frigouret a écrit:Tu veux dire que parler un français très châtié est une arme de dominations ? Que subjugué par le classique de sa patronne de Madame la bonne agirait contre sa volonté ou ses intérêts? Cela me paraît très caricatural.
Bon, c’est le problème quand on donne un exemple rapidement, sans le développer, pour tenter de se faire comprendre par une illustration : on est amené à forcer le trait. Développons donc.
1 – La langue française, telle qu’elle est construite aujourd’hui est inutilement complexe.
Prenons l’exemple de l’accord du participe passé et faisons preuve d’honnêteté intellectuelle : lequel d’entre nous en connaît toutes les règles ? Je ne parle pas des 2 grandes règles, mais de l’ensemble, avec les exceptions, soit au moins 15 cas de figure.
Sur le plan de la communication, ces multiples règles et exceptions n’apportent strictement rien, par contre, elles favorisent les « fautes d’orthographe » et les erreurs.
Pour nous amuser un peu, à la fin de ce post, je donne les 15 règles dont je parle (que je tire bien évidemment d’un cours de grammaire). Testez vos connaissances, vous serez peut-être surpris par... votre ignorance, même si vous êtes un locuteur natif et cultivé.
2 – Ces complications, multiples et variées, rendent la maîtrise de la langue difficile pour ceux qui n’ont pas bu à la mamelle familiale « Le bon usage » de Grevisse (une des grammaires de référence qui fait tout de même 1 800 pages).
Elles la rendent même extrêmement difficile pour les personnes issues de milieux qui « massacrent » quelque peu la langue (en particulier, dans le quart monde).
3 – La maitrise de la langue dans laquelle ont est amené à s’exprimer, à un moment ou à un autre, permet, peu ou prou selon les circonstances, de dominer celui qui ne la maitrise pas.
Deux exemples :
- Je prends le premier dans « Le Monde » du 9 VIII 2016. C’est bien sûr un cas extrême, (mais, comme toujours, le cas extrême facilite à mon avis la compréhension du cas général, même s’il faut ensuite le remettre en perspective) :
« Un touriste chinois visitant l’Europe a été envoyé dans un camp de réfugiés pendant deux semaines … L’homme de 31 ans, …, s’est fait voler son portefeuille en visitant la ville de Heidelberg. Ne parlant que mandarin, il veut signaler le vol mais se rend à la mairie au lieu du commissariat. Ne parlant pas mandarin, le fonctionnaire prend « Mr. L » pour un réfugié et lui tend une demande d’asile, qu’il remplit et signe, … ».
Un peu de maitrise de l’allemand aurait évité bien des avanies à ce Chinois…
- Le second exemple, beaucoup plus quotidien, j’en ai été témoin : c’est celui d’un « jeune de banlieue » au français justement quelque peu « jeune » et « banlieusard », qui exprime son avis dans une sorte « d’assemblée (pseudo) citoyenne » de quartier. On le laisse parler, et, quand il commence à critiquer, il se fait couper la parole au motif que ce qu’il dit est du charabia, qu’on ne le comprend pas bien (personnellement, j’ai parfaitement compris malgré quelques constructions grammaticalement douteuses) et qu’il devrait avoir une grosse honte de s’exprimer aussi mal en public, le tout sous les huées de la partie de la salle qui « parle bien ».
Affaire pliée. Plus aucun jeune ne prend la parole ce soir là ni au cours des « concertations » suivantes.
C'est ainsi, quand on ne maitrise pas la langue et qu’on est confronté à des gens qui vous le font remarquer, ou quand on est confronté à certains documents administratifs, à certains règlements, à des « exploits » d’huissier, à des décisions de justice… on a de fortes chances de ne pas les comprendre dans leur entièreté. Dans ces différents cas on peut ressentir un fort sentiment d’impuissance, d’humiliation, et intérioriser son « infériorité »... C’est exactement le même type de mécanisme que celui qui est à l’œuvre avec la « hiérarchie des genres » que dénonce Alpheratz. Je comprendrais mal que l’on remette l’un de ces mécanismes en cause en s’obstinant à conserver l’autre.
Amitiés,
PETIT JEU :TESTEZ VOS CONNAISSANCES EN GRAMMAIRE FRANCAISE.
LE CAS DU PARTICIPE PASSE (pp) – REGLES ACTUELLEMENT EN VIGUEUR1. Le pp employé « seul » s’accorde avec le mot auquel il se rapporte.
2. Le pp employé avec être (sembler, devenir, paraître, demeurer, rester...) s’accorde avec le sujet du verbe (ou avec « son » sujet).
3. Le pp employé avec avoir (a) s’accorde avec le (son) c.o.d. placé avant et (b) reste invariable s’il n’y a pas de c.o.d. ou (c) si ce c.o.d. est placé après.
4. Le pp d’un verbe accidentellement pronominal réfléchi ou réciproque s’accorde avec le pronom c.o.d. réfléchi ou réciproque placé avant [comme si le verbe être était le verbe avoir].
5. Le pp d’un verbe essentiellement pronominal ou d’un verbe pronominal passif s’accorde avec le sujet du verbe (ou avec « son » sujet).
6. Le pp « conjugué » avec avoir suivi d’un infinitif (a) s’accorde avec le c.o.d. qui précède le verbe si ce c.o.d. fait l’action exprimée par l’infinitif mais (b) reste invariable s’il la subit.
7. Le pp d’un verbe impersonnel reste invariable.
8. Les pp des verbes intransitifs coûté, valu, pesé, etc. restent invariables quand ils sont accompagnés d’un complément circonstanciel de prix, de valeur, de poids, etc. mais s’accordent avec le (leur) c.o.d. si le verbe « devient » transitif.
9. Les pp ci-joint, ci-inclus, ci-annexé s’accordent quand ils sont épithètes
ou attributs et quand ils ont valeur qualificative ou prédicative mais restent invariables quand ils ont valeur adverbiale.
10. Les pp attendu, y compris, non compris , etc. placés devant le nom ou le pronom s’emploient comme prépositions et restent invariables ; mais ils sont variables quand ils sont placés après le nom ou le pronom ou s’ils sont placés devant par inversion.
11. Le pp étant donné peut rester invariable ou suivre les règles de attendu, y compris, non compris, etc.
12. Les pp dit, dû, cru, su, pu, voulu, etc. restent invariables s’ils sont suivis d’un c.o.d. infinitif ou d’une proposition c.o.d. « sous-entendue ».
13. Les pp suivis d’un attribut du c.o.d. s’accordent souvent avec ce c.o.d. si celui-ci les précède.
14. Le pp reste invariable si son c.o.d. est un l’ mis pour cela, représentant une idée ou une proposition ; il s’accorde si ce l’ représente un nom.
15. Le pp précédé d’un collectif ou d’un adverbe de quantité s’accorde selon le sens avec ce collectif ou cet adverbe, ou avec son complément.
Alors, combien de fautes ?