Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede Ben B. le Lun 4 Mar 2013 06:40

Texte trouvé sur La Base de Données Anarchistes (http://www.non-fides.fr/?Pour-en-finir- ... Federation)

Je pense que ça peut ouvrir un débat qui me semble important sur certaines dérives en milieu libertaire.

http://www.non-fides.fr/?Pour-en-finir-avec-la-Federation
Une nécrologie.

« Et pourtant ils existent »... La FA est une vieille chose d’un autre temps. Une Organisation anarchiste (oxymore) en veille, en attente. Mais cela ne l’empêche pas, avec sa politique de visibilité et de recrutement (mais pour quoi faire ?), d’être la vitrine de l’anarchisme français malgré son opposition radicale à toute praxis anarchiste, forcément offensive. Ces quelques notes partielles ont été rédigées en septembre 2012 dans le but d’une discussion au sein d’un groupe affinitaire composé d’anarchistes. Elles contiennent quelques pensées et quelques études de cas sur certaines polémiques liées à cette organisation archaïque. Nous avons choisi de les rendre publiques, afin que chacun puisse se faire son opinion sur la question et choisir son chemin en connaissance de cause.
Ravage Editions, mars 2013.

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« Nous ne pouvons pas concevoir que les anarchistes établissent des règles à suivre systématiquement comme des dogmes fixes. Parce que, même si une uniformité de vues sur les lignes générales des tactiques à suivre est assumée, ces tactiques sont portées d’une centaine de façons différentes lorsqu’elles sont appliquées, avec un millier de détails variants. Cependant, nous ne voulons pas de programmes tactiques, aucun, et par conséquent nous ne voulons pas d’organisation. Ayant établi le but, le but auquel nous nous tenons, nous laissons chaque anarchiste libre de choisir parmi les moyens que son sens, son enseignement, son tempérament, son esprit de combat lui suggèrent de meilleur. Nous ne formons pas de programmes fixes et nous ne formons pas de petits ou de grands partis. Mais nous nous rassemblons spontanément, sans critères permanents, selon des affinités momentanées, dans un but spécifique, et nous changeons constamment ces groupes aussitôt que le but pour lequel nous nous étions associés cesse d’être et aussitôt que d’autres buts et besoins surgissent et se développent en nous et nous poussent à chercher de nouveaux complices, des gens qui pensent comme nous dans les circonstances spécifiques. »
Giuseppe Ciancabilla (1872 – 1904)

La Fédération Anarchiste française (FA) est une vitrine archaïque des idées anarchistes de l’après seconde guerre mondiale. Période pendant laquelle l’ensemble du mouvement anarchiste en France a durement peiné à retrouver l’espoir qu’il avait pu porter avant la première guerre, tant dans ses aspects quantitatifs que qualitatifs, ce qui vaut pour toutes les tendances qui le composent, des partisans de l’organisation formelle à ceux de l’organisation informelle et/ou affinitaire, des communistes libertaires aux anarchistes individualistes. La FA telle que nous la connaissons aujourd’hui est née en 1945 de diverses scissions et unions d’autres organisations. L’histoire précise de ses diverses scissions n’est en soi pas tellement intéressante puisqu’elle n’est rien d’autre qu’une suite de querelles internes concernant finalement très peu de personnes, dont une majorité de petits chefs de clans ou d’intellectuels qui n’ont laissé au final aucune trace réelle dans l’histoire des idées et des pratiques anarchistes. La FA d’aujourd’hui, celle dont nous voulons parler ici, est finalement le produit de cette histoire assez médiocre.

La FA est une organisation synthésiste, c’est-à-dire qu’elle a pour objectif de faire cohabiter toutes les tendances de l’anarchisme, hormis bien sûr celles qui considèrent que s’organiser de façon formelle et permanente est un moyen aliéné incompatible avec des perspectives anti-autoritaires. Suivant le principe du fédéralisme, elle est composée de divers groupes locaux de petites tailles (ce qui n’est pas un choix), ce qui ne l’empêche pas malgré tout, d’être centralisée autour de divers secrétariats et administrations souvent localisés à Paris. C’est à Paris d’ailleurs qu’est édité le journal de toute la FA, Le Monde Libertaire (publié depuis 1954 de façon mensuelle puis hebdomadaire), et que se trouve la radio officielle de l’organisation, Radio Libertaire (Fondée en 1981). Ce paradoxe de la FA, celui d’une fédération de groupes considérés comme autonomes les uns des autres mais dont une instance centralisée contrôle la ligne politique nationale et est chargée de l’exécutif formel et des plus gros outils de communication (bien que les groupes locaux y participent), a toujours fait couler beaucoup d’encre à l’intérieur de l’organisation, donnant lieu à de nombreuses jalousies et conflits internes.

Aujourd’hui, la FA ne jouit plus d’aucun prestige, même si en fait cela n’a jamais vraiment été le cas. Souvent raillée [1], elle fait l’objet de nombreuses moqueries parmi les autres anarchistes ou chez d’autres radicaux, ses aspects « franchouillards » y étant pour beaucoup, ainsi que sa façon très personnelle de réagir à l’actualité de façon presque toujours décalée par des pétitions de principes sous forme de « communiqués » exprimés façon XIXe siècle, mais sans la verve, et toujours dans le sens d’un idéal de paix, à la manière des quelques anarcho-pacifistes du début du siècle en France, largement intégrés depuis à la mythologie nationale et républicaine française.

Le pacifisme a d’ailleurs depuis longtemps pénétré la pensée FAiste, et il n’est pas rare de voir la FA diffuser les publications (et les idées) de l’Union Pacifiste de France (UPF) qui s’exprime d’ailleurs sur les ondes de Radio Libertaire dans l’émission hebdomadaire « Si vis Pacem ». C’est en adéquation avec cette passion pour la paix qui anime ses militants, que la FA, de ses débuts à nos jours, a toujours utilisé un type particulier d’iconographie pour renier l’histoire de l’anarchisme. Tout le monde a déjà vu un jour ou l’autre cette affiche indémodable où l’on voit un être effrayant au rire pervers de serial-killer avec un chapeau de sorcière et une bombe à la main, à côté de l’inscription « défaites vos idées toutes faites sur l’anarchie ! ». On ne peut décemment pas séparer l’histoire des anarchistes de la violence révolutionnaire qu’ils et elles ont toujours porté par le biais de la propagande par le fait, de l’assassinat, des braquages, vols, cambriolages, incendies, émeutes et les nombreuses tentatives d’insurrections armées. De cette façon la FA ne fait pas que se dissocier de l’histoire des idées anarchistes en tant que FA, ce qui en soi ne serait pas tant un problème, mais elle tente de réécrire l’histoire de tout un mouvement révolutionnaire international et séculaire en gommant tout ce qui ne correspond pas à son idéal de paix sociale.

Par exemple, dans son communiqué du 8 novembre 2005, à l’apogée des émeutes des cités en France, la Fédération Anarchiste affirme : « Oui, il y a des raisons de se révolter, mais brûler des voitures, frapper au hasard ne fait que du tort ». Parler de « frapper au hasard » est pour le moins hasardeux lorsque l’on sait que les cibles de cette vague d’émeutes étaient principalement des entrepôts de marchandises, des écoles, bâtiments administratifs, bibliothèques d’Etat, police etc. Car à lire ce communiqué en décalage total avec la vie des gens mais en adéquation avec la volonté de se conformer à « l’opinion publique », on croirait, comme le présentaient les médias étrangers, à des hordes de barbares déferlant sur les villes et massacrant tout le monde. Et si étonnés que nous sommes de voir la FA condamner l’incendie de voitures après son virage officiel depuis quelques années vers la « décroissance », nous qui les pensions partisans d’un monde sans bagnoles, nous sommes encore plus émerveillés de les voir défendre la propriété privée.

Mais si la FA et toutes les autres organisations de ce type (Organisation Communiste Libertaire, Alternative Libertaire, Coordination des Groupes Anarchistes etc.) sont tant l’objet de moqueries de la part des anarchistes, c’est aussi qu’il est toujours cocasse de voir que ces poussiéreuses organisations pourtant si grandes (la FA compte une centaine de groupes et « liaisons ») ne sont pas capables de produire la moitié de l’agitation que produisent quelques poignées d’anarchistes anonymes en ordre dispersé. La FA et ses compères n’ont jamais vraiment donné d’autre impression que celle d’une organisation en veille, en attente de quelque chose, peut-être de la révolution anarchiste parfaite et non-violente, rêve qui prête bien plus au sourire attendri qu’à une perspective réelle.

Comme nous l’avons vu et allons le voir encore, la FA s’exprime régulièrement contre de nombreuses formes de révoltes comme le sabotage, les émeutes de banlieues et tant d’autres pratiques ou événements s’inscrivant sans leur médiation contre la paix sociale. Elle s’est également toujours distanciée de l’anarchisme (pas le mot, les idées et l’histoire) à des moments ou les anarchistes étaient pointés du doigt, ou même lorsqu’ils pouvaient juste potentiellement l’être.

Mais si la FA fait si souvent sourire, il est pourtant réellement triste de voir tant de jeunes compagnons sincères, qui par défaut, par paresse, par peur de l’autonomie, s’engouffrent dans des organisations où ils n’auront certes pas à fournir trop d’efforts pour diffuser leurs idées, puisque la plupart des outils de diffusion arrivent déjà pensés et emballés toutes les semaines, mais où ils apprendront l’apathie. Où ils apprendront que l’anarchisme n’est qu’une vue de l’esprit, un folklore, un courant philosophique excentrique, un hochet pour étudiants en recherche de hobby. Un constat qui ne serait pas si triste à faire si les autres anarchistes, ceux qui veulent foutre ce monde en l’air pour de bon, n’étaient pas si isolés. Mais c’est bien connu, les vitrines et les devantures attirent l’œil, chacun avec ses intentions, et la FA n’est autre que la vitrine officielle et spectaculaire de l’anarchisme en France. Mais de nombreux compagnons et compagnonnes ont trouvé le courage, passé le côté grisant de la découverte de personnes se réclamant comme eux d’un idéal libertaire, de quitter cette petite famille ou une autre, au profit d’un développement moins frustrant en dehors de toute organisation politicienne.

La FA a été, depuis le début des années 2000, l’objet de nombreuses polémiques, selon nous, assez graves. Nous allons essayer d’en retracer quelques unes, de façon rapide et non-exhaustive (car nous n’aurons jamais assez de temps et d’efforts pour toutes les retracer, bien que certaines dont nous ne parlerons pas ici sont tout aussi importantes, voir parfois très graves lorsqu’il s’agit du comportements abject de certains de ses militants). Nous ne parlerons même pas de certains de ses épisodes les plus tragi-comiques, comme l’appel à voter Chirac en 2002 ou leur gestion très personnelle des voix discordantes. Voici donc quelques exemples de polémiques de ces dernières années, retracées de façon partielle et rapide, avec l’appui de textes et de critiques existants dont nous nous sommes aidés.

La FA et la question carcérale : « traiter et gérer la déviance »

Sur la question de la prison, la FA tient une position pour le moins ambiguë. Alors que dans une motion du 66e Congrès de la FA à Besançon en juin 2009, celle-ci affirmait avec une verve qu’elle ne réserve qu’aux pétitions de principe ou à l’islam (nous verrons cela plus tard), « la prison doit être détruite. Elle a fait son temps. QU’ELLE CRÈVE ! ». Cela n’a pas empêché le groupe Idées Noires de la FA, alors que se déroulait une semaine contre les longues peines, de diffuser un tract dégueulasse nous parlant du traitement des « déviants » en société libertaire [2].

On pouvait y découvrir quelques propositions d’alternatives à la prison pour les « déviants ». Oui, les déviants... ce bon vieux terme de criminologue. Comme on ne peut être déviant que par rapport à une norme imposée, l’emploi de ce terme par la FA implique clairement sa volonté d’imposer une norme dans sa société future, qui comme dans le monde d’aujourd’hui, produira sa « déviance », et cela devrait nous inquiéter. Surtout lorsqu’il est proposé de « gérer » ces « déviants »... Sont donc proposés psychiatrie, travaux pour la communauté, réhabilitation par le travail et autres horreurs. En fait, tout ce qui existe déjà.

Le sous-titre du tract en dit déjà long : « construire des prisons pour enrayer la délinquance, c’est comme construire des cimetières pour enrayer l’épidémie », il nous signifie que le but de la FA est de « traiter la délinquance » mais que la prison dans sa forme actuelle, n’est pas la meilleure méthode. Il est difficile d’imaginer que dans ce modèle de société proposé par la FA, les anarchistes, par exemple, ne soient pas vus comme des déviants à traiter, exactement comme dans cette société. Des inconnus ont d’ailleurs été bien inspirés de venir taguer la façade de Publico (librairie de la FA) au détour d’une Croix-Rouge dans le cadre de la semaine contre les longues peines et tous les enfermements. « FA Collabos », « FA Sales Traîtres » et comme un écho à leur motion précédemment citée :« La FA veut des taules plus humaines, qu’elle crève avec ! ». Ce que bien sûr, dans la plus pure tradition gauchiste, ses militants dénoncerons comme un « complot policier » ou une « attaque fasciste déguisée » afin de se sentir menacés car importants.

Mais le mieux reste encore de lire un extrait du tract en question : « Dépourvue d’Etat et de lois, quelles réponses la société anarchiste propose t-elle à la gestion de la déviance ? D’abord, il est évident, que la suppression des inégalités économiques et sociale et l’abolition de l’Etat et de toute forme de gouvernement et de coercition mettraient fin à de nombreux délits liés à la pauvreté (les délits d’ordre économiques) ou à la révolte contre l’oppression et l’injustice. Néanmoins, on ne peut nier l’existence de déviances. Chaque société –aussi anarchiste soit-elle ! – a sa part de crimes passionnels ou pathologiques. Alors comment traiter et gérer la déviance dans une société sans prisons et sans asiles ? Pour les anarchistes, le traitement du déviant ne doit pas se faire sous l’égide d’un cadre moral ou juridique. Il ne s’agit pas de venger la société, mais bien de réparer les dommages commis par ce déviant et de donner à la société les moyens de s’en défendre. Dès lors, les réponses de la société anarchiste aux actes de déviance ne reposent pas sur un corpus de lois, mais sur le cas par cas, sur le moment, en fonction des circonstances. De même, elle n’est pas l’apanage de quelques uns – qui seraient professionnels en la matière – mais de la collectivité dans son ensemble. Le traitement du déviant par la psychologie peut être une des réponses si, toutefois, il ne s’exprime par à travers l’enfermement physique ou psychique. Les travaux d’intérêt, en réparation aux dommages faits à la collectivité (travaux d’intérêt généraux) ou à l’individu (travaux d’intérêt à la victime), sont aussi une autre alternative à l’enfermement, pourvu qu’ils soient réalisés décemment et sans aucune forme d’exploitation. Selon les actes de déviance et les circonstances dans lesquels ils ont eu lieu, la réconciliation entre les déviants et les victimes peut aussi être une forme de réponse, quels qu’en soient ses termes (indemnisation, pardon, etc. »

Autour de l’affaire Tarnac : entre dissociation et appel à créer son entreprise

En juillet 2009 sont publiés dans le journal anarchiste Non Fides deux articles. le premier Sur l’affaire de Tarnac et l’anarchisme respectable, mise au point à propos des « camarades » de la Fédération Anarchiste et autres libertaires, traitait d’un communiqué de la FA du 11 novembre 2008, intitulé Sabotages sur les lignes SNCF. Voici un passage du texte en question : « Le jour même des arrestations, alors que les divers syndicats de cheminots et partis d’extrême gauche affirmaient ne pas être impliqués dans ces sabotages, "le responsable de la Fédération anarchiste nationale" réagissait dans le journal de France 3 Limoges à 19h. Il y affirmait qu’aucun militant de la FA n’était impliqué et que de toute manière, ces pratiques de sabotages n’étaient pas celles de la FA. Rebelote, la FA qui a toujours prétendu lutter contre l’image de l’anarchiste incendiaire de la belle époque, "l’anarchiste poseur de bombe", réaffirme son intégration au système et la condamnation systématique de toute attaque contre ce qui nous détruit (avec ou sans bombes) comme par exemple, le TGV et le monde qui le produit. […] D’abord elle affirme ne pas être impliquée, facilitant le bon déroulement de l’enquête. Que dire d’anarchistes plus prompt à affirmer leur innocence qu’à affirmer une solidarité de principe contre ce monde ? Il y a déjà un peu de la balance ou de l’indic dans celui qui, alors qu’on ne lui avait rien demandé, affirme son innocence en montrant patte blanche au supposé ennemi pour l’aider à pointer du doigt et à isoler (pour mieux réprimer) les "méchants", ceux qui passent à l’acte sans attendre. Elle s’arroge également la place convoitée du "gentil", de l’anarchiste de gauche, certes un peu contestataire, mais qui ferait pas de mal à une mouche, ou à l’Etat. Les "méchants" en l’occurrence, sont tous ceux qui, ne jouant pas la carte de l’innocentisme, font le choix d’assumer leurs idées et de garder la tête haute face à l’ennemi. Ceux qui croupissent en prison depuis trop longtemps dans l’indifférence totale de nos libertaires, certains d’entre eux sous juridiction antiterroriste. Est-ce vraiment là le rôle d’une organisation qui se prétend anarchiste de distinguer les bons saboteurs des mauvais saboteurs ? »

Le deuxième texte, intitulé Suite de l’adresse aux militants de la FA, s’intéressait plus précisément au discours politique de fond de la FA au moment des arrestations de Tarnac. Plus précisément à celui du porte-parole de la Fédération Anarchiste Française (ainsi qu’il se présenta lui-même), Hugues Lenoir, dans une interview donnée à la chaîne parlementaire (LCP), canal interne de télévision de l’assemblée nationale et du sénat créée en 1993 ayant « mission de service public, d’information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques. ». Le tout à l’occasion d’un numéro de l’émission « Ca vous regarde » consacrée à « l’ultra-gauche » et diffusée le Lundi 4 mai 2009.

Lenoir, un historique de la FA, se présente lui-même sur son site « hugueslenoir.fr », comme un « enseignant-chercheur en Sciences de l’Education à l’Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, responsable de la Licence professionnelle de Formation de Formateurs et membre du Conseil scientifique et de l’évaluation de l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI). » Dans l’interview, il fait deux affirmations importantes : « [Les inculpés] sont relativement anti-organisationnels, de ce fait ils ne sont pas complètement les amis de la fédération anarchiste qui justement pense qu’il faut organiser le mouvement anarchiste pour qu’il soit un petit peu plus présent et efficace du point de vue des évolutions sociales. » et « ces jeunes gens, de façon contradictoire, développent des pratiques qui nous sont extrêmement sympathiques ; par exemple installer une épicerie dans un village rural, développer des pratiques d’autogestion, développer une espèce de culture locale, ça c’est des choses que nous aussi on fait ici ou là ». Un éloge du petit commerce qui n’est pas sans rappeler Poujade ou le MEDEF.

Monomanie de l’Islam, liberté d’expression et compagnons de route puants

En 2009, en co-édition avec la Fédération Nationale de la Libre Pensée, sort aux Editions Libertaires, le bouquin L’Impasse islamique d’Hamid Zanaz, préfacé par Michel Onfray, philosophe auto-proclamé « anarcho-capitaliste » que l’on ne présente plus. Sans doute ont-ils senti qu’ils s’aventuraient en terrain glissant quand, avant même la publication du livre, les éditeurs ont adressé à l’ensemble des éditeurs libertaires ou apparentés une sorte d’appel à soutien préventif. Ce que, à la lecture de l’opuscule, une bonne partie – Libertalia, Le Chien rouge, Alternative libertaire, L’Altiplano, Ab Irato, Spartacus, Rue des Cascades, Acratie – ont refusé. D’où une lettre publique assez aigre accusant tout ce petit monde d’être des adeptes du « marxisme, du néomarxisme, du cryptomarxisme, du postmarxisme, du paramarxisme ». Pour citer AL (une fois n’est pas coutume) « les Éditions libertaires peuvent comprendre qu’on n’ait aucune envie de donner l’absolution à un livre confus, préfacé par le gaulliste de gauche Michel Onfray… »
Dans sa préface, le philosophe de plateau TV nous refait le coup du choc des civilisations... Il nous parle des « valeurs de l’occident » qu’il faudrait préserver [3]. Les Éditions Libertaires restent totalement acritiques sur ce point, au contraire, elles nous présentent le livre comme tel : « ce livre assassine l’idéologie islamique comme jamais encore. La critique y est sans insulte, mais radicale, totale, implacable, féroce. Elle a la précision du scalpel d’un médecin légiste ».

Le 27 avril 2009 sur Radio Libertaire, la radio de la FA, l’animateur de longue date de « La Philanthropie de l’Ouvrier Charpentier », Philippe Raulin [4], invite deux membres du groupe Riposte Laïque à l’occasion de la promotion de leur ouvrage Les dessous du voile : 1989-2009, vingt ans d’offensive islamiste. Celui-ci nous présente l’organisation Riposte Laïque comme des compagnons de route de la FA. Riposte Laïque, groupe de la nouvelle extrême-droite républicaine, est à la fois compagnonne de route de la Fédération Anarchiste et du Bloc Identitaire ou du Front National. Ils sont dans une stratégie d’alliance avec tous ceux qui comme eux considèrent qu’il faut combattre les personnes désignées comme musulmanes. Il fallait bien trouver des idiots utiles chez les anarchistes pour montrer à quel point ils ne sont pas sectaires, heureusement, il y a la FA.

Riposte Laïque est donc aujourd’hui une organisation sœur de nombreux groupes d’extrême-droite, des plus nostalgiques du national-socialisme ou du pétainisme aux plus en vogue Bloc Identitaire et autres groupuscules d’extrême-droite relookés sociaux, auprès desquels elle organise des « apéro saucisson-pinard » en plein Barbès à Paris, et autres « assises contre l’islamisation de l’Europe ». Ce n’était pas encore le cas de façon aussi dénuée d’ambiguïté à l’époque de l’émission, mais on pouvait déjà lire sur le site de cette organisation des textes aux titres laissant rêveurs, comme « Assumer notre héritage chrétien pour que survivent la laïcité et la démocratie » et aux contenus encore plus nauséeux et finalement pro-religieux, en ce qu’il s’agit toujours d’opter pour une stratégie d’alliance avec les autres religions pour combattre « l’islamisation de l’Europe ». Comme le soulignait avec justesse le texte Radio Courtoisie, en direct sur 89.4 FM publié par Luftmenschen en novembre 2009, Riposte Laïque assume parfaitement la hiérarchie entre le danger représenté par les différentes religions monothéistes, et donc, la dénonciation prioritaire de l’islam, au nom d’une « offensive » de celui-ci contre la République. Par dessus le marché, cette organisation a toujours fait l’éloge de l’identité nationale française (qui serait menacée par « l’immigration islamiste »), de l’Union Européenne (notamment contre l’intégration de la Turquie) et d’autres sujets toujours ambigus, et toujours en faveur ou autour de l’Etat, de l’UE, de la république et des problématiques identitaires et racialistes.

Et tout cela, Philippe Raulin et la FA n’ont pas pu le rater, il suffisait de lire quelques lignes de n’importe quelle publication de Riposte Laïque ou de passer quelques secondes sur son site pour s’en rendre compte. Tout au long de cette émission de Radio Libertaire, Riposte Laïque martèle sans cesse sa thèse de « l’offensive structurée et programmée », et notamment à propos des femmes qui refusent d’être examinées par un homme à l’hôpital, de celles qui portent plainte pour discrimination lorsqu’on leur interdit, en raison du port du voile l’accès à un lieu public ou même privé. Les mots ont un sens : évoquer des prises de position individuelles, comme reflétant une offensive « structurée et organisée », ce n’est pas autre chose que faire de chaque musulman l’agent conscient d’un « complot islamiste ». Raisonnement qui a une parenté évidente avec celui du « complot juif », parenté qui ne s’arrête pas là. On est bien en tout cas dans un discours raciste qui s’attache à la personne et non à la religion.

Dans cette émission, toujours disponible sur le site de Riposte Laïque qui s’en sert encore pour sa promo, la complaisance de café du commerce de l’animateur Raulin avec ces xénophobes est insupportable, d’autant plus que celui-ci n’hésite pas à surenchérir dés qu’il s’agit de verser dans le préjugé franchouillard de la horde d’arabes venus voler le pain des lardons des bons français. On pourra se demander tout de même à quel jeu joue le sordide Philippe Raulin au sein de son organisation...

Mais la FA et Raulin n’en étaient déjà plus à leur premier coup d’essai. Yves Coleman est un communiste antiautoritaire qui signe de son nom la revue Ni Patrie Ni Frontières. Celle-ci est assez connue pour ses prises de position anti-identitaires et pour sa vigilance contre les dérives nationalistes et xénophobes au sein de l’extrême-gauche, une revue souvent intéressante et contre-informative sur les évolutions de la confusion, bien qu’elle ne sorte jamais réellement du cadre de la social-démocratie. Depuis 2007, NPNF a dénoncé à plusieurs reprises les laïcs et les athées qui flirtaient avec Riposte laïque ou avec la xénophobie. En réponse aux critiques de NPNF, c’est au salon du livre libertaire de la FA en 2008, que Philippe Raulin et Radio Libertaire viendront à la rescousse des laïcards xénophobes en organisant un débat-traquenard avec Jocelyn Bézecourt (responsable du site Athéisme et collaborateur de Riposte Laïque) contre Coleman, en direct sur Radio Libertaire [5]. Le débat commence d’ailleurs par une présentation de Bézecourt par Raulin, celui-ci le présentant comme « une personne que je connais très bien, avec qui cela fait plusieurs années que l’on travaille ensemble, que l’on écrit des textes et que l’on fait des émissions ensemble », il présente d’ailleurs d’emblée, avant même que celui-ci n’ait pu s’exprimer, la critique de Coleman comme « nulle à chier ». Le « débat » sera d’ailleurs ponctué des sarcasmes permanents du présentateur à l’encontre de Coleman.

Raulin s’insurge contre le fait que lorsqu’il s’attaque à l’islam, il est immédiatement qualifié de raciste, selon un discours victimisant typique, et en oubliant de préciser qu’à plusieurs reprises celui-ci faisait de la croisade contre l’islam une priorité sur celle contre les autres monothéismes. Bézecourt, lui, peine à défendre son anti-racisme par des arguments de type « j’ai organisé un colloque avec une arabe », nous rappelant les grandes heures du Le Pen de notre enfance.

Mais, s’enfonçant toujours plus dans l’héritage voltairien des prétendues « Lumières », de la libre-pensée, du pacifisme et de ses continuateurs de la gauche laïcarde actuelle, la FA n’étonnait déjà plus personne lorsqu’elle organisait une journée de rencontre avec entrée payante à la CIP autour du thème de « la liberté d’expression » avec comme invités principaux, Jean Bricmont et Normand Baillargeon. On ne s’étendra pas ici sur le concept républicain de « liberté d’expression » qui selon nous n’a rien à faire chez de prétendus ennemis de l’Etat qui ne devraient rien avoir à lui demander. Mais intéressons-nous donc à ces deux intervenants.

Bricmont a été président de l’Association française pour l’information scientifique de 2001 à 2006. Depuis 2006, il en est président d’honneur. Il est surtout connu pour deux choses qui se recroisent : il fait partie de la mafia altermondialiste qui gravite autour du label Noam Chomsky, un linguiste connu aux Etats-Unis comme étant « l’anarchiste le plus connu de l’histoire », qui a soutenu le régime de Pol Pot, le régime de Chavez et autres dictatures de gauche en Amérique Latine ou le Hezbollah au Liban [6]. Il est aussi connu pour ses prises de position et contributions diverses à l’intérieur des médias d’extrême-droite et son soutien aux négationnistes contre la loi Gayssot. Il prend position notamment pour le célèbre Faurisson ou encore pour Vincent Reynouard (un néo-nazi incarcéré pour négationnisme). Il milite dans sa cause avec Paul-Éric Blanrue, l’auteur du livre Sarkozy, Israël et les juifs, dénonçant le retour en force du Complot Juif.

Pas étonnant donc que le bonhomme s’intéresse à la question de la liberté d’expression, en l’occurrence celle de nostalgiques ou de négationnistes des camps d’extermination nazis.

Baillargeon, lui, est un universitaire québécois qui se revendique « libertaire ». Il est chroniqueur dans des journaux de la presse bourgeoise et à la TV québécoise, en France, il écrit dans Le Monde Libertaire où il expose des positions toujours très modérées et parfois en faveur de l’Etat. En 2008, il participe à une campagne lancée au Québec pour que lors des prochaines élections, qu’elles soient fédérales ou provinciales, un débat entre les candidats ait pour objet la science et la technologie. De façon générale, il participe régulièrement aux débats électoraux locaux dans lesquels il ne remet jamais en question le principe même des élections, au contraire, il cherche à améliorer les candidats dans la pure tradition lobbyiste nord américaine.

Lors de ses interventions à la tribune de Radio Libertaire à la CIP [7], il n’a pas cessé de promouvoir une pétition initiée par Blanrue pour défendre les négationnistes attaqués en justice sans que quiconque ne réagisse dans la salle, en tout cas, pas de manière audible à l’écoute de l’émission. Son intervention se trouve maintenant en vidéo sur le site de l’antisémite Blanrue sous le titre « un libertaire signe la pétition », comme un parfait exemple de l’idiot utile. Une vidéo d’ailleurs filmée par les animateurs du site « Enquête et débat » d’un certain Jean Robin (ex d’Acrimed) qui sur son site interviewe régulièrement des personnes qu’il n’est malheureusement plus nécessaire de présenter comme Alain Soral, Kemi Seba, Christian Vanneste ou Philippe Randa.

Mais est-il utile de préciser que ces débats étaient animés par Philippe Raulin ?

Aucune prise de position publique là-dessus, ni de la part de la Coordination des Intermittents et des Précaires (CIP-IDF), ni de la FA, qui assoit de plus en plus sont statut officiel d’idiote utile de l’extrême-droite sans que cela ne semble déranger personne en son sein. Celle-ci a été déjà interpellée plusieurs fois par des anti-fascistes [8], mais son absence totale de remise en question et d’esprit critique, au final, renvoie le message que la FA ne considère pas toutes ces erreurs graves comme des problèmes et qu’elle les assume au point de penser qu’il ne s’agit pas d’erreurs et que l’ouverture de ses micros à des pro-fascistes de ce genre est un choix conscient.
***

En guise de Post-Scriptum, Nous aimerions anticiper l’offuscation de quelques militants en affirmant sans conditions que tous les militants de la FA sont responsables des propos tenus en leur nom, dans la mesure où ces militants gardent le silence d’une part, mais surtout, ne quittent pas l’organisation. Il est possible d’être anarchiste partout ailleurs qu’à la FA ou dans n’importe quelle organisation formelle et permanente, il n’y a donc aucune raison valable pour ne pas déchirer sa carte d’adhésion à la FA comme l’ont déjà fait nombre de travailleurs avec leurs syndicats lorsqu’ils se sentaient « trahis ». Nous appelons cautionner le fait de prendre part à une organisation dirigée par des individus comme Raulin et ses amis, qui élabore des plans pour nous punir même après la destruction de toutes les prisons, qui se dissocie de tous les actes de révolte qui n’appartiennent ni au passé ni à un quelconque exotisme, qui participe à la répression des anarchistes en aiguillant les doigts accusateurs des flics et des juges en direction de tout ce qui n’est pas eux, qui dans sa librairie installe des bornes antivols (et les dispositifs RFID qui vont avec), qui réécrit l’histoire du mouvement anarchiste en permanence, qui travaille main dans la main avec toutes les organisations politiques qui pourrissent déjà nos vies au quotidien (partis, syndicats etc.), qui voit du complot partout où elle est critiquée, qui laisse s’exprimer en son nom sous couvert de liberté d’expression les pires défenseurs du fascisme et leurs idiots utiles d’extrême-gauche, qui laisse s’exprimer en toute complaisance sur son antenne des racistes patentés avec ou sans carte de membre, qui refuse systématiquement toute remise en question du sexisme de nombre de ses militants, etc. Ceci est donc un appel aux militants sincères et anti-autoritaires de la FA à déchirer leurs cartes et à cesser d’être des militants pour devenir des anarchistes, donc des individus iconoclastes, sans foi ni loi, sans parti et sans organisation permanente.

Notes rédigées en septembre ‎2012 par des anarchistes sans parti.

TELECHARGER LA BROCHURE ICI : http://www.non-fides.fr/IMG/pdf/FA-20p- ... arpage.pdf

Repris de Ravage Editions (http://ravageeditions.noblogs.org/post/ ... ecrologie/ ).
Notes

[1] La FA est souvent appelée la "tendance camembert-saucisson de l’anarchisme". Au-dela de la blague cela fait référence à son combat passionné contre l’anti-specisme, allant jusqu’à l’agression physique, mais surtout à la beauferie d’une partie de ses militants, anarchistes de folklore plus que de combat.

[2] On peut le lire ici. (http://nantes.indymedia.org/attachments ... wnload.pdf)

[3] « On ne distingue pas bien ce qu’une telle position a de libertaire, du moins si cet adjectif désigne une personne qui tenterait de se dégager des poncifs de la propagande politique officielle et du bourrage de crânes médiatique et produirait une pensée autonome de celle des classes dominantes – “occidentales” ou pas. Pas plus qu’on ne perçoit ce qu’ont de “libertaires” les allusions positives de Hamid Zanaz aux “avancées radicales” permises par Bourguiba, Bismarck, Kemal Ataturk ou Napoléon. […] On ne voit pas bien ce que viendrait faire dans son Panthéon laïque Bourguiba, grand tortionnaire et dictateur devant… l’Eternel. Ou Napoléon et Bismarck, qui ont persécuté les républicains pour le premier (Bonaparte ayant de surcroît rétabli l’esclavage avant de devenir empereur), les syndicalistes et les socialistes pour le second. » Extrait de Ni patrie ni frontières, février 2010.

[4] Par ailleurs secrétaire mandaté par les adhérents de la FA pour Radio Libertaire.

[5] On pourra écouter l’émission ici. (http://anarsonore.free.fr/spip.php?article102&nbsp )

[6] A propos de Chomsky, Bricmont, Baillargeon et leurs amis, voir la brochure Noam Chomsky et ses amis… Une imposture au sein de l’anarchisme, Ravage Editions, juin 2011. (http://ravageeditions.noblogs.org/post/ ... narchisme/ )

[7] CIP-IDF - Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France.

[8] On pourra lire par exemple le texte De la liberté d’expression en général, et du cas Bricmont en particulier, publié sur Indymedia Paris le 13 décembre 2010. (http://paris.indymedia.org/spip.php?article4635 )

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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede gloubi le Lun 4 Mar 2013 14:01

J'aime plutôt bien l'équipe de non-fidès. Je suis inscrit sur leur newsletter et je reçois ce qu'ils publient.
Ils ou elles ont de la suite dans les idées, ils continuent très régulièrement à entretenir leur blog et n'ont pas besoin de se faire approuver par une équipe qui contrôle un forum ou une organisation pour le faire.
Je me souviens de Pia qui se faisait insulter à qui mieux mieux sur ce forum, alors que je le ou la ( je n'ai jamais su si c'était une fille ou un gars et peu importe ) considère comme un(e) anarchiste.
J'en profite pour le ou la saluer
Critiquer la dégénérescence malheureusement courante des organisations fussent-elles anarchistes ou libertaires ne signifie donc pas se taire de son coté et baisser les bras. Non-fidès en donne la preuve.

Donc oui il y a des cotés très critiquables voire obscurs à la fédération anarchiste, et il faut des gens pour le rappeler.
La critique devrait même être positive ( non-fidès ne l'oriente pas de cette façon c'est sur ) et permettre, s'il est encore temps, de redresser la barre.

Mais tant qu'à faire il faudrait aussi parler peut-être aussi des dernières positions de la CGA, l'OCL , AL sur l'appui à l'élargissement d'une des lois les plus rétrogrades de l'Etat, qui constitue un pilier essentiel du système réactionnaire dans lequel nous vivons : le mariage.
Et, ces organisations ou plutôt ceux qui en décident la ligne se permettent non seulement de dire qu'ils font ça au nom du combat pour de l'égalité des droits mais vont même jusqu'à traiter d'homophobes ceux qui les contestent.

Donc il faut dire haut et fort que ces quelques personnes qui font "le mouvement anarchiste organisé " comme ils se qualifient non sans mépris pour les autres
ne représentent pas la totalité des anarchistes loin de là. Et cette appropriation de la bonne parole anarchiste est tout simplement inacceptable.

Par ailleurs j'en profite aussi pour signaler une initiative où on trouve Alternative Libertaire au coté du NPA, ça encore on était habitué , mais aussi des Mao-stals de l'OCML, et là, ça va tout de même un petit peu loin.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede vroum le Lun 4 Mar 2013 17:15

Ah ça ne m'étonne pas vraiment que tu apprécies Non Fides...

en tout cas leur texte m'a bien fait rire

Il est difficile d'être plus ignorant de la réalité et du fonctionnement de la FA

Enfin de la part d'un petit groupe de bobos nihilistes qui n'en finit pas de se déchirer entre divisions et guerres des (petits) chefs, on ne pouvait pas en attendre moins. Je pense qu'il faut lire ce texte (on ne peut même pas le considérer à la hauteur d'un pamphlet) comme une forme d'hommage, une reconnaissance...

Dans 10 ans quand ils reliront leur texte depuis leur cabinet ou depuis leur appartement du 16e, ils rigoleront bien eux aussi.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede baboeuf le Lun 4 Mar 2013 17:16

Mais tant qu'à faire il faudrait aussi parler peut-être aussi des dernières positions de la CGA, l'OCL , AL sur l'appui à l'élargissement d'une des lois les plus rétrogrades de l'Etat, qui constitue un pilier essentiel du système réactionnaire dans lequel nous vivons : le mariage.


"un pilier essentiel du système réactionnaire dans lequel nous vivons" :mrgreen:
comme tu y vas............
franchement, les "gens" ne sont plus aussi aliénés par le mariage que tu le crois.
un gamin sur deux est conçu dans une union non maritale. sans compter que bien des couples mariés ne le sont qu'un temps assez court, jusqu'au divorce. d'autres s'autorisent pas mal de libertés.......
nous ne sommes plus dans les années 30.
pour ce qui est du papier sur la fa, je l'ai trouvé pas mal. jusqu'au couplet sur les destructions causées par les émeutes.
la plupart des destructions ont été le fait de jeunes qui se foutent pas mal de nos idées et méme souvent ne respectent que la loi du plus fort. ces destructions ont été motivées par le mimétismes, la compétition (nous aussi dans notre quartier on met le feu), le jeu du chat et la souris avec les flics etc....
voir la dedans les prémices d'une révolte sociale, c'est etre vraiment à coté de la plaque.
les gens qui bougent dans les cités, souhaitent un changement social, ils étaient plus en train d'essayer de raisonner les jeunes ou de protéger l’école du coin de l'incendie.
une ecrasante majorité des habitants des cités ont été révoltés de ces destructions.
c'est marrant de voir des anars soutenir le hooliganisme quand il n'est pas le fait de fachos rasés.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede gloubi le Lun 4 Mar 2013 17:26

vroum a écrit:
Dans 10 ans quand ils reliront leur texte depuis leur cabinet ou depuis leur appartement du 16e, ils rigoleront bien eux aussi.


Ouais j'aime bien le style Non fidès , pas tout, mais en gros je trouve ça pas si mal ( dans le style )

(Je dis ça pour qu'ils m'invitent dans dix ans à un cocktaille mondain dans leur appart du 16ème. Peut être même qu'il y aura aussi Michel le philosophe de la gauche libertaire. Ce sera classe. )
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede vroum le Lun 4 Mar 2013 17:37

Un exemple pour souligner la malhonnêteté de Non Fides : le communiqué (en entier) et le meeting (en vidéo) de la FA le 8 novembre 2005 :

Meeting de la Fédération Anarchiste du 8 novembre 2005 dans un quartier populaire de Rennes, pendant l'Etat d'urgence proclamé par l'Etat répressif :




Emeutes et répression partout en France : Pas de justice, pas de paix !

mardi 8 novembre 2005 http://federation-anarchiste.org/spip.php?breve99

Les événements qui agitent les banlieues françaises depuis près de deux semaines sont bien l’expression d’une révolte dont on ne peut nier l’aspect politique. On ne peut nier l’existence d’une situation émeutière contre des représentants ou des symboles d’un ordre social inégalitaire, raciste et oppressant qui considèrent la jeunesse des quartiers populaires comme une « racaille » devant être nettoyée au « Kärcher » puis moisir en prison. Dans ce contexte, mettre le feu à une voiture, à un bâtiment public ou à des commerces est un acte politique, qui même si nous pouvons nous interroger sur le bien fondé de ces actions, notamment sur le fait qu’elles nuisent plus aux classes populaires qu’à a la bourgeoisie et aux vrais responsables de cette situation sociale, reste le seul moyen d’expression d’une jeunesse à qui la société n’offre aucune autre perspective que la galère, la frustration et le flicage. Nier les origines sociales de cette violence est le premier outil qui permet de mettre en place des politiques répressives de criminalisation de la misère et des banlieues.

A force d’ignorer que c’étaient des humains qui vivaient dans ces cités dortoirs construites à la va-vite hors des villes où furent parqués les immigrés et les pauvres. Ces cités qui sont un condensé de toutes les erreurs urbanistiques et donc de toutes les difficultés de vie pour les individus. Ces cités où il n’y a aucun espace de socialisation pour se retrouver. Ces cités où le chômage et la misère sont le quotidien des adultes et le devenir des enfants. Il n’était pas nécessaire d’être sociologue ou devin pour prévoir ce qui se passe aujourd’hui. Quand on nie l’individu a ce point il est naturel qu’il se révolte. Quand les politiques se scandalisent du non respect des jeunes de banlieue pour les institutions républicaines Ils semblent oublier que la République ne les a guère pris en considération depuis des décennies.

Mais au fil de déconvenues électorale et de provocations d’un Ministre de l’intérieur qui a le « sens du dialogue », ces êtres marginalisés, bafoués et sans cesse montrés du doigt se sont révoltés spontanément. Il n’y a guère que le Ministre de l’intérieur pour croire à une organisation structurée. Les responsables ce sont bien ceux qui ont permis la construction de telles « cités » et ceux qui ont laissé se dégrader les conditions de vie de ces populations en ne leur apportant pas l’aide et le soutien dont elles avaient besoin.

Le quadrillage des quartiers par les forces anti-émeutes et par les unités de choc de la police appuyés par des hélicoptères volant toute la nuit au ras des habitations ainsi que le rappel de réservistes ne sont qu’une surenchère militaire du gouvernement qui ne contribuera qu’a attiser le feu et la colère. Des milliers d’interpellations et de gardes à vue, plus de 700 mises en examen pour des motifs fréquemment farfelus et des preuves le plus souvent inexistantes dans des conditions de défense désastreuses ne régleront en aucune façon le malaise social des banlieues et de la jeunesse.

L’application de mesures légales exceptionnelles comme le couvre feu relevant des lois spéciales datant de la guerre d’Algérie est une véritable provocation à l’adresse de la jeunesse en colère ainsi qu’un danger fondamental pour les libertés publiques. Le texte de loi prévoit sur simple ordre des préfets l’instauration de couvres feux, des perquisitions de jour et de nuit, l’interdiction de séjour ou l’assignation à résidence pour toute personne menaçant, selon les critères du gouvernement, l’ordre public, l’interdiction de rassemblement, la fermeture des cinémas, des théâtres, des cafés, et des lieux de réunion, mais aussi le contrôle de la presse écrite, télévisuelle et radiophonique ainsi que le web.

Après la répression systématique des mouvements sociaux et syndicaux (intervention du GIPN contre les postiers de Bègles, inculpations massives des anti-OGM, l’assaut héliporté du GIGN et des commandos-marine contre les mutins du « Pascal Paoli »), l’Etat prépare la guerre sociale contre les pauvres et contre tous les résistants à cette société de classes. La fuite en avant du gouvernement dans une dérive fascisante inquiétante doit mobiliser toutes les composantes du mouvement social et syndical pour organiser la défense de nos libertés et de nos conquêtes sociales.

Oui il y a des raisons de se révolter, mais brûler des voitures (appartenant à des personnes parfois aussi pauvres), frapper au hasard ne fait que du tort et ne fait que renforcer tous les replis identitaires (qu’ils soient nationalistes ou religieux). Notre révolte doit prendre sa source contre les véritables responsables de la misère et de la précarité installée : le capitalisme et l’Etat. Et notre révolte ne prendra de sens qu’en s’organisant contre le capitalisme et ses effets destructeurs, en s’organisant dans les quartiers contre les huissiers, contre des logements trop chers, pour des vrais services publics (égalité d’accès passant par la gratuité des transports...)…

La Fédération anarchiste exige le retrait des forces répressives, le retrait et l’abrogation des mesures d’urgence et des lois d’exception, l’arrêt des poursuites judiciaires contre les jeunes révoltés, la libération de toutes les personnes emprisonnés ainsi que la lumière sur les circonstances de la mort de Ziad Benna et Bouna Traoré. La Fédération anarchiste tient à témoigner son soutien aux habitants, aux familles, ainsi qu’aux travailleurs des quartiers victimes de la violence sociale de certains émeutiers comme celle de la police.

Mettre en échec ce gouvernement fascisant, méprisant et arrogant ne pourra se faire que sur le terrain du rapport de force : la construction d’un mouvement social débarrassé des parasites politiciens et bureaucrates, fonctionnant et se coordonnant sur la base du fédéralisme libertaire, de la gestion et de la démocratie directe dans une perspective de transformation révolutionnaire de la société constitue la condition indispensable à la conquête de l’égalité économique et sociale, gage de la liberté et de la sécurité pour toutes et pour tous !

Qui sème la misère récolte la colère !

Pour une société égalitaire et libertaire

La révolution reste à faire !

Fédération anarchiste

Secrétariat aux relations extérieures 145 rue Amelot 75011 Paris

relations-exterieures(a)federation-anarchiste.org
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede gloubi le Lun 4 Mar 2013 18:09

baboeuf a écrit:
"un pilier essentiel du système réactionnaire dans lequel nous vivons" :mrgreen:
comme tu y vas............
franchement, les "gens" ne sont plus aussi aliénés par le mariage que tu le crois.
un gamin sur deux est conçu dans une union non maritale. sans compter que bien des couples mariés ne le sont qu'un temps assez court, jusqu'au divorce. d'autres s'autorisent pas mal de libertés.......
nous ne sommes plus dans les années 30.
.


Sans reprendre un débat qu'on a trop eu, c'est peut-être parce que justement cette institution est en grosse perte de vitesse que l' Etat cherche à la re-booster.
Et nos anarchistes "organisés" tombent dans le panneau les deux pieds en avant.

Plouf.
Et ils voudraient que tout le monde participe à la baignade.

Mais le mariage est bien un des piliers essentiels du système capitaliste avec la famille qui est en rapport avec l'héritage, la transmission du capital y compris les moyens de production et les ressources naturelles, la propriété privée, les avocats, les notaires, les mairies , l'église...

Tout cela, me semble-t-il ,n'a rien à voir avec l'anarchisme ni "transitoirement" ni à terme.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede JPD le Lun 4 Mar 2013 18:44

il faudrait aussi parler peut-être aussi des dernières positions de la CGA, l'OCL , AL sur l'appui à l'élargissement d'une des lois les plus rétrogrades de l'Etat, qui constitue un pilier essentiel du système réactionnaire dans lequel nous vivons : le mariage.



Etonnant que le texte qui suit puisse être compris comme un soutien au mariage et à la loi !!!!

Le mariage pour tous et toutes… mais plus encore pour personne !


Sur le principe de l’égalité des droits, et contre les réactionnaires de tout poil qui s’agitent en ce moment sur la question du mariage pour les couples homosexuels, dans un beau tapage médiatique à arrière-fond politicien, nous ne pouvons qu’affirmer le « droit au mariage » des homosexuel-le-s. Mais sans oublier de dénoncer le mariage pour ce qu’il est aujourd’hui comme hier : une institution patriarcale et un instrument de contrôle social – et sans oublier de lutter à la fois pour la généralisation de droits attachés aux personnes en dehors de toute considération de leur vie affective ou sexuelle et pour une vraie libération sexuelle.

Le mariage, union traditionnelle d’un homme et d’une femme pour procréer et régler les questions d’héritage, va être ouvert en France aux couples de même sexe – après certains pays et avant d’autres. Les arguments en faveur de ce changement sont essentiellement liés à l’évolution de la parentalité, et les opposant-e-s au projet du gouvernement ne s’y trompent pas : il y a derrière, entre autres, le droit à l’adoption pour les couples homos et le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les lesbiennes. Cette modification est également rendue nécessaire par une revendication d’égalité – mais de quelle égalité s’agit-il ?

Pourquoi un couple éprouve-t-il en général le besoin de se marier, de nos jours ? Pour faire reconnaître son amour par le monde entier, à commencer par l’Etat. Pour réduire ses impôts s’il y a déséquilibre de revenus. Pour affirmer qu’on n’est plus « disponible », le port d’un anneau affichant cette indisponibilité…. D’aucun-e-s ajouteraient que le mariage hétéro sert aussi à ce que l’homme dispose d’une employée de maison bon marché et à ce que la femme ait un propriétaire publiquement reconnu (en ajoutant cette devinette : « Pourquoi les robes de mariée sont-elles blanches ? Pour être assorties à la machine à laver et à la cuisinière »)… mais ce genre de fonctionnement entre homme et femme n’est malheureusement pas l’apanage des couples mariés. Quoi qu’il en soit, le mariage étant une institution du système patriarcal qui sert le contrôle social, réclamer son extension ne devrait en aucun cas être l’une de nos revendications. Cependant, la réalité étant ce qu’elle est, soutenir le mariage pour toutes et tous est pour nous comme soutenir le droit de vote pour les immigré-e-s : une revendication minimale d’égalité parallèle à des revendications contradictoires et plus fondamentales.

A bas l’ordre patriarcal…

Dans les années 1970, des homosexuel-le-s (en particulier au sein du Front homosexuel d’action révolutionnaire) ont mené des luttes visant à faire évoluer les mœurs – pour le droit à disposer de son corps afin de satisfaire ses désirs multiples avec les personnes de son choix, quel que soit leur sexe ; pour combattre les préjugés et les interdits, la morale bourgeoise et son ordre, son exigence de fidélité…

La revendication du mariage posée actuellement par des homosexuel-le-s, et soutenue par une partie de la classe politique, souligne la régression opérée depuis cette époque. Certes, au nom de l’égalité avec les hétéros – et même si cette égalité posée pour l’occasion en principe ne paraît guère préoccuper grand monde sur d’autres terrains économiques et sociaux –, ces personnes doivent pouvoir transformer leur désir en droit, on l’a dit plus haut. N’empêche, dans une époque où plus de la moitié des mariages entre hétéros sont suivis à assez brève échéance d’un divorce, quelle drôle d’idée que de vouloir à toute force passer devant le maire (et pourquoi pas le curé ! Pourquoi pas, tant qu’on y est, remettre au goût du jour l’exigence de la virginité, pour faire délicieusement rétro ?) afin de s’unir à une autre personne du même sexe – y compris si c’est celle que l’on aime le plus au monde (à un moment donné) ?

Cette aspiration au mariage de ces homos-là est le mouvement inverse de la libération sexuelle : un désir éperdu de rejoindre la norme. Quoi qu’il s’agisse d’un contrat civil, on sent dans leur revendication du mariage tout un contenu symbolique d’inspiration religieuse ; c’est pourquoi sans doute certain-e-s de ceux qui la portent s’agacent des positions réactionnaires de l’Eglise – alors que celle-ci ne fait que jouer son rôle habituel. Mais quelle bizarrerie que des homos rejoignent les chrétien-ne-s traditionalistes pour s’appuyer sur la famille comme fondement de l’ordre social ! Bien sûr, leurs préoccupations sont différentes : les seconds défendent leur attachement à d’antiques croyances et idées, alors que les premiers, en mal d’enfants, voient sans doute avant tout dans le mariage le moyen de faire reconnaître leur sexualité minoritaire. Il n’en demeure pas moins que bien d’autres contrats plus adaptés à la réalité des relations amoureuses actuelles auraient pu être mis en avant – comme le PACS, qui est sûrement « améliorable » sans devenir un pastiche du mariage.

… et vive la libération sexuelle !

De plus, beaucoup d’homosexuel-le-s se soucient assez peu du mariage : seule une infime fraction de ce qui, par la diversité des opinions et valeurs qu’on y trouve, n’est pas vraiment une « communauté » aspire à la fondation d’une famille. La question du mariage mobilise surtout quelques associations d’activistes en quête de nouvelles causes permettant de dénoncer l’homophobie rampante et de justifier leur existence.

La « gauche » au pouvoir, quant à elle, tente avec le « débat » en cours essentiellement de détourner l’attention de la politique qu’elle suit : ayant démontré sitôt élue, et sans nulle surprise, qu’elle ne changerait rien à l’ordre capitaliste, elle offre à ses soutiens faiblissants cet enjeu « sociétal » avec l’espoir de lui faire perdre un peu de vue le mécontentement général. En mai 2012, Barack Obama avait déjà donné le ton : surmontant d’ultimes réticences liées à ses convictions religieuses, et après avoir cédé au patronat sur tous les terrains économiques et sociaux, il s’est prononcé en faveur du mariage gay pour s’efforcer de redonner un but au camp du « progrès ». Dernière remarque : dans le soutien apporté à cette revendication du mariage, on ne peut que constater un fort désir d’assimiler les « gays » – autrement dit, une volonté de les voir quitter leur place un peu à part dans la société : fini la cage aux folles, les obsédés chassant un bon coup, les pervers à tendance plus ou moins pédérastique.

Bien plus que les gays eux-mêmes, la grande majorité de l’opinion « gay-friendly » applaudit ainsi ce désir de famille qui les rend enfin pleinement fréquentables. Une fois mariés, rangés, déclarés, ils et elles cesseront de représenter un groupe trouble et dangereux. La mise en avant – par le biais de l’adoption ou des techniques de procréation assistée – du couple et de la reproduction sur la « débauche » marque le triomphe d’une conception morale de l’homosexualité. Comme le souligne l’écrivain Benoît Duteurtre, « notre époque postmoderne accomplit par là son idéal fusionnel – ou confusionnel – en enveloppant tout (ordre, rébellion, norme, transgression, minorité, majorité, religion, péché…) dans un même paquet cadeau égalitaire marqué du sceau de la loi et du respect ».

Alors, le mariage des homos pour faire chier les réacs, oui – mais la libération sexuelle pour renverser l’ordre social, encore plus oui !

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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede vroum le Lun 4 Mar 2013 19:02

JPD a écrit:Etonnant que le texte qui suit puisse être compris comme un soutien au mariage et à la loi !!!!


Il ne faut pas s'étonner JPD, tous les tracts et communiqués des orgas libertaires rappellent à la fois la nécessaire égalité des droits et l'abolition du mariage comme institution bourgeoise et patriarcale, c'est juste de la mauvaise foi...
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede gloubi le Lun 4 Mar 2013 19:04

JPD a écrit:... nous ne pouvons qu’affirmer le « droit au mariage » des homosexuel-le-s...


Désolé, mais je lis ça au bout de la deuxième phrase.
Encore une fois, personnellement, je ne suis ni pour la révolution par étapes ni pour l'abolition du mariage par étapes non plus.

Concernant "la mauvaise foi" , je ne vois pas l'intérêt de polémiquer avec les organisations anarchistes.
Je préférerais qu'elles adoptent des positions qui me semblent compatibles avec l'anarchisme.

Et je précise encore ce qui me semble correct :

Ne pas se prononcer pour l'élargissement d'une institution réactionnaire qui n'a rien à voir avec l'obtention d'un droit progressiste.
Ne pas tomber dans le piège de vouloir se placer sur l'échiquier "droite-gauche" puisque aussi bien la droite que la gauche sont pour le maintien du système, leur différence concernant juste leur façon de le gérer.

Je me situe en dehors de ça et bien évidemment je n'irais ni dans une manifestation pro-mariage gay ni bien sur dans une manifestation anti-mariage gay.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede Protesta le Lun 4 Mar 2013 20:36

Babeouf dit:

les gens qui bougent dans les cités, souhaitent un changement social, ils étaient plus en train d'essayer de raisonner les jeunes ou de protéger l’école du coin de l'incendie.


Mais à part protéger l'école de l'incendie, ils veulent un réel changement social??? Laise moi rire! :mrgreen:
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede baboeuf le Lun 4 Mar 2013 22:13

gloubi a écrit:
JPD a écrit:... nous ne pouvons qu’affirmer le « droit au mariage » des homosexuel-le-s...


Désolé, mais je lis ça au bout de la deuxième phrase.
Encore une fois, personnellement, je ne suis ni pour la révolution par étapes ni pour l'abolition du mariage par étapes non plus.



mais les révolutions se font par étapes. et des fois, le peuple fait machine arrière. :mrgreen:
il faut sortir du mythe du grand soir ou tout disparait en une nuit. ça n'a jamais existé nulle part.
chaque nouveau droit, chaque avancée démocratique vient enrichir notre besace et nous rapproche du changement social que nous souhaitons.
on peut faire semblant de l'ignorer, confortablement installés dans nos démocraties bourgeoises.
mais un peu partout ailleurs, la tyrannie, le manque, la violence est la règle.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede baboeuf le Lun 4 Mar 2013 22:18

Protesta a écrit:Babeouf dit:

les gens qui bougent dans les cités, souhaitent un changement social, ils étaient plus en train d'essayer de raisonner les jeunes ou de protéger l’école du coin de l'incendie.


Mais à part protéger l'école de l'incendie, ils veulent un réel changement social??? Laise moi rire! :mrgreen:




mais ris tant que tu veux.
je connais des militants associatifs dans des quartiers pas terribles qui font un boulot pas facile.
alors bien sur, tous ne veulent pas l’avènement de l'anarchie. un peu plus de justice sociale, de démocratie directe etc... leur suffirait. mais si on doit mépriser tout ceux qui ne sont pas assez radicaux à notre gout, on n'en finirait pas.
il va falloir arréter d'idéaliser tout ceux qui jettent un cocktail Molotov ou détruisent du mobilier urbain.
parfois, c'est juste le fait de pauvres connards.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede Protesta le Lun 4 Mar 2013 23:08

J’idéalise rien du tout! Sauf que l'école, est justement un barométre d'inégalité, dans le territoire nommé france, que quand tu vis dans une ZUP, ton gamins ira forcément à l'école du coin, avec un enseignement plutôt moyen, tandis qu'un gosse de riche ira à l'école de son quartier, et aura un enseignement de meilleure qualité!
Donc ces jeunes que tu appelle connards font presque un acte de salubrité publique , en brulant des écoles dans laquelle la majorité d'entre eux en sortiront sans rien avoir appris, même pas le minimum!
Et tout ceci est voulu et entretenu par tous les gouvernements de ces dernières décennies.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede baboeuf le Mar 5 Mar 2013 01:06

tu racontes n'importe quoi.
dans une ecole d'une zup, il y a des tables, des livres, des profs, des ordis.... etc
il y a tout ce qu'il faut pour étudier. bien plus que dans nombres de pays.
d'ailleurs, de nombreux jeunes sortent de ces ecoles avec un savoir correct, notamment les nanas.
mais il est certain que si la moitié du cours consiste à asseoir un minimum de discipline nécessaire à l’étude, ça plombe.
beaucoup de gamins ne respectent plus rien.
qu'y peuvent les profs des écoles de zup? pas grand chose. ils sont les égoutiers du systeme, comme les flics.
alors dire qu'il est pertinent de foutre le feu à l’école, c'est tout simplement débile.
j'imagine que tu es mineur encore pour tenir des raisonnements pareils, non?
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede gloubi le Mar 5 Mar 2013 09:58

baboeuf a écrit: mais les révolutions se font par étapes. et des fois, le peuple fait machine arrière. .


Et je suppose que la prochaine étape devra passer par le gavage des oies à l'ancienne ?

La révolution par étape n'existe que dans les discours de ceux qui s'installent au pouvoir pour s'approprier les privilèges; mais aussi par ceux aussi dont le niveau de conscience est trop bas pour ne pas les croire

La révolution par étape c'est la différence entre le stalinisme, le réformisme et la révolution tout court qui ne peut fonctionner que si elle se déroule dans un flux continu et rapide, sans étapes institutionnalisées.

Voilà pourquoi je critique avec force la position de ceux qui décident de la ligne officielle des organisations anarchistes d'aujourd'hui sur le mariage et qui tombent ,malgré leurs très longues justifications, dans le piège du réformisme.

S'il existe un mythe c'est celui de la révolution par étape et non celui de la révolution.
L'histoire l'a invariablement démontré.
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede vroum le Mar 5 Mar 2013 13:12

Encore un exemple de la malhonnêteté de Non Fides :

On sort quelques phrases isolées d'un texte pour mieux travestir la signification politique, en soi c'est une technique de base de la manipulation, voici le texte original et en entier :

Abolissons les prisons

Construire des prisons pour enrayer la délinquance, c’est comme construire des cimetières pour enrayer l’épidémie.

Pourquoi vouloir abolir les prisons ?


http://nantes.indymedia.org/attachments/nov2009/download.pdf

Pour nous, anarchistes, ce n'est pas qu'une question de principe. C'est une question d'humanité. Comment peut-on prétendre réparer les préjudices subis ou faire comprendre à un individu qu'il a commis un délit, en l'enfermant et en le brisant ? Car la prison n'est pas qu'une privation de liberté mais bel et bien une broyeuse de vie.

En France, au 1er juin 2009, il y avait 50 807 places dans les prisons pour 63 277 détenu-e-s (dont 26 % de prévenu-e-s, 3,7% de femmes et 1,2% de mineurs). Certains établissements atteignent des taux de surpopulation de 200%.

Etant donné l'évolution sur ces dernières années, le problème de la prison n’est pas prêt de disparaître. De 1975 à 1995 la population carcérale a doublée. Cette surpopulation engendre de graves problèmes de conditions de vie des détenu-e-s : de 3 à 4 personnes vivent dans 9 m², sans même avoir de sanitaires intimes. Cette promiscuité engendre des tensions, des viols et peut pousser certains détenu-e-s à se suicider. En 2008, 115 personnes ont mis fin à leurs jours dans les prison
s françaises.

Actuellement, on recense au moins 3 tentatives de suicides par jour (soit 90 par mois) et un suicide effectif tous les 3 jours.

De graves problèmes de santé existent également en prisons, les détenu-e-s n'ayant droit qu'à très peu de visites médicales et étant bien souvent considérés comme des simulateurs.

Mais la prison ne détruit pas seulement les détenu-e-s. La famille et les proches en souffrent autant. Les parloirs où le s familles, les femmes, les maris, les enfants, les proches viennent rendre visite au détenu-e-s sont souvent des endroits terriblement insalubres : délabrés, souvent mal éclairés, parfois même situés au sous-sol (c’est le cas dans la prison de Fresnes) et, bien sûr, sans aucune intimité (au moins un maton reste à écouter et à regarder). Bien souvent le prisonnier
est embastillé loin de chez lui obligeant ses proches à faire plusieurs kilomètres pour venir le visiter, subissant ainsi la fatigue en plus de l'humiliation.

L'échec de la prison n'est plus à prouver, elle n'est là que pour briser l'être humain qui y entre sans espoir d'en sortir indemne et de pouvoir se réinsérer dans la société. Si certains ont parfois « la chance de travailler » pendant leur peine, ils sont généralement sous-payés et ont peu de chance de profiter de leurs expériences pour s'en servir une fois libérés.

Un manque flagrant de travailleurs sociaux et de formation dans les prisons, rejette les ex-prisonniers dehors sans rien en main.

Rien n'est prévu, pendant la détention, pour, qu’un e fois en liberté, les ex-détenus puissent trouver un travail et un logement.

Le taux de récidive est d'environ 75% pour les courtes et moyennes peines.

La prison a fait son temps, qu'elle crève !

Partant de ce constat, la société anarchiste – fondée sur le respect de la liberté individuelle - ne saurait concevoir en son sein une institution d’enfermement. Dépourvue d’Etat et de lois, quelles réponses la société anarchiste propose t-elle à la gestion de la déviance ?

D’abord, il est évident, que la suppression des inégalités économiques et sociale et l’abolition de l’Etat et de toute forme de gouvernement et de coercition mettraient fin à de nombreux délits liés à la pauvreté (les délits d’ordre économiques) ou à la révolte contre l’oppression et l’injustice.

Néanmoins, on ne peut nier l’existence de déviances . Chaque société – aussi anarchiste soit-elle ! – a sa part de crimes passionnels ou pathologiques. Alors comment traiter et gérer la déviance dans une société sans prisons et sans asiles ?
Pour les anarchistes, le traitement du déviant ne doit pas se faire sous l’égide d’un cadre moral ou juridique. Il ne s’agit pas de venger la société, mais bien de réparer les dommages commis par ce déviant et de donner à la société les moyens de s’en défendre. Dès lors, les réponses de la société anarchiste aux actes de déviance ne reposent pas sur un corpus de lois, mais sur le cas par cas, sur le moment, en fonction des circonstances. De même, elle n’est pas l’apanage de quelques uns – qui seraient professionnels en la matière – mais de la collectivité dans son ensemble.

Le traitement du déviant par la psychologie peut être une des réponses si, toutefois, il ne s’exprime par à travers l’enfermement physique ou psychique.

Les travaux d’intérêt, en réparation aux dommages faits à la collectivité (travaux d’intérêt généraux) ou à l’individu (travaux d’intérêt à la victime), sont aussi une autre alternative à l’enfermement, pourvu qu’ils soient réalisés décemment et sans aucune forme d’exploitation.

Selon les actes de déviance et les circonstances dans lesquels ils ont eu lieu, la réconciliation entre les déviants et les victimes peut aussi être une forme de réponse, qu’elle qu’en soit ses termes (indemnisation, pardon, etc.)

L’éducation, elle aussi, peut être une alternative viable à l’enfermement.

Non pas l’éducation morale (qui consisterait à inculquer un certains nombres de valeurs moralisatrices), mais l’éducation « pratique et concrète » qui viserait à faire prendre conscience au déviant du caractère nuisible de son acte pour la société comme pour lui-même. Par exemple, dans les années 1980, une association de 2000 citoyens a quasiment vidé un quartier de jeunes de la Maison d'arrêt de Turin en leur permettant d'apprendre des activités qui les ont réinsérés dans la vie sociale.

Autre exemple, la ferme de Laplanche, à Champoly (entre Saint-Étienne et Le Puy) a reçu – entre 1980 et 2000 - des jeunes qui venaient travailler avec des éducateurs au lieu de faire de la prison.

Sur plusieurs centaines de mineurs, la récidive est passée de 50 à 22 %.

Quelque soit les réponses, les anarchistes auront toujours soin que celles-ci ne prennent pas la forme d’un enfermement , acte destructeur, annihilant toute liberté individuelle et, qui plus est, n’offrant presque aucune garantie de non-récidive.
Quelque soit le délit, rien ne saurait justifier l’existence de lieux aussi liberticides et déshumanisants que sont les prisons et les asiles.

Mur par mur, pierre par pierre, nous détruirons toutes les prisons !

Groupe Idées noires - Fédération anarchiste - Novembre 2009


Voici d'autres textes et brochures anarchistes qui abordent le délicat problème de la gestion de la déviance en société libertaire :

http://www.drapeaunoir.org/anarchisme/deviance.html
http://lille.cybertaria.org/article264.html
Déviance en société libertaire, texte intégral : http://www.atelierdecreationlibertaire.com/IMG/pdf/Deviance_en_societe_libertaire.pdf

La FA avait déjà répondu à cette pseudo polémique et la tentative de taguage de Publico par quelques abrutis. Bizarrement Non Fides n'en parle pas...

Communique de réponse aux revendications de ceux qui ont essayé de taguer notre librairie.

La Fédération anarchiste, n’en déplaise à certains, n’est pas une organisation stalinienne ou tout le monde à la même opinion sur tout. Dans le cas particulier des prisons, la FA est clairement et unanimement pour leur abolition ; elle ne plaide donc pas pour rendre les prisons plus humaines. C’est par la manipulation d’un extrait de tract qu’un (ou quelques ?) énergumène tente de faire croire le contraire. Qu’ensuite il revendique un tag illisible n’est pas moins ridicule. La Fédération anarchiste apprécie de ne pas être seule dans le domaine de la lutte anticarcérale, elle ne fera pas pour autant confiance à des individus haineux et pratiquant la calomnie, ceux-là se trompent de camp.

Fédération anarchiste.


et pour finir un peu de Malestesta, ça ne fait jamais de mal :

Errico Malatesta : Qu’est-ce qu’un délinquant ?

Délit et répression


http://ml.federation-anarchiste.org/article772.html

N’importe quel propagandiste anarchiste est habitué à s’entendre répéter cette suprême objection : qui réfrénera les délinquants ?

C’est là une préoccupation, à mon avis, excessive parce que la délinquance est un phénomène d’importance presque négligeable en face de l’ampleur des faits sociaux constants et généraux, et on peut croire disparaîtra automatiquement par suite du bien-être et de l’instruction, ainsi que des progrès de la pédagogie et de la médecine. Mais quelles qu’optimistes que soient les prévisions et riantes les espérances, il n’en reste pas moins que la délinquance et plus encore la peur de la délinquance, empêchent aujourd’hui les rapports sociaux pacifiques ; qu’elles ne disparaîtront certainement pas d’un seul coup au lendemain d’une révolution, si profonde et radicale serait-elle, et qu’elles pourraient être une cause de troubles et de désagrégation dans une société d’hommes libres, de même qu’un infime grain de sable peut perturber le fonctionnement de la plus parfaite des machines.

Il est donc utile et même nécessaire que les anarchistes se préoccupent de ce problème, plus peut-être qu’ils ne le font ordinairement, afin de mieux réfuter une objection courante, ou encore pour ne pas s’exposer à de désagréables surprises et à des inconséquences dangereuses.

Les délits dont on veut parler ici sont, naturellement, les actes antisociaux, c’est-à-dire ceux qui heurtent en l’homme le sentiment de pitié et portent atteinte au droit des autres à une égale liberté — il n’est pas question, ici, de tous ces faits que le Code pénal condamne pour cette seule raison qu’ils touchent aux privilèges des classes dominantes.

Umanità Nova
27 août 1921



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Pour nous, est un délit toute action qui tend à augmenter volontairement la souffrance des hommes : c’est la violation du droit de tous à une égale liberté et à la jouissance du maximum possible de biens moraux et matériels.

Nous savons bien que, même si on définit ainsi le délit et même pour celui qui accepte cette définition, il reste toujours à déterminer concrètement quels sont les faits délictueux et quels sont ceux qui ne le sont pas ; parce que, à part les délits qui, assimilant l’homme à la bête heurtent les sentiments fondamentaux de l’âme humaine et sont donc universellement condamnés, les hommes ont des opinions très différentes sur ce qui est cause de souffrance ou de jouissance, et sur ce qui est bien ou mal.

Pensiero e Volontà,
15 août 1924



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Mépriser les besoins matériels, au nom des besoins idéaux spirituels, c’est là une erreur et, souvent une hypocrisie de nantis. Les besoins matériels sont sans aucun doute des besoins inférieurs, mais il est nécessaire de les satisfaire pour que puissent naître et se développer les besoins supérieurs : moraux, esthétiques, intellectuels.

Umanità Nova
25 juillet 1920



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L’anarchiste est un révolté ; mais il ne suffit pas d’être révolté pour être anarchiste. L’anarchiste veut sa propre liberté, il veut son propre bien-être ; mais il veut également que sa propre liberté et son propre bien-être ne nuisent pas à la liberté ni au bien-être des autres. Sinon, les meilleurs anarchistes seraient les plus grands tyrans.

L’anarchiste ignore la loi, s’il le peut ; mais il a sa propre loi morale, volontairement acceptée, qui lui impose de faire ce qu’il estime bien, indépendamment de ce que la loi des codes permet ou interdit. Et cette loi morale [...] condamne la domination de l’homme par l’homme et l’exploitation des travailleurs par les propriétaires parasites. [...]

Pensiero e Volontà
1er octobre 1926



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L’un des prétextes que les gouvernements avancent pour justifier leur propre existence, c’est cette nécessité de se défendre contre ceux qui violent non pas l’« ordre social » mais les sentiments les plus fondamentaux qui font que l’homme est un homme et non pas simplement une bête qui fait horreur. Il faut éliminer toutes les causes sociales du délit, il faut éduquer les hommes aux sentiments de fraternité et de respect réciproque, il faut chercher les succédanés utiles du délit, comme disait Fourier ; mais, s’il y a encore des délinquants et tant qu’il y en aura encore, ou bien les gens trouveront la manière de s’en défendre directement et l’énergie pour le faire, ou bien ce sera la réapparition de la police, de la magistrature et donc du gouvernement.

Ce n’est pas en niant un problème qu’on peut le résoudre.

Umanità Nova
19 août 1922



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On peut craindre, et à juste titre, que la nécessité de se défendre contre la délinquance ne puisse être l’origine et le prétexte d’un nouveau système d’oppression et de privilège. La mission des anarchistes est de veiller à ce qu’il n’en soit rien. En cherchant à découvrir les causes de tout délit et en s’efforçant de les éliminer ; en empêchant que des gens ne trouvent un avantage personnel à se consacrer à la répression du délit ; en laissant les groupes directement intéressés s’occuper par eux-mêmes de cette défense, en s’habituant à considérer les délinquants comme des frères qui se sont égarés, comme des malades à soigner avec amour, comme on le ferait avec n’importe quel hydrophobe et n’importe quel fou dangereux. C’est ainsi qu’on pourra concilier la liberté pleine et entière de tous et la défense contre ceux qui offensent cette liberté de façon évidente et réellement dangereuse.

Cela est possible, bien sûr, quand la délinquance se limite à des cas sporadiques, individuels, véritablement pathologiques. Car si les délinquants devaient s’avérer trop nombreux et puissants, s’ils sont, par exemple, ce que sont aujourd’hui la bourgeoisie et le fascisme, il ne s’agit plus, alors, de discuter encore de ce que nous ferons en anarchie : il s’agit de lutter et de les vaincre.

Umanità Nova,
30 septembre 1922



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Avec les progrès de la civilisation, l’augmentation des rapports sociaux, la conscience de plus en plus grande de la solidarité naturelle qui unit les hommes, le niveau plus élevé d’intelligence et l’affinement de la sensibilité, les devoirs sociaux augmentent sans aucun doute, et beaucoup d’actes que l’on considérait comme relevant du droit strictement individuel et indépendants de tout contrôle collectif sont devenus et deviennent aujourd’hui des actes considérés comme intéressant tout le monde et qui doivent se régler sur l’intérêt général. Ainsi on considère aujourd’hui qu’un père n’a plus le droit de laisser ses propres enfants dans l’ignorance, ni de les élever d’une façon préjudiciable à leur développement et à leur bien-être futur. Il n’est plus possible de vivre dans la saleté, ni de transgresser les règles d’hygiène qui peuvent influer sur la santé des autres ; il n’est plus possible d’avoir une maladie infectieuse et de ne pas la soigner, ou d’avoir une maladie répugnante et d’en faire étalage. Demain, s’efforcer d’assurer le bien de tous sera considéré comme un devoir, et procréer en ayant des raisons de penser que les enfants ne seront ni sains ni heureux sera regardé comme une action coupable.

Mais ce sentiment des devoirs que nous avons envers les autres et les autres envers nous doit, dans notre conception sociale, se développer librement, sans autre sanction extérieure que l’estime ou la mésestime de nos concitoyens. Le respect, le désir du bien des autres doivent entrer dans les mœurs et ne plus apparaître comme un devoir mais comme le fait de satisfaire normalement les instincts sociaux.

Il y en a qui rêvent de moraliser les gens de force, qui voudraient qu’à tout acte possible de la vie corresponde un article du Code pénal. et qui mettraient volontiers un gendarme au pied de chaque lit et derrière chaque table. Mais s’ils ne disposent pas des moyens coercitifs pour imposer leurs idées, ils ne réussissent qu’à jeter le discrédit sur ce qu’il peut y avoir de meilleur ; et s’ils ont le pouvoir de commander, alors ils rendent le bien odieux et provoquent la réaction.

Les socialistes ont cette tendance à tout vouloir réglementer mais nous croyons, nous, qu’ils ne réussiront qu’à faire regretter, sur beaucoup de points, le régime bourgeois.

Pour nous, le fait de remplir les devoirs sociaux doit être volontaire et on n’a le droit d’intervenir par la force matérielle que contre ceux qui offenseraient violemment les autres et empêcheraient la coexistence sociale pacifique. La force, la contrainte physique ne doivent être utilisées qu’en réponse à l’attaque matérielle violente et dans la seule nécessité de se défendre.

Mais qui en jugera ? Qui s’occupera de cette nécessité de se défendre ? Qui décidera des moyens de répression ?

Nous ne voyons pas d’autre voie que de laisser faire les intéressés, de laisser faire le peuple, c’est-à-dire la masse des citoyens, laquelle agira différemment selon les circonstances et selon ses propres degrés de civilisation. Il faut surtout éviter que ne se constituent des corps spécialisés dans le travail de policier : on y perdra peut-être quelque chose sur le plan de l’efficacité de la répression, mais on ne créera pas ainsi l’instrument de toute tyrannie.

Nous ne croyons pas à l’infaillibilité des masses, et encore moins à leur bonté constante : bien au contraire. Mais nous croyons encore moins à l’infaillibilité et à la bonté de ceux qui s’emparent du pouvoir, légifèrent, consolident et perpétuent les idées et les intérêts qui prévalent à un moment donné.

Il vaut mieux, dans tous les cas, l’injustice, la violence transitoire du peuple plutôt que la chape de plomb, la violence légalisée de l’État judiciaire et policier.

Du reste, nous ne sommes que l’une des forces agissant dans la société, et l’histoire fera son chemin, comme toujours, en fonction de la résultante de ces forces.

Umanità Nova,
2 septembre 1920



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Nous n’allons pas reprendre les arguments classiques contre la peine de mort. Pour nous, ce sont des mensonges quand nous voyons ceux qui les défendent être partisans des travaux forcés et autres substituts inhumains de la peine de mort. Nous ne parlerons pas non plus du « caractère sacré de la vie humaine » que tous affirment et que tous violent à l’occasion, soit en infligeant directement la peine de mort, soit en traitant les autres d’une façon telle qu’ils font de leur vie une torture, et qu’ils la leur abrègent.

Il y a des hommes qui sont des monstres du point de vue moral, monstres sanguinaires et sadiques, de naissance ou qui le sont devenus, et dont la mort ne saurait nous apitoyer - heureusement, il y a peu d’hommes de ce genre, mais il est certain qu’il y en a. Si ces malheureux représentaient un danger continuel pour tous et qu’il n’y ait pas d’autre moyen de s’en défendre que de les tuer, on pourrait encore admettre la peine de mort.

Mais l’ennui, c’est que pour appliquer la peine de mort, il faut un bourreau. Or le bourreau est un monstre, ou le devient ; et, bourreau pour bourreau, il vaut mieux laisser vivre ceux qui existent plutôt que d’en créer de nouveaux.

Cela vaut, bien sûr, pour les délinquants authentiques, êtres antisociaux qui ne s’attirent aucune sympathie et n’inspirent aucune commisération. Car s’il s’agit de la peine de mort en tant que moyen de lutte politique, alors... alors, l’histoire nous dit assez quelles peuvent être les conséquences.

Il Risveglio
11 février 1933



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Depuis toujours, les armées en guerre et les partis révolutionnaires ont considéré qu’il était de bonne guerre de s’emparer, au détriment de l’ennemi, de tout ce qui peut faciliter la victoire, et donc aussi de l’argent dont on dit qu’il est le nerf de la guerre.

Est-ce que les anarchistes, qui sont ou du moins veulent être toujours en guerre inexpiable contre la classe capitaliste peuvent, tout en restant cohérents avec leurs principes, enlever aux riches ce qu’ils possèdent (argent, objets précieux, etc.) et s’en servir pour la propagande, l’armement et tous les besoins de la lutte ? Et s’il ne leur est pas possible de réquisitionner ouvertement l’argent, dans une guerre déclarée, peuvent-ils le prendre en sous-main, grâce à ce qu’on peut appeler des ruses de guerre, en un mot : en volant ?

En théorie, il ne peut y avoir aucun doute sur ce point, semble-t-il : dans une guerre juste, on a le droit d’employer tous les moyens qui peuvent faciliter et assurer la victoire sans léser le sentiment d’humanité. Mais il faut voir si tel ou tel moyen est vraiment utile, c’est-à-dire permis du point de vue moral et à conseiller du point de vue pratique.

Cette méthode (le vol pour la propagande) a été préconisée et pratiquée par des groupes anarchistes spéciaux, dans tous les pays et à différentes époques. Et elle a toujours donné des résultats désastreux.

[...] Il peut y avoir des exceptions individuelles : je pourrais en citer, si ce sujet n’était pas si délicat.

Mais ce qui est certain, c’est que partout où le vol pour la propagande a été admis, la corruption l’a suivi, ainsi que la méfiance entre compagnons, la médisance, le soupçon et, avec eux, l’inertie et la dissolution. Et les espions ont eu la partie belle parce qu’il n’y a plus eu moyen de contrôler les moyens d’existence de chacun.

Non, il vaut mieux avoir moins de moyens, il vaut mieux compter sur le peu d’argent versé et réuni péniblement, qui donne au travailleur la fierté de contribuer par son propre effort à l’œuvre commune, plutôt que, dans l’espoir presque toujours illusoire de trouver la grosse somme, courir le risque de voir se corrompre et disparaître certains des plus énergiques et des plus entreprenants de nos compagnons.

Umanità Nova,
12 juillet 1920



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Pour nous qui voulons l’égale liberté de tous, est un délinquant celui qui viole, d’une façon ou d’une autre, la liberté des autres.

Umanità Nova
19 août 1922



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Je crois que personne, en théorie du moins, n’est prêt à nier que la liberté, la liberté entendue dans le sens de réciprocité, soit la condition essentielle de toute civilisation, de toute « humanité » ; mais l’anarchie seule, représente sa réalisation logique et totale.

Cela étant admis, quiconque viole l’égale liberté des autres est délinquant — non pas envers la nature, non pas à cause d’une loi métaphysique, mais envers ses contemporains, et parce qu’il heurte les intérêts et la sensibilité des autres. Et tant qu’il y aura des délinquants, il faut s’en défendre.

Umanità Nova
30 septembre



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Le problème du vol

Est-ce que les anarchistes admettent le vol ? Il faut bien distinguer deux choses. S’il s’agit d’un homme qui veut travailler et ne trouve pas de travail et qui en serait réduit à mourir de faim au milieu des richesses, c’est un droit pour lui que de prendre ce qui lui est nécessaire à celui qui en a trop, indiscutablement ; et si de cet homme dépend la vie d’autres personnes, enfants, malades, vieillards sans défense, ce peut même être un devoir.

Mais s’il s’agit d’un vol dans le but d’échapper à la nécessité de travailler, dans le but de se constituer un capital et d’en vivre, c’est clair : les anarchistes n’admettent pas la propriété qui est le vol commis avec succès, consolidé, légalisé et utilisé comme moyen d’exploitation du travail d’autrui ; ils ne peuvent donc pas admettre le vol qui est la propriété en voie de formation.

Celui qui ne travaille pas vit en exploitant le travail d’autrui, peu importe s’il l’exploite directement en qualité d’industriel ou s’il l’exploite indirectement en qualité de voleur... ou de rentier.

Nous ne jetons pas l’anathème sur la personne même des voleurs, pas plus que sur la personne même des capitalistes. Nous comprenons toute la fatalité des conditions sociales actuelles, de la situation dans la société, de l’éducation et c’est pourquoi nous voulons détruire le système qui rend possibles le vol et le capitalisme qui sont, au fond, une seule et même chose.

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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede baboeuf le Mar 5 Mar 2013 19:22

gloubi a écrit:
baboeuf a écrit: mais les révolutions se font par étapes. et des fois, le peuple fait machine arrière. .


Et je suppose que la prochaine étape devra passer par le gavage des oies à l'ancienne ?

La révolution par étape n'existe que dans les discours de ceux qui s'installent au pouvoir pour s'approprier les privilèges; mais aussi par ceux aussi dont le niveau de conscience est trop bas pour ne pas les croire

La révolution par étape c'est la différence entre le stalinisme, le réformisme et la révolution tout court qui ne peut fonctionner que si elle se déroule dans un flux continu et rapide, sans étapes institutionnalisées.

Voilà pourquoi je critique avec force la position de ceux qui décident de la ligne officielle des organisations anarchistes d'aujourd'hui sur le mariage et qui tombent ,malgré leurs très longues justifications, dans le piège du réformisme.

S'il existe un mythe c'est celui de la révolution par étape et non celui de la révolution.
L'histoire l'a invariablement démontré.




donnes moi au moins des exemples de ces révolutions brutales et sans étapes.
tu sais, même quand tu déchires une feuille de papier, si tu filmes et passes la vidéo au ralenti, tu verras que les fibres cassent les unes après les autres. tout n'est affaire de notion de temps.
à l’échelle du monde, notre vie n'est rien. l'histoire de l'humanité a commencé hier.
il y a un marche en avant. elle est progressive.
les châtiments du style " bouilly, roué, pendu " ne sont plus tolérables. tu ne trouveras pas toute une génération pour aller crever dans des tranchées de nos jours. on pourrait multiplier les exemples.
pour revenir à notre sujet, perso, j'ai envie d'un changement efficient et pérenne, pas une flambée fugace.
d'ailleurs, si ce changement n'est pas efficient, les "gens" seront très vite nostalgiques du régime antérieur.
si on garde à l'esprit que nous ne serons pas seuls et hégémoniques et qu'il faudra malgré tout que le système fonctionne, on est bien obligé de se dire qu'il faudra négocier, faire des compromis, non?
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede Protesta le Mar 5 Mar 2013 23:09

tu racontes n'importe quoi.
dans une ecole d'une zup, il y a des tables, des livres, des profs, des ordis.... etc
il y a tout ce qu'il faut pour étudier. bien plus que dans nombres de pays.
d'ailleurs, de nombreux jeunes sortent de ces ecoles avec un savoir correct, notamment les nanas.
mais il est certain que si la moitié du cours consiste à asseoir un minimum de discipline nécessaire à l’étude, ça plombe.
beaucoup de gamins ne respectent plus rien.
qu'y peuvent les profs des écoles de zup? pas grand chose. ils sont les égoutiers du systeme, comme les flics.
alors dire qu'il est pertinent de foutre le feu à l’école, c'est tout simplement débile.
j'imagine que tu es mineur encore pour tenir des raisonnements pareils, non?


c'est ça les gosses ne respectent plus rien, malgré toutes la bonne volonté que nous y mettons.
Un savoir correct, tu parle! Plus aucun gamins ne sait écrire plus ou moins correctement, si ce n'est en langage sms. J'imagine que tu dois être prof, ou t'as un boulot dans l'éducation nationale pour causer comme ça.
Et moi je dis qu'ils peuvent foutre le feu dans ces écoles qui de toutes façons ne leur apportera rien, si ce n'est d'être des futurs chômeurs.
Hé oui l'école à une fonction de reproduction sociale, combien d'enfants d'ouvriers ou de chômeurs accèdent aux études supérieure, ou même simplement deux années à la FAC?? Pas beaucoup à mon avis, et ça risque pas d'aller en s’arrangeant.
Faut arrêter d'être naïf des fois.

P.S: j'ai 14ans et demi
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Re: Pour en finir avec la Fédération Anarchiste

Messagede Cheïtanov le Mer 6 Mar 2013 00:58

L'appel à l'intervention de la police en 2005 ? 2002 et Chirac ? Des commentaires sur les fascistes libres d'antennes ? Les censures régulières ? Le journal où il est écrit en gros voter c'est exister ? Au delà de la vidéo, la réalité des interventions de rue des militants Force Ouvrière de Rennes ?

Bref. J'ai lu ce texte. Plutôt pas mal. Pas d'accord sur la question de l'organisation. J'ai de bon potes à la FA. Mais là quand même...

En plus Vroum, tu te rends compte que tes "réponses" sont exactemment celles décrites dans la brochure ? Et dire que c'est des bourges qui finiront dans le 16e, c'est un argument ? Tu as des permanent-es syndicaux dans ton orga...
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