Découverte de l’œuvre de Pierre Clastres

Découverte de l’œuvre de Pierre Clastres

Messagede AnarSonore le Ven 13 Fév 2009 17:40

"La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c’est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c’est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu’elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force. La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d’exploitation. ... l’émergence de l’État détermine l’apparition des classes." Pierre Clastres, La société contre l’Etat, Paris, Ed de Minuit, 1974


Enregistrée jeudi 12 février 2009 à Toulouse, organisée par la CNT-AIT : découverte de l’œuvre de Pierre CLASTRES, anthropologue et ethnologue (1934-1977) dont les travaux d’anthropologie politique sur les sociétés dites primitives - en fait des sociétés organisées contre l’apparition de tout pouvoir coercitif - font référence. Après un exposé d’ouverture (1ère partie), la soirée s’est poursuivi par un débat (2ème partie).

Précédemment publié:

Entretiens avec Pierre Clastres

La compréhension clastrienne des sociétés primitives constitue une pièce - et laquelle ! - à la critique de l’axiomatique de l’intérêt. Les sociétés des sauvages qu’il a rencontrés apparaissent en effet comme des sociétés contre l’intérêt, économique et politique : contre l’accumulation des biens matériels (entretiens n°1 et 3) et contre l’exercice du pouvoir de coercition (entretiens n° 2 et 3).

- Entretien n°1) juin 1976, France Culture, Les chemins de la connaissance, entretien réalisé par Paul Chavasse.

- Entretien n°2) janvier 1967, France Culture, Sciences et techniques, entretien réalisé par Jean Charbonnier.

- Entretien n°3) février 1975, France culture, Atelier de création radiophonique, entretien réalisé par Jean-Jacques Lebel.

Voix singulières, coll. Terres humaines, émission réalisée à partir des archives de l’INA. Source : France culture

Et aussi à lire de Pierre Clastres:

- La question du pouvoir dans les sociétés primitives
- Liberté, Malencontre, Innommable (extraits)
- L’anthropologie politique
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Re: Découverte de l’œuvre de Pierre Clastres

Messagede Lsd le Ven 13 Fév 2009 19:55

ah très bien ça, merci. J'avais parcouru un peu son travail mais pas assez, voilà une bonne chose par où commencer :wink:
Lsd
 

Re: Découverte de l’œuvre de Pierre Clastres

Messagede Sigurian le Dim 15 Fév 2009 00:56

le travail de Clastres est un exelent moyen de répondre aux pseudos vérités universelles du genre "l'homme a toujours eu besoin de chef, et il n'existe pas de société qui fonctionne sans".
" Un esclave qui choisit librement son maître demeure un esclave "
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Etat & Société

Messagede AnarSonore le Ven 6 Mar 2009 22:51

Etat & Société

“La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c’est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c’est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu’elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force, la relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d’exploitation...l’émergence de l’état détermine l’apparition des classes.”

Pierre Clastres, La société contre l’Etat, 1974

Quand changer de société et imaginer pour l’humanité d’autres futurs s’impose comme la seule issue véritable ; alors, sortir du cadre étroit d’une pensée formatée par un ethnocentrisme réducteur, regarder "ailleurs", dans le temps et dans l’espace, réfléchir sur d’autres fonctionnements sociétaux devient une nécessité. Non pas pour rechercher des "modèles" à suivre, mais pour libérer sa pensée de schémas qui, bien qu’affirmés comme tels, n’ont rien de "naturel" ni "d’obligatoire". Des schémas qui enferment la réflexion et la créativité dans des limites tautologiques, qui portent à reproduire toujours les mêmes chaînes. Le travail de recherche remarquable mené par Pierre Clastres sur les sociétés sans Etat (et même, contre l’Etat) fait exploser quelques unes des idées reçues les plus fréquentes et les plus fortes sur le fonctionnement des sociétés humaines. Nous en présentons ici un résumé rédigé par un militant de la CNT-AIT.

Ethnologue, Pierre Clatres a étudié plusieurs sociétés d’Amérique du Sud : les Guayaki de la forêt amazonienne, les Guarani, les Chulupi et les Yanomani. Certains étaient des chasseurs-cueilleurs nomades d’autres des horticulteurs sédentaires.

Deux formes de pouvoir

Pour Clastres, ce qui fonde une société ce sont les relations de pouvoir (son être politique), et ce qui distingue les sociétés entre elles, ce sont les modalités de gestion de ce pouvoir.

Deux grandes formes peuvent alors être distinguées. Les sociétés primitives qui parviennent à maintenir le pouvoir dans le corps homogène de la société et réussissent par là-même à désactiver sa capacité destructrice, et les “sociétés à Etat” qui ont laissé le pouvoir s’autonomiser, leur échapper et qui n’ont plus d’autres moyen pour préserver la cohérence sociale que d’user de coercition, de contrainte. Les différences entre sociétés s’établissent par conséquent dans la façon qu’elles ont d’aborder ce problème du pouvoir, qui, lui, est la racine de la société. L’observateur part donc d’un constat universel - la vie en société et les relations de pouvoir sont le propre de l’homme - et explique ensuite les variations culturelles par un choix qui n’est plus de l’ordre de l’universel mais au contraire crée des distinctions profondes entre les sociétés. L’étude des sociétés amène à exercer une regard critique sur les rapports de pouvoir qui animent la nôtre et sur les préjugés idéologiques qui l’imprègnent.

Une société d’abondance

Comment donc était organisé cet anarchisme primitif, qui, au passage, représente plus de 90% de l’histoire de l’humanité ? On a tendance à considérer que ces sauvages vivaient en hordes misérables, dans des situations permanentes de guerre entre eux et envers une nature peu généreuse. En bref, l’affirmation la plus courante, c’est que “L’économie primitive est une économie de subsistance, une économie de misère malgré un travail harassant”. C’est pourtant là la première idée qu’il faut abandonner, car les données chiffrées prouvent que les membres de ces sociétés ne consacrent qu’au maximum cinq heures par jour à un approvisionnement effectué sans fatigue. Ceci inverse notre vision économique stéréotypée. Ce ne sont pas des sociétés de misère mais, au contraire, des sociétés d’abondance. Evidemment, au vu des valeurs de notre propre société, il est extrêmement difficile d’imaginer une humanité dont la préoccupation principale ne soit pas d’atteindre à une rentabilité économique maximale permettant de générer un surplus d’abord, une accumulation ensuite. Mais, contrairement aux apparences, il n’y a pas de paradoxe à placer nos sociétés génératrices de surplus colossaux dans la sphère de la rareté et les sociétés dites primitives dans celle de l’abondance. Cette abondance économique ne tient pas, comme notre culture nous inciterait à le penser, dans une quantité importante de biens, mais dans une quantité réduite de besoins faciles à assouvir. L’abondance de ces sociétés est très réelle dans la mesure où elle n’est pas fondée, comme c’est le cas dans un système capitaliste, sur un débordement quantitatif immédiatement doublé d’une rareté endémique et ubiquiste.

L’abondance est ici l’assouvissement des besoins de tous à moindre frais ; dit trivialement : contrairement à nos sociétés, celles-là ne connaissaient ni les morts de faim ni l’asservissement laborieux. Ainsi, ces peuples peuvent-ils jouir d’une abondance matérielle sans égale - avec un niveau de vie que nous jugerions très modeste mais qu’elles jugent suffisant, d’autant que abondance n’est pas que matérielle, c’est également une richesse de temps (ce qui manque le plus à un Occidental moyen !), de culture, d’échanges sociaux, de loisir et de plaisir. Ainsi donc, les “sauvages” ne sont pas des incapables, leur économie fonctionne très bien et leur laisserait suffisamment de temps pour produire davantage s’ils le voulaient. S’ils ne constituent pas de stocks, c’est parce qu’ils ne le veulent pas et non parce qu’ils ne le peuvent pas. Ils ne voient pas l’intérêt de récolter plus qu’ils ne peuvent consommer immédiatement.

Des sociétés sans marchands

Produire pour consommer signifie également que le commerce est absent. Il y a donc également une absence de rapport marchand, quelque chose que nous pourrions nommer comme une tendance fondamentale à l’autarcie. Clastres interprète l’idéal autarcique comme un refus de la dépendance. Cette dépendance est induite économiquement par le commerce. Il apparaît alors que la structure même de ces sociétés ne permet pas le développement d’échanges commerciaux et qu’elle est, au contraire, entièrement tournée vers une économie de consommation. “Les Sauvages produisent pour vivre, ils ne vivent pas pour produire : le mode de production domestique recèle un principe anti-surplus ; adapté à la production de biens de subsistance, il a tendance à s’immobiliser lorsqu’il atteint ce point”. S’il y a production de surplus, ce dernier n’existe qu’en vue de l’échange. Le surplus est entièrement dépensé dans un échange ne dégageant pas de profits. Il est produit en vue de l’échange et non en vue d’un profit découlant d’un échange. Il est consommé, voué à disparaître sans rien créer. C’est en ce sens que le mode de production domestique englobe aussi bien les agriculteurs que les chasseurs-cueilleurs et que cette organisation est structurellement “anti-économique” dans la mesure où elle est “foncièrement hostile à la formation de surplus”. Pour Clastres, la richesse ne sert pas de critère de différenciation entre les deux types de sociétés qu’il isole (sociétés primitives sans Etat et sociétés “civilisées” étatiques). Elle n’est pas totalement absente des sociétés primitives. Elle est le propre des chefs, ce qui ressemble, à première vue, à nos sociétés.

Des chefs

Mais, pour accéder au rang de chef il faut deux qualités, celle de savoir parler et celle d’être généreux, de pourvoir son peuple d’une abondance de biens de consommation. Le chef ne peut le faire qu’en étant riche de ces biens. Cette richesse est le moyen par lequel il accède au prestige. Son peuple profite de sa richesse et admire sa munificence. La richesse n’a donc qu’une fonction de prestige, et, en tant que telle, elle est purement ostentatoire. La seule utilité de la richesse se résume à une ostentation qui signifie précisément la dilapidation de celle-ci au profit d’une valeur non-économique : le prestige. Dans une société agricole, le chef cultive frénétiquement son jardin, dans une société de chasseurs-cueilleurs il doit “être un habitué des terrains de chasse et des bosquets d’arbres à fruits sauvages, savoir pour chacun d’eux la période la plus favorable” et y mener le reste du groupe qui le répudierait en cas de pénurie. Le chef “redistributeur” n’a qu’un avantage matériel : celui d’avoir plusieurs épouses. Ces épouses sont économiquement essentielles puisqu’elles sont la main d’œuvre qui permet de produire plus que les autres unités domestiques. La production de surplus est un privilège du chef mais, d’une part, il n’en profite pas personnellement et, d’autre part, ce surplus ne lui permet pas d’exploiter d’autres membres de sa tribu (à l’exception des épouses toutefois).

Dans les sociétés à “big man” (en Mélanésie c’est ainsi que les ethnologues nomment les chefs), les riches travaillent pour nourrir les pauvres, qui par définition n’ont pas de biens, et qui, ne travaillant pas, profitent du travail des riches. La richesse provient d’un travail sans exploitation de main d’œuvre. Le chef ne peut forcer personne à l’aider. Les big man n’ont pas de pouvoir, ils n’ont que du prestige et c’est bien là le but de leur ambition. Le big man occupe une place particulière qui le distingue du reste de la société mais il ne commande à personne ; il est respecté et loué pour un travail que la communauté dilapide. La société ne laisse pas le chef prendre le pouvoir, elle ne fait que le flatter. Le pouvoir est certes le pouvoir de commander, mais il est aussi le pouvoir de ne pas être commandé. Et c’est cette deuxième option que les sociétés étudiées par Clastres semblent avoir choisie. Le prestige du chef s’articule au pouvoir d’un peuple s’exprimant par le fait qu’il ne se laisse pas commander.

L’émergence de l’Etat

Clastres pense l’émergence de l’Etat comme une rupture. Une société sans Etat ne peut en aucun cas donner naissance à une société étatique parce qu’elles sont structurellement différentes. Cette dichotomie tient à l’inversion de la relation de dette, qui, aux yeux de Clastres, est la relation par laquelle s’établit celle du pouvoir. Dans une société primitive, le chef contracte une dette par le prestige qui lui est accordé. Il est alors obligé de rembourser cette dette. Il le fait en biens de consommation. Si le chef veut préserver son prestige, il est obligé de fournir les biens. Ainsi, l’ostentation, donne le premier rang au chef mais, en définitive, c’est la société qui conserve le pouvoir de l’y maintenir. Le chef est soumis à un “éternel endettement” qui le maintient sous le pouvoir de la société. Dans un monde où la richesse n’est que prestige, le rapport de dette (qui est la matérialisation du rapport de pouvoir) s’établit dans une réciprocité où l’économique est soumis au politique. C’est-à-dire que ce qui pourrait apparaître comme une dette économique du peuple à l’égard du chef n’en est pas une. Elle est au contraire le remboursement de la dette que le chef contracte auprès du peuple par son appétit de prestige. Nous avons donc une relation dans laquelle le chef contracte une dette sociale par rapport au peuple, dette qu’il remboursera par un moyen économique. Ce type de société exclue à l’évidence tout rapport de dépendance. D’une société contre l’économie (puisqu’elle est sans surplus) on passe donc à une société contre l’Etat. “En piégeant le chef dans son désir, la tribu s’assure contre le risque mortel de voir le pouvoir politique se séparer d’elle pour se retourner contre elle : la société primitive est la société contre l’Etat”. D’après Clastres, dans les royautés polynésiennes aussi bien que dans n’importe quelle société où la hiérarchie sociale concentre le pouvoir aux mains de l’élite, c’est l’inverse qui se passe. C’est le peuple qui est en relation de dette par rapport à l’élite. Il doit verser un tribut contre une protection, qu’elle soit d’ordre religieuse ou guerrière. Cette inversion du rapport de dette génère une concentration de la richesse et du pouvoir qui, dans les sociétés primitives, étaient chacun à un bout du spectre social. Dans les sociétés primitives, le peuple détenait le pouvoir et le chef la richesse, dans les sociétés étatiques la richesse et le pouvoir sont tous les deux aux mains des chefs.

La division en classes précède la formation de l’Etat La division en classes précède donc la formation de l’Etat puisqu’elle lui sert d’assise. Or, le propre des sociétés primitives est d’empêcher absolument la formation des classes qui permettrait la captation du pouvoir par laquelle naîtrait l’Etat. Une société de classe ne peut être issue d’une société sans classe dans la mesure où toute l’organisation des sociétés sans classe a pour but d’empêcher ce phénomène. “L’histoire des peuples qui ont une histoire est, dit-on, l’histoire de la lutte des classes. L’histoire des peuples sans histoire, c’est, dira-t-on avec autant de vérité au moins, l’histoire de leur lutte contre l’Etat”.

Comment s’organise cette lutte ? Dans nos sociétés, le pouvoir appartient à une classe politique qui domine le reste de la population, soit par des mécanismes de contrôle et de manipulation plus ou moins subtils (“démocraties”) soit par la force brutale (dictatures). Dans tous les cas, l’Etat est là pour imposer la soumission au reste de la société. C’est précisément à cela que sert le monopole de la violence dont il a le privilège. Par contre, dans les sociétés qui refusent d’être dirigées par une classe politique spécialisée et détentrice de la violence, les décisions ne peuvent se prendre qu’à l’unanimité. Aucun organe n’est là pour gérer par la force les conflits que pourraient faire naître des désaccords. Il faut alors que l’ensemble du groupe arrive à une solution commune. Cette démocratie directe nécessite une capacité de négociation par laquelle le rapport de soumission est nié. Si tous le monde arrive à la satisfaction, le groupe continue son existence sans qu’une de ces parties ne soit soumise à l’autre. Si l’accord est impossible, une partie du groupe se sépare de l’autre. Cette scission évite de même toute soumission Dans une société sans Etat le chef n’a pas le monopole de la violence. Son pouvoir est, par conséquent, non coercitif. Il ne possède qu’un pouvoir de convaincre. La conviction apportant l’accord, il n’y a pas de mécanisme de soumission. Cette absence de soumission est plus visible encore dans les cas où une partie du groupe décide de scissionner. Cette prise d’autonomie n’entraîne aucune sanction. Par contre, dans une société dirigée par un Etat, la possession du monopole de la violence donne un caractère coercitif au pouvoir. L’Etat à le pouvoir d’imposer, donc de soumettre. “Le refus de l’Etat, (...) c’est tout simplement le refus de la soumission”.

L’Etat contre la société

L’Etat en kidnappant l’unité de la société et en garantissant son contrôle par la division qu’il y induit “refuse par essence la société primitive (...) La division sociale [entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent], l’émergence de l’Etat, sont la mort de la société primitive”. Il y a donc contradiction entre sociétés primitives et Etat. Clastres interprète cette opposition franche comme un refus conscient en vue de conserver la liberté. Il semblerait que la tentative de réhabilitation des sociétés non capitalistes ait attendu leur mort... et qu’on ne découvre leur essence que depuis quelques années. Clastres eut la remarquable intelligence de montrer que l’absence d’Etat signifiait une liberté qui nous fait à présent défaut : les sociétés sans Etat sont des sociétés d’hommes libres tandis que nos sociétés étatiques sont celles d’hommes sans liberté. Ainsi s’inverse le rapport traditionnel de ces sociétés aux nôtres. Sur le plan de la liberté, de l’humanité comme du respect de la nature, ce ne sont plus elles qui sont en situation de carence par rapport à nous mais bien l’inverse.

L.

Article d’Anarchosyndicalisme ! n°111 - mars/avril 2009
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Re: Découverte de l’œuvre de Pierre Clastres

Messagede vroum le Lun 20 Aoû 2012 22:08

La question du pouvoir dans les sociétés primitives

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Au cours des deux dernières décennies, l’ethnologie a connu un développement brillant grâce à quoi les sociétés primitives ont échappé sinon à leur destin (la disparition) du moins à l’exil auquel les condamnait, dans la pensée et l’imagination de l’Occident, une tradition d’exotisme très ancienne.
À la conviction candide que la civilisation européenne était absolument supérieure à tout autre système de société s’est peu à peu substituée la reconnaissance d’un relativisme culturel qui, renonçant à l’affirmation impérialiste d’une hiérarchie des valeurs, admet désormais, s’abstenant de les juger, la coexistence des différences socioculturelles.
En d’autres termes, on ne projette plus sur les sociétés primitives le regard curieux ou amusé de l’amateur plus ou moins éclairé, plus ou moins humaniste, on les prend en quelque sorte au sérieux. La question est de savoir jusqu’où va cette prise au sérieux.

Qu’entend-on précisément par société primitive ? La réponse nous est fournie par l’anthropologie la plus classique lorsqu’elle veut déterminer l’être spécifique de ces sociétés, lorsqu’elle veut indiquer ce qui fait d’elles des formations sociales irréductibles : les sociétés primitives sont les sociétés sans État, elles sont les sociétés dont le corps ne possède pas d’organe séparé du pouvoir politique. C’est selon la présence ou l’absence de l’État que l’on opère un premier classement des sociétés, au terme duquel elles se répartissent en deux groupes : les sociétés sans État et les sociétés à État, les sociétés primitives et les autres. Ce qui ne signifie pas, bien entendu, que toutes les sociétés à État soient identiques entre elles : on ne saurait réduire à un seul type les diverses figures historiques de l’État et rien ne permet de confondre entre eux l’État despotique archaïque, ou l’État libéral bourgeois, ou l’État totalitaire fasciste ou communiste. Prenant donc garde d’éviter cette confusion qui empêcherait en particulier de comprendre la nouveauté et la spécificité radicales de l’État totalitaire, on retiendra qu’une propriété commune fait s’opposer en bloc les sociétés à État aux sociétés primitives. Les premières présentent toutes cette dimension de division inconnue chez les autres, toutes les sociétés à État sont divisées, en leur être, en dominants et dominés, tandis que les sociétés sans État ignorent cette division : déterminer les sociétés primitives comme sociétés sans État, c’est énoncer qu’elles sont, en leur être, homogènes parce qu’elles sont indivisées. Et l’on retrouve ici la définition ethnologique de ces sociétés : elles n’ont pas d’organe séparé du pouvoir, le pouvoir n’est pas séparé de la société.

Prendre au sérieux les sociétés primitives revient ainsi à réfléchir sur cette proposition qui, en effet, les définit parfaitement : on ne peut y isoler une sphère politique distincte de la sphère du social. On sait que, dès son aurore grecque, la pensée politique de l’Occident a su déceler dans le politique l’essence du social humain (l’homme est un animal politique), tout en saisissant l’essence du politique dans la division sociale entre dominants et dominés, entre ceux qui savent et donc commandent et ceux qui ne savent pas et donc obéissent. Le social c’est le politique, le politique c’est l’exercice du pouvoir (légitime ou non, peu importe ici) par un ou quelques-uns sur le reste de la société (pour son bien ou son mal, peu importe ici) : pour Héraclite, comme pour Platon et Aristote, il n’est de société que sous l’égide des rois, la société n’est pas pensable sans sa division entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent et là où fait défaut l’exercice du pouvoir, on se trouve dans l’infrasocial, dans la non-société.

C’est à peu près en ces termes que les premiers Européens jugèrent les Indiens d’Amérique du Sud, à l’aube du XVIe siècle. Constatant que les « chefs » ne possédaient aucun pouvoir sur les tribus, que personne n’y commandait ni n’y obéissait, ils déclaraient que ces gens n’étaient point policés, que ce n’étaient point de véritables sociétés : des Sauvages « sans foi, sans loi, sans roi ».

Il est bien vrai que, plus d’une fois, les ethnologues eux-mêmes ont éprouvé un embarras certain lorsqu’il s’agissait non point tant de comprendre, mais simplement de décrire cette très exotique particularité des sociétés primitives : ceux que l’on nomme les leaders sont démunis de tout pouvoir, la chefferie s’institue à l’extérieur de l’exercice du pouvoir politique. Fonctionnellement, cela paraît absurde : comment penser dans la disjonction chefferie et pouvoir ? À quoi servent les chefs, s’il leur manque l’attribut essentiel qui ferait d’eux justement des chefs, à savoir la possibilité d’exercer le pouvoir sur la communauté ? En réalité, que le chef sauvage ne détienne pas le pouvoir de commander ne signifie pas pour autant qu’il ne sert à rien : il est au contraire investi par la société d’un certain nombre de tâches et l’on pourrait à ce titre voir en lui une sorte de fonctionnaire (non rémunéré) de la société. Que fait un chef sans pouvoir ? Il est, pour l’essentiel, commis à prendre en charge et à assumer la volonté de la société d’apparaître comme une totalité une, c’est-à-dire l’effort concerté, délibéré de la communauté en vue d’affirmer sa spécificité, son autonomie, son indépendance par rapport aux autres communautés. En d’autres termes, le leader primitif est principalement l’homme qui parle au nom de la société lorsque circonstances et événements la mettent en relation avec les autres. Or ces derniers se répartissent toujours, pour toute communauté primitive, en deux classes : les amis et les ennemis. Avec les premiers, il s’agit de nouer ou de renforcer des relations d’alliance, avec les autres il s’agit de mener à bien, lorsque le cas se présente, les opérations guerrières. Il s’ensuit que les fonctions concrètes, empiriques du leader se déploient dans le champ, pourrait-on dire, des relations internationales et exigent par suite les qualités afférentes à ce type d’activité : habileté, talent diplomatique en vue de consolider les réseaux d’alliance qui assureront la sécurité de la communauté ; courage, dispositions guerrières en vue d’assurer une défense efficace contre les raids des ennemis ou, si possible, la victoire en cas d’expédition contre eux.

Mais ne sont-ce point là, objectera-t-on, les tâches mêmes d’un ministre des affaires étrangères ou d’un ministre de la défense ? Assurément. À cette différence près néanmoins, mais fondamentale : c’est que le leader primitif ne prend jamais de décision de son propre chef (si l’on peut dire) en vue de l’imposer ensuite à sa communauté. La stratégie d’alliance qu’il développe, la tactique militaire qu’il envisage ne sont jamais les siennes propres, mais celles qui répondent exactement au désir ou à la volonté explicite de la tribu. Toutes les tractations ou négociations éventuelles sont publiques, l’intention de faire la guerre n’est proclamée qu’autant que la société veut qu’il en soit ainsi. Et il ne peut naturellement en être autrement : un leader aurait-il en effet l’idée de mener, pour son propre compte, une politique d’alliance ou d’hostilité avec ses voisins, qu’il n’aurait de toute manière aucun moyen d’imposer ses buts à la société puisque, nous le savons, il est dépourvu de tout pouvoir. Il ne dispose, en fait, que d’un droit, ou plutôt d’un devoir de porte-parole : dire aux Autres le désir et la volonté de la société.

Qu’en est-il, d’autre part, des fonctions du chef non plus comme préposé de son groupe aux relations extérieures avec les étrangers, mais dans ses relations internes avec le groupe lui-même ? Il va de soi que si la communauté le reconnaît comme leader (comme porte-parole) lorsqu’elle affirme son unité par rapport aux autres unités, elle le crédite d’un minimum de confiance garantie par les qualités qu’il déploie précisément au service de sa société. C’est ce que l’on nomme le prestige, très généralement confondu, à tort bien entendu, avec le pouvoir. On comprend ainsi fort bien qu’au sein de sa propre société l’opinion du leader, étayée par le prestige dont il jouit, soit, le cas échéant, entendue avec plus de considération que celle des autres individus. Mais l’attention particulière dont on honore (pas toujours d’ailleurs) la parole du chef ne va jamais jusqu’à la laisser se transformer en parole de commandement, en discours de pouvoir : le point de vue du leader ne sera écouté qu’autant qu’il exprime le point de vue de la société comme totalité une. Il en résulte que non seulement le chef ne formule pas d’ordres, dont il sait d’avance que personne n’y obéirait, mais qu’il ne peut même pas (c’est-à-dire qu’il n’en détient pas le pouvoir) arbitrer lorsque se présente par exemple un conflit entre deux individus ou deux familles. Il tentera non pas de régler le litige au nom d’une loi absente dont il serait l’organe, mais de l’apaiser en faisant appel, au sens propre, aux bons sentiments des parties opposées, en se référant sans cesse à la tradition de bonne entente léguée, depuis toujours, par les ancêtres. De la bouche du chef jaillissent non pas les mots qui sanctionneraient la relation de commandement-obéissance, mais le discours de la société elle-même sur elle-même, discours au travers duquel elle se proclame elle-même communauté indivisée et volonté de persévérer en cet être indivisé.

Les sociétés primitives sont donc des sociétés indivisées (et pour cela, chacune se veut totalité une) : sociétés sans classes — pas de riches exploiteurs des pauvres —, sociétés sans division en dominants et dominés — pas d’organe séparé du pouvoir. Il est temps maintenant de prendre complètement au sérieux cette dernière propriété sociologique des sociétés primitives. La séparation entre chefferie et pouvoir signifie-t-elle que la question du pouvoir ne s’y pose pas, que ces sociétés sont apolitiques ? À cette question, la « pensée évolutionniste » — et sa variante en apparence la moins sommaire, le marxisme (engelsien surtout) — répond qu’il en est bien ainsi et que cela tient au caractère primitif, c’est-à-dire premier de ces sociétés : elles sont l’enfance de l’humanité, le premier âge de son évolution, et comme telles incomplètes, inachevées, destinées par conséquent à grandir, à devenir adultes, à passer de l’a-politique au politique. Le destin de toute société, c’est la division, c’est le pouvoir séparé de la société, c’est l’État comme organe qui sait et dit le bien commun à tous et se charge de le leur imposer.

Telle est la conception traditionnelle, quasi générale, des sociétés primitives comme sociétés sans État. L’absence de l’État marque leur incomplétude, le stade embryonnaire de leur existence, leur a-historicité. Mais en est-il bien ainsi ? On voit bien qu’un tel jugement n’est en fait qu’un préjugé idéologique, d’impliquer une conception de l’histoire comme mouvement nécessaire de l’humanité à travers des figures du social qui s’engendrent et s’enchaînent mécaniquement. Mais que l’on refuse cette néo-théologie de l’histoire et son continuisme fanatique : dès lors les sociétés primitives cessent d’occuper le degré zéro de l’histoire, grosses qu’elles seraient en même temps de toute l’histoire à venir, inscrite d’avance en leur être. Libérée de ce peu innocent exotisme, l’anthropologie peut alors prendre au sérieux la vraie question du politique : pourquoi les sociétés primitives sont-elles des sociétés sans État ? Comme sociétés complètes, achevées, adultes, et non plus comme embryons infrapolitiques, les sociétés primitives n’ont pas l’État parce qu’elles le refusent, parce qu’elles refusent la division du corps social en dominants et dominés. La politique des Sauvages, c’est bien en effet de faire sans cesse obstacle à l’apparition d’un organe séparé du pouvoir, d’empêcher la rencontre d’avance sue fatale entre institution de la chefferie et exercice du pouvoir. Dans la société primitive il n’y a pas d’organe séparé du pouvoir parce que le pouvoir n’est pas séparé de la société, parce que c’est elle qui le détient, comme totalité une, en vue de maintenir son être indivisé, en vue de conjurer l’apparition en son sein de l’inégalité entre maîtres et sujets, entre le chef et la tribu. Détenir le pouvoir, c’est l’exercer ; l’exercer, c’est dominer ceux sur qui il s’exerce : voilà très précisément ce dont ne veulent pas (ne voulurent pas) les sociétés primitives, voilà pourquoi les chefs y sont sans pouvoir, pourquoi le pouvoir ne se détache pas du corps un de la société. Refus de l’inégalité, refus du pouvoir séparé : même et constant souci des sociétés primitives. Elles savaient fort bien qu’à renoncer à cette lutte, qu’à cesser d’endiguer ces forces souterraines qui se nomment désir de pouvoir et désir de soumission, et sans la libération desquelles ne saurait se comprendre l’irruption de la domination et de la servitude, elles savaient qu’elles y perdraient leur liberté.

La chefferie n’est, dans la société primitive, que le lieu supposé, apparent du pouvoir. Quel en est le lieu réel ? C’est le corps social lui-même qui le détient et l’exerce comme unité indivisée. Ce pouvoir non séparé de la société s’exerce en un seul sens, il anime un seul projet : maintenir dans l’indivision l’être de la société, empêcher que l’inégalité entre les hommes installe la division dans la société. Il s’ensuit que ce pouvoir s’exerce sur tout ce qui est susceptible d’aliéner la société, d’y introduire l’inégalité : il s’exerce, entre autres, sur l’institution d’où pourrait surgir la captation du pouvoir, la chefferie. Le chef est, dans la tribu, sous surveillance : la société veille à ne pas laisser le goût du prestige se transformer en désir de pouvoir. Si le désir de pouvoir du chef devient trop évident, la procédure mise en jeu est simple : on l’abandonne, voire même on le tue. Le spectre de la division hante peut-être la société primitive, mais elle possède les moyens de l’exorciser.

L’exemple des sociétés primitives nous enseigne que la division n’est pas inhérente à l’être du social, qu’en d’autres termes l’État n’est pas éternel, qu’il a, ici et là, une date de naissance. Pourquoi a-t-il émergé ? La question de l’origine de l’État doit se préciser ainsi : à quelles conditions une société cesse-t-elle d’être primitive ? Pourquoi les codages qui conjurent l’État défaillent-ils à tel ou tel moment de l’histoire ? Il est hors de doute que seule l’interrogation attentive du fonctionnement des sociétés primitives permettra d’éclairer le problème des origines. Et peut-être la lumière ainsi jetée sur le moment de la naissance de l’État éclairera-t-elle également les conditions de possibilité (réalisables ou non) de sa mort.

Pierre Clastres
mars 1976

Publié dans Interrogations,
revue internationale de recherche anarchiste,
n° 7, juillet 1976.
"Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité, créez-la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs." (N. Makhno)
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Re: Découverte de l’œuvre de Pierre Clastres

Messagede vroum le Mar 14 Mai 2013 18:31

Pierre Clastres / jean-jacques Lebel -> qu'est ce que c'est que ces chefs sans pouvoir ?

Détenir le pouvoir, c'est l'exercer ; l'exercer, c'est dominer ceux sur qui
il s'exerce : voilà très précisément ce dont ne veulent pas (ne voulurent
pas) les sociétés primitives, voilà pourquoi les chefs y sont sans pouvoir,
pourquoi le pouvoir ne se détache pas du corps un de la société. Refus de
l'inégalité, refus du pouvoir séparé : même et constant souci des sociétés
primitives. Elles savaient fort bien qu'à renoncer à cette lutte, qu'à
cesser d'endiguer ces forces souterraines qui se nomment désir de pouvoir et
désir de soumission et sans la libération desquelles ne saurait se
comprendre l'irruption de la domination et de la servitude, elles savaient
qu'elles y perdraient leur liberté.

-> pierre Clastres

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Nous savons simplement que, par nécessité naturelle, la première figure de
la société a dû s'instituer selon la liberté, selon l'absence de la division
entre tyran oppresseur et peuple amoureux de sa servitude. Survient alors le
malencontre : tout se renverse. Il résulte de ce partage entre société de
liberté et société de servitude que toute société divisée est une société de
servitude. C'est dire que La Boétie n'opère pas de distinction à l'intérieur
de l'ensemble constitué par les sociétés divisées : il n'y a pas de bon
prince que l'on puisse opposer au mauvais tyran.

La Boétie se soucie peu de caractérologie. Qu'importe en effet que le prince
soit d'un naturel aimable ou cruel : n'est-il pas, de toute manière, le
prince que le peuple sert ? La Boétie cherche non en psychologue, mais en
mécanicien : il s'intéresse au fonctionnement des machines sociales. Or, il
n'y a pas de glissement progressif de la liberté à la servitude : pas
d'intermédiaire, pas de figure d'un social équidistant de la liberté et de
la servitude, mais le brutal malencontre qui fait s'effondrer l'avant de la
liberté dans l'après de la soumission.

Qu'est-ce à dire ? C'est que toute relation de pouvoir est oppressive, que
toute société divisée est habitée d'un Mal absolu en ce qu'elle est, comme
anti-nature, la négation de la liberté.

-> pierre Clastres


*

**

***

Voilà l'occasion de poursuivre ces réflexions intemporelles...

Le père Lebel et cie concoctent une création sonore de toute merveille !

Outre la participation active de pierre Clastres qui déballe avec malice ses
enregistrements originaux captés lors de ses recherches anthropologiques...

Nous voilà le valeureux françois Bott, ainsi que félix Guattari, marcel
Gauchet, roger Blin, dominique Lacarrière et pierre Santini !

Pierre Clastres disparaitra deux ans plus tard...

Un coup de restauration cousu main,

Haut les cœurs,

C'est parti mon Guayaki !


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Pierre Clastres -> la société contre l'Etat

Comment la volonté d'égalité de la société pourrait-elle s'accommoder du
désir de pouvoir qui veut précisément fonder l'inégalité entre ceux qui
commandent et ceux qui obéissent ?

Poser la question du pouvoir politique dans les sociétés primitives
contraint à penser la chefferie à l'extérieur du pouvoir, à méditer cette
donnée immédiate de la sociologie primitive : le leader y est sans pouvoir.

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En échange de sa générosité, qu'obtient le big-man ? Non pas la réalisation
de son désir de pouvoir, mais la fragile satisfaction de son point
d'honneur, non pas la capacité de commander, mais l'innocente jouissance
d'une gloire qu'il s'épuise à entretenir. Il travaille, au sens propre, pour
la gloire : la société la lui concède volontiers, occupée qu'elle est à
savourer les fruits du labeur de son chef.


-> pierre Clastres



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Pierre Clastres -> une rencontre

Le langage de l'homme civilisé lui est devenu complètement extérieur, car il
n'est plus pour lui qu'un pur moyen de communication et d'information. La
qualité du sens et la quantité des signes varient en sens inverse.


Il n'y a pas, pour l'homme primitif, de langage poétique, car son langage
est déjà en soi-même un poème naturel où repose la valeur des mots.


-> pierre Clastres


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