Libre de faire ce que je veux ?

Libre de faire ce que je veux ?

Messagede gloubi le Mar 2 Avr 2013 10:28

http://www.non-fides.fr/?Paris-pour-l-exclusion-de-Paco

Article de Non fidés à propos d' agressions sexuelles plus que supposées. ( je trouve d'ailleurs ce texte plutôt correct bien qu'insuffisant. Le problème dépasse le fait de se faire virer d'une réunion anarchiste; et s'il n'est pas concevable de le régler sur le terrain de la répression ou de la prison, il me semble utile de le poser aux services sociaux et médicaux - malgré leur insuffisance - puisque ce genre d'attitude nécessite des soins d'urgence. )

Ceci dit .
Je ne sais pas qui est ce "Paco" mais si ce n'est pas le même que cet espèce de connard ( un mec d'une quarantaine d'années, un peu bedonnant, marchant avec une canne, croisé il y a 4 ou 5 ans lors d'un concert de Fred Alpi dans un café parisien - à l'occasion rassemblement international CNT-f et qui avait sorti des remarques ultra-sexistes envers ma compagne - elle ne me l'a dit qu'après sinon il y aurait eu du grabuge ) apparemment ce genre de pratiques est courante "dans le milieu".
Ambiance plutôt très malsaine d'ailleurs dans ce café.



Paris : pour l’exclusion de Paco, violeur dans le milieu anti-autoritaire depuis plusieurs années
vendredi 29 mars 2013
Cela fait maintenant des années et des années qu’un ignoble individu, Paco [1], traine ses guêtres dans les milieux anti-autoritaires, des années que pas mal de monde cherche à le dégager (ce qui est déjà arrivé un certain nombre de fois, mais le personnage est résilient), mais aussi que beaucoup s’en foutent, que d’autres ne se sentent pas concernés, et pire que tout, qu’il y a toujours les quelques idiots habituels, bien aisés qu’ils sont dans la rhétorique du monde judiciarisé dans lequel ils ont été formatés, qui attendent des « preuves » pour se prononcer. Mais à la lecture de témoignages récents, qui ne se remémore pas, quant il était plus jeune, de ce vieux phacochère se vantant d’être plus speed que speed à tout ce qui à l’air de ressembler à un jeune garçon en construction, certains d’entre nous inclus.


Que les choses soient claires et précises, nous ne considérons pas comme tolérable de supporter la vue de cette personne dans aucune réunion, assemblée ou tout autre rassemblement aux prétentions anti-autoritaires. Mais tout aussi fermement, nous refusons tout discours qui consisterait à refourguer le problème à la justice, et de façon générale, nous refusons la prison, la justice et la police, et il ne doit pas y avoir de caractère exceptionnel qui permettrait de se livrer à une telle bassesse. Nous sommes parfaitement capables de régler ce genre de problèmes sans avoir recours contre un connard, à un ennemi.

Nous avons eu l’occasion de lire il y a peu plusieurs témoignages troublants à propos de Paco, révélant un personnage plus complexe et sophistiqué que le simple salaud que nous croyions connaitre. On y apprend que Paco manipule, harcèle et viole à grande échelle, avec un mode opératoire similaire à chaque fois, qu’il nous parait important de révéler publiquement afin d’éviter que l’ogre puisse vampiriser d’autres jeunes garçons. Cependant lorsque l’un/e de ses auteur/es affirme « bien que anarchiste et contre la prison en tant que système concentrationnaire, ce cas mériterait sérieusement une poursuite en justice », il passe pour nous de l’autre coté, celui de la domination, celui de la bourgeoisie. Car nous ne sommes pas contre la prison en tant que système concentrationnaire, nous sommes contre la prison en tant que prison, que ce soit ses murs, ses défenseurs, ses faux-critiques et même son concept. Alors nous ne souhaitons à personne de connaitre l’enfer des geôles, pas même aux geôliers, pas même à Paco malgré que nous le vomissions.

Il nous parait inconcevable également qu’il puisse exister un comité de soutien à Paco comme nous l’apprend le blog totalement guignolesque du « Collectif Anarcho-Autonome Anti-Totalitaire » [sic]. La parole des nombreuses personnes ayant fait éclater au grand jour (tardivement) les faits dont nous accusons aujourd’hui Paco, si elle ne leur suffit pas, c’est qu’ils ne sont pas mieux que les juges, les procs et les baveux, avec leur cohorte d’apparats répressifs divers (ADN, expertises psychiatriques des deux parties, reconstitutions etc.). Cette façon de vouloir régler le conflit préfigure une volonté en acte de faire perdurer les sales manières du vieux monde même parmi ceux qui veulent l’abattre.

Précisons pour finir, que dans les nombreux commentaires que nous avons lus à droite à gauche sur Paco, revient souvent l’idée qu’il agit ainsi parce qu’il est un mec, un keum, un homme. Nous appelons chacun à se reprendre et à ne pas basculer dans un essentialisme pas très éloigné de celui des racistes et des misogynes. L’homme ne porte pas en lui le gêne du viol, et la société ne fabrique pas que des hommes violeurs non plus. Par exemple, dans le billet « Un violeur se plaint de son exclusion d’un lieu à Paris » paru sur Indymedia Paris le mardi 19 mars 2013, nous lisons un certain nombre d’excellents apports à la discussion, ainsi que des raisonnements sur cette affaire que nous partageons très largement, mais le message se perd pour finir dans cet essentialisme fondamentalement autoritaire, et basé sur le concept tout aussi autoritaire, de responsabilité collective. Responsabilité collective des hommes pour le sexisme comme pour celle des allemands pour le génocide des juifs, des juifs pour la politique de l’Etat d’Israël etc. Mais comme l’affirmait Malatesta, nous refusons de tenir quiconque responsable d’une chose qu’il n’aurait pas pu empêcher.

Ceci étant dit, nous publions ci-après un témoignage édifiant, et nous prononçons donc pour l’exclusion de Paco de tous les lieux et événements anti-autoritaires, ainsi que pour la mise en œuvre pratique de cette exclusion, en toute occasion.

Le 27 mars 2013,
Des anarchistes de Paris.

l y a de cela plusieurs années...

Je tiens a répondre ayant été confronté à Paco.

Il y a de cela plusieurs années ce monsieur (à l’époque il disait s’appeler Mickaël et être d’origine polonaise). J’étais alors très jeune et nouveau militant dans la mouvance libertaire. Disons-le Paco avait un discours très bien construit, radical, il proposait tout le temps d’aller en manif avec nous, faire des trucs "chauds" etc etc etc... Il a fini par m’inviter chez lui, au début avec un jeune de mon âge puis seul. Au départ il s’agissait juste de parler politique, puis petit à petit ont commencé les allusions et les gestes déplacés, d’abord des mains baladeuses, des bisous sur la joue etc. Il ne tenait aucun compte de mes refus arguant que j’étais coincé par la morale bourgeoise. Les autres personnes qui le fréquentaient à l’époque ont d’ailleurs subitement cessé de lui parler. A un moment (à peu près à l’époque du contre-sommet de Prague où il disait être allé) il m’a expliqué que l’Etat le poursuivait pour ses activités politiques en essayant de le faire passer pour pédophile : le motif d’inculpation agression sexuel sur mineur âgé de douze ans à l’époque des faits. Mensonges me disait-il. Par ailleurs il se faisait plus pressant et je commençais à me sentir mal à l’aise. chaque fois que je le voyais il laissait balader ces mains. La goutte d’eau s’est produite alors que je le voyais depuis six mois ; il m’a ramené chez lui malgré mes réticences ("Arrête de faire ton bourgeois" disait-il) et là a voulu me montrer un film sur les événements de Prague. Il a mis un film porno mettant en scène des enfants jeunes. Ça n’était plus possible pour moi, j’ai voulu sortir, il m’a pris dans ses bras prétextant ma morale bourgeoise. Je suis parti de chez lui et n’ai plus voulu le voir. Il m’a appelé tous les jours pendant plusieurs semaines pour que je vienne, étant relativement agressif. Je n’ai pas cédé. Je l’ai retrouvé un jour dans un local libertaire par hasard ; là il m’a coincé dans la pièce du fond et m’a mis la main dans l’entrejambe ("Ça te fera du bien" a t-il dit), j’ai crié (j’étais très jeune) et les gens du lieu l’ont mis dehors, lui interdisant de revenir. Il est parti en cavale, entre temps, au passage il a escroqué une camarade en lui sous-louant son appartement plus cher qu’il ne le louait lui. Une camarade qui n’avait d’autres revenus que le RMI.

Je l’ai revu quelques années plus tard et je l’ai reconnu. il avait vieilli et se faisait appeler Paco. Au départ je n’ai absolument pas réagi, c’était du passé et je ne voulais plus en entendre parler. C’est six mois après la première fois que je l’ai revu que nous nous sommes confrontés, quand je l’ai vu qui manipulait des très jeunes et qu’il leur disait qu’il avait fait de la prison pour terrorisme. Je lui ai dit que c’était un menteur et il a foncé sur moi. J’avais grandi, grossi, je l’ai frappé. C’était dans une manif antifaciste, au retour au CICP on m’a demandé de m’expliquer. J’ai raconté cette histoire, la même. Il s’est fait tej. Après d’autres histoires sont sorties : des gens du LAP m’en ont parlé. A plusieurs reprises nous nous croisions lui toujours entouré de très jeunes racontant des histoires de terrorismes ou d’Action Directe complètement fausses. Dernièrement il avait pris ses distances. Il est revenu à l’occasion de Notre-Dame-des-Landes. En janvier pour la énième fois, un jeune camarade est venu me parler des attouchements qu’il avait effectué contre lui pendant plusieurs semaines.

J’assume tous ces propos. Je ne laisserai pas Paco pourrir un mouvement et une idéologie pour sa dégueulasse libido.

P.-S.
gloubi
 

Re: Libre de faire ce que je veux ?

Messagede gloubi le Mar 2 Avr 2013 14:10

J'ai trouvé une photo et le vrai nom de ce Paco et ce n'est pas la personne dont je parle plus haut.
Des éléments supplémentaires sur cette triste affaire.



Témoignage d'une victime

TARTUFFE OU L'IMPOSTEUR
>
> Ceci n'est pas un témoignage. Il est hors de question pour moi que je
> livre un récit d'abus sexuel, un récit des période les plus sombre de ma
> vie, un récit autobiographique, dans un espace aussi impudique et sourd
> que internet. Il est déjà trop pénible pour moi de devoir écrire ces
> lignes dans un blog au nom aussi débile et qui a d'abord soutenu Paco. Je
> ne vais pas, en plus, me soumettre à un dispositif qui me précède, que je
> n'ai pas choisis moi-même avec d'autres survivantEs de Paco et dans lequel
> je suis sensé me justifier : celui d'une "commission d'enquête militante".
> Le "tout un chacun" qui est sensé se "faire son opinion" ici est aussi
> composé de flics ; de journalistes ; de gens à qui je n'ai rien à dire ;
> de mon ennemi : Paco. La résurgence du "mouvement
> anarcho-autonome-pédophile" pourrait bien devenir la prochaine panique
> morale avec ce genre de procédé spectaculaire et irréfléchi. Et puis que
> mon témoignage puisse se trouver en vis-à-vis avec un texte signé de Paco,
> dont j'ai fait un art de me tenir à distance, me donne subitement envie de
> vomir.
> Je pense qu'avec la création d'un groupe d'auto-soutien, il est temps pour
> le CAAAT de se dissoudre et de se faire un peu oublier.
> Mais avec la publication des témoignages, et d'un texte en défense de Paco
> absolument sidérant de nullité, il est hors de question aussi que je
> laisse seulEs des copains et des copines qui ont eu le courage de parler
> dans l'immensité froide du web. Il est hors de question que je laisse qui
> que ce soit être en mesure de les traiter de menteurs. Il est hors de
> question que je laisse croire que Paco s'est fait virer du Rémouleur sur
> la base de rumeur. Il est hors de question que je laisse tombé les
> personnes lucides qui luttent depuis des années pour tenir Paco à distance
> et dénoncer ses pratiques et je veux leur donner raison, mais aussi les
> remercier. Il est hors de question que je ne soutienne pas les gens grâce
> à qui je peux parler aujourd'hui, grâce à qui une dynamique
> d'auto-organisation de survivantEs existe et grâce à qui je me sent un peu
> plus en sécurité.
> Pour toute ces raisons, je vais m'exprimer ici. Ça n'est certainement pas
> un témoignage que je vais apporter, mais des mots de colères. Ce ne sont
> pas des "preuves" mais des sentiments subjectifs. Je ne m'adresse pas à
> une quelconque "communauté de lecteurs" sensée se faire une idée sur la
> situation, j'écris pour des camarades, pour les survivantEs d'agressions,
> pour mes amiEs. Les autres, ceux qui veulent des détails croustillants et
> des récits convaincants, sont la boue dans laquelle Paco prospère depuis
> trop longtemps maintenant.
>
> PREMIER ACTE – COMMENT IL M'A POSSÉDÉ.
>
> Scène une – Les malheurs de la vertu libertaire.
>
> J'ai rencontré Paco en 2007, peu de temps après mes 18 ans, il avait la
> cinquantaine. J'étais un garçon plutôt mignon et solitaire. Je me
> revendiquais très volontiers anarchiste. Il est entré dans ma vie à un
> moment où j'étais isolé, politiquement et existentiellement. Il a alors
> trouvé des mots pour me consoler. Il était sympa. Il disait être anar.
> J'ai cru que je pouvais avoir confiance en lui. Alors, par ruse, il m'a
> approché et il m'a piégé. Longtemps.
>
> "– Tu deviens bien tactile dis-donc... – Ça te dérange ? – Tant que tu
> n'essaye pas de me rouler une pelle..." et il essaye de coller ses lèvres
> aux miennes. Je suis tétanisé et il rigole, ce qui ne détend pas
> l'atmosphère. Il est collé à moi. Je le repousse avec toute la fragilité
> du monde. Je n'ai aucune expérience en matière d'auto-défense, physique et
> émotionnelle.
>
> Paco a trouvé bien des malices pour se trouver dans mon lit. Pour me
> déshabiller. Pour m'embrasser sur la joue. Pour m'embrasser dans le cou.
> Pour foutre sa main (sale) dans mon froc et en explorer le contenu. Il ne
> demandait jamais avant d'agir et me mettait toujours devant le fait
> accompli que c'était à moi de verbaliser un NON. Et j'ai parfois trouvé la
> force, je ne sais pas trop où, de dire NON. Et pourtant il insistait, il
> recommençait, il savait ce qu'il faisait. Il confondait les indices de la
> surprise, de la peur et de la honte avec ce qu'il interprétait comme les
> indices du désir. Pour lui, quelqu'unE qui se raidit de trouille, que la
> gêne empêche de respirer, qui se dérobe souvent, qui dit NON timidement,
> qui dit NON posément, c'est quelqu'unE qui dit oui. Pour lui, quelqu'unE
> qui ne lui casse pas sa salle gueule et ne le gicle pas définitivement
> hors de sa vie, c'est quelqu'unE qui dit oui.
>
> Scène deux – Être sa propre prison.
>
> Mais surtout, Paco a su pénétrer mon existence plus que ma chaire, d'une
> manière si totale que je ne pouvais plus penser par moi même et être en
> mesure de comprendre que je vivais une situation de harcèlement,
> d'attouchement non consentit et de viol. Ce qu'il faut comprendre, c'est
> que Paco a des compétences de manipulation mentale et d'intimidation
> intellectuelle hors du commun. Il n'a peut être pas l'air comme ça, mais
> il peut déployer un véritable charisme.
> Il choisit l'essentielle de ses cibles, que je connaisse, dans la "petite
> bourgeoise" et dans un milieu politique où il faut montrer quelques
> lettres de noblesses prolétariennes pour exister : le milieu libertoïde.
> Il utilise cela pour créer un sentiment de culpabilité très fort et
> déstabilisant : « Si tu es révolutionnaire, pourquoi est-ce que tu ne
> couches pas avec moi ? » ; « Qu'est ce que tu crois avoir de si
> exceptionnel ? Tu es comme tout le monde, tu veux du cul » ; « C'est ta
> morale bourgeoise qui t'empêche de te libérer, laisse toi faire » ; etc.
> Comme chacunE sait, et pour le dire vite, la petite bourgeoisie a un
> besoin désespéré de distinction – pour se tenir à distance des classes
> populaires et se rapprocher de la grande bourgeoisie, de l'aristocratie,
> dont elle convoite les apparences. La distinction sexuelle, la radicalité
> politique et la consommation culturelle savante et d'avant garde, sont des
> moyens, pour cette classe essentiellement superficielle, d'exister. Et
> donc, quoi de plus distinctif que de se venter de coucher avec un
> vieillard dégoutant ? Quoi de plus radical ? Quoi de plus délicieusement
> sulfureux, décadent, libertaire et postmoderne ? C'est assurément un moyen
> original pour racheter ses origines que d'avoir le plus improbable et
> répugnant des amants.
> C'est ainsi que j'ai moi même douté, supporté et peut-être, dans une
> certaine mesure, collaboré. C'est en jouant de cela que Paco parvient à
> légitimer des relations non consenties ; c'est ainsi qu'il peut mettre
> dans la tête de quelqu'unE que son NON était un oui, inconscient et
> coupable.
> De plus, Paco a quelques compétences de savant. C'est un représentant de
> ce que l'université fait de pire : un faux autodidactes en manque de
> reconnaissance qui utilise ses connaissances pour intimider un public de
> vrai autodidactes, qui n'est pas armé pour lui répondre sur son terrain.
> Il se vente de familiarité avec quelques auteurs prestigieux, pérore sur
> quelques concept abstraits qu'il ne comprends pas lui même, aligne
> quelques contradiction logiques et semble très fier de lui. Ça n'est pas
> une manière de faire réfléchir, mais de faire taire. Se venter d'avoir le
> titre de docteur, citer des auteurs prestigieux devant un public
> impressionnable, disqualifier ad-hominem ("t'es bourgeois" etc.) le
> raisonnement d'une personne qui se forme une idée sur le monde, constitue
> ce qu'il faut appeler une entreprise d'intimidation intellectuelle.
> Paco a fait une thèse en sociologie, sous la direction de Gilbert Durand,
> avec Michel Maffesoli comme président de jury, sur l'imaginaire
> astrologique et le père noël – qui ne contient pas une ligne d'enquête
> sociologique. Sa thèse aurait pu constituer un scandale aussi énorme que
> celle d'Elisabeth Tessier – une thèse de sociologie qui ne parlait que de
> l'alignement des astres – si le jury n'avait pas jugé que sa thèse était
> "bâclée" et "très fautive". Mais ça, je ne le savais pas à l'époque.
> Paco compense la médiocrité de son discours savant avec de la mystique. Il
> voulait me lire les lignes de la main je me souviens. Je cédais une fois à
> ce jeux. "Oh ! La belle ligne d'intuition ! Il faut travailler ça mon
> petit" (tu parles, si j'avais de l'intuition, tout ça ne me serait jamais
> arrivé). Je lui expliquais à l'époque que mon problème n'était pas tant de
> croire à ce qu'il disait, car si les astres font les marées, je voulais
> bien croire qu'ils puissent avoir une influence quelconque sur la vie
> humaine, mais que son discours était anti-libertaire. Aujourd'hui je le
> formulerais ainsi : en prétendant accéder à des arrières-mondes, en tenant
> un discours sur ce qui ne peut se dire clairement, le mystique se
> constitue en une caste de privilégiés détenteurs d'une vérité révélée. De
> l'idéologie völkisch du nazisme à la croyance dans la main invisible du
> marché, le mysticisme a parti lié avec toutes les formes d'autoritarismes.
> Il trouvait intéressant ce que j'essayais de dire mais ne démordait pas
> sur le fait que j'étais vierge et qu'il était bélier (ou étais-ce du porc
> ?), signe opposés et que donc nous accoupler serait certainement très très
> intéressant (et il riait ! Et moi j'essayais d'avaler ma salive).
>
> J'entends que ça t'interroges. Comment ai-je pu tolérer tout ça ? Comment
> peut-on être aussi bête, candide, faible ? Ce sont des questions que je ne
> peux pas m'empêcher de me poser moi même et qui ont largement contribué à
> ce que je garde le silence : je me sens parfois ridicule, humilié,
> fragile. J'ai intériorisé l'idée que j'ai pu contribué à ma propre
> situation d'agression et donc, que j'en suis coupable. « Si elle ne dit
> pas non, c'est qu'elle dit oui » dit le gendarme à la plaignante, dont il
> trouve la jupe un peu courte. Paco a mis un gendarme dans ma tête et c'est
> ce gendarme qui m'a trop longtemps fait taire.
>
> ENTRACTE – RÉFLEXIONS INTERMÉDIAIRES SUR L'ÉROTISME ET LE CONSENTEMENT.
>
> Il y a toute une tradition intellectuelle de réflexion sur l'érotisme.
> Paco ne l'a comprend pas. Mais il mobilise ces références pour donner de
> l'autorité à ce qu'il dit. Il ira trouver le marquis de Sade pour donner
> un côté chic à la morbidité amoureuse. Il ira trouver Reich pour
> t'expliquer que la première des révolutions doit être sexuelle ; que les
> fascistes sont des frustrés et que, donc, les frustrés sont des fascistes
> ; que c'est l'accumulation d'orgone qui génère les névroses et que donc il
> faut, dans l'urgence, baiser. Il ira trouver Foucault pour dire que toute
> relation sexuelle est une relation de pouvoir est qu'il faut assumer cet
> épistémè indépassable de notre modernité. Il ira trouver une version
> abrégée de Deleuze pour expliquer qu'il est un mutant post-sexuel. Il ira
> trouver Pasolini pour faire artiste. Je l'ai aussi vu trouver une caution
> chez Tiqqun, dont l'antiféminisme navrant dans des textes comme "Théorie
> de la jeune fille" ou "fâmes de la zad" est bien connu, pour appeler à une
> insurrection sexuelle qui viendrait. Bien sûr, de tout ces auteurs il n'a
> lu que la quatrième de couverture – sauf peut-être de Maffesoli, dont le
> relativisme débile le conforte dans l'idée qu'il incarne une avant garde
> astrale.
>
> En tout cas, toutes ces injonctions à la libération sexuelle me semblent
> typiques d'une génération de hippies qui confondent l'autodétermination
> sexuelle avec l'appropriation sexuelle sauvage et généralisée, c'est à
> dire la loi du plus fort. Il faut en finir avec cette fausse libération.
>
> Je ne voudrais pas faire un exposé intello ici beaucoup plus longtemps.
> Simplement, il y a des clarifications que je veux faire. Il y a une
> distinction en effet, mais aussi un lien à faire, entre le fait que Paco
> soit attiré par des garçons jeunes, voir très jeunes, et le fait qu'il
> agisse sans leurs consentements. Le premier a à voir avec la frontière
> toute sociale qui est faite entre majorité et minorité et qui est très
> problématique. On trouvera chez un philosophe comme René Schérer une
> réflexion construite, pas trop débile, sur la possibilité d'une pédophilie
> où l'enfant est « à la recherche de lui-même dans une relation d'égalité
> et d'attraction passionnée avec des adultes amoureux ». On peut évidemment
> être choqué par cette idée, plutôt théorique et naïve au demeurant – et on
> peut d'ailleurs s'interroger sur qui parle ici : car ça n'est pas un
> enfant. Pour ma part, je ne me prononce pas là dessus ici mais sur la
> confusion que Paco fait entre « une relation d'égalité et d'attraction
> passionnée » et l'usage absolument inégalitaire de l'autorité (liée à son
> âge, à son expérience de taulard, à ses diplômes ou à sa force physique)
> pour arriver à satisfaire un désir dissymétrique – où « l'attraction
> passionnée » se confond largement avec la culpabilité, la honte, la peur
> et l'absence de consentement. Le problème n'est pas tant qu'il entretienne
> des relations avec des garçons de l'âge de son fils, c'est qu'il use de
> cette différence d'âge comme d'un pouvoir pour harceler, toucher, coucher,
> forcer.
> Ensuite, on peut trouver des auteurs qui fondent l'idée d'une érotique où
> le consentement est absent. Ces auteurs, en voulant se distinguer de ce
> qu'ils identifient comme l'érotisme "mainstream" et "straight", occultent
> des pans entiers des possibles érotiques. Je pense notamment à Georges
> Bataille. Bataille en effet définit, tel que je le comprend, l'érotisme
> comme une profanation, un dévoilement de ce qui est caché, une jouissance
> dans la transgression des interdits – et on a pas besoin de lire de très
> près l'auteur pour comprendre que c'est un homme qui parle de déshabiller
> et de s'approprier le corps des femmes. Sauf l'amour que j'ai pour
> certaines pages de l’œuvre de Bataille, je crois que cette conception de
> l'érotisme est, d'un point de vue anarchiste et féministe, l’ennemi à
> abattre. C'est précisément la définition de l'érotisme dominant que nous
> donne Bataille : objectivation du corps de l'autre ; manipulation et
> mépris ; hétérocentrisme ; c'est un sexe quantitatif et excessif plutôt
> que relationnel ; performant plutôt que lattant ; même pas drôle etc...
> L'idée que l'érotisme peut être symétrique, relationnel, échappe
> complétement à l'auteur, qui était fasciné par le sexe sombre et violant.
> Pourquoi alors ne pas inventer une érotique du consentement explicite,
> c'est à dire du consentement verbale ? Pourquoi ne pas imaginer des formes
> d'érotisme symétriques, fondés sur la confiance ? Pourquoi ne pas prendre
> le temps d'inventer des relations où personne n'aura besoin d'avancer
> masqué ; où on ne serra pas en concurrence sur le marché de l'offre et de
> la demande sexuelle ; où dire NON serra une chose simple, courante,
> évidente, attendue ? Mais par-ce-que ça remettrait en question les
> habitudes des dominants bien sûr ! Inventer des relations où la
> verbalisation du consentement serrait centrale forcerait toute la classe
> sexuelle des dominants à renoncer à leurs privilèges.
> C'est un idéal excessivement difficile à atteindre, un style de vie, qui
> remettrait en question beaucoup de nos habitudes (de fierté, de timidité,
> de plaisir, de gène, de tabou). Demander, discuter, ne pas être pressé
> dégage des espaces pour la confiance et pour des relations plus heureuses.
> Surtout, cela dégage l'espace pour dire NON et pour que ce NON soit
> entendu – sans que ce soit une tragédie génératrice de culpabilité.
> C'est par ce que je croyais avoir affaire à un type bien, à un anarchiste,
> à un philosophe, que j'ai laissé rentrer Paco dans ma vie. C'est par ce
> que je pensais qu'on était des être de parole. C'est par ce que j'étais
> encore un enfant, par ce que je croyais que c'était un adulte et que, en
> tant qu'adulte, il savait ce que NON voulait dire.
> C'est ce NON que Paco n'a pas voulu entendre, par ce que ça lui aurait
> demandé de renoncer à ses privilèges ; par ce que aller se branler
> ailleurs, seul, pour satisfaire son désir, lui aurait demander de renoncer
> à sa carrière sexuelle, à l'impérieux besoin d'accumuler des conquêtes qui
> l'habite – et qui l'habite tant, qu'il ruse et abuse pour le réaliser.
>
> Je ne crois pas du tout avoir dit ici tout ce qu'il y a à dire sur le
> consentement, loin de là. Mais j'espère avoir coupé définitivement l'herbe
> sous le pied de l'élaboration théorique que Paco peut encore essayer de
> vociférer ici ou là pour justifier sa prédation.
> Pour aller plus loin sur cette question du consentement, il y a un texte
> que j'aime beaucoup, en anglais, "Learning good consent" qui est ici :
> http://www.phillyspissed.net/node/32
> Un équivalent français d'une partie seulement de cette brochure existe sur
> Infokiosque - que je sache la brochure complète n'a pas été traduite. Il
> s'agit d'une série de cent questions sur le consentement. Je pense que tu
> peux utiliser ces questions comme un jeux, en les posant à voix haute et
> en les discutant, dans le cadre de réunions, mixtes ou non mixtes, dans
> celui d'une relation amoureuse ou bien d'un moment conviviales entre amis.
> Tu la trouvera ici :
> http://www.infokiosques.net/spip.php?article659
> Je pense qu'une activité du groupe d'auto-soutien pourra être, entre autre
> choses, de recenser et produire du matériel sur le consentement.
>
> SECOND ACTE – AU SOLEIL DE L’EXPÉRIENCE.
>
> Scène une – Comment j'ai attendu jusqu'alors.
>
> J'ai longtemps essayé de sublimer mon histoire en me persuadant que
> j'avais choisis cette situation et que, effectivement, j'avais eu la
> chance de vivre une expérience sexuelle monstrueuse, parfaitement
> libertaire par ce que niant l'interdit de l'inceste, de la pédophilie et
> bien sûr de l'homosexualité. Je parlais d'un choix suprêmement
> individualiste, suprêmement aristocratique, suprêmement méprisant pour la
> vie et ses normes. Cette justification, c'est lui qui me l'avait mise en
> tête. Elle me permettait de garder la face. J'adhérais à un discours plus
> flatteur que celui qui me venait de mon cerveau gauche : j'avais survécu
> aux harcèlements et aux attouchements, sans mon consentement, d'un satyre
> lubrique. C'est grâce à des rencontres, grâce à des lectures, en
> grandissant, que j'ai compris ce que j'avais vécu.
> J'ai mis Paco à distance, à grande distance. Plus de contact. Mais par les
> voies de la probabilité plutôt que par celles des astres, Paco s'est
> régulièrement trouvé sur mon chemin. Furetant, posant, me cherchant, il
> était toujours là où il pouvait jouer le petit chef et le suprême
> théoricien. Il m'a pris en filature plusieurs fois dans des manifs, dans
> des lieux de vie, dans des villes, dans mes cauchemars. Il ne cherchait
> pas à me parler ; il voulait peut être m'intimider mais surtout me
> surveiller : savoir à qui je parlais, si j'avais une copine ou un copain,
> dans quel réseaux j'étais, où je vivais, si j'étais hostile et peut être
> même si j'étais armé. Il voulais contrôler l'information pour prévoir la
> prochaine attaque. J'ai pris le parti longtemps de l'ignorer, de le fuir,
> de lui laisser le terrain. À la limite, si je devais lui passer à côté,
> j'affichais mon dégoût et mon mépris pour sa personne par une grimace, la
> retenue de ma respiration et un regard au delà de lui – par ce que pour
> moi, cet homme est tellement vide qu'il laisse passer la lumière. Mais je
> sais aujourd'hui que je ne suis plus seul et que je peux me confronter
> avec lui sans peur. Je sais qu'il est lâche et qu'il est faible. Pas moi.
>
> Je n'ai jamais rependu la rumeur qu'il était un flic. Mais j'ai pu dire en
> plusieurs occasions qu'il était mon flic personnel, qu'il avait fliqué mon
> corps et ma vie, qu'il flique la philosophie comme il flique tout ce qui
> est jeune, mignon, avec une personnalité généreuse et idéaliste. J'ai pu
> dire que Paco n'était pas un anarchiste ; un communiste libertaire ; un
> autonome ; un situationniste ; un conseilliste ; un spontex ; un hippie ;
> un punk ; un poète postmoderne ; un sociologue astrale ; un philosophe
> mutant ; ou un théoricien queer – toutes ces étiquettes qu'il brandit
> comme des grigris, avec lesquelles il jongle comme si elles étaient
> interchangeables devant un public de bigotEs qui ne sont pas en mesure de
> dénoncer la supercherie. J'ai pu dire qu'il n'était rien de tout ça mais
> un parasite, une nuisance, un abrutis et un tartuffe. J'ai pu dire qu'il
> avait beaucoup d'ennemis qu'il était capable de vendre. J'ai pu dire qu'il
> avait le profile type d'une balance. J'ai pu dire son cynisme et que je ne
> serais pas surpris d'apprendre qu'il fait un travail d'indic pour arrondir
> ses fins de mois difficiles. J'ai pu dire qu'il fallait se tenir à
> distance de lui, des ses mains et de ses petits yeux, comme d'un flic.
>
> Scène deux – Comment ne pas soutenir unE survivantE d'agression sexuelle.
>
> Lecteur, tu as peut-être trouvé barbantes et hors sujet toutes ces
> considérations sur l'érotisme, le consentement et l'usage que Paco fait de
> la théorie. Mais ce que je veux bien que tu comprennes, c'est la puissance
> d'intrusion de Paco dans la tête des autres, son charisme, et les
> ressources qu'il faut pour s'en défendre. Car on a tous des dispositions à
> justifier les agressions sexuelles, y compris la sienne propre, qu'on
> acquière et qu'on renforce au quotidien. Pour t'en convaincre, regarde la
> pub dans le métro, l'affaire du viol de Nafissatou Diallo ou la manière
> dont nous avons attendu des années pour prendre le cas de Paco en main. Il
> nage dans tout cela comme un poisson dans l'eau.
> J'ai trop souffert tu vois de ceux et celles qui ne comprenaient pas cela.
> Une personne avec qui je partageais une histoire d'amour m'a un jour dit
> que j'avais peut être un peu cherché cette situation, que je l'avais bien
> voulu et que les torts étaient partagés – j'exècre depuis, ce relativisme
> typiquement libérale qui veut distribuer les torts équitablement pour
> pouvoir faire l'économie du jugement. Il y a quelques temps, une camarade
> aux convictions féministes profondes, et qui demeure une amie très chère
> mais que je veux citer ici, me disait de manière spontanée et par ce
> qu'elle ne connaissait pas mon histoire : « je comprends pas les mecs qui
> sont avec Paco. Faut être con : il est même pas beau ». J'ai eu si honte !
> Il va sans dire que ce genre de raisonnement, à fortiori quant on l'a soit
> même acquis sur son propre compte, ne contribue pas à libérer la parole et
> maintien les survivantEs d'agressions sexuelles dans le silence. Il y a
> quelques jours, je demandais de l'aide à un garçon plus vieux que moi, en
> qui je croyais pouvoir faire confiance et trouver quelques bons conseils,
> pour faire face à la situation dans laquelle je suis aujourd'hui. Il m'a
> dit que "si des choses se répètent dans ma vie, il fallait que je me pose
> des questions" (c'est à dire qu'il fallait que je me demande si je n'étais
> pas une victime née), que tout ça relevait de la psychologie, du privé,
> qu'il ne voulait pas lire mon texte, que je devrais passer à autre chose,
> cesser de l'importuner, et puis il a pris la fuite. Qu'il aille au diable
> celui là ! Ce qui se répète dans ma vie, c'est que je laisse trop souvent
> une deuxième chance à des cons.
> Beaucoup de gens à qui j'ai voulu parler de mon histoire avec Paco se sont
> montrées gênées, se sont un peu défilées. Ces réactions sont
> compréhensibles. Je préfère qu'on me demande un petit moment pour
> respirer, pour réfléchir, ou d'en reparler plus tard dans un autre cadre,
> plutôt qu'on me dise une chose irréfléchie et spontanée qui ne fasse que
> révéler l'inconscient sociale commun sur le viol. Ce qui est blessant ce
> sont les réactions spontanées de scepticisme, les questions pleines de
> soupçons, les remarques qui vous font comprendre qu'on vous prend pour un
> mytho, qu'on vous prend pour quelqu'un qui essaye de se rendre
> intéressant. Le pire c'est l'ignorance, les gens qui ne veulent pas vous
> écouter quant vous avez décidé de leur parler. Réagir comme ça, c'est
> collaborer avec Paco. Et dans le rang des collabos, j'ajouterais ces gens
> qui ferment les yeux pendant des années sur les agissements de Paco ; qui
> le défendent passionnément ; qui forment un comité de soutien quant des
> personnes saines d'esprit le vire du Rémouleur ; qui font des bouches
> toutes rondes quant on leur dit qu'ils défendent un prédateur sexuel et
> qui s'empressent, pour se racheter, de faire des appels à témoins et
> d'affecter la neutralité.
> Et je réalise aujourd'hui avec horreur combien j'ai pu collaborer moi même
> avec Paco en cherchant à oublier plutôt qu'à me confronter à mon passé. Je
> n'ai pas su retrouvé certainEs survivantEs, pour en discuter, pour savoir
> si ilLE n'étaient plus harcelléEs, surveilléEs et possédéEs par lui – sans
> leur consentement. Je n'ai pas su aller vers ces jeunes gens qu'on
> aperçoit parfois dans son orbites, leur parler, les prévenir et faire
> preuve du minimum de solidarité entre oppresséEs – cette solidarité qui
> est au principe du féminisme et de l'anarchisme.
>
> Scène finale – De la nécessité de nous organiser.
>
> Mais ces réactions que j'ai rapportées, révèlent aussi un défaut énorme de
> réflexion, de formation et d'organisation sur ces questions – dans nos
> milieux, mais aussi ailleurs. Quant des gens qui ont la tête froide virent
> Paco, dans des lieux de vie, à Paris, sur la Zad, ailleurs, qu'ils s'en
> expliquent publiquement et qu'il se trouve quant même des bonnes âmes pour
> le défendre et demander des preuves, je crois qu'il y a un problème urgent
> qui nous demande de ne plus procrastiner.
> Je vais peut être faire grincer quelques dents ici.
> Je crois qu'appeler à un recours d'exception à la justice bourgeoise pour
> Paco révèle autant une carence de réflexion que la réponse de Non-fides –
> et encore une fois, merci de ton témoignage et merci infiniment du soutien
> ferme de Non-fides. Je ne devrais pas dire une carence de réflexion, par
> ce que vous semblez bien y réfléchir tous, mais d'une carence
> d'alternatives concrètes à la police et à sa justice. Car, quoiqu'on
> puisse faire pour le lui disputer, l'État peut toujours se définir par son
> quasi monopole de la violence et parvient toujours à le faire passer pour
> légitime. Il dispose de moyens suffisamment colossaux pour nous retenir
> dans des écoles ; pour nous empêcher de penser en dehors de ses catégories
> ; pour enfermer des gens dans des prisons. Il est capable de prélever
> l'impôt et de le redistribuer ; d'animer des appareils gigantesque comme
> les hôpitaux et les armées ; de fixer des lois.
> Nous sommes loin d'avoir ces moyens – et tant mieux. Mais si nous ne
> voulons pas recourir à la police et à sa justice, il va falloir faire
> mieux que de tenir Paco éloigné de "nous" – par la force de la honte que
> nous voulons qu'il ressente, ou par la contrainte physique. Car ce "nous"
> pose problème. Il n'y a pas, pour moi, un milieux libertoïde homogène dans
> lequel Paco nuirait et qui serait suspendu à ce blog, comme si c'était
> instrument interne de communication (peuh !). Il y a des divisions, des
> inimitiés, des milieux séparés. Et Paco utilise ces divisions depuis des
> années pour se protéger. Il sait trop bien manipuler nos différences et
> nos différents (c'est ainsi qu'il jette un voile pudique de spontanéisme
> sur sa prédation sexuelle pour expliquer que la FA ne l'aime pas). Il
> navigue entre nos hésitations à juger d'un comportement à l'aune d'une
> règle – comme celle du consentement – et notre incapacité à proposer une
> alternative à la justice telle que nous la rejetons. Il gagne du temps,
> par ce que nous sommes des gens sensibles et que nous doutons de tout. Il
> suscite la pitié, par ce qu'il ressemble tellement caricaturalement au
> pervers qu'il est, qu'on n'arrive pas à croire qu'il le soit et qu'on
> imagine que c'est une pauvre, pauvre victime.
> Par ce que l'État tente, avec succès, de monopoliser la violence, très peu
> d'entre nous sommes compétents pour faire face à des situations de
> violence physique et émotionnelle. Très peu d'entre nous savent assumer le
> conflit, autrement qu'en matière de théorie. Très peu d'entre nous sommes
> formés à la violence, par ce qu'au quotidien, insensiblement et
> discrètement, nous sommes amenés à sous-traiter celle-ci au près de
> professionnel de la pacification : les flics. De la même manière, par-ce
> que la justice monopolise le jugement et que nous ne sommes que rarement
> amenés à assumer une décision comme celle de punir quelqu'unE comme Paco,
> nous sommes désarmés pour imaginer autre choses que de le rejeter en
> dehors de nos territoires – c'est à dire renvoyer à d'autres le problème
> et indirectement, encore une fois, sous traiter le sale boulot du jugement
> à l'État. Nous sommes même désarmés pour proposer des catégories de
> pensées autres que celles du jugement et de la punition !
> Je crois que Paco joue de ce paradoxe qui nous habite et qui suscite chez
> nous une certaine mauvaise foi.
> Et puis ce "nous" questionne ce "eux". Je ne crois pas que le milieux
> libertoïde – à fortiori le petit milieux parisien, avec toute son histoire
> et sa complexité – soit le seul monde dans ce monde. Je ne crois pas qu'en
> rejetant Paco hors de ce milieux nous réglions le problème. Il ira nuire
> ailleurs, en France, en Europe... Il ira à la périphérie du milieux, dans
> des espaces où on ne le connait pas encore. Il ira vers des gens naïfs et
> généreux et il leur ferra du mal. Il ira chez "eux". Et il reviendra comme
> il revient toujours ! C'est pour ça que je pense qu'il faut penser une
> stratégie, pour que des témoignages circulent de la main à la main, de
> manière sécurisée mais large. Il faudra aussi penser une procédure
> d'éloignement de Paco qui soit intelligente, cohérente, ferme et qui ne
> soit ni une parodie de la justice des flics, ni la sous-traitance du
> problème par d'autres, ni une vague déclaration d'intention.
> C'est un défit pour "nous" : si nous sommes capables de nous organiser
> pour que Paco cesse de nuire, les compétences que nous en tirerons, les
> idées et les pratiques, seront transposables à d'autres cas. Le milieux
> libertoïde n'est pas un monde dans ce monde. J'aimerais bien ! Mais je
> crois que c'est un espace où le sexisme, le racisme, le classisme, le
> validisme et toutes les formes de dominations et de violences, s'expriment
> avec autant de férocité que partout ailleurs dans ce réel. Si nous
> parvenons à nous organiser pour faire face à lui, on pourra mesurer
> l'écart entre le monde tel qu'il est et le monde tel qu'il pourrait être.
>
> Je signerai Justine, du nom du personnage de Sade. Pas par ce que je suis
> une éternelle victime de mes vertus, mais par ce que Justine essaye d'agir
> en cohérence avec ses idées et qu'elle survit à tout ses bourreaux – sauf
> à Sade.

******

Création d’un groupe d’autosoutien de survivantEs à Paco

Nous constituons un collectif de survivantEs à la prédation sexuelle et émotionnelle de Paco – et plus généralement de personnes qui lui ont survécu, tout court. Nous ne voulons pas être traitéEs de victimes : nous avons été piégés dans des situations de merde avec ce type ; il a abusé de nous ; nous avons dû faire face, seul ; nous avons gardé le silence trop longtemps et nous tirons une certaine fierté d’avoir réussi à vaincre de ces épreuves. Nous ne sommes pas des gens fragiles : nous écrivons ces lignes par ce que nous sommes fortEs. Nous n’avons pas peur. Nous sommes, bel et bien, des survivantEs.

Nous avons été confrontéEs à lui et, pour certainEs, nous avons subi sa prédation. Nous voulons nous retrouver entre survivantEs, pour se raconter, se renforcer, se soutenir, témoigner et s’organiser. Dans l’idéal, il y aura des formes de médiation à inventer pour éloigner Paco des espaces où il nuit ; pour le séparer des gens pour qui il constitue un danger ; pour le mettre face à ses responsabilités et être en mesure de créer, pour nous et pour d’autres, un sentiment de sécurité - sans recourir à la police et à sa justice. Dans l’idéal, il reconnaitra avoir un problème d’attirance incompressible pour des garçons jeunes, très jeunes (mais nous féminisons ce texte, car il n’est pas interdit de penser que des filles, des trans, des gens de tous les autres genres, puissent l’avoir subi aussi), et d’abuser de cette dissymétrie d’âge pour harceler, humilier, toucher, déshabiller, et obtenir des faveurs sexuelles sans considération aucune pour leurs consentements, implicites ou explicites. Dans l’idéal, il s’excusera, ne recommencera plus, entrera dans un groupe d’auto-support et d’auto-surveillance entre personnes attirées par des enfants et par le viol. Dans l’idéal, il aura trop honte pour approcher de l’unE d’entre nous de moins de 100 km, à jamais. Mais Paco est quelqu’un qui abuse de l’idéal des autres et nous ne nous faisons donc pas d’illusions sur sa capacité à se soumettre à ces procédés – qui impliqueraient qu’il renonce à certains des privilèges qu’il s’arroge, de gré ou de force.

Nous ne souhaitons pas jouer du pathos que peuvent susciter les récits d’agressions sexuelles et céder à l’hystérie que peuvent générer dans certaines têtes les sexualités déviantes [sic] – à fortiori, nous rejetons définitivement l’homophobie, que nous exécrons. A priori, nous ne souhaitons pas constituer un tribunal populaire. A priori, nous ne souhaitons pas que Paco soit lynché, mais seulement identifié partout et fermement tenu à distance. Nous ne souhaitons définitivement pas répandre de rumeurs, qui ont trop longtemps permises à Paco de se faire passer pour une victime. Nous entendons déterminer nous-même la manière dont nous voulons définir notre sécurité et la manière dont nous voulons que nos témoignages deviennent publics – et jusqu’où elles doivent devenir publiques. Nous voulons faire les choses de manière calme, intelligente et déterminée.

Surtout, nous souhaitons qu’en lisant cet appel, d’autres survivantEs nous rejoignent – car nous savons que, malheureusement, nous ne sommes pas seuls. Parler entre nous, s’écrire, diluer ainsi la honte et prendre conscience de sa force, se raconter, ou pas, sont des choses extrêmement importantes. Nous ne parlons pas que d’une écoute psychologique, mais de la constitution d’un groupe politique. Nous souhaitons que ce groupe soit durable pour que, qui que tu sois, quel que soit ton âge aujourd’hui, si tu as eu affaire à Paco à un moment de ta vie et que, d’une manière ou d’une autre, tu as des griefs contre lui, tu puisses trouver dans ce collectif une écoute de la part de gens bienveillantEs, informéEs et organiséEs. Que Paco ait abusé de toi de milles manières ; que tu n’aies que le sentiment diffus d’avoir été berné ; ou même si tu fais partie de son fan club – et certainEs d’entre nous en ont été, nous t’écouterons, nous en parlerons et nous agirons.

Nous ne te laisserons pas seulE.

Pour nous joindre et nous rejoindre, il suffit d’écrire à cette adresse : survivant_e_neuteutaipa@riseup.net

Nous te répondrons le plus vite possible.

[Malheureusement trouvé sur un site de merde publiant des défenses de Paco, dont nous ne publierons aucun lien.]
gloubi
 

Re: Libre de faire ce que je veux ?

Messagede gloubi le Mer 3 Avr 2013 09:03

gloubi
 

Re: Libre de faire ce que je veux ?

Messagede bajotierra le Mer 3 Avr 2013 12:50

salut ,

rumeurs ou fait avérés , tout est possible avec ce petit monde

en tout cas c'est significatif de la misére du microcosme militant , ce milieu qui brandi des diplomes de socio-psy- .. , comme des trophées , et dont les pages de gloire ressemblent sur wikipedia a un CV de carriériste universitaire
bajotierra
 
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