour apporter une précision, il faut savoir, que, jusqu’à une date récente, il n’y avait que deux centrales syndicales représentées dans l’entreprise : la CGT et une organisation de cadres. Tout ça roulait à la perfection.

La CGT, c’est le moins que l’on puisse dire, n’a jamais été virulente. Atone serait même le mot juste. On l’a vu lors de la grève de février, mais aussi avec l’histoire de la convention collective dont elle ne réclame l’application que du bout des lèvres et après, bien après, que les grévistes lui aient secoué les puces. On le voit encore plus depuis des mois, avec la vague des licenciements. La CGT a un électroencéphalogramme quasiment plat… Son rôle majeur jusqu’à présent a été de co-gérer le Comité d’entreprise et d’organiser le repas annuel avec le patron. Oui, mais, à partir du moment, ou même du bout des lèvres elle a demandé l’application de la convention… les choses se son gâtées gravement. Tout d’un coup a surgi dans l’entreprise un autre syndicat, la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens) et, tout d’un coup aussi, comme par un effet de baguette divine, il est devenu majoritaire aux élections. C’est l’évêque qui doit être content. On espère que les chrétiens laisseront en partage une ou deux miettes du Comité d’entreprise à la CGT …

Pour revenir à « l’accord », la CGT l’a effectivement signé. Quand elle a voulu distribuer ses tracts pour les élections, elle l’a fait hors de l’entreprise. Et elle a même payé de ses deniers un huissier (c’est totalement vrai, même si cela semble incroyable) pour faire constater qu’elle ne violait pas l’accord et qu’elle ne distribuait que hors de Nataïs !

Tout ce petit monde semble avoir perdu la tête. Voici donc notre minute de droit [2] :

Le principe de base, que connaît le moindre « bébé-juriste », c’est que la loi est « d’ordre public », c’est pourquoi elle s’impose partout et toujours. C’est pourquoi également les accords entre particuliers n’ont aucune valeur quand ils sont contraires aux dispositions de la loi.

Cependant, cet « accord » n’est pas une première.

Il y a déjà eu un petit malin de patron qui a essayé de faire cela (en l’occurrence, l’OPAC du Pas-de-Calais, un organisme social…). Mais là, il y a eu une salariée courageuse (une délégué syndicale) qui malgré tout a distribué des tracts à l’intérieur. Elle a bien sûr été virée. Et au final, la Cour de cassation a tiré les oreilles de l’employeur en déclarant que l’accord signé était, d’évidence, illégal. La jurisprudence de la Cour de cassation est donc parfaitement claire sur ce point et l’arrêt de sa chambre sociale du 27 mai 2008, n°85-46.050, rappelle que « … les dispositions d’un accord collectif ne peuvent restreindre les droits syndicaux que (…) les salariés tiennent des lois et règlements en vigueur ». Or, la distribution de tracts dans l’entreprise est «  tenue » de la loi. Aucun doute là-dessus.

On savait déjà (avec l’histoire de la Convention collective applicable à Nataïs) que les arrêts de cassation ne s’appliquaient pas dans le Gers. Mais, maintenant, il y a récidive, ce qui n’a pas l’air de perturber les autorités locales. Elles ne sont pas au courant ? Elles ne lisent pas le journal ?

Le petit anarchojuriste

Notes
[1] La «  Dépêche du midi  », édition du Gers, 20 avril 2011.

[2] Il est paradoxal que ce soit nous, anarchosyndicalistes, qui devions faire ce « rafraîchissement » de mémoire à des patrons qui peuvent se payer des « responsables de ressources humaines » en série, des juristes tant qu’ils en veulent, à des syndicats qui disposent de permanents à la pelle et qui se déclarent « spécialistes » de droit du travail, ou à des auxiliaires de justice qui ont été requis pour constater qu’on applique bien un accord illégal.
AnarSonore
 
Messages: 164
Inscription: Lun 29 Sep 2008 18:40

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede AnarSonore le Lun 21 Mai 2012 21:15

Le géant du pop corn & ses amis
Nataïs : les visiteurs

La vie d’une entreprise est riche et pleine d’imprévus… on y donne parfois des petites fêtes. Chacun s’amuse comme il peut et invite qui il veut. Justement, quelques salariés ont retrouvé le carton d’invitation qu’ils avaient reçu pour une manifestation exceptionnelle : la 20e récolte de «  maïs à éclater » faite par Nataïs.

Image

A cette occasion, le patron de cette «  entreprise pionnière de la culture du pop-corn en Europe  » avait tenu à inviter deux visiteurs de marque, des entrepreneurs qui partagent la même «  passion ». Parmi les deux invités, Michael Horsh qui indique sur le carton son site internet : www.horsh.com. La moindre des politesses, c’était que nous y allions surfer un peu. Une petite surprise nous attendait. L’onglet « A propos de Horsch » permet d’accéder à une « Fondation Horsch » dont «  Le but est d’investir ... dans l’esprit de l’organisation MEDA (Mennonite Economic Development Associates ... ) »

Nous sommes des partisans résolus de la liberté de conscience. Nous ne connaissions pas les « mennonites ». On est donc allé sur un moteur de recherches et on a simplement tapé «  mennonites ». On a trouvé beaucoup de prêchi-prêcha, mais aussi, en fouillant un peu (par exemple du côté de l’Amérique Latine), des choses qui questionnent beaucoup. On vous laisse faire l’expérience.

Le petit fouineur
AnarSonore
 
Messages: 164
Inscription: Lun 29 Sep 2008 18:40

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Mar 22 Mai 2012 08:27

sur les mennonites

viewtopic.php?f=10&t=7692
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Mer 23 Mai 2012 08:55

c'est demain

Jeu 24 Mai 2012 00:00

la liberté d’expression des salariés de NATAÏS
Jeudi 24 Mai à 14h au TGI de AUCH
VENEZ NOMBREUX Procès contre !

CNT-AIT Midi-Pyrénées
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede Cheïtanov le Mer 23 Mai 2012 16:45

"J'ai appris à marcher au pas, avec du punk au bout des doigts. J'ai l'coeur en miettes quand j'pense à ça..."
I'd rather be a picket than a scab, and I still hate Thatcher...
"Au moins AL et les Vignoles ils sont gentils" Un chef NPA
Avatar de l’utilisateur
Cheïtanov
 
Messages: 3169
Inscription: Mar 13 Juil 2010 12:52
Localisation: Ma patrie, c'est le monde.

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Mer 23 Mai 2012 19:00

et bien voilà une bonne nouvelle ...
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede AnarSonore le Mer 23 Mai 2012 19:37

Pas annulé mais reporté !

Sinon voici deux modèles d'affiches ou tracts dénonçant les conditions de travail des travailleurs du pop-corn, notamment à Nataïs,et exigeant la liberté d'expression des travailleurs sur leurs conditions de travail, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'entreprise.

http://sia32.lautre.net/AffichesLibert% ... ta%EFs.pdf
AnarSonore
 
Messages: 164
Inscription: Lun 29 Sep 2008 18:40

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede anouchka le Mer 23 Mai 2012 19:52

qu'est-ce qu'on peut faire pour les soutenir (quand on habite loin?)
en tout cas espérons que cette lutte soie suivie de beaucoup d'autres du même genre... :clap:
Avatar de l’utilisateur
anouchka
 
Messages: 2766
Inscription: Dim 6 Mar 2011 23:33

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede apeqli le Mer 23 Mai 2012 21:22

apparemment ils ont droits à beaucoup d'aide de la part des banques :

http://www.ladepeche.fr/article/2012/05 ... opres.html
apeqli
 
Messages: 655
Inscription: Mer 30 Déc 2009 13:23

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Jeu 24 Mai 2012 07:46



Jeudi 24 mai : Le procès en diffamation de Nataïs était initialement prévu ce jeudi. Des informations contradictoires ont été publiées (en particulier sur des sites internet). La situation est la suivante :
1/ Trois anciens employés ont reçu voici plusieurs semaines une convocation à se présenter devant le Tribunal de grande instance (TGI) d’Auch jeudi 24 mai pour répondre du délit de diffamation et d’injure. A ce jour, cette convocation n’a pas été annulée. Elle reste donc impérative. Les 3 prévenus se présenteront donc demain à la barre.
2/ Voici une quinzaine, l’avocate des inculpés a appris par l’avocat de la partie civile (par téléphone) qu’il s’agirait uniquement d’une audience dite de consignation : la partie civile -c’est-à-dire Nataïs- serait appelée à déposer une certaine somme à l’appui de sa plainte. Cependant, nous n’avons aucune pièce écrite indiquant qu’il ne s’agirait que d’une telle audience.
3/ Au total, sauf nouveau rebondissement cette nuit ou demain, il y aura une audience devant le TGI d’Auch demain. Ce que nous ne savons pas c’est quel en sera le contenu .....


(extrait cr réunion CNT-AIT toulouse )
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede fu hsang le Jeu 24 Mai 2012 07:47

ha merde j avais enlevé l evenement de l agenda .....
j aurais du m occuper de mes affaires
fu hsang
 

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Jeu 24 Mai 2012 07:51

ça fait rien fu

en réalité nous somme en face de manouevres dilatoires des patrons qui ont compris que les salariés comptaient bien se defendre ...
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Re: Entreprise NATAÎS le feuilleton ne fait que commencer

Messagede bajotierra le Jeu 24 Mai 2012 19:23

La salle du tribunal de Auch était trop petite pour accueillir un nombreux public venu soutenir les ouvriéres de NATAIS

Devant la levée de boucliers qui se prépare dans le département du Gers , et au delà , devant la mobilisation qui s'annonce pour le respect de la liberté et de la justice , les dirigeants de la plus grosse entreprise du département , ont visiblement choisi de gagner du temps .

L 'audience d'aujourdhui nous a appris qu'ils préféraient consigner une somme d'argent et reporter le procés , premiére passe d'armes lorsque la présidente du tribunal demanda a l'avocat des parties civiles s'il comptait faire une longe plaidoirie , celui ci répondit que non , qu'une " quinzaine de minutes" lui suffiraient , au contraire Me Casero avocate des inculpées indiqua qu'il lui faudrait quand a elle une audience de deux heure car 'j'ai plus de choses a dire que mon collégue l"

On comprend pourquoi , et Natais n'est pas pressée de les entendre ! .

La procédure s'étalera donc dans un curieux espace temps , une nouvelle audience a été fixée pour le 28 juin , une deuxiéme pour le 20 septembre , et enfin une derniére (peut être ? ) aura lieu le 13 décembre ....

reportage FR3 :
http://info.francetelevisions.fr/?id-vi ... 0120930_F3
bajotierra
 
Messages: 4456
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 16:28

Suivante

Retourner vers Luttes actuelles et manifestations

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 6 invités