"le changement dans la continuité"
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Déjà deux - 5 ans ans, tant d'argent et si peu de changement
▪ La faillite de Lehman, c'était il y a deux ans ( ccinq ans en 2013) jour pour jour. Avec le recul, la plupart des témoins et des acteurs de cet événement — qui marquera un tournant dans l'histoire du capitalisme — auraient aussi bien pu ne pas avoir lieu. En effet, l'argument du coût du sauvetage ne tient pas la route lorsque l'on fait les comptes de l'argent public englouti dans le sauvetage d'AIG (sans parler de Freddie Mac et Fannie Mae), dont les pertes furent générées par des activités spéculatives n'ayant pas grand-chose à voir avec son coeur de métier.
Mais l'arrogant Richard Fuld assumait très bien le rôle de méchant, avec cette expression du visage qui aurait pu lui valoir un premier rôle dans un film de gangster du temps de la prohibition. C'était à tel point qu'Henry Paulson n'a pas pu résister à la tentation de profiter de son statut de secrétaire au Trésor US (et ex-PDG de Goldman Sachs) pour éliminer l'un de ses plus féroces rivaux.
Le grand vainqueur de ce règlement de compte habillé à la va-vite d'une vague justification morale, c'est non seulement le "gouvernement Sachs" — resté seul maître du terrain en tant que banque d'affaires et devenant au passage le plus influent opérateur de Wall Street — mais également la Barclays. Cette dernière a en effet mis la main sur une bonne partie de la clientèle institutionnelle de Lehman, pour un prix symbolique correspondant à la valeur du seul immeuble new-yorkais hébergeant le quartier général du groupe.
Toutes ces turpitudes n'ont engendré que quelques déclarations d'intention en matière de limitation des prises de risque et de transparence des échanges. Notez qu'en la matière, rien n'a changé ; nul ne connaît à ce jour le détail des engagements à terme des banques américaines sur les dérivés de crédit traités de gré à gré avec des contreparties off-shore au cours des années 2004/2008.
Non, la crise n'a guère engendré de bouleversements concrets dans le monde de la finance... sauf bien sûr les nouvelles directives de "Bâle III" que les lobbys auront tôt fait de mettre en pièce si leur application s'avère compliquée ou trop coûteuse (c'est toujours trop cher !).
Les nouvelles normes ont été édictées dans un évident esprit de compromis. Mais comment ne pas s'étonner que leur application pleine et entière soit programmée pour 2018... après un démarrage en douceur en 2013 ?
▪ Il ne fait guère de doute que les vrais problèmes que les experts de la BCE entendent prévenir (en préconisant de porter les fonds propres à 7% d'ici sept ans) surgiront avant même que Jean-Claude Trichet achève son mandat ou que Barack Obama en brigue un second.
Les engagements pris par les uns pourraient être édulcorés par leurs successeurs. De toute façon, Christine Lagarde a déjà dévoilé le "mode de non-emploi" en expliquant que si les banques américaines n'appliquaient pas les directives de "Bâle III", il n'était pas question de les imposer de force aux banques européennes.
Bien conscients que "Bâle III" ne constitue pas (et ne constituera probablement pas) le garde-fou que beaucoup espéraient, Michel Barnier et la Commission européenne planchent sur un projet de limitation des ventes à découvert. Parallèlement, outre-Atlantique, la SEC a entamé une réflexion sur la limitation de l'usage des automates de gestion d'ordres de Bourse travaillant à la nanoseconde. Mais essayez distinguer le "flash trading" — tant décrié — des stratégies d'optimisation... de la gestion des portefeuilles indiciels — tant appréciée.
Le krach bancaire remonte à deux ans ? Quoi, deux ans déjà... et en dehors que de l'interdiction du "naked short" sur certaines catégories de titres (pas tous, que les dieux du Dow Jones en soient remerciés), tout continue de fonctionner comme au soir du 15 septembre 2008 à Wall Street.
C'est ce que l'on appelle "le changement dans la continuité"... un vrai slogan de campagne pour un candidat à la présidentielle en panne d'imagination.
Il ne faut pas s'étonner que la firme à la pomme — qui a fait de la compote de ses concurrents européens comme Nokia ou Ericsson mais aussi du Canadien Research in Motion — symbolise une réussite à l'américaine qui rejaillit sur Wall Street.
▪ Apple nuit gravement à la balance commerciale des Etats-Unis.
Sauf que le titre Apple n'est pas le reflet du succès de l'économie américaine, mais d'un modèle économique qui réussit à ses actionnaires mais nuit gravement à la balance commerciale des Etats-Unis.
Les profits d'Apple ne rapportent pas un dollar de recettes sur les dividendes au fisc américain, puisque la firme ne redistribue rien de ses profits stratosphériques.
Aujourd'hui, personne n'est en mesure de déterminer ce qu'Apple compte faire de ses 100 milliards de dollars de trésorerie, puisque la société ne saurait trouver sur le marché de cible plus rentable... qu'Apple
Mais c'est une marque de confiance dont le Japon se serait bien passé. Les autorités économiques nippones, sous l'impulsion du gouverneur de la Banque centrale, M. Shirakawa, .
Cela entraîne une débauche de milliards de dollars, probablement en pure perte : le seul message que les cambistes veulent entendre, c'est que la Fed s'abstiendra de faire tourner la plancher à billets au cours des prochains mois. Ils risquent d'attendre longtemps !
La croissance américaine tend vers zéro d'ici la fin de l'année. ).
Wall Street fait cependant comme si les profits des entreprises allaient s'envoler au cours des prochains mois... quand bien même les ventes stagneraient tandis que les marges ont recommencé à se contracter au milieu de l'été.
A terme, le bilan de la Fed devrait gonfler pour atteindre 3 500 milliards de dollars.
Tout le monde crée de la monnaie "out of thin air" ("à partir de rien", en anglais). Tout le monde imprime de nouvelles reconnaissances de dette en quantité illimitée — peu importe qu'il s'agisse de bons du Trésor ou de produits obligataires plus complexes. Tout le monde veut des taux éternellement très bas... Et surtout, tout le monde croit que ça va fonctionner comme ça très longtemps.
▪ Puisqu'il faut bien hiérarchiser un peu les problèmes que les discours officiels occultent, il y a d'abord la guerre des devises. .Est-il besoin de préciser que l'Espagne, la Grèce, l'Irlande et le Portugal se verraient attribuer de surcroît le costume de "plus gros dindons de la farce" ?
Compte tenu de la dévaluation compétitive du dollar et du yuan orchestrée depuis le début des années 2000 par les deux principaux concurrents de l'Eurozone, la politique de l'euro fort prônée par l'Allemagne achève de décimer le tissu économique des pays du Sud.
Il n'y a plus personne pour penser ouvertement que les choses pourraient mal tourner, en dehors de Nouriel Roubini, de Joseph Stiglitz ou de Jim Rogers, définitivement classés parmi les emmerdeurs des néolibéraux.
Déjà deux ans, tant d'argent et si peu de changement
16 sept 2010 | Philippe Béchade | Catégorie: Article
Reste-t-il un peu de courage dans l'avion ? Zebre plus ultra