reunion publique du CCI

Toutes les infos sur les luttes en cours

Re: reunion publique du CCI

Messagede rubion le Ven 18 Jan 2019 19:38

Protesta tu dis que : Chanter la Marseillaise ne prouve rien en définitive, les Bolchéviks la chantaient eux mêmes et ce fût à une époque un chant révolutionnaire . Effectivement c'est un chant révolutionnaire mais c'est le chant de la révolution bourgeoise mais pas le chant de la révolution prolétarienne. Au début de la révolution russe en février ce chant fut repris par les bolchévicks mais il faut remettre ça dans son contexte. Les bolchévicks restaient en Russie défendaient que la tache essentielle était d'instituer un régime républicain démocratique. On peut comprendre qu'avec cette position la marseillaise soit reprise. Mais cette position n'était pas défendue par les bolchévicks qui étaient en éxile et notamment par Lénine. Dés son arrivée en gare en Finlande, Lénine se détournant de la délegation du comité exécutif déclare.je cite un passage du livre de Trotsky (histoire de la révolution russe. Premier tome fevrier)
Chers camarades, soldats matelot et ouvrier, je suis heureux de saluer en vous la révolutrion russe victorieuse, de vous saluer comme l'avant garde de l'armée prolétarienne mondiale…
Petit a petit ce n'est plus la marseillaise qui sera chantée, celle-ci sera laissée aux force de la contre révolution mais l'internationale
Concernant la commune, il faut voir la dynamique. Si au départ il y a eu une resistance du peuple contre l'envahisseur prussien, très vite face à la misére, le prolétariat va prendre la direction de la lutte, instaurer la commune et prendre des mesures économiques et politique et affirmer le principe de l'internationalisme prolétarien mais ce n'est pas le chemin que prend le mouvement des gilets jaunes et qu'il ne peut pas prendre vu que la classe ouvriére n'est pas présente en tant que classe avec ses méthodes de lutte que sont les greves et les AG ouverte a tous.
Pierre Joseph tu dis que les artisants , commerçants, petits patrons souffrent de la crise, c'est vrai mais quelles sont leurs revendications. La fin du capitalisme ? la fin de la domination de classe ? la destruction de l’État ? A mon avis, l’objectif de ces couches intermédiaires, consiste à quémander à l’État le maintien des moyens leur permettant de continuer à vivre de leur petit business, de s’aménager une meilleure place au sein la société capitaliste. Ces couches intermédiaires, du fait qu’elles ne sont pas intégrées dans le salariat, ne sont pas intéressées à l’abolition du capitalisme. Il n’en est pas de même pour le prolétariat dont la condition fondamentale est de vendre sa force de travail à la classe bourgeoise, puisque cette force de travail est la seule « richesse » qui permet aux prolétaires de survivre dans un monde dominé par la production de marchandises.
Lehning tu dis :En tant qu'anar, je vais pas non plus pleurer la disparition du marxisme ou quasiment effective (ou celles de ses avatars: marxisme-léninisme, maoïsme, castrisme, etc.) puisque cette idéologie autoritaire a toujours fait + de mal que de bien, en trompant le populo à chaque fois.
A mon avis il ne faut pas confondre la mouvance troskiste qui a trahi l'internationalisme prolétarien et qui sont des défenseurs du capitalisme et le marxisme.

J'en profite pour dire qu'a Toulouse le lieu de la réunion publique du 19 janvier a changé d'adresse. Adresse: Maison de quartier de Pech David 17 rue de la charbonnière
Métro ligne B direction Ramonville station St Agne. Aller vers l’entrée de la caserne Niel (avenue du 14° régiment d’infanterie).Prendre à gauche la rue Saint-Roch. A 500 mètre prendre à droite le chemin de la Salade Ponsan. Puis après avoir passé la rocade prendre la première à droite c’est la rue de la charbonnière.

Rubion. Lecteur de Revolution Internationale. http://fr.internationalism.org/
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Re: reunion publique du CCI

Messagede Lehning le Ven 18 Jan 2019 23:05

Bonsoir !

Je ne confond pas la mouvance trotskyste (autre avatar du marxisme d'ailleurs) avec, si tu veux, le marxisme pur et dur et originel^^
Je dis que tout ce qui a découlé du marxisme a été néfaste jusqu'à ce jour.
Je n'oublie pas non plus que Marx lui-même a viré des anars (notamment Bakounine), avait un côté despotique, etc.
Et que la plupart de ses théories les plus intéressantes étaient en réalité grandement pompées à Proudhon.

Salutations Anarchistes !
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Re: reunion publique du CCI

Messagede Pierre-Joseph le Sam 19 Jan 2019 16:46

Je suis surpris que tu daignes répondre à des antémarx comme nous. Fais gaffes quand même, je me demande si tu risques pas l'excommunication!
J'ai vu ce que tu racontes de la Marseillaise et de l'Internationale mais je sais pas trop quoi te répondre tant on n'est d'accord sur rien. Pourtant, moi aussi, je préfère l'Internationale parce que ses six couplets sont plus riches en contenu, plus travaillé, plus réfléchi aussi, il me semble.
Je veux rappeler quand même que cette chanson est d'Eugène Pottier, un communard, un vrai. L'Internationale est un chant révolutionnaire de la Commune et non des bolchéviques qui l'ont massacré. A ce titre, l'Internationale a subi a peu près le même sort que la Marseillaise, puisqu'elle était probablement aussi un chant authentiquement révolutionnaire avant que d'autres ne s'en empare…
Pour ce qui est des petits patrons et commerçants, je me fous royalement de leurs revendications particulières et sectorielles. Ce qui m'intéresse en revanche, c'est qu'ils ont (ceux qui ont endossé un gilet jaune) rejoint un mouvement bien plus large que leur petite corporation, sur une base horizontale, où ils ne cherchent pas à influer outre mesure. Je dis simplement qu'ils doivent être entendus autant que les autres parce que c'est cela le peuple, même si c'est cela aussi qui déplaît tant aux centrales syndicales qui ont crié dès le départ au poujadisme.
Cette jonction, où le peuple se retrouve comme un seul homme, est le point de départ de toute révolution. C'est ce que les révolutionnaires n'ont pas réussi à réaliser depuis la Commune, c'est ce que les marxistes ont toujours combattu en opposant systématiquement, par leur dialectique, une partie du peuple contre une autre, pendant que les puissants, eux, se gavent et se marrent.
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Re: reunion publique du CCI

Messagede frigouret le Sam 19 Jan 2019 17:16

Le grand Pan est mort ! Les dieux sont partis ; les rois s’en vont ; le privilége s’efface ; tout le monde se classe parmi les ouvriers. Tandis que le goût du bien-être et de l’élégance arrache la multitude au sans-culotisme, l’aristocratie, effrayée de son petit nombre, cherche son salut dans les rangs de la petite bourgeoisie. La France, accusant de plus en plus son véritable caractère, donne le branle au monde, et la Révolution apparaît triomphante, incarnée dans la classe moyenne.



P.-J. Proudhon.
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Re: reunion publique du CCI

Messagede Protesta le Lun 21 Jan 2019 23:36

Protesta tu dis que : Chanter la Marseillaise ne prouve rien en définitive, les Bolchéviks la chantaient eux mêmes et ce fût à une époque un chant révolutionnaire . Effectivement c'est un chant révolutionnaire mais c'est le chant de la révolution bourgeoise mais pas le chant de la révolution prolétarienne. Au début de la révolution russe en février ce chant fut repris par les bolchévicks mais il faut remettre ça dans son contexte. Les bolchévicks restaient en Russie défendaient que la tache essentielle était d'instituer un régime républicain démocratique. On peut comprendre qu'avec cette position la marseillaise soit reprise. Mais cette position n'était pas défendue par les bolchévicks qui étaient en éxile et notamment par Lénine. Dés son arrivée en gare en Finlande, Lénine se détournant de la délegation du comité exécutif déclare.je cite un passage du livre de Trotsky (histoire de la révolution russe. Premier tome fevrier)
Chers camarades, soldats matelot et ouvrier, je suis heureux de saluer en vous la révolutrion russe victorieuse, de vous saluer comme l'avant garde de l'armée prolétarienne mondiale…
Petit a petit ce n'est plus la marseillaise qui sera chantée, celle-ci sera laissée aux force de la contre révolution mais l'internationale
Concernant la commune, il faut voir la dynamique. Si au départ il y a eu une resistance du peuple contre l'envahisseur prussien, très vite face à la misére, le prolétariat va prendre la direction de la lutte, instaurer la commune et prendre des mesures économiques et politique et affirmer le principe de l'internationalisme prolétarien mais ce n'est pas le chemin que prend le mouvement des gilets jaunes et qu'il ne peut pas prendre vu que la classe ouvriére n'est pas présente en tant que classe avec ses méthodes de lutte que sont les greves et les AG ouverte a tous.


Tu veux me faire croire que les révolutions ne se résument qu'en chansons? Les chansons sont accessoire, quand tu me parle de la marseillaise que les bolchéviks chantaient pour instituer un régime républicain démocratique, semble être un "noyage" de poisson ou ça y ressemble, et je pourrais aussi te dire que l'internationale est un hymne Stalinien avec ta logique. Moi ce que je constate, c'est qu'il y a une partie du prolétariat, qui n'a quasiment jamais combattu, contre la bourgeoisie, ou contre qui que ce soit et qu'ils prennent les références qu'ils connaissent et ça ne prouve en rien leur sois disant nationalisme c'est un peu les affublés de quelque chose qu'ils ne sont pas dans l’ensemble. Ces gens là sont en train de découvrir la nature réelle de l'état et les slogans du genre "la police avec nous" sont passé un peu de mode au moins dans la ville de Toulouse.

pour le reste :

https://www.youtube.com/watch?v=BbddcUzWxek

regardez surtout la fin de cette vidéo s'est intéressant, les gens se forment à vitesse "grand V".
voila Ceux qui rêvent d'une révolution pure, ne comprennent rien à ce qu'est une véritable révolution.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT! Je vais bien... Si,Si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye!"
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Re: reunion publique du CCI

Messagede Protesta le Sam 16 Fév 2019 03:57

Pour info voici ce que dis le PC international dans leur canard

http://www.pcint.org/

Du mouvement des Gilets Jaunes à la reprise de la lutte prolétarienne de classe





Né comme un mouvement de protestation contre la hausse des taxes sur le diesel, le mouvement des Gilets Jaunes a presqu’immédiatement pris une autre envergure pour devenir une protestation contre les taxes et impôts. Porté par la sympathie générale parmi de larges couches de la population et jouissant au départ d’un accueil bienveillant des médias, il s’est élargi rapidement à toute une série de revendications sociales comme la hausse des retraites.

Les affrontements avec les forces policières à Paris et dans de nombreuses villes et la radicalisation des revendications politiques du mouvement, dont la démission de Macron était le point central, ont entraîné un changement d’attitude des médias mais aussi des forces politiques de l’opposition: toutes, de la droite à la gauche, avaient affirmé le soutenir (de Wauquiez revêtant un gilet jaune à Hollande encourageant les Gilets Jaunes à continuer leur action, sans parler de Mélenchon ou de Le Pen). Tout en déclarant «comprendre la colère» des Gilets Jaunes (comme le gouvernement!) les partis et politiciens divers ont prudemment fait marche arrière, tandis que les médias se mettaient à diffuser la propagande gouvernementale contre les «casseurs» et en soutien à la police.



Les pompiers syndicaux à la rescousse



Cela n’a pas suffi à arrêter la mobilisation et le gouvernement a même fait appel à un certain moment aux syndicats que, depuis son entrée en fonction, il avait laissé sur la touche: le 5 décembre Macron demandait «aux forces politiques, aux forces syndicales, au patronat, de lancer un appel clair et explicite au calme et au respect du cadre républicain» et Grivaux, le porte-parole du gouvernement, ajoutait que «le moment que nous vivons n’est plus à l’opposition politique mais à la République». Face au danger social, tous les syndicats et partis bourgeos doivent faire bloc! Répondant illico à cet appel à la défense de l’ordre établi, la CGT, la CFDT, FO, la FSU, l’UNSA, la CGC et la CFTC se réunissaient et rédigeaient un communiqué condamnant «toutes formes de violence dans l’expression des revendications»; et les organisations syndicales se félicitaient que le gouvernement ait «ouvert les portes du dialogue» (1).

Le 7 décembre, après une réunion avec Elisabeth Borne, la ministre des Transports et de l’écologie, la CGT et FO annulaient la grève illimitée des chauffeurs routiers qui devait commencer le lundi suivant; et le 10 décembre la CFDT et FO étaient reçues par le gouvernement, la CGT s’abstenant au dernier moment d’y aller pour conserver auprès de ses adhérents de base une apparence d’indépendance.

En fait si le gouvernement avait ouvert les portes aux représentants syndicaux, il déchaînait la brutalité policière et la répression contre les manifestants Gilets Jaunes: mobilisation de dizaines de milliers de policiers et de gendarmes (et même des gendarmes à cheval!), utilisation de toute une variété d’armes: divers types de grenades, quantité sans précédent de gaz lacrymogènes, flashballs, canons à eau, etc, et même fichage des Gilets Jaunes hospitalisés en utilisant une mesure promulguée dans le cadre de la lutte anti-terroriste!

On recensait parmi les victimes des services de police et de gendarmerie lors des manifestations de novembre et de décembre; environ 1700 blessés dont 82 graves (yeux crevés, mains arrachées, etc.) et une vieille dame tuée par une grenade (sans compter la dizaine de morts lors d’accidents sur les barrages). Selon le Ministère de la Justice plus de 5300 «gardes à vue» avaient eu lieu, de plus en plus souvent dans le cadre d’arrestations préventives, et des centaines de condamnation à des peines de prison ont été prononcées. L’attentat de Strasbourg a fourni le prétexte au gouvernement, enhardi également par la décrue du mouvement, pour démanteler la plupart des barrages et inciter les tribunaux à faire preuve de fermeté à l’égard des manifestants arrêtés.



Crise politique



Le mouvement des Gilets Jaunes a provoqué les premières véritables difficultés du gouvernement Macron. Sans doute n’est-ce pas la première fois qu’un mouvement de ce genre pose problème à un gouvernement: il suffit de se rappeler comment les «Bonnets Rouges» de Bretagne avaient contraint en 2013 le gouvernement Hollande à une humiliante et coûteuse reculade, après de violentes manifestations et une mobilisation massive. Initié par des sociétés de transport opposées à l’«écotaxe», auxquels s’étaient joints les exploitants agricoles de la FNSEA, ce mouvement avait entraîné derrière lui des ouvriers d’abattoirs en difficulté menés par FO, dans une orientation régionaliste clairement bourgeoise.

Cependant le mouvement des Gilets Jaunes se distingue de celui des Bonnets Rouges par le fait qu’il n’a jamais été dirigé par des organisations patronales. Il s’est développé et étendu en dehors d’organisations professionnelles ou politiques; même si des forces politiques de droite ou d’extrême droite ont contribué à sa naissance ou ont cherché à l’influencer, elles ont été vite marginalisées par son hostilité envers les partis et les syndicats en général.

Par la suite, son extension pratiquement d’emblée nationale, sa capacité à résister non seulement à la propagande des médias, à la répression, mais aussi aux promesses gouvernementales et aux manoeuvres de division visant à faire émerger un courant prêt au compromis avec les autorités, ont débouché une véritable crise politique. Le gouvernement qui se vantait de continuer quoi qu’il arrive sa politique dite de «réformes», en fait ses attaques antisociales, a été obligé d’abandonner la taxe prévue sur le diesel, et Macron a annoncé une série de mesures en faveur des plus pauvres.

Ce qui a motivé ce recul, c’est moins le mouvement en lui-même, que la crainte qu’il finisse par encourager les prolétaires à entrer en lutte sur leur propre terrain, le seul terrain mortel pour les bourgeois, celui de la lutte de classe contre l’exploitation capitaliste.

Centré sur les revendications anti-taxes, le mouvement des Gilets Jaunes est de nature petite-bourgeoise – comme le démontre le fait que jamais les patrons ni le système capitaliste ne sont pris pour cible de ses critiques. A l’instar de tous les mouvements petits bourgeois, si divers soient-ils, il se prétend au-dessus des classes, assurant défendre les intérêts de «tous les citoyens». Comme il affirme représenter «le peuple», «la nation», dans leur ensemble, il est bien naturel qu’il ait adopté comme emblèmes le drapeau français et la Marseillaise et qu’il utilise toute une imaginerie renvoyant à la révolution bourgeoise de 1789.

Cet interclassisme signifie aussi que des prolétaires y participent. Ils se reconnaissent non seulement dans l’hostilité au gouvernement, mais surtout dans des revendications comme la hausse des pensions, des minima sociaux et du SMIC (hausse du SMIC d’ailleurs combattue par les petits patrons Gilets Jaunes). La persistance du mouvement s’explique par son enracinement social, par la participation de nombreux prolétaires qui n’ont rien à perdre, et la sympathie qu’il rencontre auprès de larges couches exploitées, alors que les petits patrons et les catégories petites bourgeoises supérieures s’en détournent peu à peu. Cela signifie-t-il que le mouvement pourrait changer de nature et devenir prolétarien? Pour cela il faudrait qu’existe une force de classe assez puissante et organisée pour arracher les prolétaires à l’influence petite bourgeoise – ce qui est tout sauf le cas!

Mais le risque de contagion au prolétariat des usines et des grandes entreprises, en dépit du contrôle syndical, a néanmoins été jugé suffisamment grave pour décider le gouvernement à faire des concessions pour éteindre l’incendie.

Il n’y a pas de doute que nombre des mesures annoncées sont de la poudre aux yeux, comme l’augmentation du smic qui en réalité est simple prime versée à seulement une partie des travailleurs:(le gouvernement ne voulait surtout pas relever le taux horaire pour ne pas gêner les patrons); et que d’autres, comme l’organisation d’un «grand débat national» relèvent de la diversion.

Mais malgré tout, ces mesures – dont le coût est chiffré de 8 à 10 milliards d’euros en dépenses et en pertes de rentrées fiscales– se traduiraient par une hausse du déficit du budget. Ce qui représenterait un affaiblissement politique de l’impérialisme français en Europe au moment où il veut apparaître comme une force dirigeante.

Mais le souci principal des cercles bourgeois dirigeants n’est pas là: ils appréhendent que soit compromise la poursuite des attaques capitalistes qui ont été menées pour l’instant sans désemparer par le gouvernement.

Aussi, tout en repoussant les sujets les plus immédiatement brûlants, comme celui des retraites, le gouvernement a symboliquement réaffirmé sa détermination à garder le cap en publiant en fin d’année un décret durcissant les sanctions contre les chômeurs qui refuseraient une offre d’emploi ou rateraient un rendez-vous à Pôle-Emploi – alors même que des négociations sont toujours en cours sur une réforme de l’assurance-chômage. Et, lors d’une visite officielle en Allemagne, le premier ministre a affirmé devant plusieurs centaines de patrons qu’il voulait «frapper vite, frapper fort, agir de manière profonde». De son côté, le 11 janvier, à la veille de la neuvième journée de manifestation des Gilets Jaunes, Macron n’a pas hésité à attribuer ce mouvement à un «refus de l’effort»: pour les bourgeois en général et les banquiers en particulier les pauvres et les prolétaires ne font jamais assez d’efforts!

Il serait erroné de hausser les épaules devant ces coups de menton; ce qui s’exprime là c’est bien la détermination des capitalistes français, dont les taux de profit restent trop faibles par rapport à ceux des concurrents, à accroître toujours davantage l’exploitation des prolétaires – peut-être en accordant s’il le faut un répit aux couches petites bourgeoises.



Où vont les Gilets Jaunes?



Les manifestations de «l’acte 9» (12 janvier) ont montré un regain de la mobilisation (près de cent mille manifestants, selon les chiffres donnés par France Info), tandis que les enquêtes d’opinion attestent d’une approbation toujours très importante parmi les ouvriers et les employés. Mais les doutes et les divergences sur la suite à donner se manifestent davantage au sein du mouvement; certains leaders en perte de vitesse veulent constituer un parti politique ou participer en tout cas aux prochaines échéances électorales, alors que d’autres, tout en continuant à appeler à la mobilisation, se disent prêts à négocier avec Macron dont ils demandaient auparavant la démission. Dans certains endroits comme à Toulouse des assemblées de Gilets Jaunes ont fait appel aux syndicats. Se tourner vers les pompiers sociaux qui ont démontré et démontrent tous les jours leur attachement au statuquo est une preuve supplémentaire que le mouvement n’a rien de révolutionnaire comme se l’imaginent certains exaltés.



Le mirage du RIC



Cela est également démontré s’il le fallait par ce qui est devenu la revendication centrale des Gilets Jaunes: le référendum d’initiative citoyenne (RIC). Ce type de consultation qui existe en Suisse a toujours été un rêve pour les démocrates en France; sa revendication s’est répandue comme une traînée de poudre parmi les Gilets Jaunes, malgré les nombreuses expériences qui ont démontré qu’il s’agissait d’une farce, au même titre que les autres mécanismes électoraux de la démocratie bourgeoise. Il suffit de rappeler que malgré un «non» retentissant au référendum sur le traité de Maastricht, celui-ci a été ratifié par le parlement. A son époque, De Gaulle était un spécialiste du référendum: mais lorsqu’il avait essayé d’arrêter le mouvement de grève en mai 68 avec un référendum, la poursuite des manifestations et des grèves avait fait misérablement capoter sa tentative.

Mais, selon ses partisans, le RIC serait décidé à l’initiative des citoyens de base, ce qui empêcherait les manipulations par les politiciens vendus. En cela ils en font que montre leurs illusions démocratiques – illusions inhérentes à tout mouvement interclassiste, qui s’imagine défendre les intérêts de «tous les français» et qui entend seulement réformer la société du capital, non la détruire ni même la combattre.



La critique marxiste de la démocratie



La critique marxiste de la démocratie n’est pas basée sur les manoeuvres et les manipulations du pouvoir, mais sur la dénonciation du mensonge démocratique et de l’idéologie «citoyenne». Selon ce mensonge et cette idéologie, tous les individus seraient égaux (en droit) et capables, dans un régime démocratique, de déterminer la politique de l’Etat en exprimant leur opinion par un vote.

En réalité, comme chacun sait, les individus ne sont pas égaux; il y a des exploités, qui ne possèdent rien, et une minorité d’exploiteurs qui possèdent tout (ou presque). Ces exploiteurs constituent la classe dominante, qui s’appuie sur un appareil d’Etat constitué pour défendre cette inégalité en défendant le mode de production capitaliste. La classe dominante qui possède tous les moyens de production, possède aussi les moyens de production des «idées» (médias, école, institutions religieuses et étatiques, partis politiques, etc.); comme disait Marx, en temps normal les idées dominantes sont les idées de la classe dominante. Cela explique que les exploités votent «naturellement» pour des bourgeois, pour leurs patrons, etc.

Les choses changent quand les luttes de classe affaiblissent la domination de la classe bourgeoise sur la société; alors au moins une partie des prolétaires, une avant-garde, peut se libérer des idées dominantes – la majorité ne pourra le faire qu’après le renversement de la classe dominante et la fin de l’abrutissement par les institutions bourgeoises. Comme disait aussi Marx, la révolution est nécessaire y compris pour émanciper le cerveau des prolétaires et des masses. Mais si en théorie on peut imaginer que dans une situation d’affaiblissement de la domination bourgeoise, les élections puissent aboutir à des résultats contraires à ce qu’elle veut, il reste le fait que même dans le plus démocratique des régimes démocratiques, ce n’est pas le bulletin de vote qui détermine la politique de l’Etat, mais le fait que cet Etat est l’organe de la domination bourgeoise; et qu’il est en particulier sous la dépendance des groupes capitalistes les plus puissants (parfois contre d’autres groupes capitalistes plus faibles).

Qui peut croire que si un RIC tranquillement organisé donnait un résultat opposé aux intérêts des bourgeois, ceux-ci s’inclineraient gentiment? Seuls peuvent le croire les petits bourgeois qui refusent de voir la division de la société en classes antagoniques et qui s’imaginent que l’Etat, avec sa police, ses juges, etc., peut être au service de tous les «citoyens».

Les marxistes n’opposent pas une «vraie» démocratie qu’elle soit «de base», «directe», «participative», ou maintenant «des ronds-points», à une fausse, mais la lutte de classe contre les capitalistes, leur Etats et leur système économique, à la démocratie en général.



Une seule perspective: la reprise de la lutte de classe anticpaitaliste



La lutte de classe, poussée jusqu’au bout, jusqu’à la prise révolutionnaire du pouvoir, est le seul moyen pour les prolétaires de s’émanciper, en mettant fin au capitalisme. Mais c’est aussi le seul moyen pour les couches petites bourgeoises de combattre avec succès le capitalisme qui les broie. Le Manifeste du Parti Communiste expliquait que les classes moyennes peuvent devenir révolutionnaires dans la mesure où elles abandonnent leur point de vue de classe pour adhérer à celui du prolétariat (2).

La croyance que des «actes» à répétition finiront par obtenir de l’Etat bourgeois un changement radical en faveur des exploités, est une illusion complète. Il n’y a pas d’autre solution que la reprise de la lutte prolétarienne de classe, de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme et l’Etat bourgeois. S’engager dans la lutte de classe signifie rompre dans les faits avec le mensonge démocratique de l’égalité de tous les «citoyens». Les «citoyens» comme le «peuple» sont divisés en classes aux intérêts opposés; c’est la lutte au sein des citoyens, au sein du peuple, et l’organisation indépendante de classe qui est la seule voie de l’émancipation. Par contre, l’unité démocratique des citoyens et du peuple signifie pour les prolétaires renoncer à défendre leurs intérêts propres, donc rester éternellement dominés et exploités.

L’objectif doit être le renversement, la destruction, de l’Etat bourgeois et son remplacement par l’Etat de la dictature du prolétariat qui sera un «demi-Etat» comme disait Engels, parce qu’il ne reposera pas principalement sur une bureaucratie, mais sur la participation des masses les plus larges aux «affaires publiques»; et non pas sa démocratisation, comme le veulent les démocrates petits bourgeois. Démocrate ou dictatorial, l’Etat bourgeois est toujours au service du capitalisme contre le prolétariat et les masses exploitées.

Cet objectif ne peut pas être immédiat, mais c’est le seul réaliste. En tant que tel, le mouvement des Gilets Jaunes ne peut constituer une étape vers cette alternative. Mais la détermination et la ténacité dont il fait preuve et qui sont largement dues à la présence de prolétaires en son sein, doivent servir d’exemple pour les futures luttes ouvrières (3). L’aggravation des tensions sociales dont l’apparition des Gilets Jaunes est la démonstration, se traduira tôt ou tard mais inévitablement par de nouvelles luttes prolétariennes.

Si au cours de celles-ci une minorité au moins des prolétaires trouve la force de se libérer de la tutelle paralysante des syndicats et autres organisations collaborationnistes pour mener les luttes sur des positions de classe, alors ils auront fait un premier pas significatif vers leur émancipation, et celle de tous les opprimés, du maudit système capitaliste.





(1) Présent à la réunion de l’intersyndicale, Solidaires (Sud) a refusé de signer, estimant que ce communiqué était «hors sol». En réalité il n’est pas du tout hors sol; il correspond très exactement au rôle de conservation sociale et de sabotage des luttes des appareils syndicaux collaborationnistes, et en particulier de l’intersyndicale dont fait partie Solidaire, comme l’a encore démontré la défaite organisée de la lutte des cheminots l’année dernière.

(2) «Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu’elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires: elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat» cf Le Manifeste, ch. 1, «Bourgeois et prolétaires».

(3) Le Monde des 13-14/1/19 cite un professeur qui écrit cyniquement à propos des Gilets Jaunes: «Un des éléments de force des personnes mobilisées (...) c’est que contrairement à des militants syndicaux habitués à la défaite et à la résignation elles acceptent moins facilement de rentrer chez elles». Cette habitude de la défaite et de la résignation, c’est l’oeuvre du syndicalisme de collaboration de classe.



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Re: reunion publique du CCI

Messagede Protesta le Sam 16 Fév 2019 03:58

Pour info voici ce que dis le PC international dans leur canard

http://www.pcint.org/

Du mouvement des Gilets Jaunes à la reprise de la lutte prolétarienne de classe





Né comme un mouvement de protestation contre la hausse des taxes sur le diesel, le mouvement des Gilets Jaunes a presqu’immédiatement pris une autre envergure pour devenir une protestation contre les taxes et impôts. Porté par la sympathie générale parmi de larges couches de la population et jouissant au départ d’un accueil bienveillant des médias, il s’est élargi rapidement à toute une série de revendications sociales comme la hausse des retraites.

Les affrontements avec les forces policières à Paris et dans de nombreuses villes et la radicalisation des revendications politiques du mouvement, dont la démission de Macron était le point central, ont entraîné un changement d’attitude des médias mais aussi des forces politiques de l’opposition: toutes, de la droite à la gauche, avaient affirmé le soutenir (de Wauquiez revêtant un gilet jaune à Hollande encourageant les Gilets Jaunes à continuer leur action, sans parler de Mélenchon ou de Le Pen). Tout en déclarant «comprendre la colère» des Gilets Jaunes (comme le gouvernement!) les partis et politiciens divers ont prudemment fait marche arrière, tandis que les médias se mettaient à diffuser la propagande gouvernementale contre les «casseurs» et en soutien à la police.



Les pompiers syndicaux à la rescousse



Cela n’a pas suffi à arrêter la mobilisation et le gouvernement a même fait appel à un certain moment aux syndicats que, depuis son entrée en fonction, il avait laissé sur la touche: le 5 décembre Macron demandait «aux forces politiques, aux forces syndicales, au patronat, de lancer un appel clair et explicite au calme et au respect du cadre républicain» et Grivaux, le porte-parole du gouvernement, ajoutait que «le moment que nous vivons n’est plus à l’opposition politique mais à la République». Face au danger social, tous les syndicats et partis bourgeos doivent faire bloc! Répondant illico à cet appel à la défense de l’ordre établi, la CGT, la CFDT, FO, la FSU, l’UNSA, la CGC et la CFTC se réunissaient et rédigeaient un communiqué condamnant «toutes formes de violence dans l’expression des revendications»; et les organisations syndicales se félicitaient que le gouvernement ait «ouvert les portes du dialogue» (1).

Le 7 décembre, après une réunion avec Elisabeth Borne, la ministre des Transports et de l’écologie, la CGT et FO annulaient la grève illimitée des chauffeurs routiers qui devait commencer le lundi suivant; et le 10 décembre la CFDT et FO étaient reçues par le gouvernement, la CGT s’abstenant au dernier moment d’y aller pour conserver auprès de ses adhérents de base une apparence d’indépendance.

En fait si le gouvernement avait ouvert les portes aux représentants syndicaux, il déchaînait la brutalité policière et la répression contre les manifestants Gilets Jaunes: mobilisation de dizaines de milliers de policiers et de gendarmes (et même des gendarmes à cheval!), utilisation de toute une variété d’armes: divers types de grenades, quantité sans précédent de gaz lacrymogènes, flashballs, canons à eau, etc, et même fichage des Gilets Jaunes hospitalisés en utilisant une mesure promulguée dans le cadre de la lutte anti-terroriste!

On recensait parmi les victimes des services de police et de gendarmerie lors des manifestations de novembre et de décembre; environ 1700 blessés dont 82 graves (yeux crevés, mains arrachées, etc.) et une vieille dame tuée par une grenade (sans compter la dizaine de morts lors d’accidents sur les barrages). Selon le Ministère de la Justice plus de 5300 «gardes à vue» avaient eu lieu, de plus en plus souvent dans le cadre d’arrestations préventives, et des centaines de condamnation à des peines de prison ont été prononcées. L’attentat de Strasbourg a fourni le prétexte au gouvernement, enhardi également par la décrue du mouvement, pour démanteler la plupart des barrages et inciter les tribunaux à faire preuve de fermeté à l’égard des manifestants arrêtés.



Crise politique



Le mouvement des Gilets Jaunes a provoqué les premières véritables difficultés du gouvernement Macron. Sans doute n’est-ce pas la première fois qu’un mouvement de ce genre pose problème à un gouvernement: il suffit de se rappeler comment les «Bonnets Rouges» de Bretagne avaient contraint en 2013 le gouvernement Hollande à une humiliante et coûteuse reculade, après de violentes manifestations et une mobilisation massive. Initié par des sociétés de transport opposées à l’«écotaxe», auxquels s’étaient joints les exploitants agricoles de la FNSEA, ce mouvement avait entraîné derrière lui des ouvriers d’abattoirs en difficulté menés par FO, dans une orientation régionaliste clairement bourgeoise.

Cependant le mouvement des Gilets Jaunes se distingue de celui des Bonnets Rouges par le fait qu’il n’a jamais été dirigé par des organisations patronales. Il s’est développé et étendu en dehors d’organisations professionnelles ou politiques; même si des forces politiques de droite ou d’extrême droite ont contribué à sa naissance ou ont cherché à l’influencer, elles ont été vite marginalisées par son hostilité envers les partis et les syndicats en général.

Par la suite, son extension pratiquement d’emblée nationale, sa capacité à résister non seulement à la propagande des médias, à la répression, mais aussi aux promesses gouvernementales et aux manoeuvres de division visant à faire émerger un courant prêt au compromis avec les autorités, ont débouché une véritable crise politique. Le gouvernement qui se vantait de continuer quoi qu’il arrive sa politique dite de «réformes», en fait ses attaques antisociales, a été obligé d’abandonner la taxe prévue sur le diesel, et Macron a annoncé une série de mesures en faveur des plus pauvres.

Ce qui a motivé ce recul, c’est moins le mouvement en lui-même, que la crainte qu’il finisse par encourager les prolétaires à entrer en lutte sur leur propre terrain, le seul terrain mortel pour les bourgeois, celui de la lutte de classe contre l’exploitation capitaliste.

Centré sur les revendications anti-taxes, le mouvement des Gilets Jaunes est de nature petite-bourgeoise – comme le démontre le fait que jamais les patrons ni le système capitaliste ne sont pris pour cible de ses critiques. A l’instar de tous les mouvements petits bourgeois, si divers soient-ils, il se prétend au-dessus des classes, assurant défendre les intérêts de «tous les citoyens». Comme il affirme représenter «le peuple», «la nation», dans leur ensemble, il est bien naturel qu’il ait adopté comme emblèmes le drapeau français et la Marseillaise et qu’il utilise toute une imaginerie renvoyant à la révolution bourgeoise de 1789.

Cet interclassisme signifie aussi que des prolétaires y participent. Ils se reconnaissent non seulement dans l’hostilité au gouvernement, mais surtout dans des revendications comme la hausse des pensions, des minima sociaux et du SMIC (hausse du SMIC d’ailleurs combattue par les petits patrons Gilets Jaunes). La persistance du mouvement s’explique par son enracinement social, par la participation de nombreux prolétaires qui n’ont rien à perdre, et la sympathie qu’il rencontre auprès de larges couches exploitées, alors que les petits patrons et les catégories petites bourgeoises supérieures s’en détournent peu à peu. Cela signifie-t-il que le mouvement pourrait changer de nature et devenir prolétarien? Pour cela il faudrait qu’existe une force de classe assez puissante et organisée pour arracher les prolétaires à l’influence petite bourgeoise – ce qui est tout sauf le cas!

Mais le risque de contagion au prolétariat des usines et des grandes entreprises, en dépit du contrôle syndical, a néanmoins été jugé suffisamment grave pour décider le gouvernement à faire des concessions pour éteindre l’incendie.

Il n’y a pas de doute que nombre des mesures annoncées sont de la poudre aux yeux, comme l’augmentation du smic qui en réalité est simple prime versée à seulement une partie des travailleurs:(le gouvernement ne voulait surtout pas relever le taux horaire pour ne pas gêner les patrons); et que d’autres, comme l’organisation d’un «grand débat national» relèvent de la diversion.

Mais malgré tout, ces mesures – dont le coût est chiffré de 8 à 10 milliards d’euros en dépenses et en pertes de rentrées fiscales– se traduiraient par une hausse du déficit du budget. Ce qui représenterait un affaiblissement politique de l’impérialisme français en Europe au moment où il veut apparaître comme une force dirigeante.

Mais le souci principal des cercles bourgeois dirigeants n’est pas là: ils appréhendent que soit compromise la poursuite des attaques capitalistes qui ont été menées pour l’instant sans désemparer par le gouvernement.

Aussi, tout en repoussant les sujets les plus immédiatement brûlants, comme celui des retraites, le gouvernement a symboliquement réaffirmé sa détermination à garder le cap en publiant en fin d’année un décret durcissant les sanctions contre les chômeurs qui refuseraient une offre d’emploi ou rateraient un rendez-vous à Pôle-Emploi – alors même que des négociations sont toujours en cours sur une réforme de l’assurance-chômage. Et, lors d’une visite officielle en Allemagne, le premier ministre a affirmé devant plusieurs centaines de patrons qu’il voulait «frapper vite, frapper fort, agir de manière profonde». De son côté, le 11 janvier, à la veille de la neuvième journée de manifestation des Gilets Jaunes, Macron n’a pas hésité à attribuer ce mouvement à un «refus de l’effort»: pour les bourgeois en général et les banquiers en particulier les pauvres et les prolétaires ne font jamais assez d’efforts!

Il serait erroné de hausser les épaules devant ces coups de menton; ce qui s’exprime là c’est bien la détermination des capitalistes français, dont les taux de profit restent trop faibles par rapport à ceux des concurrents, à accroître toujours davantage l’exploitation des prolétaires – peut-être en accordant s’il le faut un répit aux couches petites bourgeoises.



Où vont les Gilets Jaunes?



Les manifestations de «l’acte 9» (12 janvier) ont montré un regain de la mobilisation (près de cent mille manifestants, selon les chiffres donnés par France Info), tandis que les enquêtes d’opinion attestent d’une approbation toujours très importante parmi les ouvriers et les employés. Mais les doutes et les divergences sur la suite à donner se manifestent davantage au sein du mouvement; certains leaders en perte de vitesse veulent constituer un parti politique ou participer en tout cas aux prochaines échéances électorales, alors que d’autres, tout en continuant à appeler à la mobilisation, se disent prêts à négocier avec Macron dont ils demandaient auparavant la démission. Dans certains endroits comme à Toulouse des assemblées de Gilets Jaunes ont fait appel aux syndicats. Se tourner vers les pompiers sociaux qui ont démontré et démontrent tous les jours leur attachement au statuquo est une preuve supplémentaire que le mouvement n’a rien de révolutionnaire comme se l’imaginent certains exaltés.



Le mirage du RIC



Cela est également démontré s’il le fallait par ce qui est devenu la revendication centrale des Gilets Jaunes: le référendum d’initiative citoyenne (RIC). Ce type de consultation qui existe en Suisse a toujours été un rêve pour les démocrates en France; sa revendication s’est répandue comme une traînée de poudre parmi les Gilets Jaunes, malgré les nombreuses expériences qui ont démontré qu’il s’agissait d’une farce, au même titre que les autres mécanismes électoraux de la démocratie bourgeoise. Il suffit de rappeler que malgré un «non» retentissant au référendum sur le traité de Maastricht, celui-ci a été ratifié par le parlement. A son époque, De Gaulle était un spécialiste du référendum: mais lorsqu’il avait essayé d’arrêter le mouvement de grève en mai 68 avec un référendum, la poursuite des manifestations et des grèves avait fait misérablement capoter sa tentative.

Mais, selon ses partisans, le RIC serait décidé à l’initiative des citoyens de base, ce qui empêcherait les manipulations par les politiciens vendus. En cela ils en font que montre leurs illusions démocratiques – illusions inhérentes à tout mouvement interclassiste, qui s’imagine défendre les intérêts de «tous les français» et qui entend seulement réformer la société du capital, non la détruire ni même la combattre.



La critique marxiste de la démocratie



La critique marxiste de la démocratie n’est pas basée sur les manoeuvres et les manipulations du pouvoir, mais sur la dénonciation du mensonge démocratique et de l’idéologie «citoyenne». Selon ce mensonge et cette idéologie, tous les individus seraient égaux (en droit) et capables, dans un régime démocratique, de déterminer la politique de l’Etat en exprimant leur opinion par un vote.

En réalité, comme chacun sait, les individus ne sont pas égaux; il y a des exploités, qui ne possèdent rien, et une minorité d’exploiteurs qui possèdent tout (ou presque). Ces exploiteurs constituent la classe dominante, qui s’appuie sur un appareil d’Etat constitué pour défendre cette inégalité en défendant le mode de production capitaliste. La classe dominante qui possède tous les moyens de production, possède aussi les moyens de production des «idées» (médias, école, institutions religieuses et étatiques, partis politiques, etc.); comme disait Marx, en temps normal les idées dominantes sont les idées de la classe dominante. Cela explique que les exploités votent «naturellement» pour des bourgeois, pour leurs patrons, etc.

Les choses changent quand les luttes de classe affaiblissent la domination de la classe bourgeoise sur la société; alors au moins une partie des prolétaires, une avant-garde, peut se libérer des idées dominantes – la majorité ne pourra le faire qu’après le renversement de la classe dominante et la fin de l’abrutissement par les institutions bourgeoises. Comme disait aussi Marx, la révolution est nécessaire y compris pour émanciper le cerveau des prolétaires et des masses. Mais si en théorie on peut imaginer que dans une situation d’affaiblissement de la domination bourgeoise, les élections puissent aboutir à des résultats contraires à ce qu’elle veut, il reste le fait que même dans le plus démocratique des régimes démocratiques, ce n’est pas le bulletin de vote qui détermine la politique de l’Etat, mais le fait que cet Etat est l’organe de la domination bourgeoise; et qu’il est en particulier sous la dépendance des groupes capitalistes les plus puissants (parfois contre d’autres groupes capitalistes plus faibles).

Qui peut croire que si un RIC tranquillement organisé donnait un résultat opposé aux intérêts des bourgeois, ceux-ci s’inclineraient gentiment? Seuls peuvent le croire les petits bourgeois qui refusent de voir la division de la société en classes antagoniques et qui s’imaginent que l’Etat, avec sa police, ses juges, etc., peut être au service de tous les «citoyens».

Les marxistes n’opposent pas une «vraie» démocratie qu’elle soit «de base», «directe», «participative», ou maintenant «des ronds-points», à une fausse, mais la lutte de classe contre les capitalistes, leur Etats et leur système économique, à la démocratie en général.



Une seule perspective: la reprise de la lutte de classe anticpaitaliste



La lutte de classe, poussée jusqu’au bout, jusqu’à la prise révolutionnaire du pouvoir, est le seul moyen pour les prolétaires de s’émanciper, en mettant fin au capitalisme. Mais c’est aussi le seul moyen pour les couches petites bourgeoises de combattre avec succès le capitalisme qui les broie. Le Manifeste du Parti Communiste expliquait que les classes moyennes peuvent devenir révolutionnaires dans la mesure où elles abandonnent leur point de vue de classe pour adhérer à celui du prolétariat (2).

La croyance que des «actes» à répétition finiront par obtenir de l’Etat bourgeois un changement radical en faveur des exploités, est une illusion complète. Il n’y a pas d’autre solution que la reprise de la lutte prolétarienne de classe, de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme et l’Etat bourgeois. S’engager dans la lutte de classe signifie rompre dans les faits avec le mensonge démocratique de l’égalité de tous les «citoyens». Les «citoyens» comme le «peuple» sont divisés en classes aux intérêts opposés; c’est la lutte au sein des citoyens, au sein du peuple, et l’organisation indépendante de classe qui est la seule voie de l’émancipation. Par contre, l’unité démocratique des citoyens et du peuple signifie pour les prolétaires renoncer à défendre leurs intérêts propres, donc rester éternellement dominés et exploités.

L’objectif doit être le renversement, la destruction, de l’Etat bourgeois et son remplacement par l’Etat de la dictature du prolétariat qui sera un «demi-Etat» comme disait Engels, parce qu’il ne reposera pas principalement sur une bureaucratie, mais sur la participation des masses les plus larges aux «affaires publiques»; et non pas sa démocratisation, comme le veulent les démocrates petits bourgeois. Démocrate ou dictatorial, l’Etat bourgeois est toujours au service du capitalisme contre le prolétariat et les masses exploitées.

Cet objectif ne peut pas être immédiat, mais c’est le seul réaliste. En tant que tel, le mouvement des Gilets Jaunes ne peut constituer une étape vers cette alternative. Mais la détermination et la ténacité dont il fait preuve et qui sont largement dues à la présence de prolétaires en son sein, doivent servir d’exemple pour les futures luttes ouvrières (3). L’aggravation des tensions sociales dont l’apparition des Gilets Jaunes est la démonstration, se traduira tôt ou tard mais inévitablement par de nouvelles luttes prolétariennes.

Si au cours de celles-ci une minorité au moins des prolétaires trouve la force de se libérer de la tutelle paralysante des syndicats et autres organisations collaborationnistes pour mener les luttes sur des positions de classe, alors ils auront fait un premier pas significatif vers leur émancipation, et celle de tous les opprimés, du maudit système capitaliste.





(1) Présent à la réunion de l’intersyndicale, Solidaires (Sud) a refusé de signer, estimant que ce communiqué était «hors sol». En réalité il n’est pas du tout hors sol; il correspond très exactement au rôle de conservation sociale et de sabotage des luttes des appareils syndicaux collaborationnistes, et en particulier de l’intersyndicale dont fait partie Solidaire, comme l’a encore démontré la défaite organisée de la lutte des cheminots l’année dernière.

(2) «Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu’elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires: elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat» cf Le Manifeste, ch. 1, «Bourgeois et prolétaires».

(3) Le Monde des 13-14/1/19 cite un professeur qui écrit cyniquement à propos des Gilets Jaunes: «Un des éléments de force des personnes mobilisées (...) c’est que contrairement à des militants syndicaux habitués à la défaite et à la résignation elles acceptent moins facilement de rentrer chez elles». Cette habitude de la défaite et de la résignation, c’est l’oeuvre du syndicalisme de collaboration de classe.



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