Islamisme radical

Islamisme radical

Messagede gloubi le Sam 25 Mai 2013 13:48

Il fait de plus en plus parler de lui.
Dernier événement en date : un militaire à Londres exécuté à l'arme blancheet en public par deux jeunes fanatisés par l'islam.
Une sorte de "propagande par le fait" dans lequel l'anarchisme s'est fourvoyé un temps, où se mêle un mysticisme un peu incompréhensible pour moi et la canalisation d'une révolte qui ne trouve pas d'autre façon pour s'exprimer.

Un sujet difficile puisque certains n'osent pas le traiter sous prétexte que l'islam représente la religion des opprimés et que de le critiquer de quelque façon que ce soit fait le jeu de la droite.
Mais l'islam ne représente en aucun cas la religion des opprimés.

Il y a aussi cet opportunisme habituel d'une certaine frange de bien-pensants qui oscillent au grès des modes et tombent à pieds joints dans le communautarisme le plus primaire.
C'était et c'est valable pour les homosexuels en général, pour les femmes en général, et maintenant pour les musulmans en général.
Alors que tout le monde sait que parmi les homosexuels, les femmes et les musulmans il existe aussi de parfaits réactionnaires voire des fascistes de premier ordre.

On trouve plus facilement ce genre de militantisme bien pensant notamment au NPA, à Alternative Libertaire, chez certains bobos de gauche avec qui il n'est pas possible de dire que tel ou tel musulman est un abruti ou un rétrograde sans se faire taxer immédiatement "d'islamophobe", un des termes les plus utilisés en ce moment dans ces milieux.

Il se trouve que l'islamisme radical gagne du terrain et que ce n'est pas bien sur par ce biais que l'humanité ira vers le progrès ni sa libération.
Alors comment le combattre ou plutôt proposer une alternative suffisamment forte pour que vieux et jeunes la choisisse plutôt que de se réfugier dans les mosquées et tuer au nom d'Allah ?

La question n'est pas simple mais elle mérite sans doute au moins d'être abordée.
gloubi
 

Re: Islamisme radical

Messagede Protesta le Sam 25 Mai 2013 14:26

Exactement!!!!! Maintenant il faudrait que les bien pensant(e)s viennent nous expliquer ce qu'est l'Islamophobie, je pense à Béa mais surtout à Annouchka (qui à toujours son compte içi) , et qu'elle nous explique en quoi critiquer l'islamisme etr l'islam est raciste.

j'en ai fini avec mon mauvais esprit :mrgreen: :mrgreen:
Protesta
 
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Re: Islamisme radical

Messagede gloubi le Sam 25 Mai 2013 15:55

Protesta a écrit: Annouchka


Tiens donc.. pourtant voilà quelqu'une dont je trouvais les interventions pertinentes.
Mais on ne peut pas être bon partout, c'est vrai.

En général quand on prend ce genre de position c'est que soi-même on a pas réglé le problème avec.

Pareil pour le féminisme hargneux à tout va, celui qui englobe toutes les catégories, qui monte sur ses grands chevaux et hurle au sexisme quand on dit qu'une telle est une abrutie et quand elle l'est vraiment.
les plus virulents là-dedans ce sont souvent des mecs seuls, aigris, frustrés, et incapables de partager harmonieusement la vie d'une femme.

Voilà : C'était notre page people .
gloubi
 

Re: Islamisme radical

Messagede gloubi le Sam 25 Mai 2013 17:16

Pour revenir au sujet ce texte sur le site mondialisme.org

Pour François Burgat, l’isla­misme est une "régr­ession féc­onde »

1 Par Hakim Arabdiou

Les tra­vaux du poli­to­lo­gue français, François Burgat, cons­ti­tuent pour l’essen­tiel une ten­ta­tive de « théo­riser » et de rendre attrayante l’idéo­logie réacti­onn­aire et capi­ta­liste des isla­mis­tes, qui représ­entent la plus viru­lente des forces poli­ti­ques au ser­vice des féodaux et de cer­tai­nes frac­tions de la bour­geoi­sie musul­mane, notam­ment com­pra­dore. Précisions d’emblée que notre poli­to­lo­gue, pour pré­venir d’éventu­elles objec­tions, et outre ses nom­breu­ses confu­sions et amal­ga­mes dans le lexi­que et les pér­iodes, parsème ses textes de tours de passe-passe sém­an­tiques, qu’il pour­rait exci­per par un : « J’ai pour­tant bien précisé que... ».

Les isla­mis­tes seraient les vec­teurs de la moder­nité du « Nord » « judéo-chrétiens » dans le monde musul­man et parmi les mino­rités musul­ma­nes d’Occident

Cet uni­ver­si­taire semble « déc­ouvrir », des déc­ennies, après la gauche arabe et celle des pays musul­mans, la nature fon­ciè­rement poli­ti­que et non reli­gieuse des mou­ve­ments isla­mis­tes. De plus, selon lui, ces der­niers lut­te­raient pour intro­duire dans les pays musul­mans, les valeurs du « Nord » judéo-chrétiens, telle que la « démoc­ratie, la laïcité, les droits de l’homme... ». On reste inter­lo­qué par une telle asser­tion, lors­que l’on sait- et Burgat, plus que tout autre- que les prin­ci­paux doc­tri­nai­res de toute la mou­vance isla­miste dans le monde, ne sont autres que Mohammed ibn Abdelwahab, Ibn Taymia, El Mawdoudi, Qichq, Qotb..., c’est-à-dire les auteurs des inter­pré­tations les plus réacti­onn­aires de l’islam. Autre élément : le farou­che combat des isla­mis­tes contre ces valeurs, combat mené, soit ouver­te­ment, soit sour­noi­se­ment, selon que le rap­port de forces soit en leur faveur ou non. Eh bien non ! nous prévient-il ; les isla­mis­tes fei­gnent seu­le­ment de reje­ter ces der­nières, alors qu’en réalité, ils n’en refu­sent que la ter­mi­no­lo­gie, qui sert à les nommer, ter­mi­no­lo­gie asso­ciée, selon lui et les isla­mis­tes, dans l’ima­gi­naire des peu­ples musul­mans, aux entre­pri­ses colo­nia­les, néo­co­lon­iales et impér­ial­istes. Ce rejet, qui ne serait donc qu’appa­rent, est en fait une « réapp­ropr­iation » de ces valeurs par eux, en vue de les réint­rod­uire dans les sociétés musul­ma­nes, par le biais d’un lexi­que et de référents cultu­rels locaux, avant tout reli­gieux. « les sociétés [du Sud] réint­rod­uisent les référ­ences de leur culture locale-la culture musul­mane [sic]- dans les différents niveaux, esthé­tiques, idéo­lo­gique... ou poli­ti­que, de décorer sa maison, des façons de parler et de penser, des référ­ences phi­lo­so­phi­ques, littér­aires ou poli­ti­ques, des modes de rai­son­ne­ment juri­di­que, que l’irrup­tion des modèles occi­den­taux avaient dis­crédités, retrou­vent ainsi irrés­is­tib­lement leur cré­di­bilité et leur attraits perdus ». [c’est moi qui sou­li­gne, H.A] François Burgat serait-il un fieffé réacti­onn­aire sur le plan social, en com­pa­rai­son à Mahfoud Nahnah, Frère musul­man algérien et ancien leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui aimait répéter dans ses déc­la­rations que : « Si le Prophète [Mohammed] était de notre temps, il s’habille­rait en cos­tume d’alpaga ». D’ailleurs, un grand nombre d’aspects du mode de vie et ins­ti­tu­tion­nels occi­den­taux sont adoptés par les sociétés et les Etats musul­mans. Ils auraient pu l’être davan­tage, si les isla­mis­tes et les pou­voirs en places avaient accepté d’aller plus loin, sans crain­dre de perdre cer­tains de leurs pri­vilèges. Notre spéc­ial­iste de l’isla­misme ajoute que cette « réapp­ropr­iation » consiste à expur­ger la moder­nité de ses contin­gen­ces his­to­ri­ques (européoc­ent­riques), afin d’en conser­ver ses inva­riants uni­ver­sels.

Si l’on en croit ces affir­ma­tions, les isla­mis­tes ne com­bat­traient pas la laïcité, en tant que telle, mais seu­le­ment, parce qu’elle serait reliée, selon lui, à un sombre passé, dont la res­pon­sa­bi­lité incombe à ses pro­mo­teurs, et parce qu’elle a évincé la chari’a de la ges­tion de la Cité. Or l’essence même de la laïcité n’est-elle pas la sépa­ration des Eglises et de l’Etat ? Pour appuyer cette asser­tion, notre auteur n’a pas trouvé mieux que d’appe­ler en ren­fort le sala­fiste, Omar Aderrahmane, l’un des com­man­di­tai­res de l’atten­tat cri­mi­nel, de février 1993, dans les sous-sols du Word Trade Center, à New York, atten­tat qui avait fait six morts et un mil­lier de blessés, parmi des inno­cents. « du fond de la prison amé­ric­aine, écrit-il, Omar Abderrahmane vitupère les « soixante-dix années sans chari’a » qu’il rend res­pon­sa­ble de tous les maux des musul­mans ». Liess Boukra, socio­lo­gue algérien, comble oppor­tunément le « déficit » en infor­ma­tion de Burgat, en indi­quant que ce leader isla­miste diri­geait « depuis plu­sieurs années, le centre des réfugiés Al-kifah, à New York ; un centre où se recru­tent les volon­tai­res du Djihad. Durant la guerre en Afghanistan, il a été uti­lisé comme cen­trale de recru­te­ment par la CIA. »2

De plus, il est notoire que les isla­mis­tes vouent aux gémonies la laïcité, car elle les prive de leur fonds de com­merce : la redou­ta­ble arme de la reli­gion. Aussi, n’hésitent-ils pas à mentir effrontément à son sujet, en vio­la­tion des pres­crip­tions du Coran, et à fal­si­fier la signi­fi­ca­tion de l’un des prin­ci­paux piliers de la moder­nité poli­ti­que, en vue de pro­vo­quer son rejet par les musul­mans, en leur affir­mant que la laïcité est syno­nyme d’athé­isme.

François Burgat nous ras­sure par ailleurs qu’il a : « fréquenté suf­fi­sam­ment de près de lea­ders ou de mili­tants isla­mis­tes au cours de dix-sept années que j’ai vécu dans le monde arabe. », pour être en mesure de jeter aux orties les défi­nitions de ce cou­rant poli­ti­que, qu’en don­nent des « pro­fes­seurs de cri­mi­no­lo­gie » sur les pla­teaux de télé­vision. Il définit quant à lui « l’isla­misme [...comme] avant tout l’usage du lexi­que musul­man dans la sphère poli­ti­que... »

C’est par une telle inep­tie que notre cher­cheur veut nous faire croire que les isla­mis­tes n’ins­tru­men­ta­li­sent pas sans ver­go­gne l’islam en vue d’ins­tau­rer une thé­oc­ratie, comme mode de ges­tion du poli­ti­que, afin de per­met­tre une exploi­ta­tion féroce de la e ouvrière et des masses labo­rieu­ses musul­ma­nes. Faisons obser­ver que, quel­ques années plus tard, celui-ci nous informe que dés­ormais les notions de mou­ve­ment « isla­mi­que » ou « isla­miste » sont inopér­antes, car elles cou­vrent une réalité dis­pa­rate. Il ne conti­nuera pas moins- quel­ques... mots plus loin- à employer ces deux termes, sans crain­dre la contra­dic­tion. La pres­sion ( ou revan­che ?) inél­uc­table de l’islam sur le judaïsme, le chris­tia­nisme et la civi­li­sa­tion occi­den­tale Selon notre auteur, ce que l’on désigne par « retour du reli­gieux », à tra­vers la « réis­la­mi­sation », dans les pays musul­mans, ainsi que la « reju­daï­sation » et la « rechris­tia­ni­sa­tion », dans le monde judéo-chrétien, cou­vrent, sous un voca­bu­laire reli­gieux, un malaise et des aspi­ra­tions par­fai­te­ment pro­fa­nes ; l’emploi du voca­bu­laire reli­gieux ne devant donc pas faire illu­sion. Il n’aime tou­te­fois pas l’expres­sion « refus de tous les intégr­ismes », qui assi­mile le pre­mier pro­ces­sus aux deux autres. La « réis­la­mi­sation » s’en différ­enc­ieraient fon­da­men­ta­le­ment, par ses pers­pec­ti­ves his­to­ri­ques pro­gres­sis­tes, qui seraient selon lui tout à l’opposé des deux autres phénomènes. Ces der­niers seraient appelés à se muer imman­qua­ble­ment en « intégr­istes ». L’isla­misme serait quant à lui en train d’ache­ver sa phase « intégr­iste », depuis la fin des années soixante-dix, phase qui aurait terni à tort son image. L’achè­vement de cette phase s’accom­pli­rait, sous l’effet conju­gué du dével­op­pement éco­no­mique et social, et de l’ouver­ture démoc­ra­tique dans les Etats musul­mans. De plus, « en terre chréti­enne du Nord, la réalité d’un « retour du reli­gieux » est loin d’être établie. » Il est sur­pre­nant que François Burgat puisse effec­tuer pareils com­pa­rai­sons et avan­cer de tels pro­nos­tics concer­nant ces deux der­niers phénomènes, alors que leur exis­tence n’est même pas prouvée ?

Comme illus­tra­tion parmi d’autres de la « moder­nité isla­mi­que », notre uni­ver­si­taire nous cite ces berbères algériens, qui, en adhérant à la cause isla­miste, se seraient par la même occa­sion, délestés de leur carcan « eth­ni­que », qui les main­te­nait dans un « ghetto poli­ti­que ». A le suivre, ce sont les tueurs du FIS qui sont imprégnés des valeurs de la moder­nité poli­ti­que, et non pas les mili­tants des partis démoc­ra­tiques, moder­nis­tes et laïques du Front des forces socia­lis­tes de Hocine Aït-Ahmed, et du Rassemblement pour la culture et la démoc­ratie, de Saïd Sadi.

Il ajoute, en col­por­tant en partie, les pro­cla­ma­tions des isla­mis­tes radi­caux, confor­tant ainsi les théories musul­ma­no­pho­bes des adep­tes du choc des civi­li­sa­tion, en pré­disant aux deux autres pro­ces­sus (de « reju­daï­sation » et de « rechris­tia­ni­sa­tion ») de som­brer dans l’intégr­isme, sous la « pres­sion de l’islam » (encore une confu­sion sciem­ment entre­te­nue, qu’il emprunte aux isla­mis­tes) « idéo­lo­gique » (isla­miste ?) et « socio­lo­gi­que » (enten­dre le poids numé­rique gran­dis­sant de l’immi­gra­tion musul­mane en Occident) « sur la civi­li­sa­tion occi­den­tale », et sur le chris­tia­nisme et le judaïsme. François Burgat donne ainsi raison aux néoc­ons­er­vateurs et aux racis­tes de tous poils en Occident de mettre en garde leurs conci­toyens, contre les mena­ces que feraient peser l’islam et les musul­mans sur leur iden­tité et leurs valeurs.

La « moder­nité isla­mi­que » assi­gne les musul­mans à un retour préa­lable à l’ état « théo­lo­gique »

L’intéressé nous pré­cise cepen­dant que « Le pro­ces­sus [...] de res­tau­ra­tion des référ­ences [...] induit iné­vi­tab­lement [c’est moi qui sou­li­gne, H.A] des formes de rup­ture avec ce que le « pro­grès », c’est-à-dire, pas seu­le­ment tech­ni­que mais aussi intel­lec­tuelle et poli­ti­que, a depuis lors apporté à ces sociétés [musul­ma­nes] ». Ainsi, pour que les peu­ples musul­mans puis­sent accéder à la moder­nité, notre uni­ver­si­taire leur inflige un retour préa­lable à l’aube de l’huma­nité, en refai­sant le chemin de celle-ci tel que tracé par Auguste Comte, à savoir les états « théo­lo­gique », puis « métap­hy­sique » et enfin « posi­tif ». En termes crus, les musul­mans seraient condamnés à subir le pur­ga­toire d’une phase de tran­si­tion, qu’il est dif­fi­cile d’appe­ler autre­ment que dic­ta­ture isla­miste.

Burgat pousse le zèle encore plus loin que les isla­mis­tes les plus obtus, jusqu’à parler de ban­nis­se­ment tem­po­raire par les isla­mis­tes de la tech­no­lo­gie dans les sociétés musul­ma­nes. Bref, une société à la Khmer rouge. Alors que les Etats isla­mis­tes, grâce à leurs riches­ses colos­sa­les, figu­rent parmi les plus gros consom­ma­teurs de tech­no­lo­gie, et qu’Al-Qaïda use d’une tech­no­lo­gie ultra-sophis­ti­quée, pour mas­sa­crer des musul­mans et des inno­cents dans le monde.

La prét­endue « effi­ca­cité » du dis­cours et des référents isla­mi­ques

Notre cher­cheur aborde une autre idée, au prix d’un énième parti pris fla­grant en faveur des isla­mis­tes et au mépris de l’objec­ti­vité à laquelle il est tenu en tant que cher­cheur. « Pourquoi, selon lui, le lexi­que et le référ­entiel de la culture isla­mi­que ont acquis, dans des mobi­li­sa­tions socia­les [...], une « effi­ca­cité » supéri­eure à ceux qui les ont précédés et notam­ment, ceux du natio­na­lisme « eth­ni­que » (arabe) dit « laïque » ». D’abord, cette prét­endue « effi­ca­cité » du dis­cours et des référents isla­mi­ques n’est ni plus, ni moins effi­cace que le dis­cours et le référ­entiel natio­na­liste et racial ou racia­liste, tout aussi popu­liste et déma­go­gique de l’extrême droite europé­enne et des évang­élistes états-uniens qui sur­fent, à l’instar des isla­mis­tes, sur les frus­tra­tions des es popu­lai­res. Cette « effi­ca­cité » s’ins­crit dans une conjonc­ture natio­nale et inter­na­tio­nale mar­quée par l’offen­sive de la réaction et de la contre-révo­lution ultra-libé­rale, dont les orga­ni­sa­tions isla­mis­tes cons­ti­tuent, à des degrés divers, l’un des détac­hements, à l’éch­elle du monde musul­man. Les quel­ques contra­dic­tions, secondai­res et bien cir­cons­cri­tes, qui peu­vent quel­que­fois les oppo­ser à leurs homo­lo­gues occi­den­taux ne chan­gent pas fon­da­men­ta­le­ment la donne. Cette prét­endue « effi­ca­cité » le doit aussi pour une part non nég­lig­eable aux mil­liards de dol­lars que leurs par­rains saou­diens, kowéitiens, etc. leur dév­ersaient, ainsi que des tonnes de litté­ra­ture reli­gieuse et poli­ti­que, et des cas­set­tes audio et audio-visuel­les à contenu obs­cu­ran­tiste, anti­com­mu­niste, antisé­mite, miso­gyne. Ce dis­cours et ce référ­entiel « isla­mi­ques » jus­ti­fient par la volonté divine l’iné­galité entre les hommes et les femmes, et entre le riche et le pauvre, glo­ri­fiant la pro­priété privée, prônant la cha­rité à la place de la soli­da­rité et la résig­nation de es, au lieu de la lutte des es. De même, ils pro­pa­geaient des slo­gans tels que « Ni Est, ni Ouest ! », qui n’est qu’une adap­ta­tion du slogan nazi : « Ni capi­ta­lisme, ni socia­lisme ! ».

Enfin, Burgat espère-il nous faire oublier qu’il n’en pas tou­jours été ainsi pour ce qui est de ce type d’« effi­ca­cité ». Ce qui sou­le­vait l’enthou­siasme des musul­mans par le passé, c’était les mots natio­na­lis­tes magi­ques tels qu’ « el watan » (la patrie), « el isti­q­lal » (l’indép­end­ance), « el houria » (la liberté), et socia­lis­tes, tels que « el ich­ti­ra­kya » (le socia­lisme), « el adala ijti­maïa » (la jus­tice sociale), la fin de « el istigh­lal el insann bi akhihi el insann » (l’exploi­ta­tion de l’homme par l’homme)... Ce n’est d’ailleurs pas seu­le­ment la répr­ession (dont ont éga­lement été vic­ti­mes les com­mu­nis­tes et d’autres forces poli­ti­ques et socia­les), qui avaient alors isolé les isla­mis­tes des peu­ples musul­mans, mais avant tout pour les rai­sons que j’ai énumérées. Les peu­ples du Proche-Orient les avaient même affu­blés de sobri­quets tels que « Toudjaar Eddine » (les Commerçant de la reli­gion) et d’« Ekhwane Echayatine » (les Frères du diable).

La vio­lence des isla­mis­tes : peut-être res­pon­sa­bles, mais sûrement pas cou­pa­bles, selon Burgat

Dans un débat orga­nisé par le maga­zine l’Express, entre la jour­na­liste et spéc­ial­iste du fon­da­men­ta­lisme, Caroline Fourest, et François Burgat, la pre­mière n’a pas manqué d’inter­pel­ler le second au sujet de ses posi­tions sur le ter­ro­risme du FIS en Algérie. « Dans tous vos écrits, lui avait-elle repro­ché, vous avez sou­tenu le Front isla­mi­que du salut. Les mas­sa­cres, selon vous, étaient uni­que­ment impu­ta­bles à l’armée et au gou­ver­ne­ment. Autrement dit, les isla­mis­tes seraient de doux agneaux... », et le fait aussi qu’il ait mis toute « son énergie à dén­oncer le com­plot de l’armée [algéri­enne] ne sert qu’à une chose : dis­culper les intégr­istes de leurs crimes... ». Elle avait un peu plus tôt défini l’isla­misme, comme un « mou­ve­ment poli­ti­que qui ins­tru­men­ta­lise la reli­gion à des fins liber­ti­ci­des et réacti­onn­aires. »

Voici la rép­onse du mis en cause. « Nous serions d’accord [...] si vous évoquiez la com­po­sante « sala­fiste », c’est-à-dire la frange sec­taire du cou­rant isla­miste, et non pas sa tota­lité. [...] Elle existe. Je la dén­once et je la com­bats comme vous. »

Voyons main­te­nant com­ment François Burgat « dén­once » et « combat » cette ten­dance de l’isla­misme. D’abord, il omet volon­tai­re­ment de porter à notre connais­sance que le FIS et ses nom­breu­ses bandes armées sont des sala­fis­tes, pure jus. Ensuite, il absout ces mêmes sala­fis­tes de leurs lon­gues listes d’atro­cités en Algérie : égorger des citoyens, enfour­ner des bébés, faire explo­ser des voi­tu­res piégés devant les mar­chés et les lieux popu­leux, trans­for­mer dans les maquis les sabayas (les cap­ti­ves) en escla­ves du tra­vail le jour et en escla­ves sexuels le soir pour tous les mem­bres du groupe, violer ou sodo­mi­ser une femme par­fois devant son mari ou ses enfants, avant de la déc­ouper, etc. Il fait éga­lement endos­ser la « ...res­pon­sa­bi­lité mas­sive, systé­ma­tique [c’est moi qui sou­li­gne, H.A] de l’armée algéri­enne dans les mas­sa­cres qu’elle a attri­bués aux isla­mis­tes ? » Notre cher­cheur ne se contente pas de blan­chir, comme neige, a pos­te­riori les assas­sins se réc­lamant de l’islam poli­ti­que. Il excuse aussi a priori leurs crimes, en les prés­entant, comme des vic­ti­mes. Leur vio­lence ? Elle n’est que le fruit de l’oppres­sion passée et prés­ente du colo­nia­lisme, du néo­co­lon­ial­isme et de l’impér­ial­isme qui sont de « véri­tables machi­nes qui fabri­quent des poseurs de bombes » et à « pro­duire de la vio­lence poli­ti­que ». Malgré cela, les « sala­fis­tes » qu’il dit « dén­oncer » et « com­bat­tre » ne seraient pas passé à l’acte, s’ils n’ont pas été forcés à des­sein de se « radi­ca­li­ser », et s’il ne s’était pas agi de « mani­pu­la­tions, sou­vent mas­si­ves, des fran­ges extrém­istes de l’oppo­si­tion isla­miste » de la part des régimes musul­mans.

Par dépit que les isla­mis­tes aient échoué à ins­tau­rer une isla­mo­dic­taure à la sou­da­naise en Algérie, notre poli­to­lo­gue déch­arge sa rage en trai­tant de « laïco-éra­di­cateurs »3 les démoc­rates répub­licains algériens4, cons­ti­tuées d’une partie de la gauche et des laïques, ainsi que de l’écras­ante majo­rité des orga­ni­sa­tions fémin­istes, syn­di­ca­les et des anciens rés­istants anti-colo­nia­lis­tes.

Notre auteur cache éga­lement à ses lec­teurs qu’en Algérie (et dans quel­ques autres pays musul­mans), la répr­ession contre le ter­ro­risme isla­miste est menée, depuis les débuts des années 1990, avec la pleine col­la­bo­ra­tion des Frères musul­mans algériens, du MSP, qui comp­tent plu­sieurs minis­tres, dont Abou Djerra Soltani, le pré­sident actuel de cette for­ma­tion poli­ti­que, dans le gou­ver­ne­ment islamo-conser­va­teur algérien.5

Précisons au pas­sage que l’armée algéri­enne est d’extrac­tion popu­laire (60% d’appelés du contin­gent) et ne se réduit aucu­ne­ment à une poi­gnée de généraux véreux. Elle compte en son sein des mil­liers d’offi­ciers répub­licains et une mino­rité de laïques qui ont com­battu le ter­ro­risme isla­miste sur une base idéo­lo­gique : la prés­er­vation du caractère répub­licain de l’Etat algérien. Selon lui, la vio­lence isla­miste serait de tout façon un moin­dre mal, dans la mesure, où elle vise à l’avè­nement de la « moder­nité isla­mi­que ». C’est ainsi qu’il cite entre autres le cas de l’inter­dic­tion de force, en 1979, par les com­man­dos isla­mis­tes, de la mixité dans les excur­sions à l’uni­ver­sité du Caire. Il affirme sans sour­ciller que cette inter­dic­tion cor­res­pon­dait à l’aspi­ra­tion de la « popu­la­tion uni­ver­si­taire fémi­nine- en l’occur­rence une large majo­rité- pour qui la pra­ti­que de la mixité hors mariage n’est pas acceptée ». Il ajoute que « Pour toutes celles pour qui ce qui se passe « sous le voile » [C’est moi qui sou­li­gne, H.A] ne se passe à bien des égards que grâce à lui, cette réc­on­cil­iation va para­doxa­le­ment per­met­tre de goûter aux béné­fices d’une indis­cu­ta­ble... moder­ni­sa­tion. » D’après lui donc, si ces étudi­antes avaient rejeté la mixité, c’était en vue d’éch­apper au contrôle de leurs famil­les et d’accéder par conséquent à un mode de vie moderne, notam­ment de pou­voir satis­faire leurs désirs sexuels, grâce aussi au port du hidjab, qui éloigne d’elles tout soupçon de for­ni­ca­tion. Premièrement, sur quoi Burgat s’est-il fondé pour affir­mer qu’une « large majo­rité » d’étudi­antes égypti­ennes de cette uni­ver­sité avaient refusé la mixité hors mariage ? A-t-il effec­tué un recen­se­ment, parmi elles ? De plus, la cita­tion ci-des­sous montre que Burgat confond entre les étudi­antes non voilées et les étudi­antes voilées, qui sont soit des mili­tan­tes ou soit des sym­pa­thi­san­tes isla­mis­tes. Deuxièmement, com­ment ces mêmes étudi­antes espéraient-elle uti­li­saient, d’après lui, le stra­tagème du port du hidjab, pour pou­voir faire l’amour avec leurs cama­ra­des étudiants, en même temps qu’elles refu­saient de les côtoyer. Troisièmement, la prés­ence même de ces étudi­antes dans cet établ­is­sement, où règne la mixité, atteste que cette der­nière ne cons­ti­tuait pas un obs­ta­cle majeur pour leurs famil­les.

De plus, le rejet de la mixité par les isla­mis­tes ne concerne pas seu­le­ment cet enceinte et ce milieu, bien au contraire. Dans toutes les uni­ver­sités des pays musul­mans, où ils dis­po­saient d’un mini­mum de puis­sance (avec l’apport des isla­mis­tes non uni­ver­si­tai­res ou du lum­pen­prolé­tariat), ils avaient imposé ou tenté d’impo­ser la sépa­ration des sexes. Ils ont éga­lement appli­qué cette poli­ti­que en dehors du milieu uni­ver­si­taire. C’est ainsi qu’en Algérie, dans les muni­ci­pa­lités qui dis­po­saient de régies de trans­port, et que le FIS avaient gagnés, en 1990, comme celle de Blida, ce parti avait ins­tallé une cloi­son en plexi­glas, au milieu des bus, séparant les femmes (à l’avant) et les hommes (à l’arrière). Nous l’avons vu aussi en France avec leur réc­la­mation, à l’instar des intégr­istes juifs, des séances de pis­cine non mixtes, ou la soi­gneuse sépa­ration des femmes et des hommes, lors des ras­sem­ble­ments et des réunions orga­nisées par eux, même en prés­ence d’un Tariq Ramadan, que cer­tains prés­entent faus­se­ment comme un isla­miste modéré ou un musul­man libéral.

Voyons main­te­nant com­ment François Burgat jus­ti­fie-t-il la théorie de la vio­lence de Qotb, l’un des idéo­logues les plus en vue des isla­mis­tes du monde entier ? Celui-ci avait appelé, au milieu des années soixante, à suivre l’exem­ple de l’expéri­ence guer­rière du pro­phète Mohammed, qui avait détruit les sym­bo­les du paga­nisme de la pér­iode pré­is­lam­iste, en Arabie. Qotb en avait tiré la conclu­sion que pour pren­dre le pou­voir d’Etat, les « musul­mans » (c’est-à-dire les isla­mis­tes) devrait recou­rir à la vio­lence, qui est pour eux plus qu’une néc­essité, une obli­ga­tion. Burgat jus­ti­fie cette « radi­ca­li­sa­tion » par les tor­tu­res que lui avait infligées le régime de Abdelnasser, avant de l’exé­cuter, en août 1966. Or Qotb ne pou­vait pas ne pas s’ins­pi­rer de ses maîtres à penser : Ibn Taymiya, considéré comme le grand théo­ricien du djihad et Mohammed Ibn Abdelwaheb, dont la doc­trine, le waha­bisme, fait des rava­ges dans le monde musul­man. De plus, le régime de Abdenasser tor­tura tout autant, et empri­sonna pour de lon­gues années et par­fois, assas­si­nat des com­mu­nis­tes égyptiens, qui prônaient et se bat­taient pour­tant pour le socia­lisme, qui était la doc­trine offi­cielle du régime. Pour autant, ces pra­ti­ques inhu­mai­nes ont-elles amené les com­mu­nis­tes égyptiens à excom­mu­nier l’ensem­ble des Etats et des peu­ples musul­mans, comme l’ont fait Qotb et ses sem­bla­bles ? Non. Ce sont les com­mu­nis­tes et l’extrême gauche des pays musul­mans qui ont, depuis les années 1960 et 1970, qua­li­fié les mou­ve­ments isla­mis­tes de fas­cis­tes. Ils l’ont fait en obser­vant un cer­tain nombre de caractér­is­tiques essen­tiel­les sur les plans de l’orga­ni­sa­tion et des mét­hodes que ces der­niers avaient copié sur les che­mi­ses brunes de Benito Mussolini et les Section d’assaut d’Adolf Hitler. Il fau­drait ajou­ter les simi­li­tu­des dans leurs pro­gram­mes poli­ti­ques res­pec­tifs en faveur d’un capi­ta­lisme, pure et dure. Sous cou­vert de char’ia, c’est-à-dire d’appli­ca­tion des préc­eptes pseudo-divins (car ils sont de fabri­ca­tion humaine), les mou­ve­ments isla­mis­tes visent à ins­tau­rer un ordre poli­ti­que et social qui muselle les es labo­rieu­ses musul­ma­nes et inter­di­sent leurs orga­ni­sa­tions poli­ti­ques et syn­di­ca­les de gau­ches. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les marxis­tes étaient la cible pri­vilégiée et per­ma­nente des calom­nies et des agres­sions phy­si­ques des isla­mis­tes, au nom d’ « Allah Akbar ! » (Dieu est grand !) et à coup de barres de fer, de gour­dins, de sabres, de chaînes à vélo, d’esprit de sel, etc. Ces agres­sions, qui se fai­saient sou­vent avec la com­pli­cité, active ou pas­sive, des régimes en places, entraînaient par­fois morts d’hommes. Au début des années 1980, l’étudiant, Kamel Amezal, avait été assas­siné, dans la cité uni­ver­si­taire-garçons- de Ben Aknoun, à Alger, à coups de sabre, par un com­mando isla­miste, qui vou­lait inter­dire toute acti­vité dans la cité, à part les leurs. Les isla­mis­tes culti­vent aussi une véri­table név­rose envers le sexe des musul­ma­nes. Ils culpa­bi­li­sent la plu­part d’entre elles en les trai­tant de mau­vai­ses croyan­tes, voire de dév­ergondées, de dénudées ou de pros­ti­tuées, pour l’unique raison qu’elles ne por­tent pas leur uni­forme poli­ti­que et sexiste. Sexiste, car cet uni­forme, qu’est le hidjab, considère non seu­le­ment la musul­mane comme inféri­eure au musul­man, mais aussi parce qu’il les considère tous deux, non pas avant tout comme des êtres humains, mais d’abord comme des sexes. Burgat occulte la nature de e des partis isla­mis­tes Pour cet uni­ver­si­taire, le pro­ces­sus de « réis­la­mi­sation », est, de par sa nature iden­ti­taire, tran­siste, à savoir un pro­ces­sus qui trans­cende les intérêts d’une seule e sociale, pour englo­ber les intérêts com­muns à toutes les es. Il nous semble que Burgat com­ment une double mép­rise. D’abord, l’isla­misme n’est pas un phénomène iden­ti­taire, mais une force poli­ti­que, qui vise la prise du pou­voir d’Etat, et défend, à ce titre, des intérêts de es, bien définis. Ensuite, notre uni­ver­si­taire confond ou feint de confon­dre la nature socio­lo­gi­que d’une for­ma­tion poli­ti­que avec la nature (ou l’essence) de son pro­gramme poli­ti­que. La phrase sui­vante de Hassan Banna, le fon­da­teur des Frères musul­mans en Egypte, ne laisse aucun doute quant aux convic­tions poli­ti­ques de celui-ci : « Les ouvriers doi­vent tou­jours se rap­pe­ler le devoir qu’ils ont envers Dieu, leur âme et leur patron. »6

Burgat adepte de Bernad Lewis et de Samuel Huntington ? L’ascen­dance des isla­mis­tes sur François Burgat est telle qu’il affirme qu’« Au cœur du malen­tendu » entre l’Occident et le monde musul­man est l’inca­pa­cité du pre­mier à « bana­li­ser » ses rela­tions avec les isla­mis­tes, vus comme réfr­act­aire à la moder­nité. Comment peut-il sou­te­nir une idée aussi far­fe­lue, lui l’uni­ver­si­taire et de gauche de sur­croît, tout en ne ces­sant pas de clamer, tou­jours pour valo­ri­ser d’autant les isla­mis­tes, que tous les régimes musul­mans sont les protégés des pays européens et des Etats-Unis. Par conséquent, aucun conflit n’oppose ces der­niers aux pre­miers, et vice versa. Peut-être avons-nous mal com­pris les propos notre cher­cheur. Ceci à notre corps déf­endant, tant il adopte les amal­ga­mes des isla­mis­tes, à des fins mani­pu­la­tri­ces, concer­nant des notions telles que « islam », « isla­misme », « musul­mans » « peu­ples musul­mans », « culture isla­mi­que », « réis­la­mi­sation », etc.

S’agit-il alors d’un conflit entre l’Occident et les peu­ples musul­mans ? Dans ce cas, il trans­forme de son propre chef tous les musul­mans de la planète en mili­tants isla­mis­tes ou en sym­pa­thi­sants isla­mis­tes. Les musul­mans seraient donc gagnés par les isla­mis­tes à leur inter­pré­tation rét­rog­rade et à leur doc­trine éco­no­mique ultra-libé­rale, qui sous-tend leur dis­cours pseudo-reli­gieux. Il est vrai qu’il affirme avec beau­coup d’aplomb, que cette force poli­ti­que représ­ente « 70 à 80% » des peu­ples musul­mans. Par quels moyens a-t-il obtenu ces chif­fres ? Mystère !

Ainsi, un cultu­ra­lisme poussé jusqu’à la cari­ca­ture par ce spéc­ial­iste de l’isla­misme, fait repren­dre par celui-ci, l’une des pièces maîtr­esses de la pro­pa­gande des isla­mis­tes, depuis plus de 80 ans : l’Occident, présenté uni­que­ment comme aire civi­li­sa­tion­nelle, en vou­drait à l’islam, enten­dre à leur projet de société réacti­onn­aire et pro­fondément iné­ga­lit­aire.

Burgat ne fait que déna­turer, à la suite des isla­mis­tes, la lutte des peu­ples musul­mans, luttes sem­bla­bles et soli­dai­res aux luttes des autres peu­ples chrétiens, indouis­tes... Elle consiste à s’oppo­ser au système capi­ta­liste, fondée sur l’extor­sion de la plus-value à l’ éch­elle inter­na­tio­nale par le biais de rap­ports bilatéraux et de mécan­ismes d’exploi­ta­tion mis en œuvre par les orga­ni­sa­tions mul­ti­laté­rales telles que le FMI, la Banque mon­diale, l’OMC... orga­ni­sa­tions contrôlées par les entre­pri­ses trans­na­tio­na­les, via leurs sup­plét­ifs. Les peu­ples musul­mans lut­tent aussi, à l’instar des autres peu­ples, contre l’expres­sion poli­tico-mili­taire de ce système : l’impér­ial­isme.

Pour notre auteur, les isla­mis­tes représ­entent éga­lement le mou­ve­ment de libé­ration du « Sud » de la domi­na­tion du « Nord », « judéo-chrétien ». Peu lui importe que le Sud « n’est pas [...] seu­le­ment musul­man », comme il l’avance. Il aurait dû pour­tant pré­ciser que les musul­mans y sont même mino­ri­tai­res. L’Inde, ancienne colo­nie bri­tan­ni­que, compte à elle seule, pres­que autant d’indouis­tes (85% de la popu­la­tion) que de musul­mans sur Terre. En dépit de cette faible pro­por­tion, Burgat per­siste à sou­te­nir une thèse aussi erronée, sans parler du passé peu glo­rieux des isla­mis­tes- mou­ve­ments et Etats- qui s’étaient rangés sous la ban­nière de l’impér­ial­isme, durant la guerre froide. Il passe éga­lement sous silence l’exis­tence de mul­ti­ples mou­ve­ments dans les pays du « Sud » qui contes­tent à des degrés et sous des formes diver­ses la domi­na­tion du « Nord », sur des bases, soit réacti­onn­aires (natio­na­lis­tes chau­vins, fon­da­men­ta­lisme poli­tico-reli­gieux, à l’instar des isla­mis­tes...), soit anti-impér­ial­istes, voire anti­ca­pi­ta­lis­tes (natio­na­lis­tes de gauche, cou­rants marxis­tes, notam­ment en Amérique latine...).

Il reste éga­lement muet sur le fait que les régimes isla­mis­tes du golfe, vas­saux des Etats-Unis et des autres Etats impér­ial­istes, sont les argen­tiers et puis­sants pro­tec­teurs poli­tico- diplo­ma­ti­ques des mou­ve­ments isla­mis­tes. En éch­ange, ces der­niers s’étaient com­portés, comme les com­pli­ces de fait des ancien­nes puis­san­ces colo­nia­les, en s’oppo­sant à toutes les réa­li­sations anti-impér­ial­istes et aux ten­ta­ti­ves de leurs peu­ples de récupérer leurs riches­ses natu­rel­les pour les mettre au ser­vice de leur bien-être et de leur dével­op­pement socio-éco­no­mique.

Face à ses menées, Burgat tantôt s’abrite der­rière la pro­pa­gande des isla­miste pour valo­ri­ser leurs actions ou camou­fler leurs agis­se­ments, tantôt il s’en fait ouver­te­ment le relaie à tra­vers cer­tai­nes expres­sions assi­mi­lant les acquis poli­ti­ques, éco­no­miques et sociaux des peu­ples musul­mans à des « séqu­elles colo­nia­les », et les « natio­na­li­sa­tions » (du pét­role, des terres, du Canal de Suez, etc.) à des mesu­res « exogènes », « non endogènes », à un « déficit d’endogénéité », à des « séqu­elles cultu­rel­les [du colo­nia­lisme] », de « ne pas assu­mer de rup­ture cultu­relle et sym­bo­li­que réel avec l’uni­vers colo­nial », en « usant de caté­gories marxi­san­tes, de la pensée occi­den­tale », et de l’« auto­ri­ta­risme crois­sant des « élites natio­na­lis­tes », etc. Pour noyer encore plus le pois­son, il prés­ente pèle mêle, les régimes musul­mans, comme des protégés des Occidentaux, afin de s’éviter de révéler cer­tai­nes vérités. Les pays musul­mans n’ont, ni tous, ni tou­jours, ni au même degré tissé des allian­ces avec les grands pays impér­ial­istes. Ils se sont long­temps divisés en anti-impér­ial­istes tels que l’Egypte, l’Algérie, la Syrie, l’Irak (une cer­taine pér­iode), le Yemen du Sud, etc. qui étaient cons­tam­ment menacés de coup d’Etat par la CIA, et avaient lutté aux côtés du Vietnam de Ho Chi Minh, du Chili de Salvador Allende, des Sandinistes du Nicaragua, de Cuba, etc. Le « mal » de tous ces pays étaient aux yeux de l’impér­ial­isme et des isla­mis­tes leur volonté de para­che­ver leur indép­end­ance poli­ti­que par une indép­end­ance éco­no­mique, et la reven­di­ca­tion d’un Nouvel ordre éco­no­mique plus juste entre le Nord et le Sud. Et les pro-impér­ial­istes tels que les monar­ques maro­cain, Hassan II, et jor­da­nien, Hossein, le dic­ta­teur isla­miste, pakis­ta­nais, le général Zia el Haq, les monar­chies isla­mis­tes du golfe et les mou­ve­ments isla­mis­tes. Ce sont ces pré­cisions que l’on aurait pu légi­ti­mement atten­dre de la part d’un spéc­ial­iste de l’isla­misme. Il est vrai que ces révé­lations rui­ne­rait cette thèse, si contraire à la vérité. Cela étant, quoiqu’on pense des régimes musul­mans, et à l’excep­tion des monar­chies du golfe, et quel­ques autres pays, à l’instar du Soudan, la plu­part d’entre eux ont, bon gré ou malgré eux, sécu­larisé des pans entiers leurs Etats et de leurs sociétés, et intro­duit une rela­tive moder­nité en leur sein, en un espace de temps très court. Il ne s’agit pas d’igno­rer le long chemin qui reste à faire pour l’abo­li­tion des monar­chies et l’ins­tau­ra­tion de la démoc­ratie et la laïcité pleine et entière. Le révisi­onn­isme de Burgat concer­nant la pater­nité des luttes d’indép­end­ance de cer­tains pays arabes. L’intéressé va jusqu’à émettre une gros­sière contre-vérité, concer­nant la pater­nité des indép­end­ances de l’Egypte, de la Tunisie et de l’Algérie. Selon lui, le pou­voir aurait dû reve­nir de droit aux isla­mis­tes, lors des indép­end­ances de ces trois pays, en nous expli­quant que : « Les pre­miers isla­mis­tes moder­nes seront en effet écartés, dans tous les cas, au béné­fice des élites indép­end­ant­istes « laïques », au terme d’un pro­ces­sus dont toutes les dimen­sions (et notam­ment le rôle joué par les puis­san­ces colo­nia­les dans la coop­ta­tion de leur « inter­lo­cu­teurs-par­te­naire » indép­endant) n’ont pas encore été écla­ircies ». Autrement dit, l’Egyptien, Gamal Abdelnasser, le Tunisien, Habib Bourguiba et l’Algérien, Ahmed Ben Bella, ainsi que leurs com­pa­gnons natio­na­lis­tes, et par­fois des éléments de gauche et des marxis­tes ne seraient en fait que des fan­to­ches des puis­san­ces colo­nia­les, qui les ont para­chutés à la tête de ces Etats, nou­vel­le­ment indép­endants. Pourtant, voici ce que racontent Olivier Carré et Michel Seurat à propos des Frères musul­mans égyptiens7. « Les pre­miers dons reçus cette année-là, [en 1928], sont le fait de la com­pa­gnie du Canal [de Suez]. 500 livres égypti­ennes ; outre le permis de cons­truire du pre­mier local des Frères, mais aussi une mos­quée [...]. Banna niera plus tard ces dons de la Compagnie du Canal, après s’être jus­ti­fié auprès de Frères qui le quit­te­ront ». Banna avait col­la­boré avec le roi Farouk, et « garder pen­dant toutes ces années des contacts suivis avec la puis­sance colo­niale ». Les deux auteurs mon­trent aussi com­ment ces intégr­istes avaient été ins­tru­men­ta­lisés aussi bien par le Palais que par le chef de l’uni­ver­sité d’El Azhar contre le Parlement, le gou­ver­ne­ment, les partis poli­ti­ques, en par­ti­cu­lier, le Wafd, pion­nier de la reven­di­ca­tion de l’indép­end­ance de l’Egypte. Il perdra plus tard son crédit pour sa conci­lia­tion avec les Britanniques. Ce parti avait une « tare » sup­plém­ent­aire : il était laïque. Sa devise était : « La reli­gion est pour Dieu et la patrie est pour tous ». Quant à l’Association des ouléma algériens, com­posée aussi d’isla­mis­tes (leur figure de proue fut Bachir Ibrahimi), elle réc­lamait la liberté du culte musul­man et l’égalité des droits dans le cadre de l’Etat colo­nial français. Elle n’a de sur­croît rejoint que tar­di­ve­ment la guerre de libé­ration natio­nale, décl­enchée en 1954, par les natio­na­lis­tes du Front de libé­ration natio­nale. Malek Bennabi (1905-1973), intel­lec­tuel isla­miste fran­co­phone et père du fon­da­men­ta­lisme dans l’Algérie indép­end­ante, expli­que la domi­na­tion colo­niale du peuple algérien par la « colo­ni­sa­bi­lité » de celui-ci. Il réci­di­vera à l’indép­end­ance, en par­lant de « néo­co­lo­ni­sa­bilité » du peuple algérien. La revue, au titre aussi séd­uisant que trom­peur, Humanisme musul­man, de l’asso­cia­tion isla­miste algéri­enne, Al Qyam el isla­mia, avait publié un arti­cle qui disait entre autres ceci : « Qu’est-ce que le mou­ve­ment hitlérien ? [...] Le mou­ve­ment nazi n’est au fond qu’une réaction, bru­tale certes, contre un état de fait ; l’Allemagne était en déc­om­po­sition, il fal­lait sauver l’Allemagne. Le régime nazi étant le seul régime capa­ble de sauver l’Allemagne, le régime était l’Allemagne, et ses enne­mis étaient les enne­mis de l’Allemagne, et qu’il fal­lait détr­uire sans pitié. »8 En Israël, et bien avant les révé­lations (en 1987) de l’heb­do­ma­daire israélien, Koteret Rashit, et de Charles Enderlin, cor­res­pon­dant de France 2, en Israël, dans le jour­nal Le Monde (du 4 février 2006), nous, mili­tants de gauche algériens, à Alger, étions déjà au fait de la col­lu­sion des isla­mis­tes pales­ti­niens avec les auto­rités israéli­ennes, contre la rés­ist­ance pales­ti­nienne, incarnées alors par les seules natio­na­lis­tes et les marxis­tes laïques. Ainsi, dès les débuts de 1980, nous lisions, dans les orga­nes cen­traux, El Hadaf (le But) et El Houria (la Liberté), des orga­ni­sa­tions d’extrême gauche, res­pec­ti­ve­ment le Front démoc­ra­tique pour la libé­ration de la Palestine et le Front popu­laire pour la libé­ration de la Palestine, des arti­cles rela­tant les agres­sions phy­si­ques des mem­bres de la rés­ist­ance pales­ti­nienne par des com­man­dos des Frères musul­mans, avec la bénéd­iction du Shin Bet et du Shabak, ou le fait que ces fon­da­men­ta­lis­tes se por­taient ou sou­te­naient les listes des élections syn­di­ca­les pro­fes­sion­nel­les de l’ « admi­nis­tra­tion » (israéli­enne) contre celle de la rés­ist­ance. En 1979, le leader isla­miste pales­ti­nien, Fathi Shqaqi9, écrit un ouvrage, dans lequel il cri­ti­que l’OLP, pour son inef­fi­ca­cité dans sa lutte contre Israël, et sur­tout la « dis­crétion des Frères musul­mans de Palestine, qui avait sacri­fié le combat poli­ti­que contre Israël au confort de la pré­di­cation et de l’action sociale ». La mém­oire arabe se sou­vient encore de Septembre-Noir, ce tra­gi­que mois de 1970, où les isla­mis­tes jor­da­niens avaient apporté leur sou­tien à leur roi, dans le mas­sa­cre des fidayine et des réfugiés pales­ti­niens, en éch­ange de préb­endes et de « stra­pon­tins » dans le pou­voir.

Le ren­ver­se­ment dans les années 1980 du régime pro­gres­siste d’Afghanistan par la coa­li­tion impér­ialo-isla­mis­tes

Nous aurions espéré voir, que là aussi, aussi bien le cher­cheur que l’homme de gauche, nous révéler les véri­tables enjeux de la guerre d’Afghanistan, qui avait vu s’affron­ter, en 1980, d’une part, le régime pro­gres­siste de Najibullah et l’armée rouge, à laquelle il avait fait impru­dem­ment appel à l’aide, et d’autre part, la coa­li­tion isla­miste et impér­ial­iste mon­dia­les. Or celui-ci repro­duit aujourd’hui encore la mys­ti­fi­ca­tion des peu­ples musul­mans et d’Occident, par les impér­ial­istes, les monar­ques réacti­onn­aires du golfe et les mou­ve­ments isla­mis­tes. Ainsi, parle-t-il de « par­ti­ci­pa­tion vic­to­rieuse [des isla­mis­tes] à la rés­ist­ance contre l’occu­pa­tion [c’est moi qui sou­li­gne, H.A] sovié­tique de l’Afghanistan » et de « vic­toire des com­bat­tants » [c’est moi qui sou­li­gne, H.A] isla­mis­tes, dans ce pays. Rappelons, qu’en 1980, Valéry Giscard d’Estaing, le prin­ci­pal réd­acteur de l’ultra-libéral et anti­laïque Traité cons­ti­tu­tion­nel européen, avait déclaré : « Pour com­bat­tre le com­mu­nisme nous devons lui oppo­ser une idéo­logie. A l’Ouest, nous n’avons rien. C’est pour­quoi nous devons nous appuyer sur l’islam ». Lors de cet affron­te­ment, les mou­ve­ments isla­mis­tes du monde entier avaient par­ti­cipé au recru­te­ment de mer­ce­nai­res, parmi la jeu­nesse musul­mane, enca­drée ensuite par les ser­vi­ces secrets du dic­ta­teur isla­miste pakis­ta­nais, Zia el Haq, et entraîné et for­te­ment armés par la CIA, dans les bases arrières de Peshawar, au Pakistan.

Nous nous atten­dions à ce que notre auteur nous montre aussi, com­ment cette coa­li­tion avait réussi à faire croire à ces jeunes qu’ils allaient com­bat­tre pour l’islam, alors qu’ils avaient servi de chaire à canon, pour déf­endre les intérêts des impér­ial­istes, des mul­ti­na­tio­na­les et des mil­liar­dai­res musul­mans. Parmi ces « com­bat­tants » figu­rait l’une des créa­tures de la CIA, deve­nue tris­te­ment célèbre, par la suite ; le ter­ro­riste- mil­liar­daire, Oussan Ben Laden. Les isla­mis­tes des pays musul­mans avaient éga­lement mené la guerre de l’image sur ce conflit. Grâce aux pét­rod­ollars, n’importe quel groupe isla­miste d’un coin perdu d’Algérie (c’est très pro­ba­ble­ment le cas pour d’autres pays musul­mans, en Europe et aux Etats-Unis), dis­po­sait d’un télé­viseur cou­leur (perle rare et très chère à l’époque) et de cas­set­tes vidéos (tech­no­lo­gie encore hors de portée de la gauche dés­argentée des pays musul­mans) pour mon­trer par exem­ple, com­ment Dieu envoyait un grand un oiseau abat­tre les avions Mig ou Sukhoï, et les chars d’assaut T. 60 sovié­tiques.

Les insi­nua­tions mal­veillan­tes de François Burgat à l’égard de l’ensem­ble des élites et des oppo­si­tions non isla­mis­tes des pays musul­mans

La quête éperdue de cette uni­ver­si­taire à servir les isla­mis­tes n’a d’égale que la haine qu’il voue aux « élites » non isla­mis­tes, dans les pays musul­mans, élites qu’il essaie, vaille que vaille, de dis­cré­diter, en les désignant ou en leur adjoi­gnant systé­ma­tiq­uement des termes dis­qua­li­fiant. Il tente par cette pra­ti­que de créer un effet de contraste qui soit favo­ra­ble à ses amis isla­mis­tes. Sa han­tise est que ces intel­lec­tuels, ces mili­tants et ces oppo­sants puis­sent être vues comme une alter­na­tive cré­dible, par la gauche et les mino­rités musul­ma­nes, d’Europe.

C’est ainsi qu’il les traite d’« élite acculturée », d’élite « dite laïque », d’« infime élite [qui avait ] intér­iorisée » les valeurs du Nord judéo-chrétien, soit dit en pas­sant les mêmes que celles, qu’il jure ses grands dieux, que les isla­mis­tes sont les seuls por­teurs parmi les peu­ples musul­mans. Il réduit éga­lement toutes ces élites à des « oppo­si­tions plus ou moins pré­fab­riquées (ou cooptée) à des fins cosmé­tiques pour les besoins de la mise en scène d’un plu­ra­lisme des­tiné avant tout à l’expor­ta­tion ».

Mais qui sont donc ces femmes et ces hommes, ces mili­tan­tes et ces mili­tants, ces intel­lec­tuels et ces oppo­sants qu’il fus­tige tant, et dont il passe sous silence le combat, par­fois de toute une vie, pour les libertés syn­di­ca­les, les droits sociaux, les droits des femmes, les libertés fon­da­men­ta­les, combat pour lequel ils avaient payé et paient encore un lourd tribu ? Burgat sait par­fai­te­ment qu’il ne s’agit pas seu­le­ment de béni-oui-oui. Mais il n’a pas le cou­rage de les nommer. Peut-être le fera-t-il à l’avenir ? Ces élites, qu’il mal­traite, ont d’abord été et pen­dant des déc­ennies, pres­que uni­que­ment, les com­mu­nis­tes et l’extrême gauche, et peu ou prou, les natio­na­lis­tes de gauche qui incar­naient dans ces pays, les valeurs du pro­grès poli­ti­que, éco­no­mique et social. Font partie de ces élites, ces fran­ges des cou­ches moyen­nes musul­ma­nes moder­nis­tes et laïques et des théo­logiens musul­mans libéraux.

Hakim Arabdiou

1 Cette expres­sion fas­ci­sante est de Lahouari Addi pour com­men­ter la vic­toire du FIS aux élections lég­is­la­tives de déc­embre 1991. Il vou­lait signi­fier par là que les Algériens se gué­riront de l’isla­misme, lorsqu’ils subi­ront l’expéri­ence d’un régime de ce type. Cela n’empêc­hera cet uni­ver­si­taire, venu ensei­gner en France, après cette vic­toire, d’être un fer­vent réc­on­cil­iateur avec ce parti, et l’un des sup­por­ters de l’accord de San Eggidio, au Vatican, à Rome, de jan­vier 1995, qui a vu la satis­fac­tion de toutes les exi­gen­ces du FIS, et consa­cré par la même occa­sion, la red­di­tion du peuple et de l’Etat algériens. 2 Liess Boukra : le Terrorisme : défi­nition, his­toire, idéo­logie et pas­sage à l’acte, Chihab édition, 2006, Alger.

3 Ce sont les réc­on­cil­iateurs algériens, français et des ONG des droits de l’Homme, qui ont appelé « éra­di­cateurs », les démoc­rates algériens opposés à l’ins­tau­ra­tion d’une thé­oc­ratie isla­miste et ultra-libéral en Algérie. Ils vou­laient par cette appel­la­tion leur attri­buer men­songè­rement la volonté de persé­cuter indis­tinc­te­ment tous les mili­tants et les sym­pa­thi­sants, voire les électeurs du FIS, alors que l’objec­tif des forces anti­fas­cis­tes algéri­ennes était d’éra­diquer le ter­ro­risme de ce parti.

4 Les démoc­rates anti-isla­mis­tes s’étaient, à un moment donné de la lutte contre l’isla­mo­fas­cisme du FIS, autodé­signés ainsi, afin de se dis­tin­guer aussi bien de la frange du pou­voir opposé au FIS que des démoc­rates, qui se sont com­pro­mis avec lui, et qu’ils ont rangés sous l’étiqu­ette « réc­on­cil­iateurs », parce que ceux-ci avaient pris fait et cause pour le FIS.

5 Contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas tout le pou­voir algérien, avec ses prin­ci­pa­les com­po­san­tes et cen­tres de décisions, en pre­mier parmi les forces de sécurité et le FLN, qui était opposé à l’acces­sion du FIS au pou­voir. Ainsi, les réc­on­cil­iateurs étaient représentés dans le pou­voir par les hommes de l’ancien pré­sident de la répub­lique, Chadli Bendjedid, y com­pris parmi les chefs de l’armée algéri­enne, Ali Kafi, pré­sident du HCE (équi­valent de chef de l’Etat) par les hommes de Mouloud Hamrouche, ancien Premier minis­tre, par Abdelhamid Mehri, alors secrét­aire général du FLN, par l’isla­miste, Abdelaziz Belkhadem, alors vice-pré­sident, puis pré­sident de l’Assemblée natio­nale, aujourd’hui, Premier minis­tre...

6 Hassan Banna : El Ikhwane el Moulimine (les Frères musul­mans) du 3 mai 1946, cité en p. 226, par Saïd Bouamama dans son Algérie : les raci­nes de l’intégr­ismes, EPO, 2000, Bruxelles.

7 Olivier Carré et Michel Seurat : les Frères musul­mans (1928-1982), éd. L’Harmattan, 2001, Paris.

8 Revue Humanisme musul­man d’août 1965 (Alger),cité en note a, p. 225, par Saïd Bouamama dans Algérie : les raci­nes de l’intégr­isme, éd. EPO, 2000, Bruxelles.

9 Fathi Shqaqi : Khomeini : l’alter­na­tive isla­mi­que, cité en pp. 199-200, par Gilles Kepel, : Jihad, expan­sion et déclin de l’isla­misme, éd. Gallimard, 2000 et 2003, Paris

Textes de François Burgat :

. « D’un intégr­isme à l’autre », pp. 31-37, in ouvrage col­lec­tif, Intégrismes, Algérie, jusqu’où peur-on com­pren­dre ? les nou­veaux cahiers du Sud, n° 1/jan­vier 1996, éd. de l’Aube.

. « Une volonté de « retour au passé » ? », pp.75-84, in ouvrage col­lec­tif, L’Islamisme, éd. La Découverte, Paris, 1974.

.Interview accordée au jour­nal l’Humanité du 15 sep­tem­bre 2001.

.le maga­zine l’Express, du 17/11/2005

.La géné­ration Al-Qaïda : de l’impo­si­tion d’un ordre contesté à l’inter­na­tio­na­li­sa­tion d’une rés­ist­ance « isla­mi­que », en II partie, les mardi 2 et mer­credi 10 novem­bre 2004, in site isla­miste Oumma.com.
gloubi
 

Re: Islamisme radical

Messagede indigné révolté le Jeu 29 Aoû 2013 14:25

« L'histoire moderne a montré à maintes reprises que les alliances entre le trône et l'autel ne peuvent que discréditer les deux. »

Hannah Arendt


Une enquête conseillée par Saltabank

«Trente ans de guerre au nom de Dieu : 1989-2009 - Enquête en deux parties sur le rôle et l'influence grandissante de la religion sur les relations internationales, de 1979 à 1989. Le film analyse le nouveau visage de l'ordre mondial après la chute de l'empire soviétique, et la transition de la "guerre froide" au "choc des civilisations" avec la montée en puissance des idéologies religieuses et politiques au Moyen-Orient.Deuxième partie : 1989-2009Depuis le début des années 90 et l'effondrement de l'URSS, le monde est partagé entre différentes civilisations toutes basées sur la religion.En 1991, l'URSS implose, mettant fin à un monde bipolaire, partagé entre, d'un côté, les pays membres de l'Otan et de l'autre, ceux ayant signé le pacte de Varsovie. Depuis, la 'guerre froide' a cédé sa place au 'choc des civilisations'. La barrière entre les mondes n'est plus basée sur l'antagonisme capitalisme/communisme mais sur des conceptions opposées de la religion.Dieu est redevenu la clé de voûte des différentes doctrines qui s'affrontent depuis le début des années 90. Comme cela a été le cas il y a plusieurs centaines d'années, c'est Jérusalem qui fait l'objet de toutes les convoitises.»



Trente ans de guerre au nom de Dieu - YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=dPkuYOhZaks , http://www.youtube.com/watch?v=RdgUSKTDjWA

15 janv. 2012 - 52min 42 / Production : La Chaine Parlementaire- Assemblée Nationale, France Télévisions /Producteur Play Film, Institut national de l'audiovisuel, Bellota Films
réalisateur ;Johnson, Thomas / participants ;: Reagan, Ronald ; Colosimo, Jean François ; Matar, Nadia ; Riedel, Bruce ; Bacevich, Andrew ; Botschko, Chaoul David ; Sand,
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