Marinaleda. El sueño de la tierra

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede gloubi le Jeu 16 Mai 2013 20:05

frigouret a écrit:Parce que le communisme libertaire se ferait sans institutions ? À la bonne franquette en somme, nul arbitraire à craindre d'un quelconque syndicat ou de gardiens de la révolution autoproclamés.
Bien souvent je me demande si ce n'est pas justement le manque de réflexion institutionnelle qui a jeté une partie des libertaires dans les bras de l'État en Espagne.


A quoi servent les institutions politiques ? A défendre avant tout les intérêts d'une catégorie de la population par rapport à une autre.
L'Etat qui est la synthèse et en même temps le générateur des institutions politiques a pour but d'établir un équilibre qui va dans ce sens.
Si l'Etat décrète que voler le "bien" d'autrui est passible de sanctions pénales c'est pour préserver le principe de légitimité de ceux qui le possèdent sans forcément l'avoir gagné ni construit ou créé.

Si l'Etat légifère dans le sens de la mise en place d'une assurance chômage pour ceux qui ne trouvent pas de travail, ce n'est pas par grandeur d'âme ou par un humanisme quelconque mais pour acheter une paix sociale sans laquelle les possédants ne pourraient plus le rester.

Les institutions politiques et les lois qui en découlent n'ont donc de fonction et d'utilité que lorsque nous sommes en présence d'intérêts antagonistes qu'il s'agit de maintenir.

Mais si les intérêts deviennent communs à tout le monde à quoi peuvent alors servir de telles institutions ?
A plus rien, elles n'ont plus de raisons d'être.
A quoi bon légiférer sur des choses dont l'évidence pour qu'elles se produisent suffit ?

Prenons un exemple simple :

Un individu "A" qui possède suffisamment d'argent pour investir, décide de le placer dans une usine de pains, une chaîne de boulangeries.
Pour cela, il va acheter les locaux et les machines pour produire ce pain, employer et salarier des gens pour le confectionner et d'autres pour le vendre.
Bien sur pour que son affaire marche, il faudra que le pain soit fabriqué à un prix inférieur à celui qu'il sera vendu et que ce pain ne soit ni volé ni distribué gratuitement.
Pour que les choses se passent ainsi , l'individu "A" a besoin de lois qui l'obligent sous peine de sanctions envers ceux qui en contreviendraient.
C'est le rôle de l'Etat de les lui fournir.
C'est ce que l'Etat fait à tous ses niveaux politiques, législatifs, administratifs, juridiques, répressifs.

Voyons maintenant une autre façon de fonctionner : les matières premières pour faire du pain, en l’occurrence le blé, le levain et l'énergie pour faire tourner les pétrins et chauffer les fours sont accessibles à la communauté.
Comme les gens ont besoin de pain pour vivre,Ils vont donc le fabriquer pour le manger puisque tout est à disposition pour le faire.
Que peut-il se passer alors pour que les choses ne fonctionnent pas comme elles le devraient ?
Il se pourrait que certains volent du pain pour en manger plus ?
Mais le fait que les ressources soient communes fait il y a assez de pain pour tout le monde et, de toutes façons, en manger démesurément entraînerait une indigestion.
IL se pourrait que certains refusent de participer à la confection du pain et attendent que les autres le fassent pour eux ?
Mais les machines sont en mesure de le fabriquer avec un minimum de travail humain et il y a toujours assez de gens qui préfèrent faire du pain que de tourner en rond à ne rien faire.

Quelle loi devient alors nécessaire ?
Plus aucune et la question se résout en ces termes à un niveau plus global. C'est la principe d'une société anarchiste dans sa totalité.

Bien sur, il faut une une organisation précise pour que tout cela marche et, pour reprendre l'exemple du pain : il est nécessaire de savoir quelle quantité il faut en produire pour satisfaire la demande sans gâcher ni se fatiguer pour rien. Il faut donc se coordonner avec ceux qui ont choisi de cultiver le blé, ceux qui le transportent ou supervisent les transports qui peuvent être parfaitement automatisés ou en tous cas simplifiés, ceux qui le moulent ou contrôlent les machines qui s'en chargent, ceux qui s'occupent des moyens de produire l'énergie pour faire chauffer les fours, ceux qui supervisent la confection même du pain, ceux qui le distribuent ou le rendent accessible.

Mais tout cela ne sont de simples mesures techniques et non pas des institutions politiques et juridiques parce que le seul but devient de satisfaire les besoins de tous et de chacun plus de veiller à ce que certains conservent leurs privilèges au dépend d'autres et ceci avec l'immense perte d'énergie que cela demande.

Si l'objectif est le même pour tous , le travail se fait en synergie et non plus les uns au dépend des autres et, il n'est plus besoin de lois pour que cela se fasse.
ça devient simplement évident, naturel.

Mais s'en tenir aux aspects sociologiques, à des considérations d'organisation sociale de communes locales, fussent-elles fédérées, comme le proposent les "municipalistes" ( et on rejoint quelque part la discussion que nous avons eu avec René qui expliquait que Proudhon abordait le sujet de façon sociologique alors que Marx le faisait de façon économique ) n'est, en tous cas à mon avis, pas suffisant.
Parce que pour que des intérêts distincts ne soient pas générés, les échanges marchands et leur support "l 'argent" doivent être supprimés sinon l'argent sera accumulé plus (+) par certains que par d'autres et, les antagonismes bloqueront le fonctionnement en synergie qui est immensément plus productif ( dans le bon sens du terme ) que l'est le capitalisme qui stocke les richesses et les laisse pourrir (entre autres défaillances de ce système )

Ce n'est que sans argent que l’accès à la richesse, la vraie, pour tous devient possible et, ceci sans l'intervention de quelconques institutions politiques .
C'est peut-être difficile à concevoir mais ça vaut la peine d'y réfléchir.
gloubi
 

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede Cheïtanov le Jeu 16 Mai 2013 22:23

J'ai pas mieux comme explication claire et précise !
Avatar de l’utilisateur
Cheïtanov
 
Messages: 3169
Inscription: Mar 13 Juil 2010 12:52
Localisation: Ma patrie, c'est le monde.

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede frigouret le Ven 17 Mai 2013 07:56

Rien que sur ce forum, il y a bientôt plus de modérateurs que d'utilisateurs réguliers, alors qu'il n'y a pas d'autres enjeux que de discuter, t'as qu'à voir.
frigouret
 
Messages: 2214
Inscription: Jeu 22 Déc 2011 13:20

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede gloubi le Ven 17 Mai 2013 09:47

frigouret a écrit:Rien que sur ce forum, il y a bientôt plus de modérateurs que d'utilisateurs réguliers, alors qu'il n'y a pas d'autres enjeux que de discuter, t'as qu'à voir.


C'est à dire ?
gloubi
 

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede frigouret le Ven 17 Mai 2013 10:36

C'est à dire que les fonctionnements collectifs génèrent des règles, du droits, des principes, de la justice en un mot des institutions. Le langage lui même est une institutions avec son cortège de règles et d'interdits, mais aussi il nous offre un éventail de possibilités qui sans lui n'existerait pas..
Sur ce que connais des propositions anarchistes, comme le fédéralisme par exemple, ce sont bien des propositions institutionnelles, constitutionnelles.
frigouret
 
Messages: 2214
Inscription: Jeu 22 Déc 2011 13:20

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede gloubi le Ven 17 Mai 2013 11:51

Reprenons l'exemple du pain.

Si quelqu'un a, à disposition, du blé, un autre un four et un autre troisième un véhicule pour se rendre au four pour y faire du pain , y a t-il besoin de loi ou de règle institutionnelle pour que les trois s'entendent pour aller faire du pain qu'ils pourront manger ?

Non, il sera naturel qu'ils s'entendent sans cela puisque c'est l'intérêt des trois que cela se fasse.

Les lois ne servent que lorsqu'il existe des intérêts antagonistes.
gloubi
 

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede frigouret le Ven 17 Mai 2013 12:11

Mais bien sur. Il y a tout un vaste pan des pratiques humaines qui se passent , et c'est tant mieux, de toutes réglementations. Cela n'est remis en cause par personne, pas moi en tous cas.
Mais quelques posts plus haut tu parlais de technologies sauveuses de l'humanité par exemple. Et bien moi je prétend que les choix technologiques, énergétiques par exemple, sont hautement politiques, et mille autres circonstances où les engagements collectifs ont besoin d'un cadre institutionnel , démocratique je l'espère.
frigouret
 
Messages: 2214
Inscription: Jeu 22 Déc 2011 13:20

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede gloubi le Ven 17 Mai 2013 13:22

Mais encore ?
Si je te dis : "on va utiliser une source d'énergie infinie et non polluante" y-a-t-il besoin d'institutions pour se mettre d'accord là dessus ?
gloubi
 

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede Cheïtanov le Ven 17 Mai 2013 15:22

Sauf que Frigouret tu vois tout dans un cadre de système marchand donc avec ta vision oui il faut des lois. Pas chez nous, l'être humain est dépendant de son environnement : d'où l'égoïsme dans un système étatique.
Avatar de l’utilisateur
Cheïtanov
 
Messages: 3169
Inscription: Mar 13 Juil 2010 12:52
Localisation: Ma patrie, c'est le monde.

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede frigouret le Ven 17 Mai 2013 15:40

Dans ma campagne on est une trentaine à être desservi par la même source pour l'irrigation. Depuis des siècles les arrosants sont organisés en syndicat pour la gestion du canal. Alors on se réunis , on vote des budget, on planifie des corvées ect et celui qui tourne l'eau quand c'est pas son tour il se prend une sacrée souflante. Voilà c'est de l'autogestion , ça s'organise.
frigouret
 
Messages: 2214
Inscription: Jeu 22 Déc 2011 13:20

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede Cheïtanov le Ven 17 Mai 2013 16:04

Ou ça s'organise. Mais on aura plus besoin de "syndicat".
Avatar de l’utilisateur
Cheïtanov
 
Messages: 3169
Inscription: Mar 13 Juil 2010 12:52
Localisation: Ma patrie, c'est le monde.

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede gloubi le Ven 17 Mai 2013 16:16

Je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas se parler , je dis qu'il n'y a pas besoin de lois quand les intérêts des gens sont communs.

Pour que ça marche comme ça il faut aussi qu'il y ait assez de tout pour tout le monde ( ce qui n'est pas le cas avec l'exemple de l'eau que tu donnes d'où les règles que vous êtes obligés de mettre en place )
Et pour qu'il y en ait assez pour tout le monde, il faut que la finalité des échanges d'une manière plus générale soient la satisfaction des besoins et non pas la réalisation d'un profit financier.

Léon Trotsky qui a de temps à autres sorti des trucs pas trop idiots, disait une chose juste à propos de la bureaucratie .
Et cela rejoint la nécessité d'avoir des institutions politiques, administratives, juridiques, des lois, des réglements.
Il disait en substance : "la bureaucratie commence à se mettre en place à partir du moment où il faut quelqu'un pour surveiller la file de personnes qui attendent leur tour à la boulangerie pour avoir du pain."

Et ce sont les échanges marchands qui aboutissent à la pénurie et, ça peut se démontrer par A+B.
gloubi
 

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede frigouret le Ven 17 Mai 2013 16:43

http://mapagoueg.chez-alice.fr/babel/Le ... cratie.htm

Voilà, des lois, des pénalités, des mandatements, des sanctions, des règles de prise de décision, des émoluments et tout le toutim.
Encore mieux

http://mapagoueg.chez-alice.fr/babel/Le ... hartes.htm
frigouret
 
Messages: 2214
Inscription: Jeu 22 Déc 2011 13:20

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede alcibiade le Mer 22 Mai 2013 14:02

Bonjour comme me la signalé l'un d'entre vous j'ai cherché Vandoncourt sur internet et j'ai trouvé cela : Les anars qui critiquent le municipalisme libertaire sont à mon avis inconscients ou hyper sectaires . Car point d'Anarchie sans pratiques .

Créons 1000 Vandoncourt !

PROBLÉMATIQUE : Démocratie directe, pouvoir aux citoyens. Le 28.09.2010.

Banqueroutes frauduleuses, crise du climat, chômage, pollutions, exclusions… S’il est un sentiment largement partagé par la population dans son ensemble, c’est bien celui de l’impuissance généralisée du citoyen face aux grands problèmes de notre temps. La démocratie représentative a réussi ce tour de force de détourner le pouvoir de l’individu au profit d’assemblées et d’états sans pouvoirs et sans scrupules face aux diktats économiques de la pensée unique. Le comble du cynisme, ou du ridicule, est atteint, en plus, lorsqu’on le considère comme responsable de tous les maux, et qu’on lui enjoint de changer d’attitude pour sauver la planète : veillez à bien fermer le robinet d’eau quand vous vous lavez les dents ! Pour les retraites, désolé, mais il n’y a pas d’autre solution ! Que faire, sinon baisser les bras dans ce désert politique ? Et pourtant…

VANDONCOURT, LE VILLAGE QUI ÉLÈVE LA VOIX

Le Jura, c’est comme le nord de la chanson, c’est d’abord un gros cœur, depuis longtemps. Ce haut lieu d’expérimentation sociale, qui a vu naître le théoricien anarchiste Proudhon et les coopératives ouvrières, a gardé, au fond de son âme, le goût de l’initiative et de l’innovation sociale. Souvenons nous de la lutte héroïque des LIP et des tentatives autogestionnaires. Pas très loin de Peugeot/Sochaux, niché à quelques centaines de mètres d’altitude, un village sans doute très peu différent de beaucoup de villages français, avec son église et sa mairie, Vandoncourt. Ce petit village du Doubs, pourtant, expérimente le pouvoir réel aux citoyens, la démocratie directe, depuis quarante ans, et ça marche ! Là se joue sans doute, à l’insu des protagonistes peut-être, une des plus formidables expérimentations d’avenir : la reprise en main du pouvoir global par la population, en un mot, la vraie démocratie. Petit cours d’utopie pratique.

Inspiré d’un système communautaire traditionnel

En 1970, « 68 » n’est pas très loin, et il va laisser un parfum libertaire qui va se répandre entre des habitants du cru, lassés de la somnolence municipale, et deux personnes, de retour de Madagascar, et tombées amoureuses là-bas des célèbres « conseils des sages » sous les arbres à palabres. La rencontre entre une effusion qui va bouleverser la France pour longtemps et une pratique authentique millénaire va être détonante. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, dans un village aseptisé par manque de projets, un sondage est organisé, un programme élaboré, une liste déposée, un slogan diffusé : on est plus intelligents à plusieurs que seul ! La liste l’emporte. Elle se donne en plus une contrainte majeure : on fonctionne au consensus, pas à la majorité, comme à « Mada » ! Dame, les pauvres auraient-ils quelque chose à nous apprendre ?
•Lire : Sociétés gentilices : les premières organisations humaines

Démocratie directe, autogestion et contrôle populaire

Une fois en place, la nouvelle équipe met en pratique les principes qui l’ont fait élire : information libre et transparente, aucun sujet tabou, commissions extra-municipales en place sur divers sujets (enfance, bâtiments, budget…) ouvertes à tous, réunions publiques mensuelles informant ceux qui ne peuvent se rendre aux réunions préparatoires, conseil des jeunes, des anciens, des associations ! Les structures démocratiques se multiplient, et provoquent une libération de l’expression. Le village devient un village sans maire, sans hiérarchie, autonome. Démocratie directe va de pair avec autogestion et contrôle populaire… On essaie de donner à cette démocratie que l’on réinvente toute sa dimension émancipatrice.

Le consensus, garant de la cohésion

Cet engouement n’a pas empêché les difficultés et l’usure de s’installer. Au fil du temps, les habitants ont dû apprendre beaucoup de choses. En premier lieu, rendre leur système conforme à la législation. Ensuite peaufiner l’art d’administrer ensemble malgré les divergences, apprendre à exprimer et entendre des points de vues divergents… Tout cela les a conduits à avancer par consensus.

Exemples de questions traitées par les conseils populaires

Ainsi, Vandoncourt est la seule commune de France où les électeurs, français et étrangers, peuvent participer dès l’âge de 15 ans. Ensuite, le projet final chiffré est présenté au conseil municipal qui valide les décisions prises par les diverses commissions, le tout dans les formes légales imposées par la loi. Quelques exemples parmi d’autres : la commission du budget pose la problématique suivante, après avoir affiché tous les postes de dépenses : faut-il reporter certains travaux, ou augmenter les impôts ? Solution mitigée, on fait un peu des deux, après débat général. D’autres fois, des solutions sortent du cadre strictement marchand : pour la décoration du village, la mairie achète des fleurs, mais ce sont les habitants qui s’en occupent toute l’année. Les fontaines du village sont en mauvais état : on organise un chantier participatif avec les associations locales, voire internationales. Pour le POS, création de collèges d’élus, d’agriculteurs, de propriétaires résidents… Des représentants sont désignés pour discuter avec les autres partenaires (DDE, services techniques de l’Etat…). Plus les avis divergent, plus le débat est riche. Un parmi les sujets qui ont le plus fâché : le remembrement ! Et une des solutions originales trouvées : s’échanger l’usage plutôt que la propriété.

ÉCOLOGIE SOCIALE

Vandoncourt n’est pas en reste en ce qui concerne l’un des problèmes majeurs de notre temps, l’écologie. C’est là que fut créé le premier tri sélectif des déchets il y a trente ans, c’est là que l’on commença à s’opposer à l’enrésinement, c’est là que l’on prit position très tôt dans les grandes luttes nationales (Larzac, canal Rhin-Rhône, fusées pluton, nucléaire…). Localement, un chauffage collectif des bâtiments communaux à base de bois déchiqueté a été installé, bois provenant de la forêt communale de 300 ha qui appartient au village, exemple typique de développement de circuits courts. Mairie, école, foyer, salles communales, distillerie de cidre, pompiers, bibliothèque, 5 logements collectifs et un atelier communal bénéficient ainsi de la chaufferie, et économisent non seulement les finances, mais aussi les énergies fossiles. Les tailles des arbres fruitiers resservent sur place sous forme de BRF, un verger pédagogique, un projet pour relier à pied ou en vélo plusieurs villages alentour, développement d’habitat léger… Il y a autant de projets que d’habitants. On peut recenser 20% des habitants qui participent ainsi activement à cet essai réussi de démocratie générale, et la moitié de la population qui fait partie des 28 associations qui préparent la vie communale. Qui dit mieux ?

Communication et formation des jeunes

L’avancée régulière des travaux est inscrite dans la « Damassine », publication trimestrielle, et relayée dans les deux publications locale et régionale. L’école participe activement à la mise en place des actions des commissions, offrant ainsi aux enfants, dès le primaire, les moyens de s’impliquer dans la vie démocratique de la commune ainsi qu’aux actions des associations… Nul doute, si l’on se projette dans le futur, que des citoyens ayant pratiqué une telle démocratie dès le plus jeune âge, dans des projets de développement locaux, ne puisse construire, dans la même logique, une société plus à même de répondre aux gigantesques défis qui nous attendent. Peut-être est ce là même la seule issue.

La loi est l’expression de la volonté du peuple

Dès lors qu’il y a débat et contrôle populaire, alors le circuit des décisions est neuf : on pèse, on argumente, on teste, mais on se laisse pas imposer les solutions d’ailleurs. La gestion populaire remet forcément en cause les paradigmes de la croissance et de la représentation obligée servis à longueur d’antenne par un questionnement permanent : est-il normal que l’eau de la piscine soit au même prix que celle de la cuisine ? Entre la gratuité des parkings ou celle de la cantine, que choisir ? Les structures de démocratie directe, par le fait même qu’elles prennent du temps, aident à construire une société différente où la décision n’est pas subie mais construite, en même temps qu’elles instaurent entre les participants l’attention, le respect, le dépassement du conflit. La Loi n’est-elle pas l’expression de la volonté générale, comme le stipule la déclaration des droits de l’homme et du citoyen (art VI), et ceux-ci n’ont-ils pas le droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation ?

PERSPECTIVE JOYEUSE : vers une économie et une finance alternatives ?

Il existe en France plusieurs collectivités qui ont mis la démocratie directe à leur programme (Eourres (05), Grigny (69)…). De par le monde, on connait depuis longtemps aussi le budget participatif de Porto Alègre au Brésil. La commune de Marinaleda, en Espagne, est allée plus loin encore, en intervenant directement dans l’économie, installant une conserverie de légumes après avoir redistribué les 1 200 hectares d’un grand propriétaire terrien.

Alors, posons les vraies questions :
•La démocratie communale, qui permet réellement aux citoyens d’exercer leur pouvoir, n’est-elle pas le meilleur moyen de dépasser l’impuissance caractérisée de nos sociétés ?
•Ne pourrions nous imaginer, en France, 15 000 communes de 4 000 habitants, taille qui permet des assemblées générales (soit environ mille personnes, de quoi remplir un cinéma) de toute une population ?
•Ne pourrions nous imaginer la fin des régions, communautés, départements, et un unique échelon territorial, la commune, disposant de tous les pouvoirs et financements (éducation, formation, routes, etc.) des divers échelons actuels ?
•Ne pourrions nous imaginer la possibilité d’intervention des dites communes dans l’économie, dans la satisfaction des besoins exprimés par la population dans des assemblées générales régulières ?
•Ne pourrions nous imaginer des banques municipales, où les habitants d’une même commune mettrait leur argent, qui pourrait servir directement sur le territoire de la commune, dotées ou pas de monnaies nouvelles et permettant une relocalisation de la production ?
•Ne pourrions nous imaginer des coopératives communales pour sortir de la concurrence débile et mortifère ?

Utopisons plus loin encore : et si, pour les prochaines élections municipales, nous décidions, dans un premier temps, de créer 1 000 Vandoncourt, c’est à dire 1 000 communes autonomes fonctionnant en démocratie directe? Que chacun, ici et maintenant, chez lui, se dise :
•oui, c’est possible,
•oui, nous n’allons pas nous laisser imposer un enième supermarché,
•oui, nous devons protéger nos terres agricoles,
•oui nous devons lutter à notre niveau contre l’uniformatisation du monde,
•oui nous devons régénérer la démocratie,
•oui nous devons, nous pouvons reprendre le pouvoir, notre pouvoir, pas dans les stériles agitations médiatiques et politiques des partis, mais dans de vrais débats au sein de vraies assemblées, contradictoires, conflictuelles, mais qui toutes auraient comme fin l’amélioration immédiate du quotidien, le pouvoir de le faire, et l’anticipation de l’avenir.

Un tel saut démocratique ne porte t-il pas en germe, appliqué de partout, la véritable solution aux problèmes majeurs de notre temps, puisque, par définition, le peuple ne peut agir contre lui même ? Car Vandoncourt nous oblige à nous poser cette autre question : pourquoi donner son pouvoir à des partis par essence ultra-minoritaires, plutôt que de s’en servir soi-même ? Alors, chiche, on renverse la vapeur ?

Joël Feydel

Un village sans maire – Retour au bons vieux temps – Une tribu à la Française ?

La démocratie participative est une forme de partage et d’exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision politique. On parle également de « démocratie délibérative » pour mettre l’accent sur les différents processus permettant la participation du public à l’élaboration des décisions, pendant la phase de délibération.

Vandoncourt est une commune française située dans le département du Doubs et la région Franche-Comté. Ses habitants sont appelés les Damas. En 1971 le village est passé en démocratie participative. Le fonctionnement est de type autogestion.

La vie démocratique s’organise grâce à :
•Un conseil de treize membres élus ;
•Un conseil des jeunes ;
•Un conseil des anciens ;
•Un conseil des associations.

Les conseils se réunissent, au moins chaque mois, ce sont là soixante citoyens rassemblés.

Sept commissions sont mises en place (scolaire, budget, technique, développement économique, sociale, fêtes et cérémonies, environnement). Ce sont elles qui s’informent des besoins, qui élaborent les solutions pratiques et qui contrôlent les réalisations. Elles sont sous le contrôle des conseils. Ainsi la commission des finances est composée d’élus et de non-élus.

La révolution au village ou la démocratie participative au quotidien

Il était une fois un petit village bâti sur le flanc de la montagne jurassienne, entre quatre cents et six cents mètres d’altitude, à douze kilomètres seulement de Sochaux. Un vieux village de quelques six cents âmes, d’où les hommes partent pour travailler. D’où les hommes partent ailleurs… définitivement. Avec de moins en moins de jeunes. Ils quittent le village-dortoir, mais aussi le village-maison de retraite.

Le maire gérait en père de famille et tranche en autocrate

Comme des milliers d’autres villages de France, Vandoncourt somnole. L’imagination, c’est le moins qu’on puisse dire, n’est pas au pouvoir à Vandoncourt. Il y a un Conseil Municipal à Vandoncourt, comme dans toutes les communes de France. Les électeurs en entendent parler régulièrement, tous les six ans. Ils l’élisent même. Il défend, paraît-il, les intérêts communaux. C’est ce que les candidats proclament, dans leur profession de foi, la seule information qu’ils adressent à leur concitoyens… Tous les six ans. Le maire gère en père de famille et tranche en autocrate. Si conflit il y a, c’est lui qui décide ; le Conseil entérines tous les trimestres. Il sait déterminer seul, ou presque, ce qui est bon pour la population… et c’est qui ne l’est pas.

Un village au bord de l’extinction

A Vandoncourt, y a plus de dimanche, y a plus de bon pain, y a plus de village. Les villages de villageois, l’exode rural les a presque tous tués. L’école aussi se meurt. Les instituteurs ne veulent pas rester.

Créer une association pour ressusciter le village

C’est de là que part la révolte, en 1969. In extremis, les parents créent une association, veulent faire participer les élus à la rénovation du village. En commençant par l’école, que l’on voudrait sans mur, sans piège. Une vraie école du peuple. Une équipe d’animation apparaît, sous l’impulsion de quelques uns, de retour au pays, après des années passées en Afrique. Aide aux Tiers-Monde, Noël des enfants déshérités, soirées dédiées aux anciens, soirées des nations où les étrangers du village, Suisses, Arabes, Italiens et Espagnols présentent des danses et des histoires du pays. Des fêtes à la fois folkloriques, gastronomiques et antiracistes. Le village grouille tout à coup de vie, d’activité.

Et la municipalité, elle continuait à gérer, comme si rien ne se passait ? Qui plus est, cette renaissance irrite.

Puisqu’il en est ainsi, l’équipe d’animation décide de se présenter aux élections municipales de 1971. Un questionnaire est lancé. Destiné à une centaine de personnes choisies dans le village en fonction de leur appartenance à différentes communautés (hommes, femmes, jeunes, vieux, professions libérales, ouvriers, paysans…), il porte sur la vie du village, l’animation culturelle, la participation de la jeunesse à la prise de responsabilité, les liens des associations entre elles, l’administration du village et « notre avis sur l’avenir du village ». Sur Cent questionnaires distribués, il y a soixante-douze réponses. Celles-ci sont anonymes et la synthèse réalisée constitue un programme cohérent qui reste encore aujourd’hui la base de l’action municipale à Vandoncourt. Avec un nouveau slogan pour la campagne électorale: « Voter pour nos candidats, c’est voter pour vous ».

C’est ainsi qu’une équipe toute neuve entre à la Mairie, rapidement renforcée par les jeunes et par ceux qui animent les associations.

Un village sans maire

Démocratie, contrôle populaire, autogestion c’est désormais de cela qu’il s’agit à Vandoncourt. Pour l’équipe de départ, de vingt ans en moyenne plus jeune que la précédente, il s’agit bien de donner à la démocratie toute sa dimension. En associant les forces vives à la gestion. En développant la démocratie au quotidien. En multipliant les structures de concertation. En informant complètement et régulièrement. En limitant la délégation de pouvoir par une pratique permanente de la démocratie directe.

Pour retrouver l’identité d’une commune vivante et décentraliser les initiatives

Treize élus pour administrer, où plutôt pour animer la commune, c’est trop peu ! C’est même dérisoire, injuste et scandaleux. Le village a besoin de tous pour se régénérer, pour retenir et accueillir. Tous ? Impossible sans doute. Mais le plus grand nombre :
•Pour donner au village sa propre vie.
•Pour faire émerger les besoins.
•Pour retrouver l’identité d’une commune vivante.
•Pour décentraliser les initiatives.
•Pour créer des canaux qui permettent à chacun de s’exprimer.
•Pour informer. Pour imaginer…

Le conseil des conseils, sans vote, ni contrainte

Imaginer, imaginer. Les projets ne manquent pas à Vandoncourt. On ne parle plus de réunion du conseil municipal, mais de réunion des conseils. Un conseil de treize membres, bien sûr. Comme dans toute commune de cette taille. Mais il ne se réunit pas sans les trois autres conseils : Celui des jeunes, celui des anciens, celui des associations, un véritable petit parlement où sont représentés tous les groupes et clubs. Les conseils se réunissent, au moins chaque mois, ce sont là soixante citoyens rassemblés. Parfois, il se transforme en réunion publique, la mairie en forum. Sans vote, ni contrainte. Il s’agit de libérer au maximum l’expression. Pas de maire, pas de chef à Vandoncourt.

La transparence, pour éviter les luttes de pouvoir

Enfin, pour se préserver des luttes de pouvoir et autres magouilles « tue démocratie », ils ont inventé des garde-fous :
•Plusieurs personnes détiennent et transmettent l’information,
•toutes les critiques sont publiées,
•les courriers reçus par le Maires ont accessibles à l’équipe municipale.

Résultat, la dynamique ne s’est pas arrêtée avec son initiateur : 40 ans et 2 maires plus tard, elle est toujours en vigueur : ça fait envie !

La commission des finances, pour des comptes transparents

Sept commissions sont mises en place (scolaire, budget, technique, développement économique, sociale, fêtes et cérémonies, environnement). Ce sont elles qui s’informent des besoins, qui élaborent les solutions pratiques, qui contrôlent les réalisations. Elles sont sous le contrôle des conseils. Ainsi la commission des finances, elle est composée d’élus et de non-élus. Elle publie dans le bulletin du village le budget et le compte administratif en expliquant et en commentant les chiffres. Au mois de novembre, la mairie organise des journées de discussion sur le budget. Tous les postes sont retranscrits sur des grandes feuilles accrochées au mur, dans différents points du village et dans le préau de l’école. On peut ainsi voir l’évolution des dépenses et des recettes, année par année. Les conseils, la commission des finances et la population peuvent ainsi confronter leurs idées.

Votes des mineurs et des étrangers, référendum et propositions de projets

Les électeurs, français et étrangers (que la loi française exclut de tout scrutin), peuvent voter dès l’âge de 15 ans pour élire les membres des conseils, pour s’exprimer sur telle affaire importante. Vandoncourt à ses référendums pour briser le cercle toujours trop étroit de la participation populaire. N’importe quel groupe, individu, association (il y en a une vingtaine) peut proposer un projet. Les conseils en apprécient l’urgence, les commissions – ouvertes – en étudient la mise en pratique. Pour définir ce fonctionnement local, aux antipodes des règlements préfectoraux et des structures légales, « un règlement intérieur » a été mis aux points les premiers temps, puis modifié à plusieurs reprises.

Toutes les sources documentaires sont libres d’accès, sauf cas sociaux et judiciaires

La démocratie directe s’est rapidement mise en place dans les structures. On délivre encore des fiches d’état-civil, on y reçoit toujours des demandes de renseignement, mais la marie est avant tout le centre de l’effervescence démocratique, le laboratoire des propositions et des analyses populaires. Un « café du commerce » parfois.

On entre dans la mairie, on accède librement à toutes les sources documentaires, on se sert comme chez soi. Sauf cas social ou judiciaire, le courrier est à la disposition de tous. Le matériel municipal n’a d’autre vocation que de servir la vie locale. Pas besoin de quérir une autorisation pour utiliser photocopieuse, téléphone locaux, panneaux municipaux. Il y a parfois encombrement, pléthore d’informations, télescopage de convocations. C’est la rançon d’un système qui pousse très loin la liberté d’expression. A Vandoncourt au moins, le vocable de maison commune n’est pas usurpé.

Tu as envie, tu veux… fais-le ! Le village t’aideras!

Ainsi naissent et se développent de multiples activités au village. A défaut de moyens financiers -le village n’est pas riche -On ne manque pas de compétences locales qui puissent répondre aux besoins. Encouragement à l’initiative, utilisation des compétences, bénévolat: C’est sur ce triptyque que s’appuie l’animation permanente du village. « L’animation c’est la politique! ». La politique ce n’est pas ce passage successif sur les tréteaux ou les écrans d’un certain nombre de professionnels patentés et homologués -par qui ? -mais la prise en charge de la vie quotidienne du plus grand nombre; vingt- cinq siècle après une définition de Périclès: la politique, gestion de la cité. Par tous, c’est à dire à l’inverse de ceux qui détiennent habituellement le monopole du gouvernement et de l’information, dévoyant ainsi la démocratie politique. « Gouverner, c’est faire croire », disait Machiavel. Mais au contraire, ANIMER c’est rendre, c’est redonner, c’est permettre, c’est critiquer, c’est devenir libre.

Un village pionnier des grandes luttes nationales

La majorité de la population de Vandoncourt pratique l’autogestion – ou plutôt un contrôle populaire sur la vie quotidienne – sans le savoir. Peut-être certains préféreraient-ils parler de démocratie, de fraternité, d’honnêteté ou de participation. Ou encore de liberté !
•C’est à Vandoncourt que fut créé le premier tri sélectif des déchets. Il y a 30 ans !
•C’est à Vandoncourt que l’on s’opposa à l’enrésinement. La population empêcha l’office national des forêts de planter dix hectares d’épicéas qui auraient détruit une partie de la flore.
•C’est à Vandoncourt que l’on pris très tôt position dans les grandes luttes nationales (Larzac, canal Rhin-Rhône, fusées Pluton, nucléaire civil et militaire,…).

Réussite économique, écologique et sociale

Tout cela a permis de réaliser une émancipation économique du village dans le respect de l’environnement et du tissus social. Au fil du temps, l’intelligence collective a mis en place des infrastructures comme le chauffage bois collectif des bâtiments municipaux pour rationaliser les ressources de leur forêt. Cette année, ils ont inauguré le premier bâtiment municipal de France à ossature bois et remplissage paille capable d’héberger des ateliers municipaux de transformation, un pressoir et un musée. Un autre signe fort : l’exode des jeunes n’existe pas à Vandoncourt et les personnes en difficulté sont très rares parce que soutenues naturellement par la vie associative avant que les problèmes insolubles n’émergent.

La fin est contenue dans les moyens, comme l’arbre dans la semence

Contre le pouvoir centralisateur, paperassier, contrôleur de toutes les initiatives, gérant de la bonne norme contre toutes les déviances, la population de Vandoncourt répond à la manière de Gandhi: "La fin est contenue dans les moyens, comme l’arbre dans la semence" . On y souligne volontiers la nécessaire concordance entre les exigences de demain et le comportement d’aujourd’hui.

Ne rien changer : La position confortable des élus

Ailleurs, les élus dénoncent vaillamment un pouvoir qui les empêche de réaliser cette démocratie locale, cet apprentissage de l’autogestion qu’ils réclament dans les motions, les conseils, assemblées, assises, séminaires, forums, carrefours, meetings… Mais le pouvoir et la loi deviennent vite pour eux l’alibi qui autorise à ne rien changer, la diversion qui permet d’interdire aux groupes concernés de réfléchir collectivement à leur devenir.

Autonomie individuelle et collective pour reconstruire

A Vandoncourt, rarement la démocratie directe a été porté aussi loin. Mais à la différence de l’autre démocratie – formelle et déléguée -celle-ci est une lutte permanente contre l’autorité ; et plus encore contre le conditionnement de l’individu.

Des années après, beaucoup sont encore surpris du chemin parcouru, surpris de l’autonomie individuelle ou collective acquise, surpris de cette capacité à reconstruire parfois le quotidien.

Vandoncourt cherche, se cherche, existe… Avec la volonté de créer un devenir qui ne soit pas un simple prolongement ou une vague adaptation du présent, mais une rupture, un dépassement.

Gestion populaire et identité communautaire

Les prémices apparaissent d’une information, d’une gestion populaire, d’une identité et d’une communauté retrouvée, qui remettent en cause le modèle de croissance dominant, qui contestent, par le bas, les mécanismes de pouvoir et d’aliénation.

Les structures de démocratie directe, participative ne sont pas seulement le remède aux maladies de carences, aux esclavages nouveaux engendrés par notre société, mais l’un des moyens pour un autre type de société.

La réalisation concrète de nouvelles formes d’existence

En France, les structures de démocratie participative ont encore du mal, ne serait-ce que parce qu’elles progressent dans un environnement hostile (état centralisateur, notables, presse locale, mentalités d’assistés). La population de Vandoncourt essaient de conjuguer ce que notre société libérale ignore si profondément : La réalisation concrète de nouvelles formes d’existence avec ce que cela suppose de fureur de vivre, d’aptitude à un bien être qui ne soit pas seulement matériel et, par ailleurs, la possibilité de se réunir pour forger des outils, la capacité de prendre en charge son propre développement, de maîtriser sa propre évolution.

Lorsqu’on cherche les moyens d’un développement, on oublie trop souvent, même quand on affirme le contraire, que les masses populaires sont le seul moyen vraisemblable d’une évolution. Mais il faut alors admettre qu’elles doivent aussi être les seules bénéficiaires. Comment pourrait-on les mobiliser en vue de « leur » développement, si on hésite à leur donner des pouvoirs à la mesure de leurs responsabilités ?

La démocratie déléguée : l’état sans contrôle populaire

A la « démocratie déléguée », qui ôte toute initiative au peuple et n’assure en aucune façon un contrôle de celui-ci sur l’état, succéderait une démocratie directe, les populations exerçant eux-mêmes tous les pouvoirs qui le sont aujourd’hui – au demeurant fort mal – par un certain nombre d’institutions et de ministères.

Le départ d’une nouvelle civilisation

Le socialisme pourrait dès lors cesser d’être un but à atteindre dans un cadre plus ou moins socialisé, c’est à dire un idéal indéfiniment repoussé, un vœu pieux. Il pourrait être ce qu’il doit être : une méthode de gouvernement. C’est à cette condition qu’il permettrait la mise en forme d’un nouveau modèle de développement, le départ d’une nouvelle civilisation.

Un modèle exemplaire, un pilier de l’économie distributive

A son échelle, Vandoncourt et ses pareils, dans des villes et villages du Brésil, de l’Inde, d’Espagne et d’ailleurs, sont de petits laboratoires. Ils sont un espoir pour des lendemains qui chanteraient. Cette forme de gouvernance à déjà essaimé dans d’autres structures comme les Scop, certains CLD Comités Locaux de Développement de Pays, les « camps climat » et quelques autres rassemblements alternatifs de par le monde. Et chaque fois, des personnes venues de tous horizons réussissent l’impossible : décider, organiser et bâtir ensemble une nouvelle société plus juste. La démocratie participative directe étant à la fois un des principaux piliers de l’économie distributive, mais aussi le pilier le plus complexe à mettre en place, nous avons là plusieurs exemples réussis pouvant inspirer un modèle de transition vers une société distributive.

Jean Louis BATO.

Sources: – « A Vandoncourt, c’est tous les jours dimanche » de Christophe Wargny (1980) – Enquêtes à Vandoncourt ( 1979)

- L’Echo de notre village (association pour l’information des habitants de Vandoncourt)

Critiques du système Vandoncourt

Le maire garde tout de même le pouvoir exécutif

Vandoncourt semble être l’exemple de gouvernance participative la plus élevée et, depuis 40 ans, ses 820 habitants continuent l’expérience avec succès. Ainsi, les citoyens sous la bienveillance de leurs Maires et Conseillers municipaux, décident et gèrent leur commune dans le respect de la Constitution française. Les compétences de la Mairie sont réparties en 8 commissions extra municipales comptant chacune une douzaine d’inscrits.

Les délégués populaires n’ont qu’une fonction consultative

Ils se réunissent une fois par mois pour faire avancer les dossiers et accueillent, à titre consultatif, les référents du Conseil municipal, des personnes âgées, des Jeunes et des Associations qui sont également là pour relayer l’information et faire remonter les besoins de la population. A l’issue de chaque réunion, les Conseillers municipaux informent le Maire des décisions prises pour qu’il les entérine.

Pourquoi le concept ne s’est pas exporté efficacement ?

Mais puisque la commune se développe harmonieusement et que les Damas font des envieux dans les environs, pourquoi les 28 autres villages de la Communauté d’agglomération n’ont-ils pas adopté ce mode de gouvernance ? C’est pas faute d’avoir essayé pour certains !… mais sans réussir à garder la dynamique plus d’un mandat électoral. A Vandoncourt, on vous dira que c’est sans doute parce que leur taille n’était pas idéale, ou qu’ils n’ont pas réussi à trouver comment gouverner ensemble, ou encore que le contexte porteur dont ils ont bénéficié n’y était pas, ne leur permettant pas de dépasser les difficultés qui sont bien réelles…
alcibiade
 
Messages: 298
Inscription: Jeu 30 Oct 2008 12:43

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede Cheïtanov le Mer 22 Mai 2013 14:33

Oui c'est comme les anars qui croient pas en Dieu ou qui votent pas, même quand y'a le FN, même aux élections syndicales !

A bas le sectarisme anarchiste, vive le pragmatisme ! Pour un anarchisme du 3e millénaire et de gauche.
Avatar de l’utilisateur
Cheïtanov
 
Messages: 3169
Inscription: Mar 13 Juil 2010 12:52
Localisation: Ma patrie, c'est le monde.

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede alcibiade le Mer 22 Mai 2013 15:31

Je ne comprends rien à ce que tu dis !
alcibiade
 
Messages: 298
Inscription: Jeu 30 Oct 2008 12:43

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede gloubi le Mer 22 Mai 2013 16:49

C'est déjà ça.
gloubi
 

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede Cheïtanov le Mer 22 Mai 2013 18:03

Tu dis qu'il faut être une saloperie de sectaire pour être contre le municipalisme libertaire. Donc je suppose que jamais voter, même "contre" le FN, même aux élections syndicapitalistes, être athée etc etc aussi non ? Remarque plus rien ne m'étonne dans l'anarchisme made in fRance alors.
Avatar de l’utilisateur
Cheïtanov
 
Messages: 3169
Inscription: Mar 13 Juil 2010 12:52
Localisation: Ma patrie, c'est le monde.

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede Protesta le Mer 22 Mai 2013 18:39

... Et t'as pas fini...
Protesta
 
Messages: 2262
Inscription: Sam 24 Sep 2011 00:04

Re: Marinaleda. El sueño de la tierra

Messagede alcibiade le Mar 4 Juin 2013 00:29

Peu importe qu'il y ait vote ou pas votes l'important c'est que l'anarchie soit visible et avance dans notre société de merde . Ke ce soit les ZAD les communautés, les alternatives ou le municipalisme libertaire tout cela est bien car cela participe d'un anarchisme participatif . Il faut arrêter de faire du copié collé avec l'histoire ainsi nombre d'entre nous sont restés bloqués sur un personnage anar , s'identifient à lui et traite de déviants tout ce qui s'éloigne de leur dieu anar . Ke ce soit Lehning, Pelloutier, Durruti, Ravachol, Malatesta, Reclus,Proudhon .... bref chacun son idole et des conflits doctrinaux sans fins qui sont d'ailleurs parfaitement inutiles . D'ailleurs je suis sur que sur ce forum il y a plus de proses ou l'on s'engueule que où l'on construit . le prolétariat en France est moribond il faut donc faire avec d'autres stratègies ; libres à Chaitanov, Lehning et Pierrot (qui d'ailleurs ne sont pas d'accord entre eux) de vouloir recréer un mouvement prolétarien révolutionnaire qui n'existe plus que dans leur tête. Point d'anarchisme sans participation positive des individus et des peuples . Penser qu'il suffit de tout casser et de détruire l'ancien monde pour que tout aille mieux est du délire . Les Jacobins les communistes, les capitalistes et les fascistes ont tout cassé et pourtant cela n'a pas débouché sur grand chose de bien ; car si les peuples n'apprennent pas à se gouverner eux mêmes d'autres le feront à sa place .
Salutations anarchistes .
alcibiade
 
Messages: 298
Inscription: Jeu 30 Oct 2008 12:43

PrécédentSuivante

Retourner vers Débats de société

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 12 invités