Pénalisation ou dépénalisation?

Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Groucho Marx le Sam 23 Nov 2013 20:16

Les états d'âmes des prostituées tourangelles

Publié le jeudi 10 mars 2011 by Tribune
Catégories: société

« Aux plus belles années, nous faisions au minimum dix passes dans la soirée. Aujourd’hui, quand on en fait deux,c’est royal ». Le marché de la prostitution à Tours connaît un déclin marqué depuis une dizaine d’années comme l’explique Magalie (1) qui a commencé à vendre son corps en 1985 à Tours. Surla trentaine de péripatéticiennes connues à Tours (d’après les estimations de l’antenne tourangelle du mouvement du Nid, une association d’aide aux prostituées), les Françaises restent majoritaires.Elles facturent la fellation à 30 euros et "l’amour" à 50. Les filles d’origine africaine ou des pays de l’Est proposent les mêmes prestations moins chères. A la différence de municipalités comme celles d’Orléans ou du Mans qui ont durci leur réglementation pour chasser les prostituées du centre-ville, ce n’est pas le cas à Tours. « Déplacer le problème ailleurs ne résout rien. Au contraire, c’est les empêcher d’obtenir l’aide apportée par les associations et c’est aussi prendre le risque d’agressions de la part de certains clients ou proxénètes », explique Clémence Dauphin, conseillère municipale de Tours déléguée aux droits des femmes. Les prostituées qui sont là depuis plusieurs années se trouvent au niveau du boulevard Heurteloup,à pied ou dans des camionnettes. Les autres sont dans le quartier de la cathédrale (square FrançoisSicard, rue du petit pré…). « La police nous tolère tant qu’il n’y a pas de bazar », reconnait Magalie.Mais leurs effectifs baissent. « Elles étaient entre 45 et 50 il y a dix ans », précise Albert Gaudré,le délégué départemental en Indre-et-Loire du mouvement du Nid. Dans le même temps, la prostitution cachée s’est développée. Un groupe a été mis en place par le mouvement du Nid pour appréhender le phénomène (lire encadré) qui a explosé sur internet. « Nous ne pouvons pas le quantifier. Il est difficile d’entrer en contact avec celles ou ceux qui ont recours à ce procédé », déplore Magali Besnard,agent de développement de l’association. En tapant « Escort girl Tours » dans le moteur de recherche web « Google », 238 000 résultats sont référencés. La loi de sécurité intérieure adoptée le 18 mars 2003 a probablement participé au développement de ce phénomène. Elle a fait du racolage passif un délit qui expose à deux mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende. « Les prostituées sont passées du statut de victime à celui de coupable. Certaines n’ont plus été revues depuis », constate Albert Gaudré. Pour celles qui sont restées, la précarité persiste.La plupart ont été victimes de violence dans le passé. Elles font ce métier par besoin d’argent.« Et nous sommes considérées comme de la m**** ». Pire, cette étiquette leur colle à la peau comme l’explique Magali Besnard : « Lorsqu’elles essaient de se réinsérer, le regard des autres changent quand ils apprennent leur passé. Elles sont marquées au fer rouge ». Nombreuses sont cellesqui n’ont d’autres alternatives que de continuer. (1) prénom modifié François Perrigault


http://www.tribune-tours.fr/news/les-et ... urangelles

Ca me semble bien éloigné de la réalité que décrit Pit, qu'il affirme pourtant bien connaitre.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede pit le Sam 23 Nov 2013 20:24

Je ne suis pas consomm-acteur et ne connais pas en effet la question en détails. Par contre l'article dont fait état Groucho Marx dans ce journal réac, conforte bien l'idée qu'il ne s'agit pas de s'en prendre aux prostituées, mais bien à la prostitution et au système prostitueur.

bajotierra a écrit:
pit a écrit:Tu sorts un très mauvais exemple, puisqu'il y a une femme victime d'un mec maquereau.
Et arrêtes de chercher à tortiller les choses, et ce que disent tes "ennemis virtuels", ça fait vraiment minable là.


Voilà tout est de la faute du son ancien compagnon , (tu devrai écouter les gens pit ) , qui est d'ailleurs décédé et c'est con ou peut pas le foutre en taule ce " maquereau" hein pit ?

Et surtout pas de la faute du propriétaire qui l'expulse , de l'huissier qui légitime qu'une vieille femme aveugle soit jettée a la rue , et des flics qui sont prêts a matraquer tous ceux qui s'opposeront a l'expulsion

Tous ceux là sont avec d'accord avec toi , abolitionnises qu'ils sont , et pour le bien des prostitués diront ils , pour ça qu' ils cherchent a les jetter du quartier because grosse opération immobilière en cours


Ah, mais le petit manipulateur, je dis que cette histoire est révoltante. Je participe entres autres aux combats contre les expulsions, pour le droit au logement et une vie décente, etc... alors que tu sembles moins prolixe dans le domaine, mais très actif dans celui de la partie de ping-pong virtuelle.
Au dela d'ailleurs de la partie de ping-pong, il y a chez toi dans cette pratique de la déformation et du procès d'intention un truc des plus puants. En quoi être abolitioniste ça rangerait dans le camp de ces salops qui s'en prennent à cette femme, et du système capitaliste que je combat, alors que dans ce domaine de défense d'une certaine petite entreprise tu ne fais que le conforter. Je pense que la question mérite quand même un autre "débat" que ce que tu sers d'habitude.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede bajotierra le Sam 23 Nov 2013 20:35

En quoi être abolitioniste ça rangerait dans le camp de ces salops qui s'en prennent à cette femme, et du système capitaliste que je combat, alors que dans ce domaine de défense d'une certaine petite entreprise tu ne fais que le conforter. Je pense que la question mérite quand même un autre "débat" que ce que tu sers d'habitude.


et bien justement dans le fait que tu ne vois de cette situation , effectivement révoltante , qu'un seul coupable ces a dire l'ancien compagnon de la veille femme puisque tu écris texto

Tu sorts un très mauvais exemple, puisqu'il y a une femme victime d'un mec maquereau


par ailleurs en assimilant cet homme , par ailleurs décédé, a un maquereau tu contribues a l'isolement des prostitués organisé par le systéme
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede pit le Sam 23 Nov 2013 20:44

Bravo pour ce nouvel exercice de tortillage bajotierra.
Par contre sur le dernier argument tiré par les cheveux, d'autant qu'il n'y a aucune difficulté à voir que le gus s'est comporté en maquereau et en salop, et qu'il y a bien comme je le dis une dimension qui dépasse la condition de prostituée dans le cadre de la lutte pour une vie décente pour toutes et tous, et il s'agit bien dans le combat mené et relatif au sujet de ce topic d'une dimension d'émancipation collective qui se trouve niée par la dimension défense de la petite entreprise de certaines, qui évidemment dans ce combat réactionnaires se trouvent en dissonance avec le combat féministe collectif émancipateur contre le système patriarcal et prostitutionnel.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Protesta le Sam 23 Nov 2013 21:50

La plupart des vraies concernées, quand elles l’ouvre elles se fond cogner, et en règle générale elles ne l'ouvrent pas. Celles qui l'ouvrent sont en libérales, en escorts, et défendent leur petite entreprise capitaliste au détriment de la libération de toutes.


Parce que les prostituées qui travaillent en libéral, ce n'est pas des vraies prostituées à part entière ?!? Sachant qu'elle ne peuvent pas cotiser pour la sécu (que tu défend pitou), pas louer un appartement, ne pas avoir un compagnon masculin sous peine que ce dernier sera considéré par la justice bourgeoise (que tu soutiens insidieusement pitou) comme un maquereau, et d'autres situation que vivent les prostituées qu'on à pas idée. Mais pour toi il faut absolument taper sur la clientèle des prostituées, parce que les clients des prostituées sont forcément des salauds qui veulent absolument dominés les femmes et autres trucs de ce style...

La logique voudrait que plutôt de taper sur la clientèle, il vaudrait mieux s'attaquer au proxénétisme, qui eux sont d'authentiques patron, comme en rêve en secret tous les capitalistes bon teint, et à l’extrême gauche des gens comme vous défendez et soutenez ces crapuleries, que l'état, qui est du coté de la bourgeoisie je rappelle, s’apprête à fragiliser et marginaliser encore plus le sort des prostituées, quelle soit de la rue avec maquereau aux putes de luxe!
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede pit le Sam 23 Nov 2013 22:43

De ton côté tu demandes bien à l'Etat de règlementer la prostitution et d'en faire un métier comme un autre. C'est là qu'il y a divergence, c'est bien dans le rapport à la question de la prostitution, par du rapport à l'Etat, même différent là aussi. C'est la différence entre règlementaristes et abolitionnistes. Je préfère une dynamique qui tend à en finir avec la prostitution et protège les femmes, contrairement à ce qui est porté par les réglementaristes qui ne font que soutenir le système prostitutionnel et patriarcal, demandant que la plupart, esclaves, soient juste mieux traités, en un tour de passe-passe pour défendre leur petite entreprise. Cette question d'ailleurs dépasse la sphère de la prostitution existante car un certain libéralisme dans le domaine ouvrirait la voie à un paradis pour les exploiteurs, avec droit de cuissage compris.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Specifix le Dim 24 Nov 2013 01:33

Tu penses sérieusement que de s'attaquer aux clients des prostituées, ça va supprimer la prostitution ?

Tu ne penses pas que s'il y avait une véritable volonté politique de s'attaquer aux réseaux, ces réseaux seraient démantelés depuis longtemps ?
Je suis plutôt tenté de dire que la volonté politique est de chasser les prostituées de la voie publique et de, justement, développer les réseaux. L'Etat "dénonce" les réseaux, mais en réalité, il les contrôle très bien.
Les flics ne sauraient-ils plus faire des filatures, ... des écoutes, ... interpol, ... infiltrations, ..., etc ... ?

Mais, tout aussi grave, c'est qu'il est, surtout, question d'empêcher celles et ceux qui font ce choix de façon délibérée, de le faire. C'est une atteinte à la Liberté de l'individu.

Je n'ai pas, pour ma part, et il ne me semble pas avoir vu sur Le Forum Anarchiste, que quelqu'un ait parlé de vouloir réglementer. Ce sont les prostituées qui demandent à être traitées comme n'importe quelle autre personne, d'avoir les mêmes droits que toi ou moi. Les prostituées ne sont pas libertaires, c'est un fait, mais elles sont des êtres humains qui font des choix dans un univers capitaliste et qui sont stigmatisées pour leur choix.
Je considère que ce n'est pas acceptable que ce soit ceux qui subissent le système capitaliste qui fassent les frais d'une soi-disant politique abolitionniste. Prostituées ou clients.

Tu te caches derrière le mot patriarcat, mais, tu fais preuve de paternalisme en voulant empêcher (dans ton esprit malade, ça veut dire protéger) les filles qui font le choix de la prostitution. En répétant que c'est mieux qu'elles se rangent à ton slogan parce car ce serait mieux pour elles, c'est quoi, si ce n'est une attitude patriarcale ? Toi, tu sais, tu es le père, tu connais le seul vrai chemin. En bref, tu entends leur imposer ce qu'elles ne veulent pas, ce que tu penses le mieux pour elles, contre leur gré; comme si tu savais ce qui est mieux pour elles que elles-mêmes. En t'attaquant aux clients, tu t'attaques aux prostituées.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Protesta le Dim 24 Nov 2013 12:59

contrairement à ce qui est porté par les réglementaristes qui ne font que soutenir le système prostitutionnel et patriarcal, demandant que la plupart, esclaves, soient juste mieux traités, en un tour de passe-passe pour défendre leur petite entreprise. Cette question d'ailleurs dépasse la sphère de la prostitution existante car un certain libéralisme dans le domaine ouvrirait la voie à un paradis pour les exploiteurs, avec droit de cuissage compris.


En fait, tu voudrais qu'on foute des amendes, voire carrément la prison pour les clients de prostituées, foutre ces dernières au boulot à l'usine, pour leur bien , parce que c'est plus digne, alors que dans l'industrie, le bâtiment, la restauration, c'est pas forcément beaucoup meilleurs. Juste qu'elle pourront louer, droit à la sécu, une vie sentimentale ...Que l'état leurs interdit.

De quels droit la société , dans laquelle nous vivons leurs refuse, ce droit minimal de vivre?? Et ce n'est pas une histoire de réglementation, juste le droit de vivre comme tout le monde.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Specifix le Dim 24 Nov 2013 14:15

Les prostituées ne sont rien d'autre que des femmes ou des hommes qui se font entretenir par des personnes diverses.
Le mariage et autres relations de type conjugal, adultère, ... etc, ... sont, aussi, concernés.
Les mariages de raison, ça existe. Il y en a; et, pas qu'un peu, et, ça existe dans toutes les couches de la société. Cela, aussi, c'est de la prostitution, car ces femmes et ces hommes se font entretenir et épousent avant tout : fric, situation sociale, faveurs, postes, ... etc ... et tous types d'intérêts. Elles et eux ne sacrifient pas qu'un peu de leur temps et de leur savoir-faire, mais ils sacrifient leur vie sur l'autel du profit. Un corset à vie, avec enfants à charge, corvées mondaines, familles subies, ... etc ...
Et, ces mariages de raison ne sont, certainement, pas toujours consentis. Mais, c'est présenté comme un "sacrifice nécessaire" ou un honneur pour la personne forcée et un honneur pour la famille, ou tout simplement pour garder un rang social, lequel devrait tout transcender.

Rappelle-toi d'Amina : "Je ne suis l'honneur de personne" ...
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Specifix le Dim 24 Nov 2013 14:32

Je reprends ta réponse à Protesta :
pit a écrit:De ton côté tu demandes bien à l'Etat de règlementer la prostitution et d'en faire un métier comme un autre. ... C'est la différence entre règlementaristes et abolitionnistes. Je préfère une dynamique qui tend à en finir avec la prostitution et protège les femmes, contrairement à ce qui est porté par les réglementaristes qui ne font que soutenir le système prostitutionnel et patriarcal, demandant que la plupart, esclaves, soient juste mieux traités, en un tour de passe-passe pour défendre leur petite entreprise.
Tu parles de différence et, clairement, d'opposition entre règlementaristes et abolitionnistes.
Et, tu te classes explicitement dans les abolitionnistes bon teint contre les réglementaristes.
Mais, dis-moi, pit's, ce que tu soutiens, ne serait-ce pas, justement, une loi et les règlements qui vont en découler (décret d'application et mises en oeuvres diverses) ?
C'est pas du réglementarisme, ce cadre dont tu parles tant ?
Ce n'est pas parce que tu utilises le mot dynamique que ça n'en n'est pas.
La logique qu'il y a derrière cette loi répressive, c'est de s'attaquer et de stigmatiser les plus faibles, de les isoler.
La politique de l'isolement est une constante de la société nèo-libérale.
Et, je n'exclus pas une volonté de développer les réseaux dans le cadre d'un retour à l'ordre moral dont tu es un fervent militant ... "C'est une question de dignité" avais-tu dis.
Le texte posté par Protesta entérine, en ce sens, mon propos sur cette volonté de développer les réseaux.

pit a écrit:Cette question d'ailleurs dépasse la sphère de la prostitution existante car un certain libéralisme dans le domaine ouvrirait la voie à un paradis pour les exploiteurs, avec droit de cuissage compris.
Parce que le paradis des exploiteurs est, pour toi, à venir ?
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Specifix le Dim 24 Nov 2013 15:03

pit a écrit:Au milieu d'un discours ultra libéral en défense de la petite entreprise et en négation de ce que subissent la plupart des protituées ce truc est à relever. Specifix, en plus d'un truc de beauf masculiniste sur les "atours" dont se serviraient les femmes, serait-il en train de dire qu'un prolétaire qui quémande salaire à son patron serait en situation d'exploiteur et de dominant ?
Je le laisse à son confusionnisme réac et ultra-libéral, qui confinerait là d'ailleurs à l'esclavage, et s'il ne tente pas l'envoi en corbeille pour "nuisance au forum", j'aimerai bien connaître le contenu de son prochain exercice de disserte de philo embrumé.

Je ne comprends toujours pas ce qui fait que quelques anars, sans doute par confusion entre libéral et libertaire, défendent la prostitution à ce point, et de cette manière.

Parce que pour toi, le client est, donc, le patron de la prostituée ?
La prostituée lui quémande un salaire ?
Je vais répondre dans la même logique que toi.
Une vendeuse te vends un bonnet d'âne (que tu mérites largement).
Es-tu, pour autant, son patron ?
Tu vas me répondre que la prostituée est payée par le client, mais que la vendeuse, en réalité, tu ne la paies pas; que tu ne paies que le bonnet, que c'est son patron qui la paie.
Mais, le patron la paie avec ton argent, ... et que avec une partie seulement de ton argent.
Ce qui revient, au bout du compte, au même. C'est le client qui paie.
Ne fais-tu pas tourner la grosse entreprise capitaliste en achetant un bonnet d'âne ?
Des bonnets made in china, made in malaisia, etc ... où l'on sait que les conditions d'existence dans leur globalité sont idéalement "libertaires" ... pour les prolétaires. Tu es, donc, un pro-capitaliste, pit's ... ça la fout mal pour un coq libertaire qui se vante à tout va de détenir les clefs de l'Anarchisme.

Personnellement, je ne suis pas contre la prostitution, ... si elle est choisie.
En revanche, je ne m'affirme pas pour et ne suis, donc, pas, pour autant, un pro-prostitution.
Je dis simplement que le débat ne réside pas dans le fait d'être pour ou contre la prostitution.
Surtout pour un Libertaire. Je me positionne sur le sujet comme un Libertaire. En prenant le recul nécessaire.
Une société a la prostitution qu'elle mérite. Cela veut dire que la société produit la prostitution qui lui est en rapport.
Avec la prostitution, on a deux choses : Le client et la Prostituée (ou Le). La misère sexuelle et la misère financière. Tu peux remercier le capitalisme pour les deux.

Pour ce qui est de la nuisance au forum, tu as fait tes preuves.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede pit le Dim 24 Nov 2013 16:09

Encore la menace du bâillon ?

pit a écrit:j'aimerai bien connaître le contenu de son prochain exercice de disserte de philo embrumé.
Je suis encore servi

Il devient difficile de répondre à tout ce tas de trucs complètement tortillés,
mais en gros si je reprend ton exemple sur la vendeuse, son patron, et le client, avec toi les proxénètes deviennent des commerçants avec pignon sur rue ?
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Specifix le Dim 24 Nov 2013 17:09

C'est vrai qu'il t'est difficile de répondre, ... mais, simplement, parce qu'il t'est difficile de réfléchir un tant soit peu.

Sinon, ...
Oui, les proxénètes sont des commerçants, tout comme l'étaient les marchands d'esclaves ou comme le sont les trafiquants de drogue.
Mais, les proxénètes, comme les marchands d'esclaves, réduisent les individus à de la marchandise contre leur propre gré.
Si, dans le système capitaliste, des personnes décident d'utiliser leurs corps dans le but d'en retirer de l'argent, je ne vois pas pourquoi qui que ce soit devrait les en empêcher.
Ce n'est pas en s'attaquant au client que tu feras reculer le capitalisme.
Cela signifie seulement que tu crois que le capitalisme est moralisable et peut être humain.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Specifix le Dim 24 Nov 2013 17:13

pit a écrit:Encore la menace du bâillon ?

Où ?
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Lehning le Dim 24 Nov 2013 21:03

Bonsoir !

Vu la tournure du "débat", ça me démange quand même de dire que s'il n'y avait pas de client-e-s, il n'y aurait pas de prostitué-e-s et de prostitution.

Mais cela existe et il paraît même que c'est le + vieux métier du monde.

Ce dont on est sûr, c'est que le système capitalo en a fait une industrie. Basé sur la frustration sexuelle et affective qu'il engendre d'un autre côté (anonymat, virtualité des rapports et des communications entre les gens, modes de vie aseptisés, etc.).

Je l'ai déjà dit aussi: je suis contre le système prostitutionnel et la prostitution. Ce qui ne veut pas dire que je suis contre les prostitué-e-s, + victimes du System qu'autre chose à mon avis, ni vraiment contre les client-e-s (bien que je pense que s'il n'y en avait pas, la prostitution n'existerait pas.) Mais nous savons aussi que le System engendre la prostitution de par la frustration sexuelle et affective sciemment créé par ledit System.

C'est pourquoi dans cette discussion, je n'imagine pas une société anarchiste où il pourrait y avoir encore de la prostitution.

Juste de l'amour libre, gratuit, fluctuant au gré des affinités, relations librement consenties sans enjeu pécunier.

Allons + loin: dans une société anarchiste, il y aura toujours des frustré-e-s sexuellement et affectivement ? Oui, peut-être.

Pour pallier à cela, il y aura toujours de la prostitution ? Peut-être ! Mais je pense pas car l'aspect financier de la chose aura été annihilé.

Nous tendons vers quoi ? Vers une société où tout le monde, sexuellement et affectivement, s'éclate non ? Vers une société où l'Argent ne sera plus le Dieu régissant tout ?

The problem, c'est qu'à l'heure actuelle, nous en restons à être obligés de composer peu ou prou avec le System actuel. A aller bosser pour un exploiteur de patron alors, que dans notre tête, nous sommes pour l'abolition du salariat et du patronat. Du capitalisme tout court.

Nous en sommes aussi à devoir défendre les prostitué-e-s (victimes du System intrinsèquement).
(comme nous défendons le prolétariat victime de licenciements, etc.)

J'espère juste que la société anarchiste n'aura pas ce genre de merdouilles à gérer. Que le salariat, le patronat et la prostitution, notamment, et entre autres abjections, seront en train de pourrir dans les poubelles de l'Histoire.

Salutations Anarchistes !
"Le forum anarchiste est ce que ses membres en font."
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede vroum le Jeu 5 Déc 2013 00:26

La position du Planning familial :

Le Planning et la prostitution

http://www.planning-familial.org/articles/le-planning-et-la-prostitution-00389

Le Planning Familial agit et lutte pour participer à la construction d’une société égalitaire, sans marchandisation et sans violence. Cet objectif ne doit pas nous conduire à agir, ici et maintenant, en aggravant la situation des personnes en situation de prostitution du fait du système prostitueur. Le Planning estime indispensable de prendre en compte la réalité du terrain et de définir une stratégie dans l’intérêt des personnes prostituées.
Déclaration

Le Planning, mouvement féministe, s’appuyant sur son analyse des rapports sociaux de sexe, replace la prostitution dans un continuum de la domination masculine et refuse de faire des personnes prostituées des personnes « à part ».

Si la prostitution a changé dans ses modalités avec l’arrivée d’un nombre important de femmes étrangères dans la prostitution de rue, comme avec l’usage généralisé d’internet, son développement est largement lié aux inégalités économiques croissantes et au renforcement de la marchandisation de nos sociétés.

Dans ce contexte international de précarisation, de mondialisation et d’aggravation des inégalités Nord-Sud, nous constatons le développement de réseaux internationaux organisés d’esclavagisme qui exploitent la misère et les situations de vulnérabilité des personnes prostituées. Les effets des politiques successives pour enrayer les systèmes d’exploitations sexuelles ne protègent pas les victimes et il existe très peu de condamnations de proxénète. Les personnes prostituées sont incitées à dénoncer mais ne bénéficient pas des protections et des droits promis en échange : elles deviennent ainsi encore plus exposées.

Les politiques publiques actuelles et celles qui nous sont proposées, ont pour conséquence de renforcer la pénalisation des personnes prostituées sans mettre en cause les profits des réseaux de proxénètes.

Pour exemple, dans le rapport de l'Assemblée Nationale, les lois de sécurité intérieure (LSI) sont toujours en vigueur. Elles prennent un tour d’autant plus violemment répressif que les femmes étrangères en situation irrégulière sont très représentées dans la prostitution de rue et très malmenées dans le contexte de mobilisation contre les droits des étrangers. Elles rendent moins visible l’activité sans changer la donne : pas de protection pour les personnes prostituées, des moyens en diminution pour les associations qui les accompagnent.

Les lois qui condamnent le rapport sexuel tarifé pénalisent les personnes prostituées en priorité. Une loi doit être conçue de façon à ne pas avoir des effets contraires à ses objectifs. C’est pourquoi Le Planning pense que pénaliser le client ne résoudra aucun des problèmes actuels mais risque au contraire de les aggraver en pénalisant d’abord les personnes en situation de prostitution, en renvoyant les femmes dans les zones frontalières, aggravant leur clandestinité.

Le Planning Familial se mobilise sur les conditions de la prostitution qui s’inscrit dans son combat contre les violences, et contre l'exploitation dans toutes ses dimensions. Le refus de la criminalisation n’est pas contradictoire avec ce combat contre les violences de genre ou les violences économiques.

L’expérience du Planning Familial auprès des femmes et son expertise dans la lutte contre les violences et pour la santé sexuelle lui permet d’intervenir sur ces questions dans une approche globale et avec les personnes en situation de prostitution.

C’est pourquoi Le PlanningFamilial oriente son action sur 3 axes s’appuyant sur les principes fondamentaux qui guident toute action dans le mouvement : éducation populaire, solidarité avec les femmes, souci du respect de la parole de l’autre :

Renforcer le travail sur les rapports de domination et les inégalités femmes/hommes
Développer l’éducation sexualisée
Prendre en compte la parole des personnes en situation de prostitution

Le Planning Familial s’engage à :

Dénoncer les conditions d’injustice économique croissante, et spécifiquement les écarts entre riches et pauvres, nord et sud, qui ont un impact désastreux sur les conditions de vie des femmes, toujours en première ligne, la prostitution étant un des aspects de cette injustice économique.

Exiger une réelle politique de démantèlement des réseaux maffieux là où ils sont identifiés.

Dénoncer les effets pervers de politiques répressives et demander l’abrogation de la loi LSI (art225-10-1)

Refuser la pénalisation des personnes en situation de prostitution et la criminalisation de l’activité et des clients.

Refuser la discrimination envers les personnes prostituées quant à l’application des lois en matière de violences sexuelles, d’agression, de voies de fait et harcèlement.

Revendiquer pour les personnes en situation de prostitution, l’accès aux droits sociaux qui devraient être communs à toutes et tous

Lutter pour que l'Etat mette en place une aide réelle pour celles qui veulent sortir du système prostitutionnel

Proposer des recherches actions avec des associations de terrain sur les questions des violences et de la santé sexuelle pour améliorer nos connaissances et nos interventions tant sur le terrain qu'au niveau politique.


Analyse de la proposition de loi visant à lutter contre le système prostitutionnel

http://www.planning-familial.org/articles/analyse-de-la-proposition-de-loi-visant-lutter-contre-le-systeme-prostitutionnel-0013203

En prévision des débats au parlement, Le Planning Familial a analysé cette proposition de loi et, pour lui, c'est une loi compassionnelle qui stigmatise les étrangères

Le Planning Familial avait pris position sur la prostitution dès son Conseil d’administration de juin 2011. Confirmée par son Congrès en octobre 2012, cette position n’a pas pris une ride !

Le Planning Familial agit et lutte pour participer à la construction d’une société égalitaire, sans marchandisation et sans violence. Cet objectif ne doit pas nous conduire à agir, ici et maintenant, en aggravant la situation des personnes concernées par cette marchandisation, les inégalités et les violences.

Le Planning, mouvement féministe, s’appuyant sur son analyse des rapports sociaux de sexe, replace la prostitution dans un continuum de la domination masculine et refuse de faire des personnes prostituées des personnes « à part ».

Si la prostitution a changé dans ses modalités et ses formes, avec l’arrivée d’un nombre important de femmes étrangères dans la prostitution de rue et avec l’usage généralisé d’internet, son développement est largement lié aux inégalités économiques croissantes et au renforcement de la marchandisation dans nos sociétés…

Dans ce contexte, pénaliser le client ne résoudra aucun des problèmes actuels, mais pénalisera d’abord les personnes se prostituant, en les renvoyant dans des espaces non protégés, ce qui aggravera leur isolement, leur clandestinité. Leur éloignement des structures les exposera ainsi à des risques majeurs en matière de santé par une exposition accrue aux IST et VIH, d’exclusion et de violences à leur encontre.

L’effet direct de la loi sera donc de renforcer la précarité et la stigmatisation des personnes se prostituant.

Or une loi doit être conçue de façon à ne pas avoir d’effets contraires à ses objectifs, c’est à dire nuire aux personnes qu’elle doit protéger.

C’est pourquoi Le Planning Familial, qui inscrit clairement son combat dans la lutte contre les inégalités et contre l'exploitation dans toutes ses dimensions, ne peut souscrire au volet pénal de la proposition de loi, qui risque de réduire à néant la mesure progressiste d’abrogation du délit de racolage passif réclamée depuis longtemps.
Pourquoi Le Planning Familial n’est-il pas convaincu des bienfaits supposés de cette Loi ?

Selon la police, nous dit-on, la prostitution concernerait 90% de femmes étrangères : les féministes savent de longue date combien, dans le domaine des violences, il est difficile d’obtenir les « bons chiffres », et que ceux-ci ne recouvrent pas la réalité du terrain.

Le rapport de l’IGAS, comme les éléments fournis par les associations sont très différents, avec un chiffre de 400.000 personnes concernées et des situations d’exercice de prostitution très diverses.

Mettre en avant ainsi la prostitution de rue des étrangères, visible au sein de nos villes, au détriment d’une approche plurielle d’une réalité complexe, dans le contexte politique actuel de rejet des étrangères et étrangers, est dangereux pour les personnes concernées.

Conditionner tous les droits sociaux des personnes notamment en matière d’hébergement, de santé, de ressources, à la sortie de la prostitution et à la signature d’une convention tripartite avec l’administration et avec une association est inacceptable.

Les étrangères se verront proposer un titre de séjour temporaire de 6 mois et l’ATA1 (aide temporaire d’attente).

Outre que cette proposition fait des personnes qui se prostituent des « mineures assistées », comment imaginer que cette misère organisée permette à celles et ceux qui le souhaitent de sortir de la prostitution ?

L’Etat français est-il prêt à mettre les moyens d’une véritable autonomie et d’un véritable choix pour les personnes concernées ?

A-t-il dans sa besace 20.000, 400.000 emplois à proposer aux personnes qui voudraient quitter la prostitution : les derniers chiffres du chômage nous laissent peu d’espoir !

Les arguments pour défendre la pénalisation s’appuient sur l’expérience suédoise :« la pénalisation du client » aurait « fait diminuer de moitié la prostitution de rue ». Outre qu’en Suède comme en France, nous ne disposons pas de chiffres fiables et qu’il est donc difficile de quantifier les effets de la loi, les résultats, contrairement à ce qui est avancé par les promoteurs de cette loi, sont très controversés. Selon d’autres études, on compterait dans le pays 22.000 mineures et mineurs se prostituant. A tel point que des alertes spécifiques ont été lancées en direction des jeunes.

Certes les personnes qui se prostituent sont devenues invisibles au citoyen lambda mais où sont-elles passées ? D’autres pays, comme le Danemark, au vu du bilan suédois, ont renoncé à pénaliser les clients. N’oublions pas que la loi sur la pénalisation du client en Suède a été prise dans la foulée des lois anti-immigration…

Enfin, le texte de loi proposé en dit peu sur les garanties et les moyens que l’Etat engagera pour lutter efficacement contre les réseaux de traite et d’esclavage au niveau national et international, alors que cet objectif devrait être central dans le texte de loi.

Pour promouvoir des changements en profondeur dans les rapports entre les femmes et les hommes, nous préférons les vertus de la sensibilisation et de l’éducation à celles de la répression.

1 ATA : 11,20€/jour soit 336€ pour un mois de 30 jours
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede vroum le Jeu 5 Déc 2013 00:33

Pénaliser les clients de la prostitution: un ticket pour la clandestinité

05 novembre 2013 | http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/051113/penaliser-les-clients-de-la-prostitution-un-ticket-pour-la-clandestinite
Pour Médecins du Monde, Arcat, Act Up-Paris, le Planning familial et Aides, « une véritable régression sociale » se cache derrière le projet d'« interdiction d'achat d'acte sexuel » visant à « éradiquer » la prostitution. En poussant les clients à la clandestinité, cette mesure n'aurait pour effet que d'accroître la précarité des personnes se prostituant.


La ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, déclarait vouloir « éradiquer » la prostitution et, à cette fin, réformer l’arsenal pénal français pour pénaliser les clients de la prostitution.

L’équation « pénalisation des clients = éradication de la prostitution » n’est pas nouvelle. Elle vient d’être reprise par une proposition de loi déposée par la députée socialiste Maud Olivier qui crée une « interdiction d’achat d’acte sexuel ». Osons le dire : derrière cette nouvelle mesure répressive se cache une véritable régression sociale. Sous bien des aspects, ce texte demeure pour nous, acteurs de terrain, mensonger, dangereux et inefficace.

Mensongère, cette proposition l’est en tournant le dos aux expériences déjà menées en la matière, notamment en Norvège ou en Suède, expériences qui, loin de prouver leur efficacité en matière « d’éradication de la prostitution », témoignent d’une précarisation accrue des personnes se prostituant. Les effets néfastes de ces lois sont en tous points semblables à ceux unanimement constatés en France suite à l’instauration en 2003 du délit de racolage passif : éloignement des structures de soins, de dépistage et de prévention, isolement des personnes et exposition accrue aux violences et à l’exploitation, stigmatisation, accès aux droits entravé.

Si les clients sont poussés à la clandestinité, les personnes se prostituant, elles, le seront d’autant plus. C’est en cela que la proposition est dangereuse. Mises à l’écart des centres-villes, éloignées de l’offre de soin et de prévention, elles seront davantage exposées aux risques sanitaires, au VIH/sida et autres IST. Qu’elles soient ou non contraintes à la prostitution, socialement, économiquement ou par les réseaux, les personnes proposant des services sexuels tarifés verront leur capacité de négociation réduite, les forçant à accepter certaines pratiques ou rapports non protégés. Cette plus grande clandestinité rendra plus difficile l’action des services de police dans la lutte contre la traite et l’exploitation. Ainsi, si les risques liés à l’exercice de la prostitution existent, la précarité et l’isolement induits par des mesures législatives répressives les décuplent.

« Depuis son application en 1999, la loi n’a pas amélioré les conditions de vie des travailleurs du sexe, mais au contraire les a empirées ». Tel est le bilan sans détour du « modèle suédois » dressé par le Programme des Nations Unies pour le développement. L’Organisation mondiale de la santé, l’Onusida, le Conseil national du sida sont par ailleurs unanimes : la pénalisation de la prostitution nuit à la santé des personnes qui la pratiquent. En dépit de ces conclusions et sans aucune considération pour les intérêts de santé publique les promoteurs de cette proposition de loi s’obstinent. La proposition d'abroger le délit de racolage public, préalable indispensable à un meilleur accès aux soins et au respect des droits fondamentaux des personnes se prostituant, si elle est saluée par nos associations, sera cependant totalement inefficace si ce délit est remplacé par la pénalisation des clients, de même que les mesures sociales si celles-ci sont conditionnées à l’arrêt de toute activité sexuelle tarifée.

Nos associations ne peuvent s’en satisfaire alors que les besoins en termes de santé et de droits sont réels. Une politique ambitieuse doit cesser de faire l’amalgame entre prostitution et traite. Elle doit se pencher plus avant sur la lutte contre l’exploitation, les parcours de sortie des réseaux dans un objectif de favoriser l’accès à la prévention, aux soins et de garantir le respect des droits fondamentaux des personnes. Elle doit d’une part permettre à tous et toutes de sortir de la prostitution par une démarche volontaire et non imposée et d’autre part garantir le respect de la dignité, des droits et de la santé des personnes qui continueront de rester dans cette activité. Ces mesures, qui relèvent d’une approche humaniste et pragmatique de la prostitution, permettraient d’améliorer concrètement la situation des personnes, leur accès à la prévention, aux soins, au dépistage, à la santé et aux droits fondamentaux.

Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde
Eve Plenel, directrice de Arcat
Laure Pora, présidente d'Act Up-Paris
Véronique Sehier et Carine Favier, coprésidentes du Planning familial
Bruno Spire, président de Aides
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede Groucho Marx le Jeu 5 Déc 2013 20:04

Texte d'Alternative Libertaire (je souligne, parcequ'il faut se souvenir de ce terme, c'est pas évident quand on lit le texte):

http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5591

Prostitution : Une loi insuffisante mais nécessaire

Le projet est en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Les médias se font l’écho des débats les plus sérieux et des positions les plus extrêmes. Au final, cette loi, ce sont des mesures très insuffisantes, mais aussi la suppression nécessaire du délit de racolage et l’interdiction tout aussi nécessaire de la consommation.

Lors de son congrès de 2006, Alternative libertaire a adopté une motion intitulée « Prostitution : Alternative libertaire est abolitionniste ». La prostitution y est définie entre autre comme « une des formes extrêmes de l’oppression sexuelle des hommes sur les femmes. Elle est une des manifestations de l’appropriation masculine du corps et du travail des femmes, et de certains hommes alors assimilés aux femmes »

Alternative libertaire est abolitionniste

Le débat sur la pénalisation des clients n’occupait pas la une. Notre texte analyse la prostitution comme une oppression, certes extrême, mais pas illégale. AL préconise des mesures d’éducation et d’information, l’extension des droits de tous et toutes, la priorité sur la compréhension du fonctionnement des clients et la répression du proxénétisme, des aides réelles pour sortir de la prostitution. Aujourd’hui la prostitution est décrite dans le débat public pour ce qu’elle est, une violence faite aux femmes. Les témoignages sont multiples, au-delà même du sort des 80 à 90 % de femmes victimes de la traite.

Le « consentement », s’il existe (céder n’est pas consentir), ne transforme pas cette violence en quelque chose d’acceptable, pas plus qu’acheter des organes à des personnes (majoritairement des femmes) qui « consentent » à les vendre ou lancer des nains (qui ont « volontairement » mis un casque). Dans la guerre des témoignages dans les médias, on n’entend pas les femmes en prostitution qui parlent à peine français et passent leur temps sur des trottoirs ou dans des camionnettes où leurs proxénètes les installent. Mais même les témoignages de femmes en prostitution qui défendent leur droit à pratiquer cette activité disent l’horreur et la violence. Voire expliquent que si la consommation était réprimée, elles ne seraient pas rentrées en prostitution et qu’elles souhaitent sa disparition.

Il existe aussi quelques personnes en prostitution (plutôt des hommes d’ailleurs) qui défendent l’idée que c’est un métier et disent le faire volontiers. L’impact médiatique de ces personnes est inversement proportionnel à leur nombre et ne justifie pas de ne pas tenir compte de la majorité, victime de la violence des rapports non désirés.

Ce que prévoit la loi

La loi qui est discutée actuellement ambitionne de renforcer la lutte contre le système prostitutionnel. Et est l’occasion de débattre sur la répression de la consommation de prostitution. Mais elle ne prévoit pas seulement cette mesure.

Un premier chapitre prévoit le renforcement de la lutte contre le proxénétisme sur internet. Le deuxième chapitre améliore la protection et l’accompagnement des personnes en prostitution : une instance de coordination est mise en place dans chaque département ; un parcours de sortie de la prostitution sera proposée par des associations agréées ; les personnes qui y entrent auront droit à une remise d’impôts et amendes ; elles auront droit à un titre de séjour renouvelable six mois et permettant de travailler (abandon de la condition de dénonciation de son proxénète), en cas de plainte ce titre est renouvelé jusqu’à la fin de la procédure ; elles pourront bénéficier de places en centres d’hébergement et de réinsertion sociale ; un fond de prévention, soutien et information est créé, alimenté par des crédits d’Etat, la confiscation des biens des proxénètes et les amendes ; les victimes de proxénétisme auront un droit à réparation, comme aujourd’hui celles de la traite ; le délit de racolage (actif comme passif) est supprimé, et sa mention dans les casiers judiciaires sera automatiquement supprimée.

Ce chapitre est insuffisant à plusieurs titres. On ne sait pas qui seront les associations agréées et quels accès au dispositif auront les femmes qui n’en voudraient pas. Les sans-papières ne sont pas régularisées et retourneront éventuellement au bout de 6 mois à la clandestinité, voire à la prostitution. Il n’y a déjà pas assez de places en centres d’hébergement et de réinsertion sociale.

La suppression du délit de racolage est la bonne nouvelle. Aucune sanction/pénalisation ne doit s’exercer sur les personnes prostituées. Le chapitre 3 traite de la prévention et prévoit que la lutte contre la marchandisation des corps fera l’objet d’une information durant la scolarité. L’entrée en prostitution est le résultat de causes multiples combinant violences subies et pauvreté. C’est la pauvreté et la violence sexiste qu’il faut combattre, dans une société patriarcale et capitaliste, il paraît peu vraisemblable d’obtenir des résultats avec de simples mesures d’éducation, qui restent bienvenues.

Pénalisation des clients

Le quatrième chapitre, celui dont les médias parlent le plus, instaure un délit de recours à la prostitution. Ce qui est cohérent avec l’analyse qu’elle est une violence, commettre une violence est réprimé dans notre société. D’habitude pas sous forme d’une contravention de cinquième catégorie (amende de 1 500 euros, 3 000 en cas de récidive). Ici, il est ajouté un peine complémentaire qui est un stage de sensibilisation aux conditions d’exercice de la prostitution.

Il aurait été plus cohérent de créer un délit, voire un crime, sanctionné par une amende proportionnelle aux revenus du délinquant et un stage de sensibilisation. Le débat sur le sujet est vif parmi les abolitionnistes. Une partie refuse l’interdiction en prévoyant une précarisation accrue des prostituées et une mise en danger, les autres y voient une protection contre le client qui sera d’office en tort. Les avis divergent sur le bilan des pays qui ont adopté cette mesure.

L’interdiction ne fera pas renoncer les clients les plus dangereux, ou les plus convaincus de leur bon droit, mais ils sont déjà là, elle ne les créera pas. Ces hommes sont les minables signataires de l’appel des 343 ordures duquel même le petit syndicat des entrepreneurs en prostitution qu’est le Strass s’est désolidarisé, ou les pourris qui alimentent les sites d’appréciation des prestations.

Les moins violents entendront, eux, la condamnation posée par la société. La suppression du délit de racolage et l’interdiction de recourir à la prostitution sont de bonnes mesures mais les autres sont très insuffisantes. Il faut la régularisation de toutes les sans-papières et de réels moyens.

Christine (AL Orne)


Prostitution : Une loi insuffisante mais nécessaire


No comment.

Les témoignages sont multiples, au-delà même du sort des 80 à 90 % de femmes victimes de la traite.


Chiffre faux.
Ce chiffre provient du rapport de Mr Guy Geoffroy. Il est une simplification falsificatrice des chiffres qu'ils donne lui même. En effet, selon ce rapport, 74 % des prostituées sont d'origine étrangère, et sur ces 74 %, 80 % sont sous la coupe de réseaux. Soit environ 60 % de prostituées sous la coupe de réseaux.
Il s'agirait d'apprendre à lire des stats, ça évite des fois de dire des conneries.

Le « consentement », s’il existe (céder n’est pas consentir), ne transforme pas cette violence en quelque chose d’acceptable, pas plus qu’acheter des organes à des personnes (majoritairement des femmes) qui « consentent » à les vendre ou lancer des nains (qui ont « volontairement » mis un casque).


Argument crétin. La vente d'organe entraîne une mutilation. On vend effectivement une partie de son corps. La prostitution consiste à vendre un service. Quant au consentement, de nombreux témoignage font état de l'existence de celui-ci de la part d'une partie des prostituées. Ignorer celà, c'est refuser aux prostituées leur droit à disposer de leur corps.

Dans la guerre des témoignages dans les médias, on n’entend pas les femmes en prostitution qui parlent à peine français et passent leur temps sur des trottoirs ou dans des camionnettes où leurs proxénètes les installent.


A la manif de Toulouse, les prostituées de rue étaient une part non négligeable du cortège, la plupart était sans-papier. On ne les entends pas parcequ'on ne veut pas les entendre!

Mais même les témoignages de femmes en prostitution qui défendent leur droit à pratiquer cette activité disent l’horreur et la violence. Voire expliquent que si la consommation était réprimée, elles ne seraient pas rentrées en prostitution et qu’elles souhaitent sa disparition.


D'autres disent l'inverse.

Il existe aussi quelques personnes en prostitution (plutôt des hommes d’ailleurs) qui défendent l’idée que c’est un métier et disent le faire volontiers.


Aucun chiffre ne vient appuyer l'affirmation de la majorité masculine de défenseur du concept du travail du sexe. Mais AL s'en fout. Pour mémoire, c'est une femme qui a employé la première ce terme. Il résulte des luttes des prostituées dans les années 70 qui voulaient lutter contre la stigmatisation et la victimisation dont elles étaient victimes. Stigmatisation et victimisation dont use et abuse AL.

L’impact médiatique de ces personnes est inversement proportionnel à leur nombre et ne justifie pas de ne pas tenir compte de la majorité, victime de la violence des rapports non désirés.


Les vilains maqueraux du lobby pro-prostitution du STRASS continue à tisser leur toile! Heureusement qu'AL est là pour nous montrer la lumière! Quant à tenir compte de la majorité, on a assez démontré sur ce forum que cette loi ne tiens aucun compte de la situation réelle des prostituées, qu'elle ,mettra encore plus en danger.

Un premier chapitre prévoit le renforcement de la lutte contre le proxénétisme sur internet.


Rien sur le caractère liberticide de ce passage. A AL, les libertés, on s'en fout.

Il aurait été plus cohérent de créer un délit, voire un crime, sanctionné par une amende proportionnelle aux revenus du délinquant et un stage de sensibilisation.


:shock: :shock:

:gerbe:
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede pit le Lun 9 Déc 2013 00:15

Tu vois, non seulement tu peux te rendre minable, parce qu'il s'agit d'un article signé par une personne, et dont le chapeau est "Point de vue" et pas une motion collective, mais en plus ton argumentation est essentiellement libérale, comme du Madelin ou du Zemmour. Ce point de vue tu le déformes évidemment pour défendre la prostitution. Il n'y a rien là dedans qui stigmatise les prostituées, manipulateur de bas étage, mais bien question de s'en prendre aux clients et petits machos comme toi. Ce type de cadre législatif peut être une avancée en un cadre protecteur mais sera loin d'être une panacée. Il restera d'ailleurs à mener encore et toujours un combat féministe que tu contestes en plus en un combat antiféministe qui est prolongé ici en défense de l'indéfendable. Chacun son camp, toi du côté du système prostitueur, d'autres du côté libertaire.
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Re: Pénalisation ou dépénalisation?

Messagede vroum le Mer 11 Déc 2013 14:07

Pénalisons les yeux fermés

In Le Monde libertaire # 1725 du 12 au 18 décembre 2013

http://www.monde-libertaire.fr/antisexisme/16787-penalisons-les-yeux-fermes

SANS TROP DE SURPRISE, le 4 décembre, les députés ont adopté en première lecture le projet de loi visant à lutter contre la prostitution en France en pénalisant les clients. J’entends déjà la voix plaintive de certains lecteurs s’élever :

«Encore un article sur le sujet ! » Désolée si vous pensez que ceci ne vous intéresse pas mais les conséquences de cette loi vont toucher quelques centaines de milliers de personnes, principalement des femmes. En France, le nombre de prostituées est évalué entre 20000 et 40000 mais ce chiffre est contestable : en Allemagne il s’élève à 400000. Il est difficile d’imaginer un tel écart entre les deux pays. Les chiffres officiels français sont estimés à partir du nombre d’interpellations pour racolage et de victimes identifiées dans les affaires de proxénétisme. Ils intègrent une évaluation du nombre de prostituées passant leurs annonces sur Internet. Mais celle-ci est, de l’avis même des services de police, peu fiable, car cette activité, cachée et mobile, est très difficile à quantifier. Quelque 10000 annonces différentes ont été comptabilisées sur une journée.

La loi a été votée à l’Assemblée sans tenir compte des sonnettes d’alarme tirées par diverses associations de santé ou de terrain. Le vendredi 29 novembre, le jour où la loi a été débattue, l’hémicycle était presque désert.

Autant pour le débat. Plus de 200 signataires du manifeste contre la pénalisation ont été simplement ignorés, dont Médecins du monde, la Ligue des droits de l’homme ou encore le Planning familial. Pire, certains n’ont pas hésité à les taxer de prostitueurs, de proxénètes.

Quand certains députés, sceptiques, ont osé émettre des doutes sur l’intentionnalité de la loi et ses risques éventuels, on les a accusés de voter avec leur «calbute». Cette délicatesse vient du socialiste Jean-Marc Germain qui a sans honte fait un parallèle entre ses collègues non-abolitionnistes et les signataires du torchon Touche pas à ma pute, pétition signée par 343 salauds.

De nombreux députés étaient absents ou se sont abstenus. La mobilisation a été importante au groupe socialiste : 238 députés sur 292 ont soutenu le texte. En revanche, alors que le groupe avait dans un premier temps annoncé une abstention, l ’UMP a massivement voté contre avec 101 députés. Seuls dix députés UMP ont voté pour, dont l’un des principaux promoteurs du texte, Guy Geoffroy et la candidate à la mairie de Paris Nathalie Koscuisko-Morizet. Ce qui dérange les députés UMP, c’est avant tout l’abolition du délit de racolage institué par Nicolas Sarkozy ainsi que la proposition d’un titre de séjour temporaire de six mois pour les prostituées étrangères. L’UDI a aussi voté majoritairement contre, de même que les écologistes. La députée Europe Écologie-Les Verts Barbara Pompili s’est exprimée au moment du vote, déclarant qu’elle se refusait à soutenir ce texte d’une « logique répressive ». Avant d’entrer en vigueur, le texte devra être approuvé par le Sénat qui devrait l’examiner avant fin juin.

Il n’aura échappé à personne, que, là encore, les principales concernées par cette loi sont des femmes étrangères. Personne ne peut sérieusement penser que le gouvernement va régulariser quelque 20000 prostituées étrangères.

Que dire de cette phrase prononcée par Maud Olivier, nouvelle héroïne du féminisme :

« Je pense que notre future législation aidera à lutter contre l’immigration clandestine, dès lors qu’elle découragera les
réseaux de traite aux fins d’exploitation sexuelle d’amener des jeunes femmes sur le territoire français. » Le féminisme
institutionnel a donné toute sa place et, mieux, son soutien à une loi qui ne vise pas à protéger les prostituées mais masque en partie la politique en matière d’immigration du gouvernement français.

On ne peut certes pas accuser tous les défenseurs de ce texte de vouloir du mal aux prostituées mais, sous prétexte de faire une loi de principe, au nom de hautes et nobles valeurs, ils n’hésitent pas à sacrifier toute une frange de la population déjà faible et isolée.

Uniquement portée par une idéologie simpliste dictée parfois par une visée moraliste, cette loi est un net retour en arrière. « D’un côté, les femmes dignes et mariées et de l’autre les putes, êtres immondes privés de toute raison. Voilà une gauche moralisatrice qui, quand on remue leurs idées, se révèlent conservatrice et réactionnaire », note très justement le journaliste Robin Carel.

Outre l’incohérence manifeste de la loi, qui considère la prostitution comme une violence, comme un viol, mais qui ne punirait ce viol que d’une amende (?!?), elle laisse un goût amer aux putes qui, poussées vers la clandestinité, connaîtront des conditions d’exercice (encore plus) déplorables et dangereuses. Une amende pouvant aller jusqu’à 1500 euros sera infligée au client s’il est pris en flagrant délit.

La seule manière pour les prostituées de continuer leur activité sera donc de se cacher, aux dépends de leur sécurité. Plus que jamais isolées, les prostituées devront revoir à la baisse leurs prétentions sanitaires car, avec moins de clients, il leur sera difficile voire impossible de pouvoir faire le tri entre ceux-ci. De plus, les clients vont se faire tellement discrets qu’ils vont veiller à ne donner aucun nom, adresse ou numéro de téléphone. En cas de violences ou de viol, les prostituées seront dans l’incapacité totale de porter plainte contre un agresseur non-identifié. Quant au montant de l’allocation de sortie de la prostitution, versée pendant quelques mois seulement, il est si ridiculement faible qu’il est insultant… Un climat plus putophobe que jamais et une position plus précaire et dangereuse, voici ce qui a été voté à l’Assemblée1. Nul doute pourtant que les associations féministes abolitionnistes sont en train de célébrer entre elles leur petite victoire de principe. Ces associations pourront se gargariser dans les séminaires et soliloquer que la France ne tolère plus la vente de sexe.

Associations et politiques ont fait ce qu’ils savent le mieux faire: expliquer à la place des concernées qu’elles ne savent pas vraiment ce qu’elles disent dans la mesure où les violences les ont rendus incapables de formuler un consentement éclairé. Le système patriarcal n’a jamais procédé autrement: affirmer que la parole des femmes doit être tenue comme négligeable car les femmes ne savent pas vraiment ce qu’elles disent.

Marie Joffrin
Groupe Louise-Michel de la Fédération anarchiste


1. Voir l’article «Ne nous trompons pas de combat» de Marine, Le Monde libertaire n° 1721, pages 20-21.
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