Petit bilan de la manifestation du 21 maihttp://quartier-pirate.blogspot.com/Ce 21 mai avait lieu la manifestation pour l'autogestion, à Paris. D'après nos comptages et nos photos, nous évaluons la participation à environ 300 personnes. C'est bien sûr trop peu dans l'absolu. Mais quand on considère que cette initiative est une première pour nous, c'est une réussite très encourageante.
C'était une première, car habituellement, nous manifestons en réaction à une attaque patronale et/ou gouvernementale. La mobilisation se fait alors presque "toute seule", imposée de fait par une nécessité de riposter. Elle est aussi souvent décidée et imposée par les grades forces politiques et syndicales qui décident tout autant de la fin des mobilisations. Cette fois-ci, le contexte était différent : cela faisait environ un mois qu'un peu partout en France des initiatves menées par des groupes de la Fédération anarchiste avaient lieu. La manifestation venait comme une sorte de "conclusion" à cette dynamique, mais aussi comme un départ vers d'autres perspectives : aider les alternatives autogestionnaires existantes, les renforcer, tout en souhaitant inciter chacunE à lancer d'autres projets. Quels que soient les domaines (loisirs, éducation, habitat, etc), nous ne voulons plus nous résigner à attendre une situation révolutionnaire pour avancer. Agir ici et maintenant, au quotidien, voilà un message qui, visiblement a trouvé de l'écho.
Il faut bien le dire, nous avons été quelque peu surpris de constater que si des militants d'autres organisations étaient parfois présents, leurs organisations, elles, n'avaient pas souhaité officiellement nous rejoindre, alors qu'elles se revendiquent parfois elles aussi de l'autogestion (on peut cependant citer la présence de la CNT-AIT qui avait même fait une banderole pour l'occasion). Est-ce une impossibilité de la part de ces organisations à se mobiliser ou un choix délibéré de rester en retrait ? C'est à notre sens dommage, car cela aurait permis, potentiellement, un élargissement encore plus vaste de la mobilisation, et l'union autour de perspectives concrètes, permettant aux libertaires, quelles que soient leur organisation, et qu'ils soient organisés ou non, à faire bloc. Rappelons que toutes les structures et organisations se reconnaissant dans le projet autogestionnaire avaient été invitées à participer (avec leurs propres banderoles, tracts et drapeaux mais aussi une invitation à prendre la parole). Mais ce qui est intéressant, c'est que dans ce contexte, nous avons vu énormément de gens que d'habitude, nous ne voyons pas. Ce qui est intéressant, c'est que malgré tout, cette mobilisation fut une réussite. Enormément de jeunes aussi, faisant de ce cortège un ensemble diversifié mais uni autour des perspectives autogestionnaires. C'est à notre sens un signe encourageant. Cela confirme également le travail de terrain régulier et incessant mis en place par les groupes parisiens de notre organisation, et cela confirme notre choix de nous ouvrir vers l'extérieur et de ne pas nous satisfaire d'exister simplement au sein d'une sorte de "ghetto militant". Cela confirme aussi le renouveau militant que nous connaissons depuis quelques temps.
Sur le déroulement de la manifestation en elle-même : le rendez-vous était à Belleville, à la sortie du métro. Là, nous avons pu attendre que les participantEs arrivent, et nous avons commencé à diffuser des tracts expliquant l'autogestion dans les grandes lignes, et expliquant ce qui motivait cette manifestation. Quelques medias étaient présents, et des interviews ont donc été réalisées. Jeff Manson, américain champion de free fight et militant anarchiste aux Etats Unis, alors en tournée en Europe et suivi d'une équipe de medias, avait souhaité venir lui aussi au rendez-vous, profitant de son passage à Paris pour venir rencontrer des militantEs anarchistEs. Encore une preuve que pour ce sportif, l'engagement n'est pas un vain mot.
Nos camarades du groupe "Tous les maquis" étaient, comme au premier mai, présents : grâce à leur triporteur bricolé et actionné vaillamment à la force des mollets, ils ont pu proposer une table de presse mobile et fournir boissons et nourriture (bio et à prix libre ... chapeau !). Merci à eux !
Une prise de parole rappela les motivations de cette mobilisation. Hasard du calendrier, il y a 140 ans jours pour jour commençait l'écrasement de la Commune de Paris par les Versaillais, durant des journées de répression que l'on allait nommer "la semaine sanglante". Ce jour là aussi, mais cette fois en 2011, le G8 se réunissait au Havre, dans une ville déserte et conquise par la police depuis des semaines.
Enfin, la manifestation s'ébranla. Entre sono et slogans, nous avons alors déambulé dans ces quartiers populaires de l'est parisien, en choisissant de passer par des lieux qui ont du sens pour nous : l'ancien siège de la CNT espagnole en exil, pour rendre hommage à nos camarades qui ont lutté toute leur vie pour notre idéal. Nous avons aussi fait halte devant un restaurant associatif, la Rôtisserie, actuellement en lutte contre le propriétaire du lieu. Enfin, nous avons terminé notre périple place de la République, à la bourse du travail, en rappelant les origines de ces bourses du travail et leur rôle originel dans le mouvement ouvrier. D'autres prises de parole eurent lieu, des participants à des initiatives autogérés expliquant leurs réalisations et leurs projets. Cette manifestation fut joyeuse, énergique et déterminée. Nous avons été aussi agréablement surpris de voir autant de monde nos regarder passer dans les rues avec attention, réceptifs à ce que nous disions, et parfois même en nous applaudissant... A l'issue de la manifestation, nous avons invité les manifestantEs à aller soutenir une manifestation de Tunisiens bloqués par la police, à partir d'informations que nous venions d'avoir.
Encore une fois, merci à toutes les participants à la manifestation mais aussi à toutes les personnes impliquées dans des projets autogestionnaires, à toutes les personnes ayant participé aux initiatives qui ont eu lieu au mois de mai.
Nous invitons toutes les personnes se reconnaissant dans notre projet politique à nous rejoindre, et toutes les initiatives alternatives à se mettre en relation avec nous. Rencontrons-nous, échangeons, construisons, tissons des liens de solidarité : les mauvais jours finiront !